La proposition d’un premier ministre du Nouveau Front Populaire obsède à juste titre. Mais il faut aussi savoir la poser dans sa réalité et non dans les filtres plus ou moins volontairement biaisés qui circulent en ce moment à foison. Car, dans les montagnes russes des émotions, si épuisés et éprouvés que nous soyons, c’est à la raison qu’il faut se cramponner. Et ne pas donner tant d’importance à ceux qui compliquent à dessein l’issue que nous voulons tous trouver au plus vite : la pression sans trêve ni pause des médias harceleurs, des docteurs je sais tout, des péremptoires yaka faukon, les « bofistes », les opportunistes de tous poils, les tireurs dans le dos, les anti-LFistes primaires. J’ai même vu le problème réduit à une question d’ego ! Infantiliser et psychologiser est une façon courante de pervertir les débats plutôt que de les éclairer. Ces postures ne servent que nos adversaires de toutes les façons possibles. Alors les nigauds rejoignent les malins pour laisser soigneusement de côté une question embarrassante : quel serait le premier ministre alternatif de la droite et du centre ? La question mérite d’être posée, compte tenu des compétitions qui font rage entre les uns et les autres de ce côté-là, mille fois plus violentes et abruptes que nos divergences stratégiques à gauche, où les questions de compétition de personnes ne jouent aucun rôle dans l’épisode présent.
C’est une question d’orientation politique qui se joue à chaque instant, à chaque étape. Ceux qui ont déjà refusé, à droite, au centre et à gauche, après deux présidentielles pourtant dévastatrices pour eux, d’admettre le sens de leur résultat sont de retour… Comme à chaque étape, sous les prétextes les plus divers, il s’agit de nous ramener à la case départ : celle du centre gauche plus ou moins macroniste comme horizon indépassable de l’action gouvernementale. Attisé par tout ce petit monde, quinze jours paraissent trop longs. Pour eux, céder tout de suite serait si délicieux ! Avant de recommencer la simagrée des lamentations et de la déception.
Dans ce fouillis il faut regarder du dessus. Pour ma part, je voudrais d’abord mettre en ordre le récit de ce qui vient de se passer à l’Assemblée nationale. La politique s’écrit sur une trame continue. C’est elle qu’il faut maîtriser pour l’orienter ensuite. Bien sûr, mon analyse entre dans les détails d’une vie d’assemblée qui peuvent paraître bien lointains et rebutants. Je vous prie de m’en excuser.
Le 18 juillet s’est jouée une bataille politique décisive à l’Assemblée. Dans la forme alambiquée des votes pour son installation et organisation interne, toutes les données du moment politique ont pourtant été confrontées. Et elles se sont exprimées dans des votes, certes souvent boutiquiers à droite et au centre, mais pour finir, hautement politiques. C’est une nouvelle déroute pour le macronisme. Il faut dire que son plan s’est une nouvelle fois heurté à notre unité imprévue par lui et à la médiocrité de ses lieutenants qui ont transformé son plan en une pantalonnade de lutte des places. Il faut le comprendre pour mieux définir les méthodes qui doivent nous guider ensuite. C’est pourquoi j’en propose une lecture pour aider à comprendre l’étape que nous avons franchie avec succès.
Depuis la lettre du président dimanche dernier, on savait que le dénouement du coup de force de Macron contre le résultat des élections législatives se jouerait à l’Assemblée nationale le 18 juillet. C’est en tou cas ce que lui, le Président, avait décidé de faire. C’est pourquoi les insoumis ont suspendu les discussions sur le premier ministre en cours depuis sept jours avec les partenaires du Nouveau Front Populaire. Elles venaient de se clore avec le véto sans explication du PS contre la candidature d’Huguette Bello et le ruineux « ni oui, ni non » des Verts à son sujet. Il fallait rompre au plus vite la routine psychologique hors-sol des palabres et des simulacres sans fin qui tournaient en rond. Il y avait urgence, car les partenaires du Nouveau Front Populaire ne semblaient pas prendre la mesure de l’enjeu fixé par Macron pour l’élection de la présidence de l’Assemblée. Résumons : il écrit : « personne ne l’a emporté aux élections législatives ». Ce sont des mots décisifs. Ils tracent son cap : effacer la victoire du Nouveau Front Populaire. Pour lui, la formation du gouvernement viendra donc d’ailleurs. Et c’est bien la condition pour effacer concrètement le résultat du vote. Pour lui, donc, une nouvelle majorité politique de gouvernement prouvera son existence par le vote des députés pour désigner la présidence de l’Assemblée. Bien sûr, après son échec, il oubliera aussitôt tout cela pour trouver autre chose. Mais, s’il y était parvenu, le « narratif » comme disent les communicants, c’est-à-dire l’emballage et le scénario pour les médias, était prêt.
