Le lundi 16 mai, Jean-Luc Mélenchon s’exprimait après la nomination d’Elisabeth Borne en tant que Premier ministre. Retrouvez ci-dessous la retranscription de sa prise de parole.
Nous avons appris la démission du Premier ministre Jean Castex, à qui nous souhaitons de bonnes vacances, et la nomination de Madame Elisabeth Borne comme nouvelle Première ministre de notre pays. Cette nomination se porte sur une femme qui a toutes les compétences et les qualités personnelles pour assumer la tâche qui lui a été confiée. En effet, elle incarnera la continuité de la politique du Président de la République et des précédents Premier ministre du premier quinquennat.
C’est donc en quelque sorte une nouvelle saison de maltraitance sociale et écologique qui commence. Sa nomination commence dès les premiers instants par une sorte de tentative de tromperie. Madame Borne serait une femme de gauche. Alors peut-être qu’elle peut le penser, mais nous ne lui accordons pas ce label. Nous ne pouvons oublier qu’elle est personnellement responsable du fait qu’un million de chômeurs dorénavant ont leur allocation baissé de plus de 17 % à un moment déjà si difficile. Et que cette réforme de l’allocation chômage, après avoir buté deux fois sur les décisions du Conseil d’État, a été prise sans aucune concertation, débouchant sur un accord avec quelques syndicats que ce soit, y compris ceux qui étaient au départ peut être mieux disposés à entendre l’idée d’une réforme. Madame Borne a été la personne qui a ouvert à la concurrence la SNCF – je veux dire le rail, le transport rail – et modifié le statut des cheminots.
De même, qu’elle a été la femme de l’ouverture à la concurrence de la RATP. C’est celle qui refusait en janvier dernier l’augmentation du SMIC, qui s’est prononcée pour la retraite à 65 ans et surtout qui porte l’image un peu particulière et je crois assez significative d’être la ministre du Travail qui a obligé à un déménagement dans ses fonctions comme dans sa vie, de Monsieur l’inspecteur du travail Smith dont on rappelle qu’il avait été puni parce qu’il réclamait des masques pour le personnel qui travaillait dans une résidence de personnes âgées.
Dès lors, c’est au total un personnage parmi les figures les plus dures de la maltraitance sociale macroniste. Pour ce qui concerne l’écologie, on n’en fera pas une liste si longue, mais il me paraît important de rappeler que c’est elle qui a fait reporter de 10 ans l’entrée dans le mix nucléaire à 50 ans, c’est-à-dire le début de la fin du nucléaire.
Elle l’a fait retarder de 10 ans. Et c’est elle aussi qui a reporté à 2040 la fin de l’usage des objets à usage unique en plastique et bien d’autres choses que, pour l’instant, je laisse de côté. Dès lors, il ne faut pas laisser entendre ce qui n’est pas. Il ne faut pas créer des confusions qui rendent la scène politique illisible.
Madame Borne est la continuation de la maltraitance sociale et écologique de toute la période macroniste du premier mandat. Au demeurant, on a bien vu qu’il n’y avait pas grand monde qui souhaitait occuper la fonction, si on en croit ce qui a été dit dans la presse. Et sans doute y a t il une raison à cela, c’est que l’idée de continuer ce qui a été fait avec aussi peu de succès auparavant n’est pas si bien vécue.
Dès lors, il y a bien un troisième tour et l’élection législative qui aura lieu les 12 et 19 juin prochain est celle qui devra décider pour de bon. Et donc, il existe une possibilité pour les Français de renvoyer madame Borne et de faire un autre choix. Le choix que j’incarne puisque, comme vous le savez, ma candidature au poste de Premier ministre a été présentée par l’ensemble des organisations qui participent à la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale.
Il va de soi que plus que jamais, et compte tenu de qui est Madame Borne et quelle est sa feuille de route, cette candidature est non seulement maintenue, mais sans doute renforcée puisqu’elle représente une alternative complète à ce qui est proposé. Et puisqu’il en est ainsi, et puisque pour l’instant nous sommes donnés comme favoris, je propose à Madame Borne, quand elle le voudra, que nous ayons un débat public sur les politiques qu’il est possible de faire appliquer en France.
Et en particulier, ce sera l’occasion de discuter le bilan de la sienne et celle du premier mandat de Monsieur Macron. Si bien qu’à la fin, on pourrait quand même avoir le débat dont on a été privé pendant l’élection présidentielle. Les circonstances particulièrement dangereuses de la vie de l’Europe et du monde à cet instant, les difficultés qui s’avancent avec une force tout à fait considérable, que ce soit la sécheresse, que ce soit les inégalités sociales, que ce soit l’envol des prix qui rendent la vie si difficile pour les gens demandent qu’il y ait une certaine mesure dans la critique que l’on s’adresse les uns aux autres.
Ce ne peut être une critique personnelle. Pour ma part, je ne critique pas la compétence et les capacités de Madame Borne à être la Première ministre, mais nous avons un devoir de débat politique et de choix au moment où ces circonstances s’avancent vers nous parce qu’il y a plusieurs possibilités. Et Madame Borne représente tout ce qui n’a pas marché au cours des 20 dernières années et au cours des 5 dernières années, c’est-à-dire, comme vous le savez, la privatisation des services publics, les restrictions de toutes sortes, des acquis sociaux, des travailleurs. Voilà la raison pour laquelle, si nous connaissons le nom de la Première ministre, j’ai profité de la circonstance pour vous faire connaître le nom déjà connu de son premier opposant. Merci. »