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03.02.2024

Devant l’ONU à Genève, au nom du peuple humain : cessez-le-feu

Jean-Luc Mélenchon est intervenu à Genève le 3 février 2024 à l’occasion d’une marche vers le siège de l’ONU avec une délégation insoumise pour exiger un cessez-le-feu-immédiat à Gaza.

Discours de Jean-Luc Mélenchon :

Mesdames, messieurs, je me présente devant vous, entouré de la délégation des parlementaires français insoumis qui témoignent devant vous qu’il y a aussi cette voix de la France jointe aux vôtres qui, à cet instant, se laissent pénétrer par l’horreur de ce que la conscience leur suggère.

À cet instant, des femmes, des hommes, des enfants, des familles par milliers, centaines de milliers vivent sous les bombes. 

Le massacre, les cris, la frayeur ! Et de cet enfer monte la clameur du peuple, la nôtre ! Nous ne savons pas, Mesdames, Messieurs, ce que notre rassemblement apportera au seul cri que nous voulons pousser à cet instant. Cessez le feu, cessez le massacre, arrêtez de tuer, arrêtez !

Nous ne le savons pas, mais nous savons ce que coûterait notre silence si nous n’exercions pas notre devoir d’êtres humains qui fait suite à notre droit de citoyen. Notre devoir est de protester, de hurler, de protester, de protester et d’exiger : cessez le feu ! Cessez le feu ! 

Vous autres, puissants de la terre, qui tant de fois nous avez fait la leçon. Vous autres qui tant de fois avez dit ce qu’était le bien et le mal. Cette fois-ci, vous les gouvernements, les nôtres, qui au nom de nos peuples, ont signé la convention internationale de 1948 contre le génocide. 

Vous devez appliquer la décision de la Cour internationale de justice. Vous devez cesser de livrer des armes. Vous devez cesser d’aider de quelque manière que ce soit les meurtres qui ont lieu. J’ai dit qu’à chaque instant c’était notre devoir.

Je veux depuis cette place saluer la délégation de parlementaires français qui, avec le député insoumis Eric Coquerel à cette heure, sont au Caire et demain matin seront à Rafah qui hier encore était bombardée. 

Pour réaffirmer lui aussi en première ligne : cessez-le-feu ! Cessez-le-feu ! Cessez-le-feu !

Ici à cet instant, en nous rassemblant comme nous le faisons, nous sommes venus devant le Palais des Nations-Unies parce que nous voulons que parle au monde et à tous ceux qui nous regardent. Ce que nous voulons être à cet instant, nous voulons être d’abord et avant tout à l’heure où pour la planète a sonné l’heure de son plus grand défi qu’est le changement climatique.

A cette heure, nous voulons proclamer qu’il n’y a plus de place pour la guerre dans une telle situation. Il n’y a de place pour la fraternité humaine, pour l’action conjuguée des êtres humains, pour défendre leur droit à vivre, celui de leurs enfants, celui de leur famille. 

A bas la guerre ! A bas les massacres ! 

Nous voulons dire que nous sommes le peuple humain. Et que dans ce peuple humain organisé aujourd’hui en Nations, le peuple palestinien constitue la nation palestinienne et elle a le droit de vivre car personne, jamais, n’en viendra à bout.

C’est à vous, l’opinion, en Israël, aussi, que nous voulons adresser un message. Ici, personne ne souhaite la mort de personne. Ici nous vous disons, vous aussi vous avez des familles. Vous aussi vous chérissez vos enfants. Vous aussi vous souhaitez qu’en toute circonstance, ils prennent leur part du bonheur. Que le soleil qui se lève sur la planète chaque matin pourrait donner à chaque être humain.

Alors, nous saluons ceux d’entre vous qui ont le courage de refuser qu’en leur nom soient commis ces crimes. 

Merci aux associations qui se sont jointes à l’appel du député insoumis Jean-François Coulomme qui a permis qu’ait lieu ce rassemblement aujourd’hui. 

Ne doutez pas un instant de l’utilité de ce que vous faites. Comme de chaque acte que vous poserez pour affirmer en face de la barbarie, que nous sommes l’humanité, que le génie humain peut faire mieux que d’assassiner méthodiquement, industriellement, comme cela a été démontré dans le XXᵉ siècle et comme hélas commence le début du XXIème. 

Car cette guerre abominable n’en est pas une. La Cour internationale de Justice de La Haye a dit ce qu’elle est. C’est un génocide qui est engagé contre les malheureux Palestiniens parce que le génocide n’est pas une accusation morale. C’est un crime qui est défini par des actes. 

