Dans ce post, j’évoque la semaine qui vient de se dérouler sous la dynamique du 10 septembre. Puis de quelques questions que pose le comportement de plus en plus confus de nos ex-partenaires du Nouveau Front Populaire qu’ils ont détruit méthodiquement. Et de la manœuvre collective du « bloc central » et du PS pour construire un « front républicain contre LFI ».
Mais à la fin de ce post, cerise sur le gâteau, je vous réserve une rigolade. C’est ma réponse à un fumeux complotiste du journal « Le Point ». Après l’épuisement de la campagne « LFI antisémite », de plus en plus mal fréquentée, voici la nouvelle saison de la diabolisation permanente. C’est la pimpante campagne : « LFI, filière chinoise en France ! Quand vous découvrirez le niveau des questions que m’a posées ce « spécialiste Asie » de ce « journal » auteur d’un livre complotiste sur le Covid et d’un catéchisme sur « le 7 octobre » comme « pogrom », vous comprendrez mieux pourquoi j’ai un tel mépris pour ce type de « journalisme » de prétendue « investigation » branché sur des services de police ou de renseignement qui notent les allées et venues, passages aux frontières et compagnie. Pour accéder directement à ces questions et à mes réponses, cliquez ici.
Une semaine seulement nous sépare du vote de défiance du 8 septembre. Les deux tiers de l’Assemblée nationale ont voté contre le premier ministre Bayrou et son gouvernement. Écrasant ! C’était un vote sans précédent depuis cinq ans et quatre premiers ministres. Mais l’ampleur du désaveu n’a pas eu davantage de suites que les élections anticipées de juin 2024. Macron a immédiatement nommé quelqu’un aussitôt présenté comme « très proche » de lui. C’est-à-dire appartenant à un groupe des plus minoritaires à l’Assemblée. On va donc sans doute voir bientôt comment le reste du gouvernement renversé sera reconduit nom par nom. Comme si le vote de défiance ne concernait que François Bayrou en son nom propre et non son gouvernement dans son ensemble. L’étau dans lequel est pris le nouveau premier ministre Sébastien Lecornu est exactement le même que celui dans lequel a péri politiquement son prédécesseur. Toute une « cour des miracles » de coupe-jarrets et tire-laines s’agite donc autour de lui, la sébile à la main. Ils font leurs gargarismes audiovisuels à longueur de journées : « compromis », « stabilité », « responsabilité ». En fait, c’est juste la saison de la drague des naïfs capables d’avaler ces mots sans réaliser ce qu’ils veulent dire réellement ! En fait, ils n’en ont rien à faire. Mais deux exigences les animent : éviter la dissolution, récupérer les restes de la base électorale du macronisme. Pour la dissolution, la comédie est générale. Tous font mine de s’y préparer sans peur, mais chacun la redoute. Ils ont de quoi. Car il ne resterait rien de la macronie à l’Assemblée. De son côté, le PS sait à quoi s’en tenir sans les votes de LFI qu’il a récusés dans les municipales, même au second tour. Le RN, lui, ne veut pas enterrer Marine Le Pen. Et il sait que Bardella n’est pas crédible pour le premier rôle. C’est donc la frime généralisée.
Les signaux du terrain vont tous dans le même sens depuis la pétition Duplomb, le succès de nos AmFis et la journée du 10 septembre. Comme sur une même ligne, la mobilisation de la société s’étend et s’enracine avec un haut niveau de conscience politique. La fête de l’Humanité a culminé dans ce processus. Le niveau de participation est inégalé. C’est encore un signal venu de la société. La jeunesse était archi présente sur place, archi-déterminée, et très acquise aux thèses insoumises et du militantisme communiste. Elle dit le contraire des palinodies qui agitent tous les opportunistes du pays autour de la formation du nouveau gouvernement. Elle porte un dégagisme assumé, enthousiaste et très contagieux. C’est donc un facteur actif qui amplifie la radicalisation spontanée des milieux populaires. Ce qui est du coup un signal d’exigence politique de très haute intensité. Il ne trouve pas le début d’une représentation ou d’un débouché politique dans la gôche traditionnelle absorbée par sa gigue pro-gouvernementale.
