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La BCE va faire une grosse bêtise

La Banque centrale européenne est confrontée à une forte inflation dans la zone euro. Elle prévoit bientôt une hausse des taux d’intérêt auxquels elle prête aux banques qui elles-mêmes vendent du crédit ensuite. Commençons par dire que dans le contexte économique actuel, la hausse des taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation est inutile.

En effet l’inflation résulte principalement de la hausse des prix des matières premières. Principalement gaz et pétrole. Et donc de tous les produits dérivés de ces matières ou nécessaires à la production pour le chauffage, la transformation ou la réalisation d’une manière ou d’une autre d’une production. Dans ce contexte, une politique monétaire restrictive est inefficace. Pourquoi ? Déjà parce que les prix des matières premières sont mondiaux. Les hausses des taux d’intérêt n’auraient pas d’effet à cette échelle sur les prix concernés. D’autre part, en ralentissant l’activité, la hausse des taux d’intérêt ferait monter le taux de chômage. Et stagner ou diminuer les salaires. Mais la part des salaires dans le prix est secondaire quand les matières premières explosent. Total : toujours de l’inflation, mais moins d’activité. Risque de stagflation. Le piège absolu pour une économie capitaliste.

Alors pourquoi les Banques Centrales montent-elles les taux d’intérêt ? Pour faire passer aux financiers et rentiers le message qu’elles s’inquiètent de l’inflation. Mais cette solution n’est pas la bonne : elle affaiblit l’investissement, sans avoir d’effet significatif sur l’inflation et en freinant l’activité. Du coup, je dis que remonter les taux d’intérêt est donc non seulement inutile, mais dangereux.

La hausse des taux d’intérêt va en effet réduire très fortement l’activité́ et l’emploi dans un contexte déjà très dépressif. En France, au premier trimestre, on a eu 0 % de croissance et au second la prévision est de 0,25 %. La hausse des taux d’intérêt aura donc d’abord un impact négatif, direct et mécanique sur la hausse des taux sur la demande de consommation. Elle baissera. Le chômage augmentera donc la demande baissera encore. Sans effet sur les prix. Taux plus élevé, égale aussi difficultés à acheter et vendre des actifs. Pauvre rentier ! Son portefeuille va baisser de valeur.

Dernière calamité économique prévisible : pour garder des dettes publiques remboursables et compenser l’augmentation du service de la dette il faut baisser la dépense publique. Adieu la commande publique qui est pourtant le premier investisseur du pays. Et adieu les embauches et les créations d’emplois publics dans l’hôpital ou pour l’école. Donc adieu aux consommations qui en résulteraient. Le coût en perte d’activité́ et d’emplois de la lutte contre l’inflation par la hausse des taux sera donc très élevé.

Aujourd’hui, la BCE a un objectif d’inflation à 2 %. Mais la maintenir à ce niveau nécessiterait une hausse considérable des taux d’intérêt, qui déclencherait une récession et ne permettrait pas de réaliser les dépenses publiques nécessaires dont le coût de financement deviendrait trop élevé. Pour éviter ces effets d’une politique monétaire nettement plus restrictive, on peut imaginer plusieurs pistes. D’abord, de retirer de la masse monétaire à l’endroit où il devient spéculatif et de la verser là où elle devient socialement productive. On fait donc des impôts qui prélèvent sur les riches et leur capital. Autre idée plus simple : modifier l’objectif d’inflation des Banques Centrales. Car quel est l’inconvénient d’avoir une inflation à 5 % si elle ne dure pas ? Les Banques Centrales doivent accepter une inflation de 4 ou 5 % en 2023. Car l’année suivante est un autre jour.

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