La marche, ça marche

GRANDE SATISFACTION. Le cycle des rencontres entre les responsables de la NUPES et d’autres mouvements de gauche avec les représentants de syndicats et d’associations a débouché sur un appel à une marche commune « contre la vie chère et l’inaction climatique ». Elle sera précédée par des actions syndicales très nombreuses et diverses mais aussi par des marches climat en fin du mois dont nous serons d’ardents promoteurs.

Les Confédérations syndicales présentes aux réunions de préparation ne s’y joignent pas. Mais peut-être est-ce provisoire. Car on s’est quitté bons amis. Certains organisent des journées d’action et aviseront sans doute ensuite. Cependant, notons que des fédérations syndicales de branches ont déjà décidé de participer à la marche. Bientôt on saura où on en est avec les grandes associations. En tous cas, le communiqué final précise que l’appel à marcher reste ouvert à tous ceux qui voudraient s’y joindre. Mais l’important est surtout que le grand nombre décide d’y participer.

La durée des discussions depuis juillet ne nous laisse plus qu’un mois de travail pour réussir. La marche aura lieu un dimanche. Les salariés pourront donc participer à la bataille sans perdre une journée de salaire de plus. Mais surtout, tous les autres, chômeurs, étudiants, retraités, précaires, allocataires de toute sorte, lycéens et même collégiens pourront entrer dans le combat et se mobiliser. Car ils sont concernés très directement. Eux payent autant et parfois plus que les salariés la vie chère. Et ils n’ont que leur représentation politique NUPES pour exprimer leurs intérêts et leur proposer des formes d’action. Pourquoi les exclure du combat ? Bien sûr, les syndicats engagent leurs actions dans l’entreprise. C’est leur affaire et leur responsabilité. En général, nous soutenons leurs appels. Sauf quand ils s’opposent trop les uns aux autres, car alors cela divise nos propres rangs où se trouvent des gens syndiqués de tous côtés.

Mais notre responsabilité comme force politique est aussi engagée. Le nouvel acteur écologique et social de notre temps, c’est le peuple. La NUPES le représente politiquement. Cela ne se résume pas aux salariés syndiqués. Ce peuple c’est celui dont je viens d’énumérer quelques-unes des composantes. C’est lui qu’il s’agit de mettre en mouvement face à l’agression qu’il subit. La NUPES est aujourd’hui le cadre d’organisation de l’action populaire le plus large et le plus unitaire. Le monde syndical est loin d’y être parvenu, hélas. Aucune des initiatives de la Nupes ne divise. Au contraire, elles permettent de rassembler.

Précisons bien un point essentiel : cette marche n’appartient à personne, à aucune organisation ni même à la gauche. C’est la marche de tous ceux qui veulent en finir avec la politique du gouvernement de vie chère et d’inaction climatique. Si la marche est réussie, elle ouvre la possibilité de nouvelles mobilisations régulières du même type. Mais aussi à des actions à caractère symboliques marquantes contre la monarchie présidentielle coupable de la situation d’asphyxie populaire. D’ailleurs, le samedi qui précède la marche nationale il est question de mener en région des actions de ce type coordonnées par les animateurs de la NUPES. Dans la marche, il y aura des syndiqués en grand nombre venant de toutes les organisations. Je dis bien de toutes. Les syndicats absents des réunions de préparation n’ont pas manifesté d’hostilité au projet de marche, renvoyant chacun à son rôle, ce qui nous convient parfaitement. Des paroles amicales ont même été lancées. Il y aura donc des syndiqués FO, CFDT, UNSA, CGC, etc… avec ou sans leurs badges et drapeaux, à titre personnel, et des fédérations de branches d‘autres syndicats présentent elles aussi ès-qualités.

Il y aura beaucoup d’associations climat et de luttes écologistes. Et des collectifs de toutes sortes. Tout le monde est bienvenu. Le moment commande absolument la bienveillance et le respect mutuel pour tous ceux qui veulent participer à la résistance collective. L’idéal serait qu’il n’y ait pas d’obligation de cortèges mais que chacun(e) puisse se placer librement. Mais surtout qu’il y ait mille et une pancartes avec de mots d’ordre, de l’humour de lutte et des mises en demeure. Cela devrait permettre de ne pas séparer les deux mots d’ordre vie chère et inaction climatique dans des cortèges distincts. Il est en effet décisif dorénavant tout le temps de mêler les deux dimensions.

