Cette niche LFI a été une révolution !

Oui ! La nationalisation d’Arcelor Mittal a été votée à l’Assemblée nationale. Peu importe les aléas et les circonstances qui ont entouré ce vote à l’Assemblée nationale. Peu importe les controverses et les autres événements qui ont précédé. Il ne restera que ce fait énorme. Pour sauver la sidérurgie française de sa destruction définitive, l’Assemblée nationale a adopté une loi de nationalisation du géant Arcelor Mittal proposée par les députés insoumis ! Une fois adoptée, une telle décision propage son onde de choc à travers tout l’espace politique et social du pays. Pour la première fois depuis 1982. C’était la nationalisation d’un géant de l’identité industrielle du pays. C’était l’ancienne sidérurgie française, troisième du monde d’abord puis nationalisée et recapitalisée à grands frais par les impôts de tous les Français. Puis elle fut revendue à un trio d’acteurs européens. Enfin, la propriété privée ! Quelle performance en vue ! Des européens ! Quelle formidable démonstration de « l’Europe qui nous protège », le fameux slogan aujourd’hui disparu ! Mais bien vite l’illusion s’est effacée. Les « Européens » se sont dessaisis de ce tout au profit de la famille indienne Mittal. Ce financier devenait alors, à la « surprise générale », numéro un de la sidérurgie européenne, son principal concurrent dans le monde. Un après l’autre, les sites français ont été fermés, les investissements taris, l’innovation stoppée, la décarbonation niée. Les images se superposent dans la mémoire collective des luttes ouvrières de notre pays. Toutes montreraient les étapes de ce chemin de croix, d’illusions perdues, d’espérances déçues, de mensonges et de tromperies accumulées. Le sommet est atteint avec François Hollande, ce cynique qui promit tout, en sachant qu’il ne tiendrait rien. Et il ne tint même pas la promesse d’amnistie pour les syndicalistes de la sidérurgie durement réprimés par la police, la justice. Sans oublier tous ceux qui étaient en état de leur nuire aussi pour tant de ces petites choses du quotidien. D’abord la classe médiatique dans la main du capital à qui le seul mot « nationalisation » donne des boutons, cela va de soi. Et d’ailleurs dès le lendemain de cette nouvelle nationalisation, le front des amis des patrons et des liquidations de l’industrie se reformait pour médire avant d’invisibiliser. Médailles d’or à « Libération » et « France Info TV » les deux principaux organes de « centre gauche ». Ils ont insulté sans hésiter tout le mouvement des travailleurs par rage de voir ce retournement de situation. Libération a poussé le plus loin l’abjection comme d’habitude. Il finit de dévaler sa pente. Maintenant le voici à faire un parallèle entre la nationalisation et le « détail » de Jean-Marie Le Pen. Avant de devoir présenter des excuses tel quel. Libération se réjouit d’avance du vote du Sénat contre le texte. France info accuse les insoumis d’avoir « vendu du rêve » à ces grands enfants de la sidérurgie. La haine et le mépris de classe dégoulinait à grands flots le lendemain du vote !

Mais voici aussi, sur les images du souvenir, cette classe ouvrière se tenant debout et faisant face jour après jour, semaine après semaine, dans les angoisses et la peur du lendemain. Elle affronte un patron invisible et insaisissable. Il est flanqué d’une armée de technocrates aux faces de pierre, aussi nuls pour faire vivre l’entreprise que pour défendre leur cause. Tous se taisaient. Jusqu’à la veille du vote de la loi, certains d’avoir la victoire contre leur principal adversaire : le syndicat. Ils se donnaient l’air des importants. Et donc pas un mot. Pour les importants, le syndicat est nuisible, on ne l’écoute pas on ne lui répond pas. La veille du vote donc, un bureaucrate grinçait « la nationalisation ne règlera rien ». Ce monsieur est un important. Il sait ce qui « règle les problèmes ». Il sait parfaitement poser ses fesses dans le fauteuil du manager et régler les activités essentielles : enregistrer le désastre, encaisser l’argent des aides de l’État, remplir les déclarations comme il faut pour qu’il n’y ait pas d’impôt à payer en France. Le tout sans avoir le sentiment de trahir ainsi son pays sans blêmir ? Mittal a-t-il pu réellement croire qu’il embauchait des gens efficaces ? Ceux-là n’ont rien vu venir. Ils méprisent trop les autres pour qu’il en soit autrement. Pas de pot. Ils ont perdu !

