Le bateau coule Macron prend l’avion

Bon voyage président ! N’oubliez pas de mettre votre ceinture, car le ciel turbule en ce moment. Le coup de l’allocution sur le tarmac est raté après tant d’autres. J’ose à peine dire que ca fait réchauffé compte tenu de la température. Ce sketch à la Trump pour mettre en garde contre l’ennemi de l’intérieur est le symbole d’une époque.

Macron coule. Dans les urnes, à part chez les plus de soixante ans. Dans les sondages et dans l’autorité sur les siens le drapeau est en berne. Mais il s’envole. En avion. Vers les lignes de front aux abords de la Russie. Voyage imprudent. Souhaitons-nous une information des services de renseignement de meilleure qualité que jusque-là. Souhaitons que le risque soit bien mesuré. Je n’étais déjà pas d’accord pour que François Mitterrand aille dans l’ex-Yougoslavie en guerre civile. Même Napoléon n’allait pas sur la première ligne. Alors je ne suis pas davantage d’accord pour ces fausses bravoures qui mettent la Nation, l’Etat, ses armées à la merci des pires violents pourvu qu’ils soient déterminés. Mais ce n’est pas mon sujet à cet instant.

Pourquoi part-il ainsi trois jours qui ne lui en laisse plus qu’un, vendredi, pour venir haranguer, sans droit de réponse, le bon peuple ? J’ai lu qu’il fuyait. Je ne crois pas. Un tel voyage ne s’organise pas en 24 heures. Il est décidé depuis des mois. Il y croyait. Il se rêvait triomphant au point de sortir du pays entre les deux tours des élections législatives. Pour lui ces élections étaient une formalité administrative . Et il pensait qu’ayant gagné la présidentielle sur la méthode de non-campagne et du mépris des concurrents, le même traitement s’appliquerait sans heurt aux législatives.

Mais c’est la débâcle. Et il ne maitrise plus son emploi du temps. Donc le régime pétaradant de la « révolution » de « notre « projeeeeet » et de la start-up Nation se défait dans le bouillon confus des consignes de vote à géométrie variable et des outrances verbales de Castaner et Montchalin. En toute hypothèse il n’aura pas la majorité absolue. Soit nous l’emportons soit il devra passer aux magouilles avec Les Républicains maintenus et les anciens de chez « Les Républicains » comme Édouard Phillipe.

Nous faisons commencer un peu de 6e République dans la 5e et lui fait revenir la 4e. Car toute cette droite exaltée se perdra en surenchère droitière en vue de la prochaine présidentielle où Macron ne pourra plus être candidat puisque la Constitution le lui interdit. L’instabilité et le désordre politique sont l’horizon certain du macronisme. Car embrouilles et carabistouilles sont déjà dans la place au sommet du pouvoir, au cœur du cœur. Le journal La Tribune nous informe d’une lutte secrète au sommet entre le secrétaire général de l’Elysée et le président lui-même. Les sujets ne sont pas mineurs puisqu’il s’agit de rien de moins que du choix du Premier ministre. Le journal, qui n’a rien d’un journal « people », évoque une ambiance de guerre des courtisans pour la nomination des ministres. Ainsi le régime monarchique du « Conseil (secret) de défense s’enfonce dans le néant venimeux des cours d’Ancien régime.

Dans cet environnement, comme le dit un commentateur sondeur, un mois après la présidentielle, l’élection législative fonctionne déjà comme une « élection-sanction » de mi-mandat. La thèse des élections législatives d’un referendum pro ou anti Macron, formule approximative, se matérialise et peut devenir une évidence concrète. Un chef absent, un avion sans pilote, des troupes d’assaut éparses et confuses, un sommet pourri de haines personnelles, tout ça prend une tournure de château de cartes.

Je veux dire qu’il pourrait arriver au système Macron ce qui est arrivé à celui de François Hollande qu’il avait bien aidé à s’effondrer dans la même ambiance glauque. C’est pourquoi tout l’arc des moyens du bord se déploie et la deuxième peau médiatico-sondagière du système accourt pour essayer d’éteindre l’incendie. Du journal « Le Monde » aux chaines d’info les bavards défilent et pissent de la copie pour argumenter contre le programme économique de la NUPES et tâcher d’épaissir le rideau de fumée sur les projets du président. Rabâchant en toute inconscience un catéchisme libéral d’un autre âge, toute cette engeance pousse le système à l’erreur qui a déjà déclenché la crise de 1929 : serrer les boulons, augmenter les taux d’intérêt, aggraver le ralentissement de l’activité, j’en passe et des meilleures.

Les faits ne les intéressent pas. Le retrait de 80 milliards du budget de l’État premier financeur de l’activité du pays ne les effraie pas. Tous ne se préoccupent que de la dette (que personne ne remboursera jamais), et du taux de l’imposition. Sans oublier les traditionnelles caricatures à mon sujet venant de médias bien-pensants qui devraient s’en demander l’efficacité si l’on tient compte de mon résultat à la présidentielle face à leurs chouchou non « clivants ». Pourquoi les bien-pensants n’essaient-ils pas de temps en temps le raisonnement plutôt que le catéchisme ou l’invective ?

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