Et sur cinq actes qui décrivent le génocide, la Cour de La Haye, composée de juges de toutes les nations, inclut un juge de l’Afrique du Sud, partie plaignante, et un juge d’Israël, partie citée. Alors dans ce grand moment d’humanité qu’est la justice quand elle surgit en face des barbares qui massacrent. Alors à ce moment là, a été dit que sur cinq de ces mesures qui définissent le crime de génocide, quatre étaient avérées.

Si bien que le risque génocidaire est avéré. Bien sûr la Cour se prononcera plus tard. Mais dès maintenant, elle enjoint à tous ceux qui ont signé : vous autres les puissants, vous autres qui gouvernez, dont les nations ont signé la convention, respectez votre parole, respectez votre signature, cessez de fournir des armes, envoyez de l’aide humanitaire, réactivez les hôpitaux, arrêtez le massacre !

Voilà ce que nous sommes venus dire. Et en même temps dire à Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations unies, au responsable de l’Organisation de sauvegarde des droits des Palestiniens au nom des Nations unies (UNRWA) : le peuple qui est ici, qui vient de plusieurs régions du monde, vous dit merci, Monsieur le Secrétaire général. Vous avez été insulté de toutes les manières, mais vous nous avez représentés, nous tous, le peuple humain, quand vous avez demandé que cesse le massacre. 

Oui, nous avons été représentés par l’ONU. Heureusement qu’il y a l’ONU parce que sinon il n’y aurait que la barbarie. Nous connaissons tous les défauts de toutes les institutions internationales, nous les connaissons. Mais il faut que dans cette nuit s’éveille la clameur qui vient du peuple. La nôtre, et celle des droits qu’incarne l’ONU.

À vous tous, courage ! Et jusqu’au dernier instant, rappelez-vous que c’est contre un martyr que vous agissez, contre un crime imprescriptible. Et qu’un jour ou l’autre, d’une manière ou d’une autre, les châtiments qui viendront par la voie universelle, non seulement puniront les coupables, mais menaceront ceux qui, dans l’avenir, voudraient avoir le même type de méthode pour se débarrasser des problèmes auxquels ils ont affaire. 

Car ne perdons pas de vue un seul instant que, en ce jour même, 75 % des nations ont un différend frontalier avec leurs voisins. Et sur ce total, 25 % en sont déjà venus aux armes. Il faut que cesse l’âge des armes et des massacres. Et il ne faut pas que le génocide qui se commet en ce moment à Gaza devienne le mode à accepter de règlement des problèmes. 

Parce que, à Gaza, en Palestine, avec Israël, ce n’est pas un problème religieux, ce n’est pas un problème ethnique. C’est un problème de territoires qui confronte la colonisation et l’occupation aux droits sacrés et imprescriptibles, à la résistance et à l’auto détermination.

Translation of Jean-Luc Mélenchon’s speech in english :

Ladies and gentlemen, I’m in front of you, surrounded by the delegation of la France insoumise parliamentarians, who testify in front of you that there is also a French voice joined to yours. Who, at this moment, are penetrated by the horror of what conscience suggests to them. At this very moment, women, men, children, thousands, hundreds of thousands of families are living under the bombs. The massacre, the screams, the fear! And from this hell rises the people’s clamor, ours ! 

We don’t know, ladies and gentlemen, what our gathering will bring to the one cry we want to raise at this moment. Cease fire, cease slaughter, stop killing, stop! We don’t know it, but we do know what the cost of our silence would be if we didn’t exercise our duty as human beings, which follows our right as citizens. Our duty is to protest, to howl, to protest, to protest and to demand : cease fire ! Cease fire ! You, the world’s powerful, who have lectured us so many times. You who have so often told us what good and evil are. This time, you governments, ours, who in the name of our peoples signed the 1948 international convention against genocide. You must apply the decision of the International Court of Justice. You must stop supplying arms. You must stop aiding in any way the murders that are taking place. I said that it’s our duty at every moment. 

From this place, I’d like to greet the delegation of French parliamentarians who, along with Insoumis deputy Eric Coquerel at this time, are in Cairo and tomorrow morning will be in Rafah, which was still being bombed yesterday.  To reaffirm on the front line too : cease fire ! Cease fire ! Cease fire !

Here at this moment, gathering as we do, we’ve come in front of the United Nations Palace because we want the world and everyone watching. What we want to be at this moment, we want to be first and foremost at a time when the planet is facing its greatest challenge : climate change. At this moment, we want to proclaim that there is no place for war in such a situation. There is only place for human fraternity, for the combined action of human beings, to defend their right to live, that of their children, that of their families. Stop the war ! Stop the massacres ! 

We want to say that we are the human people. And that in this human people, organized today into Nations, the Palestinian people constitute the Palestinian nation, and it has the right to live, because no one, never, will overcome it. It’s to you too, the opinion in Israel, that we want to address a message. Nobody here wants anybody to die. Here we say, you too have families. You too cherish your children. You too wish that in every circumstance, they take their share of happiness. That the sun that rises on the planet every morning could give to every human being. So we salute those of you who have the courage to refuse that these crimes are committed on their behalf. 