Ici la jonction s’est faite entre les travailleurs en lutte menant leur action sous leur propre contrôle avec la CGT et le mouvement Insoumis agissant à l’Assemblée nationale. Magnifique première convergence politico syndicale, du type de celle que l’on souhaiterait connaître en général avec les confédérations. Chacun s’y parle, se rencontre, se respecte, tient sa tranchée et concourt au même combat, avec les mêmes objectifs ! Ce matin-là, les cars partis si tôt le matin sont arrivés de tous les sites pour converger sur la place des Invalides. Nous arrivions, nous les Insoumis parisiens à leur rencontre, par petits groupes discrets, dans ce matin pluvieux. Un cordon de CRS barrait la route d’accès devant l’Assemblée. Les sidérurgistes se mirent en rangs de manif et allumèrent les torches. Ils s’avançaient. Le cordon de CRS serra les rangs. Des cris. Pause. La marche s’arrête avant le croisement des rues. Des policiers font des photos depuis le trottoir d’en face. Il n’était pas prévu de passer en force. Le front de la lutte n’était pas face aux CRS à cette heure. Dans l’hémicycle de l’Assemblée, le RN faisait petite mine devant le ridicule qu’ils avaient eux-mêmes organisé contre eux avec leur obstruction du débat. Dans la rue, caméras et micros se tendaient de tous côtés vers les syndicalistes. Je me suis trouvé parmi eux aux côtés d’Aurélie Trouvé. À temps pour entendre le porte-parole des sidérurgistes dire : « Je sais de quoi je parle sur la sidérurgie. J’en suis ! Mon père en était ! Et mon grand-père aussi. » Un silence. « Mon grand-père qui est tombé dans le métal en fusion ». Un autre silence, différent. « Je ne représente pas seulement les 80 000 travailleurs du secteur, mais 80 000 familles de la sidérurgie ». La délégation du groupe insoumis de l’Assemblée arrive. Beaucoup se connaissent déjà entre eux, meeting et manif ensemble créent des liens. Une fraternité spontanée s’établissait. On se serrait les mains, on se tapait sur l’épaule, les uns les autres évoquaient les rencontres du passé récent. Entre nous, la journée s’engageait d’un seul bloc. La délégation ouvrière entrait à l’Assemblée pour s’installer dans les tribunes et suivre les débats.

Le Rassemblement national avait fait le choix de l’obstruction. Absurde ! Lui-même ne savait plus que faire sous la pression des milliers de tweets et retweets, des communiqués de toutes sortes contre leurs députés. Le message perça le blindage de silence des plus compacts… Il faut croire que les députés élus sur les sites direct ou indirect d’Arcelor ont compris qu’en refusant une nationalisation, ils révélaient quelque chose de leur identité politique qu’ils avaient jusque-là réussi à cacher. Ils savent aussi combien avant eux sur place ont péri politiquement du fait de leur trahison ou de leur abandon. On sentait partout monter les fantômes du passé pour indiquer aux députés RN la direction de la poubelle dans laquelle leur histoire devra finir. Toute la journée le choc a eu lieu entre le Rassemblement national tâchant de freiner de toutes les manières possibles l’adoption de la motion de nationalisation et les députés insoumis défilant en micro et à la tribune pour défendre la nationalisation. Sur le terrain le message passait de mieux en mieux au fil des heures. Le RN était pris dans son propre piège ! Mais la tension ne baissait pas. Allaient-ils laisser voter ? Ils reculèrent enfin à 23H15. À 23H35 vote. Victoire ! Applaudissements, joie partout sur nos bancs et en tribune. L’Internationale éclate sur nos bancs. Des années d’humiliations sont vengées par un vote. Un horizon apparaît ! Un front syndicalo-politique est invincible.

