Nancy Pelosi Taïwan

Je range mon cahier de post

La session parlementaire est close. Je devrais pouvoir fermer mon cahier de post. Mais pourrais-je entrer dans la phase intense de pause que permet l’été ?

Hélas une partie de mes lignes de clôture m’est imposée par les très étranges réactions qu’a suscité mon précédent post. Les cris d’orfraie à propos de mes lignes sur la visite de Nancy Pelosi à Taïwan m’ont bien espanté. Certes les divers bulletins paroissiaux atlantistes en France ne m’ont pas surpris. Pavlov règne en maître sur eux. Un seul mot : « USA » et la meute se déchaîne. Aucun intérêt. La dépêche AFP qui prétend rendre compte de mon post ne mérite qu’un commentaire affligé : à quoi bon lire un résumé aussi calamiteux ? Mieux vaut lire mon texte directement en se rendant sur mon blog. Ce n’est pas long. Il s’agit de 3500 signes. Mais pourquoi si peu de gens informés, et cultivés n’interrompent pas un instant leurs vacances pour dire ce que tout le monde sait sur le sujet de Taïwan ? Comment comprendre que le vacarme des uns ne reçoive pas le démenti étonné des autres ? Quelle genre de peur règne sur le débat ? Où est passé l’actif président des amitiés franco-chinoises monsieur Raffarin ? Et les signataires de l’accord de coopération de l’UMP avec le Parti Communiste chinois ? Et Fabien Roussel après son si récent voyage d’amitié en Chine ? La suffisance des premiers et la prudence effrayée des seconds me consternent. 

En réalité, pour ma part, je n’ai fait que répéter la doctrine constante de notre pays (la France rappelons-le) depuis 1965 à propos de la Chine. Elle a été encore confirmée par Jean-Yves Le Drian alors ministre des Affaires Etrangères de Macron quand il a été interrogé sur le sujet. Il n’y a qu’une seule Chine. Un de mes critiques se prononce différemment ? Pourquoi ne le dit-il pas alors aussi clairement que je le fais de mon côté ? Quelqu’un discute de quelle Chine on parle ? Pourquoi ne pas le dire au lieu de tourner autour du pot ? Car cela est également réglé par les accords internationaux acceptés par notre pays et les membres de l’ONU. Il s’agit de la Chine, dont la capitale est Pékin et siège parmi les cinq membres permanents du conseil de sécurité de l’ONU aux côtés notamment de la France. La Chine qui a une ambassade à Paris (la capitale des Français).
Ceux qui trouvent à redire contre mon post savent-ils qu’aux Etats Unis mon point de vue est aussi exprimé par de nombreuses personnalités, et au plus haut niveau de l’administration Démocrate actuelle ? Savent-ils qu’il en va de même dans les services de sécurité qui interviennent si largement dans la définition de la politique étrangère des USA? Et que disent-ils de l’accueil super froid reçu depuis sa provocation par madame Nancy Pelosi à Tokyo et Séoul ? Savent-ils que les USA sont engagés avec la Chine par trois communiqués communs très clairs avec le gouvernement communiste chinois ?  Savent-ils que dès le premier (en 1972, répété en 1978 et 1982) les USA proclament qu’il n’y a qu’une seule Chine dont Taïwan fait partie. Et que Chine et USA s’engagent à respecter la souveraineté et l’unité territoriale de l’autre ? Que veulent ceux qui nient tout cela ? Ils pensent que la Chine millénaire va s’incliner devant leurs gesticulations ? Ils veulent pousser la Chine à devoir entrer en convergence plus étroite avec la Russie ? Ils veulent pousser à la formation d’un bloc plus homogène entre les USA et l’Europe « quoi qu’il en coûte » en matière d’asservissement et de risque de guerre ? Car ce sont là les thèses sur la table. Pour l’instant, nul ne les a tranchées encore. Ni aux Etats-Unis ni en Chine. Mais la formation des nouveaux grands blocs géopolitiques est l’enjeu de notre temps.

La France de Macron a renoncé à jouer un rôle dans cette partie mondiale. Faut-il s’y résigner ? Les macronistes bêlent donc en chœur avec les foliculaires atlantistes. Sans vergogne ! Se souviennent-ils de la façon dont la France a été traitée par les Australiens sur ordre des USA dans l’affaire des sous-marins ? Et comment elle a été expulsée de l’alliance militaire anglo-saxonne pour le Pacifique? Ils veulent mendier une caresse de leur maître qui les traite si grossièrement ? Les va-t-en-guerre des salles de rédaction et des groupuscules de la macronie savent-ils quels risques leurs sottises feraient prendre au monde si quelqu’un les prenait au sérieux ? Les grenouilles qui se prennent pour des bœufs ne seraient pas seules à éclater si leurs bêtises faisaient la loi.