Thank you to the associations who have joined the call of the Insoumis deputy Jean-François Coulomme, who has made it possible for this demonstration to take place today. Don’t doubt for a moment the usefulness of what you do. As for every act you will take to affirm, in front of barbarity, that we are humanity. That human genius can do better than methodical, industrial murder, as has been demonstrated in the XXᵉ century. And as alas is beginning the XXIst. For this abominable war is not one. The International Court of Justice in The Hague has declared what it is. Genocide is being committed against the unfortunate Palestinians, because genocide is not a moral accusation. It is a crime defined by acts. And on five acts that describe genocide, the Court of The Hague, composed of judges from all nations, including a judge from South Africa, plaintiff, and a judge from Israel, respondent. So in that great moment of humanity that is justice when it arises in the face of barbarians who massacre. At that point, it was said that of the five measures that define the crime of genocide, four had been proven. So the risk of genocide is proven. Of course, the Court will rule later. But right now, it is enjoining all those who have signed. You the powerful, you who govern, whose nations have signed the convention. Respect your word, respect your signature, stop supplying weapons, send humanitarian aid, reactivate the hospitals, stop the massacre!

That’s what we’ve come to say. And at the same time to tell Antonio Guterres, the Secretary General of the United Nations. To the head of the United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees (UNRWA). The people here, from many parts of the world, express their thanks to you, Mr. Secretary-General. You have been insulted in every way, but you represented all of us, the human people, when you asked for the massacre to stop. Yes, we were represented by the UN. Fortunately the UN exists, otherwise there would only be barbarism. We all know the imperfections of all international institutions, we know them. But the clamor of the people must awaken in this night.  Ours, and that of the rights embodied by the UN.

To all of you, courage! And until the last moment, remember that you are acting against a martyr. Against an imprescriptible crime. And that one day or another, in one way or another, the punishments that will come through the universal way, will not only punish the guilty, but will threaten those who, in the future, would like to have the same kind of method to get rid of the problems they’re dealing with. Let’s not lose sight for a moment that, as of today, 75% of all nations have a border conflict with their neighbors. And of that total, 25% have already come to arms. The age of weapons and massacres must end. And we mustn’t let the genocide currently taking place in Gaza become the accepted way of solving problems. Because, in Gaza, in Palestine, with Israel, it’s not a religious problem, it’s not an ethnic problem. It’s a territorial problem that pits colonization and occupation against sacred and imprescriptible rights : resistance and self-determination.

Traducción del discurso de Jean-Luc Mélenchon al español:

Señoras y señores, estoy frente a vosotros, junto a una delegación de parlamentarios franceses de la France insoumise, que testifican ante vosotros que esta voz de Francia se suma a las vuestras. Que, en este momento, se dejan penetrar por el horror de lo que les sugiere la conciencia. En este momento, mujeres, hombres, niños, familias por millares, centenares de millares, viven bajo las bombas. ¡ La masacre, los gritos, el terror ! Y de este infierno se eleva el clamor del pueblo, ¡nuestro clamor! 

No sabemos, señoras y señores, qué aportará nuestra movilización al clamor único que queremos lanzar en este momento. Alto el fuego, alto la masacre, alto la matanza, ¡alto! No lo sabemos, pero sabemos cuál sería el coste de nuestro silencio si no ejerciéramos nuestro deber como seres humanos, que se deriva de nuestro derecho de ciudadanos. Nuestro deber es protestar, gritar, protestar, protestar y exigir: ¡Alto el fuego! ¡Alto el fuego! 

Vosotros, los poderosos del mundo, que tantas veces nos habéis sermoneado. Vosotros que tantas veces nos habéis dicho lo que era el bien y el mal. Esta vez, vosotros los gobiernos, los nuestros, que en nombre de nuestros pueblos firmasteis la convención internacional contra el genocidio de 1948. Debéis aplicar la decisión de la Corte Internacional de Justicia. Debéis dejar de suministrar armas. Tenéis que dejar de ayudar de cualquier manera a los asesinatos que se están produciendo. Dije que en todo momento ese era nuestro deber.

Desde esta plaza, quiero saludar a la delegación de parlamentarios franceses que, junto al diputado France Insoumise Eric Coquerel, están en El Cairo y mañana por la mañana estarán en Rafah, que ayer todavía bombardeaban. Para reafirmar él también desde la primera línea: ¡Alto el fuego! ¡Alto el fuego! ¡Alto el fuego! 

