Jean-Luc Mélenchon était l’invité du 13h de TF1 depuis les AMFIS le 24 août 2024.
Retrouvez une retranscription de l’intervention de Jean-Luc Mélenchon :
QUESTION CLAIRE. REPONSE ?
Tous les blocs politiques en dehors du Nouveau Front populaire ont affirmé clairement qu’ils voteraient une motion de censure en cas de présence de ministres LFI dans un futur gouvernement, ce qui ferait immédiatement tomber le gouvernement.
Est-ce que vous seriez prêt à renoncer à votre participation pour permettre à la gauche de gouverner ?
C’est une discrimination assez odieuse et offensante car de nombreuses personnalités, femmes et hommes insoumis, feraient d’excellents ministres compétents au service du pays.
Deuxièmement, je leur dirais volontiers : vous avez oublié de le dire aux électeurs au deuxième tour, parce que si vous aviez dit aux électeurs que vous n’accepteriez jamais que les insoumis soient au gouvernement, peut-être qu’ils auraient voté différemment au deuxième tour ou pas voté.
Enfin, je dirais toujours sur la même question et pour ne pas passer à côté du sujet. Nous ne serons jamais du côté du problème, nous serons toujours du côté de la solution. Alors pour répondre bien franchement à votre question, c’est à mon tour de poser une question aux chefs des trois partis macronistes et de la droite. Le gouvernement de madame Lucie Castets, s’il ne comportait aucun ministre insoumis, est ce que vous vous engagez à ne pas voter la censure et à lui permettre d’appliquer le programme pour lequel nous sommes arrivés en tête des élections législatives ?
Répondez-nous ! Car si vous ne répondez « non », alors on dira : les ministres insoumis, en fait, c’est un prétexte, c’est du programme dont vous ne voulez pas. Donc vous ne valez pas plus cher que M. Macron, puisque vous refusez d’entendre la voix du suffrage universel qui a placé le Nouveau Front Populaire en tête. Et je veux remercier les dirigeants des trois partis du Nouveau Front Populaire qui tous ont eu à cœur de défendre l’unité du Nouveau Front Populaire et la présence de ministres insoumis.
Et je leur dis que ma réponse est : nous ne serons jamais le problème, nous serons toujours la solution. C’est à vous les macronistes, c’est à vous la droite, de dire si oui ou non vous respectez la voix du suffrage universel, sinon vous ne valez pas plus cher que Monsieur Macron lui-même. Et je le redis à M. Macron : si vous ne nommez pas Madame, vous aurez une motion de destitution.
Justement, cette destitution, parlons-en, vous l’avez réaffirmé hier, si Lucie Castets n’est pas nommée, vous vous demanderez d’activer la procédure de destitution. Mais personne, pas même un seul constitutionnaliste aujourd’hui, donne une chance à cette procédure d’aboutir. À quoi ça sert de continuer à la proposer ?
Écoutez, à quoi ça sert de continuer à croire au suffrage universel si vous trouvez normal que le peuple vote d’une manière et qu’un homme tout seul décide que personne n’a gagné les élections, c’est que vraiment, il y a quelque chose qui s’est définitivement effacé dans l’esprit public. En Allemagne, le Parti social-démocrate allemand était très loin d’avoir la majorité. Il a été désigné par le président de la République pour former un gouvernement. Il a mis huit mois à trouver un compromis.
Quant à nous, je n’ai qu’une chose à vous dire, c’est qu’aucun, à l’exception de la droite du Parti socialiste, tout le monde sait qu’elle existe. Mais tous les autres dirigeants, personne n’a dit « nous ne voterons pas ».
Monsieur Macron voulait une clarification ? Il l’aura quand notre motion arrivera au bureau de l’Assemblée nationale où le nouveau Front populaire est majoritaire, on aura l’occasion de voir que le nouveau Front populaire est majoritaire et laissera passer la motion de destitution. La motion de destitution arrivera à la commission des lois où elle doit d’abord passer, et l’on verra qu’il y a une majorité qui n’est pas macroniste à l’intérieur de cette commission. Puis on arrivera en plénière de l’Assemblée nationale et on verra une nouvelle fois qu’il y a une majorité contre M. Macron. Quant aux sénateurs qui passent ensuite et qui n’ont pas le dernier mot, eh bien eux aussi, ce sont des responsables politiques, qu’ils soient de droite ou de gauche. Mais les responsables de la droite traditionnelle ne sont pas plus d’accord pour qu’on viole le suffrage universel que nous ne le sommes nous-mêmes. Nous ne sommes d’accord sur à peu près rien, mais tous, nous respectons l’institution. Le peuple a voté. Ce n’est pas Monsieur Macron qui peut changer ce vote. Et voyez-vous, les Français ont refusé avant même la République au roi Louis XVI, le droit de veto sur une décision du peuple. Alors je ne sais pas pour la donner aujourd’hui à Macron, premier autocrate des Français.