RSA, Apprentissage : Macron recule sous mes arguments

J’ai déjà fait reculer deux fois Macron depuis son entrée en campagne, et pas sur des points subalternes. Il s’agit au contraire du RSA et de l’âge de l’apprentissage. Car si à chaque fois il s’est défendu maladroitement, m’accusant même de « fake news » sur France Inter, il a bien renoncé sous la pression des publics que j’ai mis en alerte. Il est vrai qu’il s’agissait d’éléments spécialement antisociaux de son programme.

Voyez plutôt. Sur le RSA, le 21 mars, Jean Castex, Premier ministre, fait le 20h de TF1 pour défendre le programme de son Président-candidat annoncé quelques jours plus tôt. Il précise sur le RSA : « il y aura entre 15 et 20 heures par semaine de formation, de travail d’intérêt général, d’emploi ou de stage. ». Évidemment, cette phrase aberrante m’a interpellé ainsi que plusieurs dans mon entourage. Il y a parmi nous plusieurs spécialistes du droit du travail qui savent que cette proposition relèverait du travail forcé au sens de la convention de l’Organisation internationale du travail sur le sujet, ratifiée par la France. C’est ce que j’ai dit lors de mon meeting de Marseille : « Monsieur Macron l’a annoncé, il y aura entre 15 et 20 heures par semaine de travail d’intérêt général, d’emploi ou de stage pour ces personnes. Personne ne lui a dit que forcer quelqu’un à aller travailler, est interdit par les conventions de l’organisation internationale du travail (OIT) ? ». Puis j’argumentais pour solidifier ma réplique. La semaine suivant, rétropédalage d’Emmanuel Macron lors de son meeting à La Défense où il déclare : « Il ne s’agit pas de travaux d’intéret général. Il s’agit tout simplement de tendre la main et d’offrir à tous les bénéficiaires du RSA des perspectives, un espoir ». C’est-à-dire l’inverse de ce que disait son Premier ministre ! Et surtout, la loi prévoit déjà un accompagnement des bénéficiaires du RSA. Et comme je l’ai dit à Marseille encore : 50% des départements ne l’appliquent pas.

Seconde retraite en rase campagne : l’apprentissage à 12 ans. Lors d’un déplacement jeudi 31 mars à Fourras en Charentes-Maritimes, un restaurateur l’interpelle sur le thème de ses difficultés à recruter. Alors Emmanuel Macron répond avec cette phrase : «  On a besoin de faire mieux connaitre vos métiers et donc alternance, apprentissage et orientation dès la 5e ». Puis, pour bien appuyer son propos, il ajoute « vous êtes prêts à en prendre des apprentis ? ». Encore une fois, impossible pour moi comme pour des milliers d’enseignants de laisser passer cela. Je choisis donc mon discours de Toulouse pour lancer l’alerte sur cette folie : « Comment a-t-il pu imaginer d’envoyer un enfant de douze ans en apprentissage ? Quoi qu’il arrive, cela n’aura pas lieu. Car les conventions internationales signées par la France interdisent d’envoyer un jeune au travail avant la fin de la scolarité obligatoire. Ce sont les conventions internationales du travail ! En France, la scolarité obligatoire c’est 16 ans. Personne n’ira jamais en apprentissage avant ! ». Message reçu par Macron apparemment. Le lendemain matin, sur France Inter, il m’accuse donc de répandre une « fake news ». C’est à dire une fausse information délibérée. N’avait-il pas remarqué qu’il était filmé lorsqu’il l’a dit ? Ou bien a-t-il oublié qu’il l’avait bel et bien dit « expressis verbis » ? Ce n’est pas le plus important. L’essentiel est bien qu’il renonce à son idée. Il prétend : « Jamais je n’ai dit qu’à 12 ans il fallait mettre des jeunes en apprentissage. J’ai dit qu’il fallait permettre à des enfants de connaître des métiers. Ça n’a rien à voir ». En effet les stages « découverte en entreprise », ce très discutable usage, commence en classe de troisième.

Ouf ! Deux reculs en deux semaines sous mes arguments. Ça donne envie pour le second tour, non ? 

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