Le blocage du RN a au moins emporté un succès pour la réaction à front de bœuf. Vu l’heure à laquelle le débat sur la nationalisation d’Arcelor a eu lieu du fait de l’obstruction lepéniste. Le débat n’a pu aboutir par un vote sur la loi du groupe insoumis portée par Sophia Chikirou défiscalisant la pension alimentaire perçue par la famille qui en est bénéficiaire. C’est donc une injustice, quasi toujours patriarcale, qui sera maintenue. Le RN peut donc justifier son existence de nuisible auprès des secteurs les plus brutaux de la société. En témoignaient les messages reçus, indignés, venant de tous côtés du pays et des opinions politiques. Le RN est un ennemi assez contant des causes féministes. Le bilan de Bardella au Parlement européen en atteste.

Avant cela, le parlement avait infligé deux votes décisifs à la politique de Macron. D’abord l’unanimité sur la proposition de résolution contre la signature de Mercosur, l’accord de destruction de l’agriculture française. La France a parlé puisque son parlement a été unanime. Mercosur : c’est non ! A l’unanimité ! Nous verrons ce que Macron fera de cette décision. Après avoir refusé le résultat des urnes, on peut penser qu’il hésitera à refuser aussi un vote aussi rare que l’unanimité de l’Assemblée. Le suivant vote avait été celui effaçant une injustice à proprement parler insupportable aussi pour ceux qui la souffrent. Il s’agit de la différence des tarifs postaux qui existent pour les colis entre ceux pratiqués sur le territoire de l’hexagone et celui des outremers français. Une nouvelle victoire unanime ! Les députés insoumis Jean Hugues Ratenon, Perceval Gaillard (La Réunion) et Jean-Philippe Nilor (la Martinique) qui portaient le projet ont touché juste. Des centaines de messages sont arrivés, là encore, pour féliciter le groupe. 

La France s’obstine à jouer le jeu mortel de l’Europe spatiale. La conférence ministérielle de l’Agence spatiale européenne (ESA) en apporte une cruelle démonstration. Elle s’est tenue la semaine passée à Brême, en Allemagne. L’ASE (ESA) fait clairement le jeu de l’Allemagne et de l’Italie, au détriment mortel des capacités françaises. Certes, l’augmentation de près de 19 % des budgets alloués à la science est une bonne nouvelle. Mais malgré un engagement financier record de 3,7 milliards d’euros dont se gargarise le gouvernement français, la France reste deuxième contributrice seulement. Elle fait jeu presque égal avec l’Italie. Woo ! Jusque-là nous étions la première puissance spatiale européenne. Grâce à Macron, c’est fini. La France est largement distancée par l’Allemagne, qui engage 5,1 milliards d’euros. À partir de cet accord du « couple franco-allemand », les Allemands s’imposent comme la puissance dominante du spatial européen. Cerise sur le gâteau : l’exécutif de l’ASE a confirmé que le prochain astronaute européen envoyé vers la Lune sera Allemand. Le « couple » est content ? Encore un camouflet. Car l’humiliation n’a plus de limite : tout cela est aussi développé sous la tutelle hégémonique des États-Unis d’Amérique, via le programme Artémis signé en cachette par un haut fonctionnaire, aucun ministre n’ayant voulu se compromettre dans cette opération. Le programme d’exploration humaine européen est désormais officiellement à la remorque de l’ambition américaine.

L’Agence spatiale européenne (ESA en globish) s’est vu attribuer un budget historique de 22,07 milliards d’euros pour la période 2026-2028. Mais la ventilation de ces crédits est la question. L’agence choisit d’augmenter de 57 % les financements destinés aux lanceurs. Mais attention ! Il ne s’agit pas de consolider la filière européenne autour d’une stratégie cohérente. Cela serait trop proche des intérêts français. Il s’agit donc au contraire de multiplier les programmes concurrents et d’accélérer la mise en compétition pour la suite du programme Ariane 6.

La stratégie choisie disperse les moyens plutôt que de renforcer les capacités existantes qui font déjà leurs preuves. À commencer par celles d’Ariane Group. La France investit donc massivement dans un système qui dirige des montants considérables vers des projets concurrents à ceux qu’elle a piloté avec succès jusqu’à ce jour. L’Allemagne rafle la mise en faisant financer la compétition sur le segment des micro-lanceurs. Les lanceurs lourds suivront bientôt et au bénéfice d’entreprises allemandes.