C’est pourquoi le non-alignement est une thèse centrale pour les Français dans cette époque de transition. En face quelle proposition ? Il n’y en a pas. Et qu’on ne vienne pas me dire que mon propos revient à approuver tout ce que fait le gouvernement chinois. Non seulement je ne crois pas que ce soit sa demande pour vivre en paix avec les autres nations, mais je veux aussi rappeler ce que j’en ai dit dans le post incriminé. Voici : « Quels que soient l’ampleur et le niveau des critiques qui peuvent être adressées au gouvernement chinois, nous devons refuser de cautionner la guerre à la Chine pour satisfaire les vues des USA sur Taïwan ». Ce qui veut dire faire front aussi avec ceux qui aux USA sont aussi de cet avis. Nous ne devons pas vouloir d’un nouveau front de guerre ni de rien qui nous détourne de la politique altermondialiste dont l’espèce humaine a besoin pour faire face aux conséquences du changement climatique.

Après le monde des amis de la guerre, un coup d’œil sur celui des amis d’un futur voué à la « Règle Verte » (ne jamais plus prendre à la nature plus qu’elle ne peut reconstituer). Hop, on va à Sainte Anne du Portzic, en rade de Brest ! Depuis le début de l’été 2022, une digue productrice d’énergie y est installée. Deux idées à l’œuvre : d’abord les tempêtes et montées des eaux liées au changement climatique vont nécessiter de nouvelles digues pour protéger les activités littorales. Ensuite on va avoir besoin d’une nouvelle source abondante et renouvelable d’énergie. Le mouvement de la mer frappe 1000 kilomètres de côtes françaises de l’hexagone. Il contient 66 fois celle dont nous avons besoin à terre. Transformer l’énergie naturelle des vagues en électricité est une idée qui a dorénavant la force d’une évidence. Il existe plusieurs méthodes et machines expérimentales dans ce domaine. Les écoles françaises d’ingénieur peuvent en imaginer encore bien d’autres et les construire plus vite que beaucoup ne le croient aujourd’hui. Mon idée, si j’avais été élu Président, était de développer une puissance de production prenant la relève du nucléaire au fur et à mesure de son arrêt. 60% de l’énergie des vagues peut être convertie en énergie électrique. C’est un bilan fabuleux. Le prototype mis en place a été installé au début du mois de juillet dernier. Si tout se passe bien, un prototype à taille réelle sera construit en 2023 et mis à l’eau l’année suivante. Cet équipement, fait d’un caisson de 20 m de large et de haut, produira un méga watt. Il suffirait d’en produire et d’en assembler autant que nécessaire. Bien sûr je ne suis pas un spécialiste des machines houlomotrices. Mais ces machines existent. Elles prouvent que c’est possible comme l’affirmait notre programme. Oui, il existe une relève de masse disponible face au nucléaire.

Je dois pouvoir faire un bilan du premier épisode politique du nouveau mandat de Macron. C’était cette session parlementaire extraordinaire de juillet. Rappelons le sens du passé récent. D’abord la NUPES a gagné le premier tour de l’élection législative. Ensuite la macronie a perdu le second tour, même en aidant Le Pen à gagner 40 duels contre la France insoumise. Enfin le déroulement de la première session parlementaire du mandat a conduit la macronie à renoncer à la session de septembre pour la première fois depuis six ans. La belle stratégie d’alliance sur deux front avec « la droite raisonnable et la gauche raisonnable » est un échec total. Personne n’est venu de gauche dans les filets macronistes. Et LR ne s’est pas fracturé. Des deux côtés le rapport de force s’est amélioré. La Nupes n’a pas craqué. Au contraire. Dorénavant, prise en étau entre la majorité sénatoriale LR et le groupe LR à l’Assemblée, la macronie vit de la charité de la droite traditionnelle. Au point d’avoir dû faire aussi la manche au RN. Lequel s’est offert un brevet de respectabilité à droite bien peu couteux. Bref tout le monde s’est renforcé mais la macronie s’est enfoncée dans le néant de la très technocrate première ministre. Laquelle a moralement sombré aux côtés du super-glauque député Meyer Habib, unanimement méprisé dans l’hémicycle.

Bien sûr l’Assemblée n’est qu’une partie de la réalité du pays. Mais c’est le lieu décisif des arbitrages d’une société démocratique. Cette articulation décisive est aujourd’hui largement déboitée. Au demeurant notre pays n’est plus vraiment une démocratie comme on l’attend d’un pays développé de vieille tradition dans ce domaine. Les outrances sociales du pouvoir et les maltraitances qu’il impose au pays, sa grossière indifférence aux souffrances populaires et aux impératifs écologiques, sa servilité à l’égard des nantis multimillionnaires : tout en lui est abus, provocations, déni de l’intérêt général. Et ce n’est que le début. L’incurie macroniste coûte cher face à la crise sanitaire, face au désastre éducatif, face à la crise de l’eau qu’il nie, des incendies qu’il regarde sans faire mieux que des phrases ou se déguiser. La pente est prise d’une fin de règne interminable et décadente. Macron étant tourné vers la sortie (puisqu’il ne peut se présenter de nouveau) tout le système va être placé sous les surenchères droitières dont seule la macronie paiera le prix électoral. Devant nous : la dissolution ou la mobilisation sociale. Dans les deux cas : une opportunité de sortie par le haut pour la société française, de se débarrasser de la pire épreuve de saccage qu’elle ait vécue depuis bien longtemps. Mais aussi le danger d’une embardée vers l’extrême droite et ses diverses succursales macronistes ou LR. Donc : il faut se préparer.

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