Aquí en este momento, juntándonos como lo hacemos. Hemos venido al Palacio de las Naciones Unidas porque queremos que hable al mundo y a todos los que nos miran. Lo que queremos ser en este momento, queremos ser ante todo en el momento en que el planeta se enfrenta a su mayor desafío: el cambio climático. En este momento, queremos proclamar que ya no hay lugar para la guerra en una situación así. Solo hay lugar para la fraternidad humana, para la acción conjunta de los seres humanos defendiendo su derecho a vivir, el de sus hijos, el de sus familias. ¡Basta de guerra! ¡Basta de masacres! 

Queremos decir que somos el pueblo humano y que dentro de este pueblo humano organizado hoy en naciones, el pueblo palestino constituye la nación palestina y tiene derecho a vivir porque nadie, jamás, lo vencerá. También queremos enviaros un mensaje a vosotros, la opinión pública de Israel. Aquí nadie desea la muerte de nadie. Aquí os decimos que vosotros también tenéis familias. Vosotros también queréis a vuestros hijos. Vosotros también queréis que tengan su parte de felicidad, sean cuales sean las circunstancias. La que el sol que sale en el planeta cada mañana podría dar a cada ser humano. Por eso saludamos a los que tenéis el valor de negaros a permitir que se cometan estos crímenes en vuestro nombre. 

Gracias, a las asociaciones que se han sumado a la llamada de Jean-François Coulomme, diputado de la France insoumise, gracias a quien esta movilización se ha podido llevar a cabo hoy. No dudéis ni un instante de la utilidad de lo que estáis haciendo. Ni de cada acto que realizaréis para afirmar, frente a la barbarie, que somos la humanidad. Que el genio humano puede hacer mejor que el asesinato metódico e industrial, como se ha demostrado en el siglo XXᵉ. Y como, por desgracia, comienza el siglo XXI. Porque esta guerra abominable no es una guerra. El Tribunal Internacional de Justicia de La Haya ha dicho lo que es. Se está cometiendo un genocidio contra los desafortunados palestinos, porque el genocidio no es una acusación moral. Es un crimen que se define por actos. Y de cinco actos que describen el genocidio, el Tribunal de La Haya, compuesto por jueces de todas las naciones, incluyendo un juez de Sudáfrica, el demandante, y un juez de Israel, el demandado.

Así, en este gran momento de humanidad que es la justicia cuando surge frente a los bárbaros que masacran. En ese momento, se dijo que de las cinco medidas que definen el crimen de genocidio, cuatro habían sido comprobadas. Por lo tanto, el riesgo de genocidio está probado. Por supuesto, el Tribunal se pronunciará más adelante. Pero ahora mismo, está requiriendo a todos los que han firmado. Vosotros los poderosos, vosotros los gobernantes, cuyas naciones han firmado la convención. Respetad vuestra palabra, respetad vuestra firma, dejad de suministrar armas, enviad ayuda humanitaria, reactivad los hospitales, ¡parad la masacre!

Eso es lo que hemos venido a decir. Y al mismo tiempo para decirle a Antonio Guterres, Secretario General de las Naciones Unidas. Al responsable de la Agencia de Naciones Unidas para los Refugiados de Palestina en Oriente Próximo (UNRWA), el pueblo aquí presente, que viene de diversas partes del mundo, le da las gracias, señor Secretario General. Ha sido insultado de todas las formas posibles, pero nos ha representado a todos nosotros, el pueblo humano, cuando ha pedido que cese la masacre. Sí, nos representó la ONU. Menos mal que existe la ONU, porque si no sólo quedaría la barbarie. Todos conocemos los defectos de todas las instituciones internacionales, los conocemos. Pero en esta noche, el clamor de los pueblos debe despertarse. El nuestro, y el de los derechos encarnados por la ONU.

A todos vosotros, ¡ánimo! Y hasta el último momento, recordad que estáis actuando contra un mártir. Contra un crimen imprescriptible. Y que un día u otro, de una forma u otra, los castigos que llegarán por cauces universales no sólo castigarán a los culpables, sino que amenazarán a aquellos que, en el futuro, quieran tener el mismo tipo de método para deshacerse de los problemas a los que se enfrentan. Porque no perdamos de vista ni un solo momento el hecho de que, hoy mismo, el 75% de las naciones tienen una disputa fronteriza con sus vecinos. Y de ellos, el 25% ya se ha levantado en armas. La era de las armas y las masacres debe llegar a su fin. Y el genocidio que está teniendo lugar actualmente en Gaza no debe convertirse en la forma aceptada de resolver los problemas. 

Porque en Gaza, en Palestina, con Israel, no es un problema religioso, no es un problema étnico. Es un conflicto territorial que opone la colonización y la ocupación a los derechos sagrados e inalienables, a la resistencia y a la autodeterminación.

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