Pour apprécier la portée de ce qui s’est passé, il faut bien comprendre ce qui a été mis en jeu par la lettre du président Macron. Encore faut-il s’en souvenir. Sa parole est si dépréciée que sa « lettre aux Français » n’a eu aucun impact et ne laisse aucun souvenir à qui que ce soit. Mais il l’a écrite et diffusée. Elle devait donc être prise au sérieux, car elle prenait place dans la crise que les foucades présidentielles alimentent de jour en jour, de dissolution en coup de poker menteur parlementaire.
Il a d’abord affiché un détournement du « front républicain ». Il en fait une alliance politique. Pour les insoumis, nous n’avions fait ni négociations ni contreparties, en retirant nos candidatures là où existait le risque Front national. Cela n’a donc rien à voir avec une « alliance », ni avec quoique ce soit d’une « union nationale » à la mode macroniste. Un cordon sanitaire. Rien de moins. Mais aussi, et surtout : rien de plus. La lecture des résultats des élections par Macron est de construire sur ce cordon sanitaire une alliance politique gouvernementale. Et il enjoint aux partis : « Ce que les Français ont choisi par les urnes – le front républicain, les forces politiques doivent le concrétiser par leurs actes ». Il précise : » unies par les désistements réciproques au second, élues grâce aux voix des électeurs de leurs anciens adversaires, seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. La nature de ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir, les oblige à bâtir un large rassemblement. » Puis il décrit tout un programme politique pour cette nouvelle alliance. Et il tranche : « C’est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre. » Et, comme note finale, il se proclame aussi chef de cette nouvelle majorité politique : « Dimanche dernier, vous avez appelé à l’invention d’une nouvelle culture politique française. Pour vous, j’y veillerai. En votre nom, j’en serai le garant. » Comme d’habitude, rien ne s’est passé comme prévu par lui. Aucune alliance de premier tour ne s’est formée dans cette élection à l’Assemblée entre la droite et les macronistes. Au contraire, les macronistes eux-mêmes se sont divisés. L’élection s’est donc faite par des retraits de candidatures, successifs et du coup purement défensifs, face au Nouveau Front Populaire. En effet, aux deux premiers tours de vote des députés, son candidat André Chassaigne est arrivé clairement en tête.
Au total, une fois de plus, nous avons déjoué la manœuvre et même retourné la situation. D’abord en nous unissant sans faille dans le cadre du Nouveau Front Populaire. La candidature commune a été réglée sans trop de tergiversations. Les insoumis ont proposé Panot et Coquerel. Ils les ont retirés pour précipiter la décision à prendre. Une brève passe d’armes entre André Chassaigne et Cyrielle Chatelain, suivie de son retrait soudain, ont suffi. Le président du groupe communiste restait alors seul en lice. C’était le plus important. Il fut aussitôt intronisé sans que personne ne parle de vote de qui que ce soit de plus sur le sujet. De là vient notre réussite politique.
