Dans cette compétition, la position du RN est relativement la plus forte à cette heure en dépit des apparences. Et on a vu comment, sans aucun accord d’appareil, l’électorat macroniste et LR pouvaient laisser élire le RN plutôt que des députés NUPES.
Dans ces conditions, il est clair pour eux tous que le rejet de la NUPES « quoiqu’il en coûte » est un argument. La diabolisation de la NUPES et de LFI lui trace un chemin aussi sûrement que le fumeux front républicain garantissait n’importe qui d’une élection sans soucis au deuxième tour. Cette diabolisation est donc la voie royale du RN vers le pouvoir. Elle borde le chemin tracé pour amener le RN au pouvoir comme une haie de platanes bordait une route de campagne.
Après une intense campagne sur le thème de la peur des rouges qui vont enquêter sur les impôts de chaque citoyen, RN et macronistes se sont pris les pieds dans le tapis de leur coup de billards à trois bandes et la NUPES a gagné le vote. Éric Coquerel (député NUPES-LFI de Seine-Saint-Denis) a été élu président de cette commission.
C’est, dans le contexte, une immense victoire et un immense échec de ceux qui ont tout tenté pour l’empêcher. Le sens politique se serait imposé plus facilement si n’avait pas été monté aussitôt contre Éric Coquerel une infâme opération de calomnies sur des « comportements inappropriés avec les femmes ». Opportunément relayée sans retenue, ni enquête, ni vérifications d’aucune sorte, elle a permis de « faire parler d’autre chose ». Une opération de mise en cause d’autant mieux orchestrée qu’elle fut présentée frauduleusement comme venant de « l’intérieur ».
Le journaliste capable de cette allégation n’a pas fait une seconde d’enquête. Sinon il aurait constaté qu’en réalité le « signalement » venait d’une personne candidate haineuse contre la NUPES dans la dixième circonscription de Paris. Précisons qu’elle y a recueilli 0,4 % des voix avec 170 voix.
Autrefois, journaliste était un métier même quand on avait été président des étudiants macronistes à Sciences Po comme c’est le cas du faiseur d’embrouilles qui interrogeait sur ce mode accusatoire Éric Coquerel sur BFM. Pourtant, je ne crois pas que le sens politique de sa victoire ait été totalement défiguré par cette manœuvre. Ni que les traces de la collusion entre LREM et RN aient été effacées dans l’esprit public.
La méthode utilisée contre Coquerel est cependant dorénavant un marqueur qui conduit nombre d’entre nous à réviser leur point de vue sur la façon de mener la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Il est urgent de débarrasser cette mobilisation des personnes qui en ont fait un moyen d’instrumentalisation de leurs rancœurs politiques contre LFI. Mais c’est une autre histoire. Et je dirai clair et net mon avis dès que j’aurai la pause indispensable pour le faire à tête froide plutôt que dans l’écœurement où je me trouve après cette vile bassesse contre Éric Coquerel.