Mais d’autres choix sont lourdement contestables. La ministérielle a officialisé l’engagement de l’ASE (ESA) dans le spatial de défense européen. Nous allons donc payer la constellation ERS (Européen Résilience from Space), en contradiction directe avec sa charte fondatrice axée sur les usages pacifiques de l’espace. Ce glissement stratégique reproduit l’orientation choisie par l’Allemagne, qui a massivement accru ses investissements dans le spatial de défense (+35 milliards d’euros d’ici à 2030). Le bla-bla macroniste a suivi comme on le sait. 

Certes l’Agence spatiale européenne reste utile pour financer des programmes scientifiques communs. Mais la France ne peut continuer à alimenter financièrement des projets dont les retombées industrielles profitent seulement à l’Allemagne. Plutôt que de s’entêter à perte dans la construction « européenne » de l’espace, la France doit reprendre la main sur son programme. Cela signifie refinancer ses programmes souverains, renationaliser Ariane Group. Il s’agit donc d’investir massivement dans un programme spatial national complet, cohérent et indépendant. Comme cela a été fait à l’époque ou le « couple franco-allemand » et ses merveilles n’existaient pas.

Le rapport présenté par l’Institut La Boétie le 25 novembre 2025 fixe les grandes lignes d’une stratégie spatiale au service de l’intérêt général. La France peut s’en saisir pour renouer avec une politique spatiale souveraine, ambitieuse et affranchie de coopérations qui affaiblissent notre indépendance. Faute de quoi, elle s’expose à un déclin inexorable. Pour rendre ce sursaut possible, le vote pour la candidature LFI en 2027 sera le vote utile. Aucune autre formation politique sinon n’exprime la moindre idée sur le sujet. Notre campagne est commencée sur ce plan et nous en attendons le premier résultat concret : tous nos adversaires vont se sentir obligés de dire quelque chose à leur tour. Et cela servira le retour d’une volonté des Français pour revenir dans la course pour faire de l’espace un horizon commun libre de la domination allemande et étatsunienne.

Deux réseaux socialistes ont survécu contre vents et marées dans les hautes sphères de la société pour servir au parti la soupe dont il a besoin. C’est le cas dans une partie de la presse. Je ne parle pas de l’inepte « Libération ». Il a déjà décidé que le premier mouvement parlementaire de gauche est une « secte ». Pour lui « le problème c’est Mélenchon ». Ligne « élégante » pour aider à la construction d’un « cordon sanitaire » islamophobe contre LFI dont le seul résultat ne peut-être que de faire gagner l’extrême droite. Une stratégie délibérée, consciente et assumée dans les dîners en ville. En ce moment, la mode pour nuire à LFI est de dire que nous présentons des listes « pour faire perdre les sortants de gauche ». Le prétexte ? LFI a des listes partout au premier tour sauf dans un grand nombre de communes moyennes ou petites où il est impossible de faire plusieurs listes à gauche et parfois même en faire une seule est difficile. « Vous avez décidé de négliger les communes rurales comme a dit Mélenchon ? » sifflent les serpents médiatiques. C’est la bonne vieille reprise des propos volés par « Quotidien » à l’occasion d’une conversation avec une élève de seconde qui me demandait quoi faire pour gagner. Désinformer est aussi un métier. Mais sur le fond, comme ces gens ne connaissent rien aux élections réelles, ils croient qu’être candidat sur une liste insoumise c’est aussi simple que d’invisibiliser le génocide à Gaza pour un journaliste qui veut faire carrière. Puis vient le fiel « vous voulez faire perdre la gauche, c’est ça la stratégie ? ». Comme si ce n’était pas les socialistes qui avaient dit ne vouloir ni au premier ni au deuxième tour de LFI. Comme si le PS ne présentait pas aussi des listes au premier tour dans des grandes villes dont le sortant est EELV. Comme si EELV n’avait pas refusé tout accord national avec LFI. Donc il faut se préparer à un torrent de boue anti-LFI ininterrompu jusqu’au municipales. Puis il y aura une pause et tout recommencera sous la houlette de « Libération » une fois la sidération des résultats passée.

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