Le gag de la fondation du PS : Macron dès le 1er tour !
Je ne vous le cacherai pas : j’ai le retour de Guyane triste. J’ai aimé l’ambiance guyanaise ! Quand bien même est-elle surchargée des misères auquel reste vouée la moitié de la population. Elle vit en effet sous le seuil de pauvreté face à une vie souvent plus chère que dans l’hexagone. Mais je n’ai croisé que des gens allant et passionnés pour ce qu’ils font. Profs, élèves, agent de service public, paysans, syndicalistes, personnel hôtelier, agents de toute tâche sur la base spatiale, salariés des médias, tout le monde respirait cette étrange ambiance de confiance en soi et de goûtt du futur.
Et puis ce tir réussi d’Ariane 5 emportant ses 11 tonnes de satellites, record du genre ! Et ces élèves venant à ma rencontre et me racontant leurs ambitions scolaires. Et aussi ces militaires fiers de leurs missions de protection sur un territoire grand comme le Portugal couvert au deux tiers par la forêt amazonienne ! Je regardais par le hublot de l’hélicoptère ce monde tout neuf avec un drôle de goût dans la bouche. Celui d’un rêve impossible : m’impliquer ici, comme dans une nouvelle vie recommencée à zéro sur cette page verte à écrire ou dans les vertiges de l’aventure spatiale. Car la terre de Guyane inspire cette poésie des commencements à portée de main. Et je veux le souligner de nouveau : tout cela malgré le poids d’un quotidien ici qui n’a rien d’un merveilleux conte exotique. Je renvoie sur ce point qui cela intéresse au commentaire que j’en ai fait dans mon précédent post. L’équipe qui m’accompagnait a également produit un abondant matériel de compte rendu au fil des jours. J’en parle encore cette-fois ci.
Mais à cet instant, et pour ouvrir ce post et ses sujets, je parle de tristesse du retour. Je veux bien la situer. Car finalement c’est peut-être moins celle pour ce que je quitte que pour ce que je retrouve. Cette ambiance glauque, grise et morbide du pays médiatique de Zemmour et Le Pen, des passes arrière sondagières, de coups tordus de l’info-propagande rabâchant les thèmes et les personnalités de l’extrême droite en boucle. Pas une lueur d’espoir ou d’enthousiasme à l’horizon. Et maintenant le bouquet final : « à quoi bon voter pour la gauche éparpillée ! Mieux vaut voter dès le premier tour pour Macron pour faire barrage ». Bien joué les « spins doctors » macronistes. Et bravo à la fondation du PS si mal nommée « Jean Jaurès ! » C’est encore les socialistes qui ont lancé un sondage. Un sondage de plus. En fait une manœuvre qui met à nu la tentation macroniste qui n’a jamais lâché le PS depuis le premier jour de ce quinquennat. Comme le montrait Olivier Faure quand il prétendait vouloir participer à la nouvelle majorité macroniste. Un sondage qui participe de la campagne interne anti-Hidalgo puisqu’il prétend que 50% des électeurs du PS seraient prêts à voter Macron dès le premier tour. L’alternative à la parisienne ne serait pas Hollande mais bien son successeur. Malin ! Un sondage pipeau aussi qui prétend trouver 40% d’électeurs insoumis pour approuver cette thèse stupide après cinq ans d’opposition frontale.
En fait cette rumeur macroniste préfabriquée courait à Paris depuis un bon mois. J’étais prévenu mais je n’y croyais pas. J’ai dû changer d’avis. Quand Laurent Ruquier m’a fait le numéro de l’unité à gauche impossible et de « puisque c’est comme ca je me demande s’il ne faut pas voter Macron dès le premier tour pour assurer le coup face à l’extrême droite», je n’avais donc pas été surpris. Car il avait déjà fait le coup à un autre invité peu de temps avant. Ma réponse sur le plateau resta distante et argumentée car il y régnait déjà une ambiance insupportable du fait de l’agressivité de Léa Salamé cherchant à régler je ne sais quel compte avec moi. Je peux ici reprendre ma réponse à cette thèse fumeuse. Voter Macron dès le premier tour pour « assurer » en face de Le Pen Zemmour ? C’est stupide. Dans tous les sondages qui conduisent à cette conclusion Macron est certain d’être présent au second tour. La question qui se pose est donc plutôt de savoir qui lui sera opposé. Rien d’autre. Qui ? Un extrême droite ? Un droite ? Bref un de plus qui soit plus ou moins du même côté des admirateurs de Pétain et de Mauras ? Ou moi ? Sans commentaire.
Mais on voit bien comment s’est construit la séquence. Elle est partie des jérémiades sur l’unité impossible de la gauche (« à cause des égos »). Elle s’achève dans le « vote Macron dès le premier tour » recommandé par les fléchages du PS. Là-dessus arrivent les sondages qui annoncent des scores misérables pour toute autre candidature. Que la méthode de calcul expulse la moitié des électeurs sans que les médias qui les rabâchent en disent un mot de recul critique prends alors un autre sens. Ils tombent à pic. Il s’agit bien de couper les ailes qui ne veulent pas voler du bon côté. Le faire en désespérant d’avance toute tentative de vote d’alternative. En décourageant. En démotivant les milieux populaires. Le tout au profit des centre-villes cossus et des petits bourgeois pusillanimes qu’influencent le PS et la Fondation Jean Jaurès. La bataille est donc plus difficile. Car tout le monde comprend qu’il s’agit là d’une entreprise de prophétie auto-réalisatrice : dégoûter les gens d’aller voter au prix d’une abstention favorisant le vainqueur annoncé.
Rien ne serait pire que de se laisser impressionner et de baisser les bras. Tous les artefacts finissent par se dégonfler devant la réalité. Et cette réalité c’est celle des question sociales : revenus prix de la vie et ainsi de suite. Cette réalité c’est celle du changement climatique et de la crise sanitaire. C’est elles qui rattraperont inéluctablement la campagne électorale pour peu que le pouvoir hypnotique de la propagande sécuritaire et anti-musulmans s’enraye un tant soit peu. C’est notre tâche d’aider à l’émergence du sérieux et du raisonné.
Faire campagne et se hisser au second tour reste un objectif atteignable. On en connait la méthode. Au plan média : ne jamais croire qu’ils feront campagne à notre place. Refuser les émissions traquenards. Et tout pour l’action de terrain en milieu populaire. Davantage de « caravanes d’inscription sur les listes électorales » dans les quartiers populaire, davantage de correspondants d’immeubles comme ceux que ces caravanes permettent de recruter d’ores et déjà.
Il faut avant tout bien comprendre ce qui se passe : tout le monde est en campagne. Chaque classe défend âprement ses intérêt avec ses moyens. Rien de ce que nous voyons et combattons n’est le résultat d’un malentendu. Juste une facette de la lutte. Seuls les naïfs pouvaient croire que 9 milliardaires auraient décidé de perdre de l’argent en achetant 90% des médias pour le seul idéal d’une information équitable ! Que des millions d’argent public se déverseraient sur des « instituts de sondage » pour améliorer les performances de la sociologie de l’opinion.
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