Dans la situation particulière des votes de l’Assemblée nationale cette semaine, il y aurait une irresponsabilité particulière à mépriser leurs enjeux. En effet, c’est sous la forme de la « lutte des places » que s’est concentré le tableau des données politiques de la situation.
D’habitude, il s’agit d’une formalité. L’existence d’une majorité le permet. Une grille de savants calculs permet les attributions des postes en fonction de l’importance de chaque groupe. Le plus souvent on procède alors par vote sur une liste unique composée avec l’accord de tous sur la base de ces calculs. Le vote prend alors la forme d’une formalité administrative plutôt que d’un vote politique au sens ordinaire.
Cette fois-ci, elle été rendue impossible par le refus de la NUPES de valider la répartition arrangée par LREM avec le RN à leur seul profit et au mépris de la représentation proportionnelle. Je ne récapitule pas ici la chaîne des désistement et des votes qui ont concrétisé cette nouvelle alliance pour l’instant inavouée. En refusant la liste bloquée que proposait LREM, nous refusions les partages qui résultaient de la nouvelle alliance des réactionnaires. Chaque vote fut donc crucial puisqu’il permettait de mesurer la solidité d’une alliance en cours de construction.
Je pense que nos dénonciations ont payé. Elles ont déclenché des remous d’opinion très vifs sur les réseaux sociaux et dans certains médias. Le lendemain intervenait l’élection du président de la Commission des finances. Le poste est devenu symboliquement significatif puisque le règlement et la coutume veut qu’il soit attribué à la « première opposition ». L’élection prend alors un sens politique : constater quel groupe est en tête de l’opposition.
L’alarme a été vite déclenchée par les réseaux sociaux et certains médias contre cette union de macronistes et de l’extrême droite. Du coup, les macronistes ont été obligé de changer leur tactique. Ils ont dû renoncer à faciliter l’élection du RN. Peut-être savaient-ils aussi combien chez « Les Républicains » et ailleurs, tous les députés n’étaient pas prêts à un tel forfait moral et politique.
La candidature d’Éric Coquerel recueillait vingt voix et il en fallait vingt et une pour départager les trois candidatures NUPES, LR, RN. On a évoqué le retrait du député De Courson pour expliquer le succès de la NUPES au vote. Certes il ne faut rien enlever à son mérite personnel de refuser absolument tout compromis avec le RN. Mais notons le maintien de la candidature LR d’une part, rendant impossible une majorité en faveur du RN. Et sachons bien que la voix donnant la majorité à Éric Coquerel est celle du député autonomiste corse Michel Castellani, en plein accord avec la direction politique de son mouvement.