En août, après tout ce que nous avions déjà vécu, nous les insoumis avons lancé la campagne pour la destitution du Président Macron avec une tribune publiée dans « La Tribune ». Plusieurs membres du groupe parlementaire l’avaient proposé. D’autres militants et animateurs de notre mouvement de même. D’autres encore, présents dans divers appareils syndicaux et associatifs en étaient au même point de réflexion et nous le faisaient savoir. Cette diversité de sources attestait déjà la bonne diffusion d’un raisonnement. Beaucoup d’autres le partageaient aussi sans doute, compte tenu de la situation. C’était là une réponse politique et… républicaine au coup de force du Président contre le résultat du vote aux législatives. Seuls des esprits très superficiels pouvaient croire que ce coup de force serait sans conséquence et que la vie allait reprendre sans heurt sous la houlette d’un gouvernement aussi illégitime. Ici, pour les dégagistes, il ne s’agissait pas d’un complot ou un « coup », mais de la réponse logique à une impasse institutionnelle. La question posée : comment revenir aux urnes dans le cadre de l’actuelle Constitution qui interdit toute nouvelle élection législative avant juin prochain ?
Le plan de marche insoumis incluait l’étape du contre-budget et de la motion de censure. Faute de début de commencement de cohésion du « socle commun » et de majorité à l’Assemblée, l’étape des projets de lois de finances de l’Etat et de la Sécu ne pouvait être franchie sans 49.3. Donc suivrait le dépôt d’une motion de censure. Tout se tient. Nous étions certains que celle-ci aboutirait inévitablement à poser la question de la légitimité de la Présidence Macron. Nous y voici rendus.
Mais regardons la réalité comme elle est. La publication du sondage BFM Elabe est en soi un signal venu de la haute sphère des dominants qui l’ont commandé et payé. 63% des Français sont censés vouloir la démission du Président en cas de motion de censure. Peu importe le sérieux d’une telle enquête. Le panel d’Elabe étant traditionnellement très droitier, la réalité doit être bien pire pour Macron. Mais aussitôt, la drogue sondagière fait son effet sur ceux qui en consomment avant toute réflexion personnelle. L’idée, le résultat, sa diffusion, bref tout dans le contexte, accentuent sa toxicité politique pour ce qui reste de la macronie. Le lien censure et destitution est fait. Nous pensions devoir en passer par une campagne de plusieurs semaines pour obtenir ce résultat dans le contexte d’après la censure. Il s’est construit en deux jours dans les médias.
L’idée s’est installée dans les esprits parce que l’inéluctabilité de la censure, elle aussi, s’est imposée dans l’opinion. Et par lassitude anticipée face à la crise politique. Mais notons comment elle a pris corps avant même que la censure soit votée ! La diversité des sources reprenant cette idée (De Courson, Copé etc.) illustre la force de ce qui se passe dans les esprits de tous bords. Nous en avions eu l’intuition en observant le nombre et la composition des participants à nos réunions publiques et les scores de nos visionnages vidéo ces temps-ci. Ainsi pensent ceux que préoccupe une issue démocratique, efficace et digne pour notre pays. Mais avec notre campagne pour la proposition de loi de destitution, nous avons fait un bon travail concret d’accoutumance au thème. Une pente est prise désormais. Dans les esprits non seulement le départ de Macron est la solution pour clore la crise créée par lui. Mais il y a aussi la certitude de voir ce dernier réduit à une totale impuissance parce qu’il n’a plus aucun crédit ou influence politique ni en France ni dans le monde.
Sauf nouvel imprévu, cette pente est irréversible. La débandade de ce qui reste du « camp présidentiel » va donc s’accentuer. Elle va tout aggraver à mesure de sa décomposition selon une loi constante de ce type de situation. Désormais chaque mètre du sentier doit conduire à la solution dégagiste. Comptons sur l’adversaire pour paver lui-même son enfer. Le numéro pitoyable de l’obstruction contre notre projet d’abrogation de la retraite à 64 ans à l’Assemblée va nous aider à disqualifier dans le détail de leur circonscription ceux qui vont s’y prêter. C’est un exemple pris dans la vie de l’Assemblée. Dans la vie des gens de même. Par exemple, avec l’effet sur les gens instruits et de bonne foi de la bruyante campagne contre nous à propos de l’apologie du terrorisme. Voilà qui nous sert bien pour ne rien dire de son appendice sur l’immunité accordée à Netanyahu par Macron. En effet, elle a été demandée par les négociateurs de Netanyahu pour le cessez-le-feu au Liban nous apprend la presse israélienne. C’est là comme une volonté d’humilier la France et de punir Macron. Il s’est laissé prendre. La France mérite mieux à sa tête.