Le séjour aux États-Unis du président de la République a donné lieu à quelques déclarations qui éclairent le moment politique de la guerre d’Ukraine. Une tonalité nouvelle s’y perçoit. Il évoque ouvertement les garanties à donner à la Russie sur sa sécurité quand il faudra négocier la paix. En fait, cette négociation a déjà commencé et les allers-retours entre chancelleries vont déjà bon train dans une rassurante opacité.
Rassurante, parce qu’elle est la garantie d’un travail sérieux hors de portée des sirènes des « papillons la lampe » comme on dit à La Réunion. Les agités de l’info. Cela vise aussi bien ceux qui font régner le terrorisme intellectuel atlantiste que ceux qu’ils impressionnent. On en connait la conséquence pavlovienne : les gens faibles se sentent obligés de multiplier les gestes de soumission et de bonnes pensées conformes aussi ostensibles que possible. Leurs jacassements serviles couvrent la scène. La pensée libre y devient alors indicible.
Pour en rester au président, notons qu’il a aussi récemment déclaré qu’il était las de voir le monde obligé de se positionner sans cesse entre Chine et États-Unis. Une entrée sans ambiguïté sur la sphère du non-alignement. De tout cela, on cherchera la trace dans le débat public. Pas de soucis, la police politique est bien faite et le président peut raconter ce qu’il veut, c’est quand même les propriétaires de journaux et leurs porteplumes qui décident ce qui est digne d’intérêt.
Ce n’est pas très grave, car on sait aussi qu’il est ensuite capable de dire et de faire le contraire. Les zig et les zag sont les pires ennemis d’une parole qui veut compter. Surtout en matière de politique internationale où la valeur d’une parole se juge sur sa constance et sa cohérence. Mais pour ma part, je suis satisfait de ces deux prises de position quelles qu’en soit la suite. Elle donne un point d’appui pour le futur à construire quand les insoumis gouverneront. Dans l’immédiat, elle a aussi son utilité. Elle brise le rideau de fer que les atlantistes médiatiques et politiques ont construits dans le « débat » public.
Comme on le sait, il y a d’un côté les bons, les partisans de l’OTAN, de la guerre totale jusqu’au dernier Ukrainien, du refus de toute discussion de paix. De l’autre, les amis des tyrans. Les premiers cachent leurs amitiés ambigües présentes et passées sous les diatribes qu’ils adressent aux seconds. Patatras, voilà qu’il va leur falloir s’en prendre à Macron aussi. Les frontières du bien et du mal se floutent ? En tous cas, les nigauds du parti présidentiel s’y perdent. Pendant que leur chef parle de garanties de sécurité pour les Russes, ils votent, six mois après l’avoir déposée, une résolution de louanges à l’OTAN et à la guerre totale. Le contraire de la parole de leur Président. Des nuls.
Comme les députés insoumis ont préféré s’abstenir, ils ont évidemment été aussitôt couverts de boue et d’invectives éructées par les répondeurs automatiques habituels. Evidemment, nous serions des poutiniens puisqu’ils l’ont décidé. Ces nobles héros sont naturellement un beau ramassis de bavards sans consistance. Si au lieu de bombiner sous les lampes où s’agitent les papillons qu’elles hallucinent, ils veulent agir concrètement, nous avons une proposition pour eux. Ils pourraient aider les insoumis à payer l’accueil des réfugiés russes hostiles à la guerre. Ils pourraient aider les insoumis qui aident les sortistes sur toute la longueur du parcours de sortie de Russie puis après la frontière jusqu’à leur paradis atlantiste.
Les vrais amis de Poutine sont ceux qui cautionnent l’idée de la guerre sans fin. Les vrais ennemis du peuple sont ceux qui aiment et provoquent les guerres. La guerre d’Irak, la guerre de Libye, la guerre de Syrie aux cotés du Front al-Nosra et ainsi de suite. Les mêmes qui se réjouissent d’une stratégie de sanctions économiques qui ont livré nos pays pieds et poings liés à la récession et à la soumission aux intérêts commerciaux des USA. Les mêmes qui n’ont imaginé aucun plan B à cette stratégie destructrice. Les mêmes qui n’ont pas soutenu une seconde notre proposition de casques bleus autour des centrales nucléaires ukrainiennes, même quand Zelensky l’a proposé à son tour. Les mêmes qui n’ont rien à dire quand la Turquie exige de la Suède la livraison des résistants Kurdes pour accepter son adhésion à l’OTAN. Les mêmes qui n’ont rien à dire quand la Turquie bombarde les positions kurdes laïques, féministes et socialistes de la zone de Kobané ! Les mêmes qui ont soutenu toutes les absurdes bêtises possibles depuis 30 ans, ridiculisé la parole de la France, et qui maintenant nous mèneront à la troisième guerre mondiale comme si c’était un jeu vidéo. La guerre d’Ukraine doit finir. C’est à cela qu’il faut s’atteler. C’est affaire de diplomatie davantage que de tirs d’artillerie.