Ce lundi soir c’était bataille idéologique à l’Assemblée nationale dans le débat de contrôle de la politique du gouvernement. La question posée portait sur la dette publique. Je me préparai à prendre la parole pour la troisième fois sur ce sujet à l’Assemblée après déjà quelques tribunes de presse, déclarations et posts sur ce blog. La bonne surprise ce fut le discours d’ouverture de Fabien Roussel, secrétaire général du Parti Communiste. Mot pour mot il présenta le même argumentaire et les mêmes propositions que celles que nous formulons depuis que nous avons lancé le débat sur l’annulation de la dette publique européenne. À deux groupes donc, nous avons donc mené la charge contre le gouvernement et la droite. Aussitôt renforcés dans cette séance par les questions posées au gouvernement par Adrien Quatennens et Pierre Dharreville. Le PS, alliés préférentiels du PCF aux régionales se contentait de demander « un débat » sur le sujet… alors même que c’en était le sujet en cette séance. Total contraste entre cette fraternité dans le combat strictement identique et le contenu des interviews et déclarations agressives du secrétaire général du PC que nous avons subi sans broncher depuis quinze jours.
Et surtout ce weekend, un jour avant ce débat. Si j’en crois le JDD de ce dimanche, mon camarade Fabien Roussel serait, selon ses propres dires, un « garçon simple » et moi un être « compliqué ». De là viendraient nos problèmes. Cette façon de ramener la politique à des questions psychologiques m’a toujours insupporté. Et à présent plus spécialement parce qu’elle constitue un double langage avec les faits. Je propose qu’on s’épargne de persister dans cette voie et qu’on revienne sérieusement au débat sur les contenus politiques des stratégies mises en œuvre.
En effet, j’ai écrit au mois d’août, puis au mois de janvier à Fabien Roussel pour le rencontrer et évoquer avec lui les questions liées à ma candidature à l’élection présidentielle. Courriers sans réponse. Puis je me suis adressé au conseil national du PCF par l’intermédiaire de son président, de ses deux présidents de groupes parlementaires, et du secrétaire général lui-même. Ce courrier n’a jamais été diffusé aux communistes et je n’ai reçu aucune réponse à son sujet. Enfin j’ai proposé un grand entretien avec le journal L’Humanité sur ces questions et cela m’a été refusé au motif que ce serait perturber le débat entre communistes. Dans ces conditions ce qui est « compliqué » c’est de savoir en quoi consiste un dialogue avec les « garçons simples » ! De la même manière, quand la direction nationale du Parti communiste s’oppose à l’accord dans les 2 régions Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes où un bulletin de vote est proposé pour la formation d’une liste avec LFI. Et persiste dans cette opposition après que les communistes aient voté en sa faveur. Que dire, voyant comment dans la région Occitanie où est le chef des négociateurs communistes, le bulletin pour une alliance avec LFI n’est même pas présenté aux votes ? On peut alors de nouveau se dire qu’il est « compliqué » de dialoguer avec un partenaire qui ne veut pas pour lui-même du sujet qui est censé se discuter. Et pire, quand, sans crier gare, alors que nous avions accepté la totalité des demandes (je dis bien la totalité) des communistes dans deux régions, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire, nous apprenons dans la presse que ceux-ci ont changé d’alliance et signé avec le PS, c’est « compliqué » en effet non seulement d’avoir confiance mais tout simplement de comprendre ce qui se passe. Enfin quand en région PACA la délégation communiste déclare que EELV est le mieux placé pour représenter la coalition large qui se construisait, il est difficile de ne pas noter cette volteface. Et tout pareillement quand dans la région Grand-Est, une partie du PCF décide tout soudain de construire une liste avec en tête EELV en compagnie du PS contre la liste qui se construisait autour des trois dirigeantes politique femmes. Pour finir, il est « compliqué » de comprendre, après avoir dû supporter tout cela, pourquoi Fabien Roussel s’étonne de nous voir signer avec EELV en Haut de France et provoquer ainsi la première union générale du pays !