Pour ma part, je refuse la marginalisation des revendications climat dans le mouvement social sous la pression de la routine ou du déni de la catastrophe qui s’avance. Définitivement la mobilisation populaire doit tourner la page de l’indifférence ou de la moquerie irresponsable à l’égard de la réalité du changement climatique et de ses conséquences dans tous les domaines. Y compris et surtout dans le domaine social. En tous cas il me semble qu’une telle forme de déploiement sans « frontière » faciliterait la participation individuelle. Et ne perdons pas de vue que par-dessus tout : c’est le but.

JUBILATION. La rédaction de L’Obs m’a proposé un entretien croisé avec Philippe Descola. J’ai accepté d’enthousiasme et je suis heureux de ce qui en a été publié ensuite dans l’édition en cours de cet hebdomadaire. Descola secoue. C’est, pour ce qui me concerne personnellement, ce que j’attends d’un penseur professionnel de haut vol. Je me suis fait secouer. Descola est anthropologue et il a été professeur au Collège de France (du coup j’ai imprimé la liste des cours à venir pour faire mon choix de futur étudiant). L’anthropologie est une science plus étendue que je l’ai d’abord cru. Origine grecque du mot : étude de l’humain. L’humain comme un tout physique, culturel, politique, social. C’est ce que modestement je pense avoir fait avec la théorie de l’ère du peuple et de la révolution citoyenne.

Bon contact. D’abord en le lisant, ensuite en l’entendant, enfin en sympathisant avec lui (en espagnol). J’oscillais entre accords, désaccords et interrogations. À vrai dire, pour être franc, je lui suis surtout reconnaissant pour les efforts intellectuels qu’il m’a poussé à faire. C’est le moment de vous dire : « lisez donc » ce numéro de « L’Obs ». Je pense que j’obtiendrai le droit de publier le texte à mon tour, une fois le numéro suivant publié. Ce sera ici, sur ce blog. Puis je vous dirai les remarques que je me suis faites sur le fond de la discussion et de ses thèmes. Car, bien sûr, l’ébullition n’est pas retombée en moi.

Dans quelques jours Descola publie « ethnographie des mondes à venir ». En fait, il s’agit d’un entretien avec un ethnologue dessinateur, Alessandro Pignocchi. Ce n’est pas un détail. Car Pignocchi fait la démonstration dans cette publication de la maturité à laquelle est parvenue de nos jours la bande dessinée comme moyen du discours philosophique. C’est drôle et tellement percutant ! Mais il dialogue aussi avec Descola. Le livre est un compte rendu de cette discussion prolongée en bande dessinée. Je pense que c’est très réussi pour l’animation du sujet. La rencontre de ces deux-là démontre alors que le débat n’est pas seulement une confrontation mais peut devenir une exploration en commun. Ils travaillent à produire un point de vue qui se situe par-delà l’opposition entre nature et culture. « On peut trouver dans l’anthropologie une stimulation pour imaginer une nouvelle révolution intellectuelle, après la révolution libérale du XVIIIe et la socialiste du XIXe. Une autre façon de concevoir les rapports entre humains et non humains. C’est un énorme chantier » résume Philippe Descola dans L’Obs. On s’y met !

DECEPTION. Je ne suis que plus déçu de mon passage chez « Reporterre ». J’y allais pour faire une rentrée par une interview sur la catastrophe écologique. En fin d’entretien des questions politiciennes et plutôt tordues sont venues. J’ai fait la bêtise d’y répondre alors que ce n’était pas mon sujet. Résultat, le titre porte sur mon « remplacement », cette nouvelle tarte à la crème de mes interviewers. La phrase extraite m’a bien pourri la rentrée car, bien sûr, tout ce que j’ai pu raconter sur l’écologie est passé inaperçu. Aller sur un site qui se réclame de la bataille écologique et s’y voir traiter comme dans n’importe quelle feuille de chou politicienne, c’est vraiment dommage. L’invisibilisation de l’écologie sur un site écolo c’est tellement décevant ! Je me le tiens pour dit. Et mon remplacement ? Confidence : je ne comprends pas de quoi on me parle ! De ma place au combat ? Constante, autrement, en retrait, pas en retraite. Il s’agit de la candidature à la présidentielle de 2027 ? C’est sérieux ? Comme j’ai l’intention de vivre cent ans comme Edgar Morin j’espère qu’on ne va pas me jouer ce refrain encore six fois !!

ANNONCE. Mi-octobre mon nouveau système de communication se mettra en place. Blog, Revue de la semaine et autres seront redéployés différemment et leur périodicité fixée pour l’année. Dans le même temps, j’aurai tranché à propos de ma participation à la Fondation insoumise. D’ici là, je sollicite votre indulgence pour le caractère aléatoire de mes relations avec vous tous qui me lisez ou regardez mes vidéos.

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