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Un message de Lula, prisonnier politique de l’Empire

Je mets mon point d’honneur à publier dans ce blog la lettre que l’ex-président Lula, prisonnier politique dans son pays, vient d’adresser aux militants et sympathisants de sa cause (avec mes remerciements pour la traduction de Monica Passos). On se souvient que Lula a fait les frais en grande dimension de la politique de criminalisation des militants et de judiciarisation de la politique qui est désormais celle des droites et de leurs médias dans le monde. Sa voix n’en est que plus émouvante après que le président de droite extrême, Bolsonaro ait affirmé que Lula « pourrira en prison » et qu’il ait nommé comme ministre de la justice le juge qui l’a condamné sans preuve… Les modèles de madame Belloubet et de Macron qui emprisonnent, inculpent et persécutent à grande échelle les militants écolos et politiques sont là.  

« Mes amies et mes amis,

 Tout d’abord, je tiens à remercier la solidarité et l’affection que j’ai reçues du peuple brésilien et des dirigeants d’autres pays au cours de ce presque un an de ma prison inéquitable. Je suis particulièrement reconnaissant aux camarades de la veillée à Curitiba, qui me réconfortent tous les jours, aux compagnons qui constituent les comités de Lula Livre au Brésil et ailleurs, aux avocats, juristes, intellectuels et citoyens démocrates qui se sont manifestés pour ma libération.

La force qui me fait résister à cette épreuve vient de vous et de la conviction que je suis innocent. Mais je résiste surtout parce que je sais que j’ai encore une mission importante à remplir en ce moment où la démocratie, la souveraineté nationale et les droits du peuple brésilien sont menacés par de puissants intérêts économiques et politiques, y compris des puissances étrangères.

Comme je l’ai toujours fait dans ma vie de plus de 45 ans d’activité syndicale et politique, je considère cette mission comme un défi collectif. La lutte que je mène pour un procès équitable, pour que mon innocence soit reconnue face à des preuves irréfutables de la défense, n’a de sens que si elle est comprise dans le cadre de la défense de la démocratie, du rétablissement de l’état de droit et du projet de développement à inclusion sociale que le pays veut reconstruire.

Chaque jour qui passe, il est de plus en plus clair pour la population et pour l’opinion publique internationale que j’ai été condamné et emprisonné pour la seule raison que, libre et candidat, j’aurais été élu président par la grande majorité de la population. Ma candidature était la réponse du peuple à la soumission devant les puissances étrangères, à l’abandon des programmes sociaux, au chômage, au retour de la faim, à tout le mal implanté par le coup d’État. C’est un combat que nous devons mener ensemble, au nom de tous.

 Pour me sortir des élections, ils ont monté une farce judiciaire avec la couverture des principaux médias, avec Rede Globo devant. Ils ont empoisonné la population avec des heures et des heures d’informations mensongères, où la Lava Jato m’accusait et ma défense était méprisée, quand elle n’était pas tout simplement censurée. La Constitution et les lois ont été ignorées, comme s’il y avait un code pénal d’exception, uniquement pour Lula, dans lequel mes droits étaient systématiquement bafoués.

Comme si cela ne suffisait pas de m’arrêter pour des crimes que je n’ai jamais commis, il m’a été interdit de participer aux débats du processus électoral ; ma candidature interdite, contrairement à la loi et contrariant l’ONU ; on m’a interdit de donner des interviews, on m’a interdit jusqu’à aller à la veillée funèbre de mon frère aîné. Ils veulent que je disparaisse, mais ce n’est pas de moi qu’ils ont peur mais plutôt du peuple, qui s’identifie à notre projet et a vu dans ma candidature l’espoir de retrouver le chemin d’une vie meilleure.

Il y a quelques jours, alors que je disais au revoir à mon cher petit-fils Arthur, je sentais tout le poids de l’injustice qui frappait ma famille. Le petit Arthur a été victime de discrimination à l’école parce qu’il était mon petit-fils et en a beaucoup souffert. Je lui ai donc promis que je ne me reposerais pas tant que mon innocence ne serait pas reconnue dans le cadre d’un procès équitable.

Dans l’excitation du moment, je me souviens d’avoir dit: « Je vais vous montrer que ce sont les vrais voleurs qui m’ont condamné. » Peu de temps après, le journaliste Luís Nassif a révélé au public l’accord illégal et secret entre les procureurs de Lava Jato, la 13eme Cour fédérale de Curitiba, le gouvernement américain et la Petrobras, pour un montant de 2,5 milliards de rais.

Ce montant a été pris à la plus grande entreprise brésilienne par un tribunal de New York, sur la base des allégations qui leur avaient été faites par les procureurs du Brésil.

Et ils se sont rendus aux États-Unis, avec la couverture du procureur général de l’époque, pour affaiblir davantage une entreprise victime de la cupidité internationale. En échange de cette fortune, Lava Jato s’est engagée à livrer les secrets et les informations stratégiques de notre Petrobras à l’étranger. Ce ne sont pas seulement des convictions, mais des faits appuyés par des preuves concrètes : documents signés, actes d’office des autorités publiques. Ces « moralistes » sans moralité occupent maintenant de hautes fonctions dans le gouvernement nouvellement élu car ils ont empêché ma candidature. Mais qui est en prison ? C’est Lula, qui n’a jamais possédé d’ appartement ou de ferme, qui n’a jamais signé des contrats Petrobras, qui n’a jamais eu de comptes secrets comme cette fondation qui a été découverte maintenant.

 Plutôt que de manifester mon indignation devant ces faits, je tiens à vous dire que le temps est en train de révéler la vérité. Que nous ne pouvons pas perdre espoir, que la vérité va gagner, car elle est de notre côté. C’est la raison pour laquelle j’exhorte chacun d’entre nous à renforcer de plus en plus notre lutte pour la démocratie et la justice. Et nous ne pourrons atteindre ces objectifs qu’en défendant les droits du peuple et la souveraineté nationale, car c’est contre ces valeurs que le coup d’État a été commis et pour ça qu’ils sont intervenus dans les élections. C’était pour livrer nos richesses et renverser les conquêtes sociales. Que les comités de Lula Livre puissent le savoir très clairement pour agir de plus en plus dans la société, dans les réseaux sociaux, dans les écoles et dans les rues.

J’ai la foi en Dieu et la confiance en notre organisation pour affirmer avec une grande certitude : nous serons réunis à nouveau. Et le Brésil peut rêver encore d’un avenir meilleur pour tous.

 Merci beaucoup, et nous allons nous battre, camarades et compagnons. Je vous embrasse.

 Luiz Inácio Lula da Silva »

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