Mais ces votes ont porté une sévère leçon de réalisme. Car la démonstration a été vite faite du songe-creux de la ligne de « l’union républicaine pour l’apaisement ». Adieu les rêves de « majorité élargie ». La droite et le centre sont restés emmurés entre eux, sans aucune passerelle vers l’extérieur. Ils n’ont gagné, au troisième tour, que de très peu (14 voix) et avec l’apport discutable des 17 « ministres-députés ». En fait, ce troisième tour décisif a fonctionné, après d’ultimes nouveaux retraits de candidatures, en mode « panique d’endiguement » devant la poussée du Front populaire. Car celui-ci avait affirmé sa cohésion comme alliance et sa très nette avance en tête des deux premiers tours. Puis droite et centre se sont effilochés au fil des tours de vote. Tout cela pour élire un personnage très clivant et controversé pour sa brutalité, son sectarisme et son autoritarisme. Cette convergence d’une troupe battant en retraite, candidat par candidat, ne concrétisait aucune alliance politique. Au contraire, elle a démobilisé ses propres soutiens. En effet, on assista aussitôt à la décomposition concrète du projet d’alliance macroniste. Ce fut tout simplement une débandade dans le même style qui prévalait avant la dissolution. Les Insoumis l’avaient pronostiquée. L’image est saisissante de ces gens cessant le combat plutôt que de s’élire les uns les autres dans leur exercice favori : la lutte des places.
Dans cette bataille, le NFP a eu le dernier mot ! Et de quelle façon ! Il a conquis la majorité au bureau de l’Assemblée. Du coup, à peine élue, la nouvelle présidente se voit imposer une cohabitation politique d’un genre aussi nouveau que tout le reste du moment politique. Le pouvoir à l’Assemblée passe dans les mains du Nouveau Front Populaire. Le bureau qu’ils dominent désormais est un de ces hauts lieux du pouvoir institutionnel. Mille et une choses souvent décisives en dépendent. Au total, les insoumis y trouvent bien leur compte avec deux vice-présidences, deux secrétaires et la Présidence de la commission des finances. Bien sûr, chaque composante du Nouveau Front Populaire fait de même. Mais pour les insoumis, c’est une victoire contre l’ostracisation qui leur avait été promise. Ajoutée à l’élection de neuf députés européens, de la présidence du groupe de la gauche radicale européenne et de la vice-présidence du Parlement européen, le Mouvement peut se réjouir d’avoir confirmé et nettement amplifié son implantation dans les institutions où s’appuie son déploiement vers le pouvoir gouvernemental. Quant au RN, un cordon sanitaire de fait a eu raison de toutes ses ambitions. Coup double pour nous. Victoire quasi complète.
Ce contexte prépare les éléments d’une crise de régime. Elle vient de plus loin que l’instant, c’est certain. Mais les choix et comportements du président Macron accélèrent l’évolution des événements dans cette direction. En refusant la nomination d’un gouvernement du Nouveau Front Populaire et en menaçant de faire tomber aussitôt celui qui pourrait être constitué, on voit se dessiner tout un engrenage. La censure d’un gouvernement de gauche provoquerait ensuite, tout aussi mécaniquement, la censure d’un gouvernement des macronistes et de la droite. Et ainsi de suite. Comme il est impossible de dissoudre de nouveau avant un an selon la Constitution, le seul moyen de sortir de cette situation sera que le président parte pour que de nouvelles élections puissent avoir lieu. On mesure l’enchaînement incroyable des faits, qui partent du résultat d’une élection européenne pour arriver à la démission d’un président, après un, deux ou trois bugs parlementaires.
C’est là une crise de régime parce qu’elle montre l’impossibilité de régler les problèmes politiques par une méthode acceptée par tous qui ne propage pas l’incendie. Il est clair que cette situation vient de bien plus loin que les événements du passé très récent. Mais je n’irai pas plus avant aujourd’hui. En tout cas c’est pourquoi je crois que personne ne prendra si facilement le risque de faire tomber un gouvernement de gauche. À quoi s’ajoute ceci : toutes les mesures de son programme qui en donneraient le prétexte sont plébiscitées. Dès lors, la chute serait payée très cher par ceux qui l’auront provoquée. En attestent les mouvements opportunistes que l’on observe quand un Darmanin finit par admettre l’idée de l’augmentation du smic par exemple. Et de cette façon nous pouvons, mesure après mesure, trouver des majorités sans avoir besoin d’en rabattre sur le programme.
