Entrée en turbulences

J’ai assez vécu sur les bancs d’assemblées de tous niveaux pour voir clairement le caractère extraordinaire de ce qui se passe en ce moment au Palais Bourbon. La minorité présidentielle est bel et bien carbonisée comme je l’ai dit de Macron à « Ouest France ». Je ne parle pas seulement de la décomposition politique des relations entre les trois groupes parlementaires macronistes. Ni même de l’enlisement désormais sans retour de la minorité présidentielle dans les votes minoritaires à répétition. Tout cela est dorénavant amplement connu et visible par le grand public. Encore un peu de patience et il deviendra évident qu’ils ne sont pas en état de gouverner. Ce spectacle institutionnel ajouté au chaos qu’ils ont semé dans tous les compartiments de la vie du pays fonctionne comme une meule abrasive. Du côté « jeune et brillant » de la macronie du premier mandat nous sommes passés à « usés et incompétents ».

L’ambiance européenne et le spectacle de fin de cycle du monde libéral plombent le décor et les tendances qu’il imprime sur la scène. Ce qui frappe c’est le phénomène de débandade physique. Des gens épuisés ne sont plus capables d’établir un roulement de présence suffisant en séance pour avoir une chance de gagner les votes. D’autant que la certitude de voir le 49.3 tomber finit de les démotiver pour être présents. « À quoi bon » ? se disent-ils, aggravant la démotivation chez ceux qui essaient de continuer à tenir la tranchée. De notre côté la course entre la salle de commission et l’hémicycle a aussi été bien épuisante sans compter les allers retours en région et les problèmes de vie de famille. Mais les nôtres ont été les plus endurants. Les autres groupes de la NUPES ont également renforcé très nettement leur présence et tour de rôle si bien qu’au total la NUPES a eu le dernier mot sur le plan de la résistance physique et psychologique.

Ne croyez pas que ce soit un à côté du moment. Toute histoire politique est une histoire humaine, faite par des êtres humains qui ne seront jamais de simples pions dans les mains d’un joueur. La débandade de ces jours-ci est un seuil franchi comme ça l’est toujours pour une défaite. Le traumatisme est là : c’est la certitude que rien ne sert à rien, celle d’être mal commandé, de faire des erreurs lourdes de sens et d’être dévalorisés dans des scènes aussi discutables comme celle où ils applaudissent debout un 49.3. Les députés macronistes sont dans un rôle ridicule et ils le savent. Leur torrent d’injures et de coups tordus médiatiques et judiciaires depuis la rentrée n’aurons servi a rien.

Nous avons marqué le point dimanche 16 octobre. Nous le marquons chaque heure qui passe où nos députés les battent au vote et nous les enfonçons quand leurs 49.3 montrent qu’ils rejettent des amendements pourtant votés par l’Assemblée nationale souveraine. En haut on ne peut plus et en bas on ne veut plus. Cette situation va s’incruster d’ici décembre avec la fin de la compensation sur le prix de l’essence, l’ouverture du cycle des négociations salariales annuelles obligatoire, les répliques des journées syndicales et celle de notre coalition. La France entre en turbulence.

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