La Nouvelle-Calédonie-Kanaky mérite notre solidarité

Au moment de m’envoler pour le Sénégal, je me désole de voir la Nouvelle-Calédonie-Kanaky revenue au degré d’extrême tension où elle s’est trouvée cette nuit. Michel Rocard sous la présidence du président Mitterrand, appuyé sur la volonté de paix du chef du FLNKS Jean-Marie Tjibaou et de la droite locale de Jacques Lafleur, avait mis un terme à la période des embrasements en 1988. J’ai suivi et participé à tous les débats sur l’avenir du territoire depuis 1986 et je m’y suis rendu trois fois. C’est assez pour savoir quelle erreur ce fut d’organiser le troisième référendum sur l’indépendance alors même que les représentants du peuple Kanak récusaient sa tenue en raison du deuil coutumier lié à l’épidémie de Covid. L’abstention massive a témoigné des limites de ce vote. Les insoumis ont alerté sur tous les tons à propos du danger d’embrasement que représente le fait de vouloir faire passer en force une position sur ce territoire. La semaine passée, les députés insoumis Bastien Lachaud et Danièle Obono, membres de la commission des lois, se sont rendus sur place et leur rapport au retour mettait encore en garde : la situation est d’autant plus inflammable que la situation économique du territoire est désastreuse. Une jeunesse à l’abandon social et ses aînés épuisés sont excédés. Les évènements en cours sur place ne peuvent surprendre que ceux qui n’ont pas tenu compte des alertes. Ils ont cru les diagnostics aveuglés de partisans locaux et nationaux pensant que le passage en force était sans risque. Hier, nous avons été quatre à signer au nom de tout le mouvement insoumis une tribune publiée dans Le Monde. Elle résume notre position. Nous adjurons le président de la République de prendre acte de la nouvelle situation et d’assumer le retrait du projet de réforme constitutionnelle pour rendre crédible l’initiative de dialogue puisqu’à son tour, il le propose avec raison. Il y a urgence à éteindre l’incendie. Il faut à tout prix revenir au dialogue et ne pas céder à la tentation de l’escalade dans la violence. Personne n’est jamais arrivé à rien en plus de cent ans avec ce genre de méthode sur le terrain, sauf à des morts, des haines et de l’esprit de vengeance. Et au déshonneur pour notre pays devant le monde parce que la Nouvelle-Calédonie-Kanaky reste à ses yeux une terre à décoloniser. Le peuple français a voté au suffrage universel et en Congrès du Parlement. Il a reconnu l’existence de deux peuples sur ce territoire et la domination coloniale de l’un sur l’autre. Rien ne vaut sur place que ce qui est voulu ou consenti mutuellement par les composantes de la population du territoire. Peuple Kanak, légitime premier occupant envahi de force, européens et maghrébins victimes de l’histoire, nés et attachés à cette terre où sont leurs tombes, Wallisiens présents en nombre, doivent trouver leur code de vie commune ensemble autour des deux composantes fondamentales de l’accord de Nouméa ratifié par tous les Français.

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