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Dijon, miroir de l’échec policier et de la névrose de la fachosphère

Avec les évènements de Dijon, une certaine officialité et tous les réseaux de la fachosphère pensent tenir une illustration de leurs fantasmes racistes et xénophobes. Bien-sûr, tous en chœur, ceux-là se dépêchent de mettre en cause ma remarque sur la nécessité de désarmer autant que possible la police. En le faisant, les uns et les autres ont donné des verges pour se faire battre. Car ils ont montré, une fois de plus, qu’ils ne comprenaient rien au fonctionnement de l’État ni à celui de la police. Et ils ont aussi manifesté un incroyable mépris pour les élus locaux. Car ceux-là ne tiennent pas du tout le langage du récit médiatique sensationnaliste. Ni celui des aboiements de la fachosphère. Adjoint au maire PS François Rebsamen, élu issu du quartier mis en cause, Hamid El Hassouni a réagi : « J’accuse le préfet d’avoir abandonné les habitants des Grésilles ! J’accuse certains médias d’avoir menti et véhiculé un message de haine en divulguant des mensonges : il ne s’agit nullement de trafic de drogue ou de guerre de communautés ! Ces trois derniers jours, 8 000 habitants [des Grésilles] ont vécu l’enfer » a-t-il déclaré. Et il ajoute : « On a eu le sentiment que les groupes de Tchétchènes opéraient en toute liberté et que la sécurité n’était pas garantie pour les habitants du quartier ». Selon lui, les habitants « ont décidé de gérer eux-mêmes ce qui ne dépend pas du tout de leur compétence, en « garantissant » la sécurité des habitants ». La population a dû se défendre elle-même. Pourtant, la police à Dijon est armée comme partout en France !

Il est temps de poser les vraies questions que ce désastre appelle.

Comment se fait-il qu’une bande armée se constitue sans que personne n’en sache rien dans une ville de la taille de Dijon ? Comment le renseignement intérieur a-t-il pu passer à côté de l’armement d’un groupe de tchétchènes dont on nous dit à présent qu’ils étaient connus de la police et de plus, parait-il, demandeurs d’asile politique ?

Pourquoi ni la police ni le préfet n’ont rien fait au point que la population soit dans l’obligation de se défendre elle-même comme l’a déclaré l’adjoint au maire de Dijon ?

Comment se fait-il que les passeurs de réfugiés tchétchènes en France puissent continuer leurs trafics ?

À Dijon, ce qui est en cause, c’est l’échec de l’action de police si on considère celle-ci comme un tout où divers services doivent intervenir pour coopérer aux missions de tranquillité et sureté publique. Ni avant, ni pendant, ni après le début des incidents, rien ne s’est passé comme cela aurait dû. L’armement du groupe n’a pas été détecté, son action n’a pas été empêchée et la population a dû s’en charger. Autant d’étapes autant d’échecs.

J’en viens aux aboiements de la fachosphère relayées par ses commensaux médiatiques du type Éric Naulleau venu nous insulter dans une cause à laquelle il ne connait visiblement rien. Pour couvrir les failles que la situation a révélé, ils fabriquent un mauvais roman de guerre ethnique et concentrent leur critique sur moi. La population des Grésilles à Dijon est victime de son abandon. Elle s’est défendue parce que la police ne le faisait pas. Les considérations ethniques ne jouent pas plus de rôle dans cette histoire que n’en jouerait n’importe quel autre facteur d’indentification collective. Je n’évoquerai pas la guerre des boutons pour montrer comment des appartenances se forment sans besoin d’ethnicisation. Mais je dirai que j’ai habité dans une cité HLM il y a bien longtemps et c’était déjà comme ça avec ceux de la cité d’en face. Seuls les petits bourgeois identitaires dans leur bulle dorée l’ignorent et on sait pourquoi.

Aux Grésilles les gens ont eu peur et on les comprend. Ils savaient que la police c’est juste pour les contrôles d’identité et dans leur cas ce fut vrai. Aucun policier n’est venu faire une clef d’étranglement aux Tchétchènes. Aucun n’est venu les dissuader en arborant son arme de service. Et je leur donne raison. Car ce n’était pas de leur compétence. Les tâches de police de cette nature relèvent d’abord du renseignement intérieur, en préventif, puis, pour l’action contre une bande armée, soit du RAID (police) ou GIGN (gendarmerie). Il faut être très ignorant des tâches de police ou vivre dans une série B venues des États-Unis pour se figurer qu’une police armée déboulant arme aux poings soit la réplique adaptée à une telle situation.

Les leçons à tirer de cet évènement ne sont pas du registre de la pauvre polémique contre moi sur le niveau d’armement nécessaire pour les policiers affectés aux taches de gardien de la paix ou de la tranquillité des manifestations. Ni du roman grotesque des guerres ethniques que met en scène la famille Le Pen. Ce qui se note ici, c’est le problème de l’action du renseignement intérieur. Certes bourré de gadgets technologiques mais insuffisant en moyens humains hautement qualifié en langue pour suivre les personnes issues des secteurs à risques de notre époque. Quels sont-ils : les groupes issus des zones de guerre et les groupuscules d’extrême droite dont la recrudescence des violences est massive dans toute l’Europe en provenance des zones de guerres contre les musulmans ou les Russes. Ensuite, c’est le problème de l’affectation et du mode de déploiement des forces de police. Dans notre pays il y a davantage de monde mobilisé pour la sureté intérieure (245 000 policiers et gendarmes) que pour faire face à un ennemi extérieur (200 000 militaires hors gendarmerie), on est en droit d’attendre que les bandes armées soient réprimées plutôt que les manifestants. Enfin, il y a le problème grave du trafic d’armes dans notre pays.

En effet, il y aurait entre 10 et 15 millions d’armes en circulation en France. Mais 4 millions d’entre elles seulement seraient déclarées. Donc six à onze millions d’armes manqueraient à l’appel ! Pourtant seules cinq mille sont saisies par an. Où est le reste ? En toute hypothèse c’est là du travail d’enquête judiciaire. Mais il n’y a que cinq mille officiers de police judiciaire. Et seulement une dizaine de brigades prenant en charge le travail d’enquêtes longues sur le trafic d’armes, la criminalité organisée, la drogue mais aussi la délinquance financière, la traite d’êtres humains, la cybercriminalité, la fausse monnaie, le trafic de biens culturels ! Pendant ce temps l’effectif de la seule brigade anticriminalité, BAC, mise en cause par leurs collègues CRS pour son comportement dans la répression des gilets jaunes, est supérieur à 7000 policiers. Or sa mission est uniquement de faire du flagrant délit, donc de s’occuper de la petite délinquance au prix de tous les débordements de brutalités que l’on sait, semant les rancœurs au fil des humiliations infligées. On voit à ces exemples ce qui ne tourne pas rond dans la police. C’est d’abord sa doctrine d’emploi et ses priorités. Quand des milliers d’hommes et de femmes sont déployés chaque semaine pour affronter des manifestants et que le trafic d’armes de drogues ou la traite des êtres humains patinent c’est que les bons choix n’ont pas été fait au sommet. La base alors, apeurée et mal encadrée, chauffée à blanc par des syndicats factieux, oublie le sens d’un métier auquel elle pensait s’enrôler pour le bien public et la lutte contre le crime plutôt que contre des soignants, des pompiers et autres matraqués et gazés récemment.

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