Si l’on comprend notre conviction à ce sujet, on comprend pourquoi nous n’avons pas accepté la ligne selon laquelle il fallait baisser l’exigence sur le programme pour avoir une garantie de durée gouvernementale à la faveur d’arrangements de couloirs. La façon de présenter cette ligne, comme le fit Olivier Faure, déclencha une alerte générale dans nos rangs. En effet, il utilisa le terme « d’extrémisme sur le programme » à propos de la formule insoumise « le programme rien que le programme mais tout le programme ». « Extrémisme » le respect de la parole donnée aux électeurs et entre nous à la signature du programme ? Cette stratégie entrait en phase avec la ligne tracée par la tribune de 70 intellectuels, quelques jours avant que n’apparaisse la candidature bien organisée médiatiquement de Laurence Tubiana, comme l’a bien décrit Médiapart. Cette tribune reprend l’architecture proposée par Macron quelques jours plus tôt, ce qui valut à Laurence Tubiana signataire du texte de se faire accuser de macronisme (ce que je ne fais pas).
Le titre en est un bon résumé. « Le Nouveau Front populaire doit sans tarder tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine ». Macron ne dit pas autre chose. Bien sûr ce texte comporte des traits de gauche qui le situe bien. Mais la méthode proposée sur la base de cette convergence du front républicain tourne le dos à ce que nous avons construit avec la NUPES puis avec le NFP. Le programme est directement le premier ciblé. « Le 7 juillet, les Françaises et les Français ont fait des députées et députés du NFP la première force à l’Assemblée nationale. Ils et elles n’ont pas donné cependant de majorité absolue au NFP et donc de mandat pour appliquer la totalité de son programme, comme cela avait pu être le cas en d’autres temps ». Le lien logique n’est pas évident. En quoi la « totalité » du programme est-elle concernée ? Le texte s’en explique : « Dans un tel contexte, il n’est pas envisageable de commettre l’erreur justement reprochée à Jacques Chirac en 2002 et à Emmanuel Macron en 2017 et 2022, qui, aussitôt élus, avaient oublié les voix de gauche ayant permis leur élection ». On comprend l’intention : le NFP ayant bénéficié de voix de droite face au RN, il doit en tenir compte car ceux-ci n’ont pas voté pour le programme de la gauche. Problème évident : il en va de même pour les électeurs de gauche qui ont voté pour des députés de droite face aux RN… Demande-t-on aux députés de droite d’en tenir compte et de changer leur opposition de principe au programme du NFP ? Non, cette exigence n’est présentée qu’à nous seuls. Pourtant mieux vaudrait s’en tenir au résultat lui-même plutôt qu’aux spéculations sur son origine. C’est par nature même le sens d’un vote qui additionne toutes sortes de motivations. Seul compte le bulletin choisi et son seul mandat ne porte que sur une chose précisément : le programme à appliquer et rien d’autre. C’est bien pourquoi le « Front républicain » est toujours si compliqué à « avaler » dans bien des cas. Et c’est pourquoi il ne faut surtout pas le présenter ensuite comme une alliance politique. Car cela c’est exactement ce que dit Marine Le Pen quand elle dénonce dans ce front un « parti unique ». Reprendre son analyse, c’est lui ouvrir la voie dès la prochaine occasion où ce front devrait de nouveau devenir nécessaire contre elle. Les donneurs de conseils devraient réfléchir aux conséquences à long terme de leurs naïves préconisations.
