La guerre : donne ta montre et ils te donnent l’heure – Analyse pour l’Insoumission

Dans l’Insoumission, Jean-Luc Mélenchon analyse la séquence politique ouverte par l’arrivée au pouvoir de Donald Trump et l’économie de production de guerre. Retrouvez leur article.

L’Union européenne est décidée à préparer une autre guerre avec la Russie.

Scrogneugneu ! Maintenant qu’un laborieux processus de paix est engagé entre Ukraine et Russie, l’Union européenne est décidée à préparer une autre guerre avec la Russie. En ce qui concerne les USA qui menacent d’envahir un territoire européen et agressent son commerce et ses producteurs : des paroles. Pour la Russie, on parle budget. Il s’agit d’un fonds de 850 milliards d’euros, soit 5 % du PIB européen (le chiffre réclamé par Trump). En fait, ce sont 650 milliards à prendre dans les budgets nationaux. Et autant de moins pour les autres dépenses. C’est-à-dire le plus colossal effort financier orienté vers un secteur depuis la création de l’Union européenne. Mais aucune recette européenne n’est prévue.

Il y a en plus 150 milliards d’euros de prêts pour l’équipement des armées de toute l’Europe, annoncés le 4 mars dernier par la présidente de la commission Von der Leyen. Achtung ! La France devra rembourser 18,5 % de la somme totale empruntée par l’UE ! C’est-à-dire 27,75 milliards d’euros. Sans les intérêts… La France ? C’est-à-dire ses contribuables. Inutile donc de nous dire que ce seront peut-être des commandes à des entreprises françaises que feront les autres paysPourquoi chaque Français paierait-il l’armement des voisins ? Rappel : chaque année la France donne 9 milliards de plus au budget de l’UE qu’elle ne reçoit de celle-ci.

Mais en France même, quelle sera la dépense ? Pour Sébastien Lecornu, ministre des Armées : « si l’on veut reconquérir nos capacités de manœuvre dans la durée tout en répondant souverainement aux enjeux posés par les nouvelles technologies, il est clair qu’un horizon autour de 100 milliards d’euros par an constituerait le poids de forme idéal pour les armées françaises ». Sans autre précision. Une prévision construite au « doigt mouillé ».

Pourtant c’est un sujet sur lequel il faut une bonne raison pour parler cash et clair. Et pour cela il faut toujours traduire un chiffre militaire en chiffre civil pour comprendre ce que ces sommes signifient.

Cent milliards c’est une fois et demie le budget de l’Éducation nationale, cinq fois le budget de l’écologie ou celui de la recherche. Par an.

Profitons pour comparer davantage. Un missile balistique M51 vaut 120 millions d’euros. C’est-à-dire autant que pour acheter un appareil IRM pour chaque centre hospitalier universitaire (CHU) en France.

Un missile Aster vaut 2 millions d’euros. C’est deux fois la somme nécessaire pour maintenir le régime de retraite anticipée de tous les travailleurs de la réparation navale à cause de l’amiante. Mais le gouvernement supprime ce droit à partir de 2027.

Quelques chiffres pour du matériel d’armement américain acheté par toute l’Europe. À l’unité, un avion F-35 : 152 millions d’euros. C’est l’équivalent de deux ans et demi de recherche publique contre le cancer. C’est le prix de cinq Astrolabe (navire multifonctions de la France au pôle Sud). Nota : l’armée US en a 450 et prévoit d’en acheter 10 000 d’ici la fin 2040. Un missile balistique intercontinental américain Sentinel vaut 148 millions d’euros. C’est le prix d’une année scolaire pour 17 000 élèves. Un char de combat M1A2 Abrams : 44 millions d’euros : 2750 logements entièrement rénovés énergétiquement.

Pour qui ne confond pas défense nationale efficace avec économie de production de guerre, ce qui est engagé par ces projets de financement est une pure pompe à finance en direction du capital. Elles n’ont pas de sens militaire réel. D’ailleurs les discussions ne portent jamais sur aucun aspect directement militaire : matériel nécessaire, états-majors, logistique ou ce que l’on ne voudra, rien de cela n’est jamais sur la table. Des budgets, encore des budgets, point final. Il s’agit de placements offerts aux actionnaires pour une industrie d’armement quand on ne sait où placer ses capitaux de manière profitable dans une économie capitaliste globalement en stagnation. La dérive guerrière est un des symptômes de la crise de l’accumulation en Europe.

DERNIERS ARTICLES

Sanofi après Vencorex : la souveraineté sanitaire mise en cause après celle de la production industrielle et celle de l’alimentation. J’étais donc aux côtés…