« Nous défendons une autre façon de vivre »
À peine ai-je eu le temps de poser le sac. Ma semaine a été bien chargée à l’Assemblée nationale et j’ai passé du temps à sa tribune. Une discussion générale sur le budget de l’État, une explication de vote sur la loi sur l’enseignement et la recherche puis une motion de rejet du texte de loi « sécurité globale », autant de moment vifs et prenants.
Mais huit jours avant, ce 8 novembre, le lancement de ma troisième candidature à l’élection présidentielle a été une réussite politique de l’avis des connaisseurs. Un bel environnement graphique par visuels et affiches, puis l’enchainement avec un face à face médiatique intéressant sur BFM, tout cela a formé une séquence dynamisante. Du coup, l’objectif fixé de réunir 150 000 signatures de parrainage a été atteint en quatre jours au lieu du mois et demi prévu. J’ai donc pu demander que l’on « passe la deuxième couche » en direction des trois cent mille signatures.
Nous avançons depuis au rythme de 1300 signatures par jour et nous comptons que ma rencontre sur France 3 le dimanche soit une bonne occasion de capter l’attention et de provoquer de l’adhésion. J’alimenterai ici le récit du déroulement de la campagne en utilisant le matériel qu’elle génère. Je pense aux entretiens de presse que je réalise en cours de route où l’on m’interroge sur les sujets d’actualité et sur cette campagne. Ici j’ai réalisé une fusion de deux entretiens de cette nature, réalisés la semaine suivant mon passage à TF1, l’un avec Le Huffington Post, l’autre avec le quotidien La Provence. J’en ai supprimé les réponses en doublon en gardant ce qui me paraissait le plus clair.
La Provence : Le choix du moment est assez inattendu.
Quel serait le bon moment? Beaucoup pensent qu’en période de crise la vie politique se met entre parenthèses. Nous pensons le contraire. La situation crée des dizaines de débats: les libertés publiques, les circuits courts d’alimentation, le vaccin, le manque de lits à l’hôpital. On avait du mal à porter ces thèmes auparavant. C’est au contraire le bon moment pour intéresser à notre programme et créer de l’adhésion à ses solutions.
Nous avions anticipé la deuxième vague et la difficulté de faire campagne avec des épisodes de confinement. Il nous faut du temps pour convaincre et enraciner l’idée que la rupture avec l’ordre des choses est possible et crédible. (Le HuffingtonPost)
Mais il y a raison plus profonde. Voyez les angoisses du lendemain provoqués par le confinement et la crise sanitaire, notamment dans les milieux populaires. Annoncer une candidature, c’est permettre à chacun de se projeter de nouveau sur l’avenir. (La Provence)
HuffingtonPost : Vous avez fait des consultations pendant deux mois avant de prendre votre décision de vous présenter. Qu’est-ce qui vous a convaincu?
J’ai traité cette question avec scrupule. J’en ai longuement parlé avec les responsables Insoumis. J’ai demandé au groupe parlementaire si quelqu’un d’autre voulait y aller. Personne. Tous disent qu’avec mon expérience et ma notoriété, je suis le mieux placé. Et, quoiqu’il arrive, le programme « L’Avenir en commun » est notre candidat, au-delà de la personne. On le nourrit tous ensemble avec soin depuis trois ans. Notre équipe est superbe. Prête à gouverner. (La Provence)
La Provence : les 150 000 signatures sont-elles avant tout symboliques ?
Pas seulement. Ca lance la campagne pour le droit d’investiture citoyenne. Elles existent dans 4 ou 5 pays d’Europe. C’est Lionel Jospin qui avait lancé cette idée, appuyé ensuite notamment par Roselyne Bachelot. Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs dit qu’il la mettrait en œuvre s’il était élu en 2012. Le filtre des 500 élus pour être candidat c’est un reste de la IVe République. J’ai déposé une proposition de loi en ce sens. Elle sera soumise au vote de l’Assemblée Nationale en mai. (La Provence) J’ajoute que le compteur ne va pas s’arrêter à 150.000. (HuffingtonPost)
La Provence : Pensez-vous réussir à rassembler à gauche, même si l’union n’est pas un programme comme vous dites ?