Ensuite les 70 formulent leur projet de nouvelle alliance. Ils plaident d’abord l’urgence de monter un gouvernement. Nous ne pouvons qu’être d’accord. Pour cela, ils formulent sans détour leur projet de nouvelle alliance « élargie ». Ils écrivent noir sur blanc : « C’est pourquoi, le NFP doit sans tarder tendre la main aux autres acteurs du front républicain pour discuter d’un programme d’urgence républicaine et d’un gouvernement correspondant ». Et cela ne peut se faire qu’après des reculs annoncés d’avance sur le contenu du programme. C’est écrit en toutes lettres également. « Le point de départ d’une telle négociation sera bien sûr, du côté du NFP, son programme, mais chacun et chacune d’entre nous sait, et admet par avance, que ce ne sera pas le point d’arrivée dans tous les domaines. Et très peu nombreux seront celles et ceux qui, dans le pays, tiendront rigueur au NFP d’avoir dévié de ce programme sur tel ou tel sujet si cela permet que la France soit gouvernée de manière stable et apaisée ». Stabilité et apaisement contre feuille de paye ? C’est là naturellement une figure de style. Qui imagine l’apaisement des nouveaux assujettis à un impôt progressif sur la fortune ou des actionnaires privés de leur flat tax et exit tax ? Bref, qui imagine le capital apaisé louant l’amabilité retrouvée par la gauche ? Pourtant les signataires veulent croire à une telle illusion. Je ne doute pas de leur sincérité. Ils en font une affaire de bonne volonté à partager : « Nous avons la conviction, écrivent-ils, que si la volonté politique est suffisante, il est possible de trouver un accord pour un tel gouvernement d’urgence républicaine ». Ce serait même la condition pour « rétablir dans le champ médiatique les conditions d’un débat public serein et de qualité ». Si Bolloré, Hanouna et Pascal Praud n’ont pas éclaté de rire, c’est parce qu’ils n’ont pas lu le texte. En tout cas, tout ceci forme une ligne qui a sa cohérence, ses porte-parole et sa presse d’appui qui sait, elle, très bien ce que ce texte veut dire. Et cela explique son soutien total aveugle à la candidate première ministre sur cette ligne. On le note d’autant mieux que l’on observe sans mal le silence organisé à propos d’Huguette Bello.
J’ai mis noir sur blanc l’essentiel de nos arguments pour aider à comprendre pourquoi nous avons manifesté une telle réticence à l’égard de la désignation de Laurence Tubiana. Cela n’a rien à voir avec sa personne ni son talent puisqu’aucun d’entre nous ne la connait, ni ne l’a pratiquée dans une action commune. Notre réticence est politique. Et quand on nous dit « entendez-vous » ce message ne se comprend pas. S’entendre sur quoi ? Sur la ligne des 70 ? Il n’en est pas question. Nous l’avons dit sans détour là aussi. Pas de Front républicain devenant une alliance politique. Car ce serait renoncer au programme et recommencer le cycle de la gauche qui ment. Sans nous.
Madame Tubiana a déjà été victime de la méthode dont nous ne voulons pas. Elle était bien placée pour nous comprendre. N’était-elle pas la présidente de la convention citoyenne sur le climat ? N’était-il pas question que toutes ses conclusions soient adoptées « sans filtre » ? Mais d’aucuns acceptèrent ensuite que « tout ne soit pas possible tout de suite ». Qu’en resta-t-il ? Rien. Ne fut-elle pas parmi les négociatrices de la COP 21 pour la France, à côté de nos diplomates ? Qu’en resta-t-il après sa négociation dans le cadre « stable » de la commission européenne et les négociations « apaisées » du Conseil européen ? Moins que rien. L’expérience doit nous servir.
Laurence Tubiana a depuis renoncé à sa candidature. Pour les insoumis, il ne reste aucune animosité entre nous et elle. Nous avons apprécié son rôle de diplomate dans la COP 21 et dans la Convention. Mais le désaccord politique en cause touchait au cœur de ce qui est en cause depuis vingt ans dans les débats et combats de la gauche. Juste un désaccord politique. J’espère l’avoir expliqué avec assez de clarté pour être compris de ceux qui veulent comprendre ce qui se passe vraiment hors des circuits des colères feintes et des adjurations dans le vide. Je pense que cette femme de talent a eu une approche dans les règles de son métier de diplomate sans intégrer la dimension des rapports de forces qu’implique la lutte politique des assemblées et des partis. Ce n’est pas un reproche mais je suis certain que de son côté elle aura aussi compris pourquoi nous redoutions son scénario comme une certitude d’échec politique.
À présent commence la phase finale de la négociation à gauche. Chacun y entre avec la volonté d’aboutir, j’en suis certain.