Stopper l’escalade vers la guerre généralisée

Le bombardement des anglo-saxons au Yémen montre beaucoup. D’abord, on voit qu’il ne s’est trouvé aucun frontalier volontaire pour défendre la liberté du passage en mer rouge. Car, bien sûr, personne ne peut approuver le principe des attaques contre les bateaux de passage hors de la zone maritime exclusive d’un pays. Pourtant les acteurs locaux, directement concernés et capables de le faire ne manquent pas. Alors, qui a décidé de confier au tandem des USA avec la Grande-Bretagne la surveillance de la liberté d’accès au canal de Suez ? Quand l’ONU a-t-elle été consultée ou sollicitée ? Quand la présidence française du conseil de sécurité a-t-elle été saisie ou même consultée ? Ensuite, chacun des protagonistes ayant ses alliés, le message est destiné à ceux des houtis qui les équipent en matériel et les soutiennent, à savoir l’Iran. De la sorte, sans qu’il soit possible de prédire ce que sera la riposte, il est assuré que l’extension régionale de la guerre dans la région est effective. La nature même des intervenants militaires et la limite de leur coalition donne une dimension mondialisée de sinistre augure. En toute hypothèse, c’est une porte ouverte aux surenchères, comme c’est toujours l’usage des camps à l’instant où ils ont l’avantage. Il faut donc se concentrer sur les coupe-feux possibles. Dans ces conditions c’est au Liban que la partie se joue puisque c’est le point le plus inflammable dans le jeu des tensions et des connexions. Si l’on s’en tient à l’Histoire, c’est précisément ce type de situations et d’enchainements qui mènent aux embrasements généralisés.

Les Français sont directement impliqués par la présence de 700 militaires sous casques bleus comme soldats de la paix au service d’un accord entre les parties. Les consignes de Netanyahu aux militaires de son armée à Gaza montrent qu’il n’y a aucune sauvegarde face à eux pour les personnels de l’ONU. Parfois il a été possible de se demander s’il ne s’agirait pas d’une façon de donner le sentiment qu’aucune limite n’existerait. Dans ce cas, la France peut et doit jouer un rôle de pare-feu. La décision française de ne pas participer au bombardement du Yémen est une mesure de non-alignement qui peut rendre à notre pays une écoute de l’ensemble des parties et donc une possibilité d’être utile et efficace. Dans la mesure où notre pays exerce la présidence du conseil de sécurité jusqu’à la fin du mois, il lui est possible de prendre des initiatives et de faciliter des processus d’accord globaux ou limités stoppant la contagion ou faisant baisser la tension. Dans cette direction l’unité dans notre pays pour les mesures de paix est possible, et surtout, elle est nécessaire chaque fois que c’est possible sans ambiguïté. En particulier pour aider au retour aux accords qui ont permis la dernière fois le cessez-le-feu au Liban. Certes, le contexte n’aide pas. Mais ce n’est pas une raison pour en désespérer d’avance. Si je m’exprime de cette façon, si je m’avance dans ces termes, c’est parce que je le crois nécessaire pour être utile à la cause de la paix à ma très modeste échelle. Je me sens responsable d’un mandat et d’une responsabilité à l’issue des votes récents de la présidentielle et des législatives. Il s’agit de montrer à ceux qui nous regardent, dans notre pays comme à l’international, dans tous les milieux politiques, que les Français peuvent parler d’une seule voix et que par conséquent ils sont majoritairement mobilisés pour la paix dans le cadre du droit international. Autre façon de dire qu’il s’agit sur ce point d’une référence commune pour nous comme elle devrait être celle de toute les Nations représentées aux Nations Unies. Dans ce cadre, rappelons comment la représentation diplomatique française à l’ONU a déjà rappelé il y a trois jours combien la France serait toujours en soutien aux décisions de la Cour de Justice Internationale. Et elle a maintenu son soutien aux positions prises par le votes de l’ONU. L’utile est de faire le pari de la bonne foi en France. L’utile est l’essentiel, si l’on pense comme moi et tant d’autres que la généralisation de la guerre menace. Il faut élargir le front de la résistance à sa propagation. Car à son tour cela élargit les opportunités d’un cessez-le-feu général en particulier à Gaza où le massacre doit prendre fin avant que tous soient morts.

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