Je rappelle que je ne suis pas l’homme d’un camp mais d’un programme. J’ai pris le temps de vérifier ce que les autres voulaient faire. Les écologistes ont déjà trois candidats. Les socialistes autant. On voit s’avancer François Hollande. Il a une capacité à incarner une forme de centre-gauche et il n’a pas été un sortant battu. Aucun ne propose de renoncer, pas même entre eux ! (La Provence)
Clairement: la dispersion peut desservir. Mais la confusion encore plus. Je ne serai jamais l’homme d’une tambouille de positions contradictoires. (HuffingtonPost)
HuffingtonPost : Pourquoi ne pas avoir travaillé sur le programme avec les autres forces de gauche, avant de vous déclarer candidat?
Ce programme ne sort pas de mon chapeau. C’est le résultat d’une ample consultation des citoyens, des associations et des syndicats, déjà validée par 4 puis 7 millions de voix en 2012 et 2017. Depuis nous sommes confortés par la société. Par exemple on y retrouve 90 % des propositions de la convention citoyenne des 150 tirés au sort sur le climat. Enfin, ce programme n’est pas à prendre ou à laisser: il est remis en ligne. Nous allons en parler avec tous les partis et les rencontrer au cours des prochains mois pour en débattre. La discussion restera ouverte jusqu’à octobre 2021. (HuffingtonPost)
HuffingtonPost : C’est nouveau ça ?
Oui. Les organisations politiques et syndicales, les associations seront consultées. Sauf évidemment l’extrême droite puisque nous n’avons rien à nous dire et LREM puisque nous sommes en opposition avec eux depuis 2017. (HuffingtonPost)
HuffingtonPost : Même avec LR?
Par courtoisie, pourquoi pas! D’ailleurs je leur proposerai plutôt un débat public, car nos projets sont bien distincts. Nous irons voir tout le monde, le NPA, le PS, EELV, le PCF, etc. (HuffingtonPost)
HuffingtonPost : Dans votre programme, on a bien identifié la 6e République, mais sur le plan économique et social, quelles seraient vos trois mesures-clés?
En trois points! Bigre ! Il y a sept points dans le programme. Nos idées avancent. Parfois de façon imprévue. Voyez la reconstitution du Commissariat au plan. Nous saurons lui donner toute son ampleur le moment venu. L’annulation de la dette? Quand j’en parlais, on me traitait de gauchiste. À présent de grands noms de l’économie portent l’idée. Résumons: nous luttons contre l’inégalité pour que la richesse circule. Nous défendons une autre façon de vivre: l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. (HuffingtonPost)
La Provence : Arnaud Montebourg peut-il être un concurrent gênant ?
Je regarde les autres sans sectarisme. Mon intérêt est qu’il y ait le plus de laboureur pour mon champ.Montebourg avec un discours proche du nôtre, nous aide en ce sens qu’il ramène du monde autour de notre philosophie. La politique c’est aussi l’art de construire une ambiance dominante. (La Provence)
HuffingtonPost : La scène des perquisitions en 2018 restera par exemple. La regrettez-vous?
Cette fois-là l’abus de pouvoir venait de Macron. Je serais sidéré de voir que cinquante ans de vie politique soient jugés sur cinq minutes d’images truquées puisqu’à la fin quand je peux enfin entrer dans mon local les images montrent que je dis au juge « allez-y, faites votre travail ». Pourquoi ne s’est-on pas demandé pourquoi j’ai réagi comme ça ? J’ai fait mon devoir en protégeant notre siège. Je l’ai payé au prix fort. Un policier m’a menacé et je lui ai rappelé que « la République c’est moi » à cet instant. J’avais raison. Je suis un Méridional, mon visage parle aussi. Mais c’est bien superficiel de me juger là-dessus. (HuffingtonPost)
HuffingtonPost : Vous fustigez le monarque présidentiel, qui nous dit que vous ne serez pas de ceux-là?
On n’est jamais la garantie de rien dans la vie. Voyez, comparez: je propose une assemblée constituante pour abolir la monarchie présidentielle et un référendum pour pouvoir révoquer n’importe quel élu. Les autres ne proposent rien de tout cela. Marine Le Pen ne veut plus changer la constitution, Nicolas Dupont-Aignan la trouve géniale, Emmanuel Macron l’adore. Le PS s’y fait très bien et les Verts n’en parlent pas. Les trois candidats déclarés, Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan et Emmanuel Macron incarnent trois variantes d’une vision autoritariste de l’État. Avec tous ceux-là, la monarchie présidentielle est garantie. (HuffingtonPost)
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