Ne le cachons pas : il est « compliqué » pour nous de comprendre comment on peut à la fois prôner l’unité et se présenter à l’élection présidentielle à l’inverse de notre accord constant depuis 12 ans (certes avec de hauts et des bas). Sauf à la considérer comme perdue d’avance. Et sauf à penser que le niveau du score communiste n’a pas d’importance non plus pour le rapport de force dans la société. Ni pourquoi le même stratège propose ensuite de réunir « toute la gauche » (après avoir dit qu’elle était « en dessous de tout ») pour faire un accord à propos des candidatures aux législatives, sans programme partagé. Et si un tel programme devait quand même se faire, pourquoi il ne pourrait se faire pour la présidentielle avec LFI ? Ce qui n’est pas compliqué, c’est ce qui est en jeu du point de vue stratégique. Le PS comme EELV cherchent à construire un espace « entre Macron et Mélenchon ». C’est le retour du pôle social-libéral désormais étendu aux questions écologiques. Nous avons construit en 2012 et 2017 le pôle populaire de la rupture avec le système qui a produit à la fois la crise sociale et la crise environnementale. Ce pôle s’est inscrit largement en tête de l’espace de l’ancienne gauche traditionnelle. Et à cette heure je suis encore en tête dans les sondages pour ce même espace.
J’ai bien compris qu’il s’agit a tout prix de m’user de toutes les manières possibles pour en revenir à l’écosystème politique précèdent où les bons vieux appareils dorment ensemble la nuit et se disputent la journée. Pourquoi pas ? Mais la question s’est déplacée depuis et grâce à notre score de 2012 et 2017. L’enjeu est de savoir de quel côté va se dénouer la crise globale de la période. Qui, quelles catégories sociales doivent structurer l’alternative qui doit s’imposer face aux néolibéraux de tous poils ? C’est cela la question stratégique. Personne ne peut échapper à cette question plus décisive que l’issue des batailles de polochons entre garçons simple et compliqués. Consacrer son énergie à me flétrir, à psychologiser les rapports politiques, refuser non seulement les accords politiques mais même l’unité d’action pour la défense des libertés (après les attaques de madame Vidal) comme cela a été fait par la vieille gauche traditionnelle. Tout cela doit bien avoir des raisons sérieuses, de fond. Lesquelles ? De même quand Fabien Roussel décide de détruire ou de renoncer au leadership conquis ensemble de haute lutte. Il est compliqué pour moi d’en comprendre les motivations si je ne veux pas à mon tour faire de la psychologie de comptoir de bistrot.
Nous ne renoncerons pas à cette bataille commencée main dans la main avec les communistes en 2009. Ma candidature est celle de la volonté de victoire pour répondre aux préoccupations de la partie populaire de notre peuple contre l’oligarchie, sa politique et sa suite dorée. Autrement dit la candidature d’un programme précis, concret, en rupture avec les diktats du capitalisme de notre époque qui conduit la civilisation humaine au désastre.
Nous ne reprochons pas aux communistes d’avoir préféré presque partout l’alliance avec les socialistes aux régionales plutôt qu’avec LFI. Nous parlons d’autres choses. Nous proposons aux communistes de continuer ensemble le chemin vers le changement de pouvoir. Avec ma candidature, à partir d’une discussion immédiate en vue d’un programme partagé. Et avec un accord sur les législatives avant l’élection présidentielle avec comme point de départ la reconduction des députés sortants, ce qui est la garantie pour le PCF comme pour les insoumis de conserver en toute hypothèse un groupe à l’Assemblée. Si les communistes n’en veulent pas nous en serons meurtris, c’est certain. Affaiblis ? C’est probable et c’est bien le projet de beaucoup de monde. Nous ne comprendrions plus alors quel est le sens de leur combat. Mais pour notre part nous continuerons la lutte sur le chemin de crête engagé victorieusement depuis 2012. Nous ne voulons être ni la roue de secours des sociaux-libéraux, ni des témoins impuissants, ni un groupuscule négociant son pouvoir de nuisance. Nous ne renonçons pas à agir pour changer radicalement tout ce qui doit l’être dans la société et dans le monde. En 2017 nous étions à deux doigts d’y parvenir. On ne peut pas dire que cela ait dépendu d’autres que de nous-mêmes et des circonstances. Après quoi en dépit de tous les coups reçus, de nos propres erreurs et de la déliquescence de la gauche traditionnelle, nous sommes là, au premier rang du combat. La ténacité paiera. Comme elle l’a fait au Brésil, en Argentine, et bientôt en Équateur. Et pour ma part je vis comme un honneur d’être une cible du vieux monde qui ne reçoit pas de compliments du Figaro.
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