Pour ce qui est de leur espoir de récupération des débris du macronisme, la méthode consiste à emboîter le pas au nouveau premier ministre. Ils réduisent la question de la dette à une affaire comptable. Chacun y va donc de son plan d’économie comme si c’était le sujet. Mais pour économiser, il en reste à l’idée de couper dans les dépenses pour rester compatible avec Lecornu. Ils se gardent bien d’en donner trop de détails. Les sommes sont pourtant considérables. Moins vingt milliards pour le PS, moins soixante pour le RN…. Pour le reste, c’est le concours Lépine. Le plus frappant est que les partis membres du NFP ont tous abandonné le programme sur lequel ils ont pourtant été élus. Et leurs trouvailles inventives sont évidemment des repoussoirs électoraux qui rendent impossible la mobilisation populaire. Exemple la proposition de Glucksmann d’augmenter la CSG. Tout cela est invisibilisé par tous les relais médiatiques du système. Ceux-là sont surtout occupés à réunir autour de Lecornu un front en forme de « grande coalition » sur le mode allemand ou italien. Mais comment ? Ici intervient le projet de « front républicain » contre LFI. Nous sommes devenus « l’ennemi utile » comme l’a écrit assez justement « Le Figaro ». Nos alliés d’hier, dans une surenchère aveuglée, y contribuent ardemment. Leur mise à distance de LFI, à toute occasion, leur fait jouer un rôle de supplétif dont ils espèrent qu’elle leur vaudra ensuite les bonnes grâces électorales des partis de la grande coalition qui se souderaient sur cette base. Une illusion sans futur. À l’inverse, ayant trahi et trompé tout le monde, ils seront repoussés de même.
Un front républicain anti LFI ? Le but de la macronie et de ses supplétifs médiatiques est de créer la situation sur laquelle ils comptaient pour la dissolution. À l’époque, la balkanisation de la gauche semblait acquise. En cause, le refus obstiné de Marine Tondelier d’une liste unique de la NUPES aux européennes. Surtout, c’était l’alignement du PS sur « le droit à la Défense d’Israël » et les applaudissements unanimes et debout dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour le « soutien inconditionnel à Israël ». C’était aussi les errements injurieux de Fabien Roussel. Tout montrait un champ de ruines. « Le Monde » et « Libération » avaient ardemment travaillé avec France inter et France Info à mettre en scène des Insoumis réputés infréquentables pour cause de révoltes populaires dans les quartiers. Et bien pour notre refus de la sainte alliance du RN au PS dans les rues de Paris prétendument « contre l’antisémitisme ». La pince du plan macroniste est restée en place. D’un côté la diffamation mondaine, de l’autre les embrassades dans « l’arc républicain » entre islamophobes, amis de « la police qui ne tue pas » et des économies « équitables » sur les services publics.
Les nigauds croient que cela les sert, car il y aurait un « talisman de l’unité ». Le dégagisme que suscite leur comportement leur échappe.
Pour comprendre la pente affective des milieux de la social-démocratie française, il faut tenir compte de sa composition sociale. Il s’agit de milieux intermédiaires, très sensibles à la bonne réputation, aux dîners en ville, aux commentaires de sa presse de chevet, aux épanchements de bons sentiments sans contenu, mais toujours pathétiques. Entourés comme la planète Saturne d’innombrables débris « d’ex » ceci, « d’ex » cela, ces gens sont prompts à se battre la coulpe de leurs erreurs passées sur la poitrine des autres. Ils n’ont aucune parole, aucun intérêt pour le débat d’idées, théorique ou programmatique. Ni aucune solidarité humaine. Mais ils ont un prix en sièges et dotations. Ce prix, nous l’avons déjà payé. Et nous avons été trompés. Pourtant, ils nous annoncent qu’ils vaudraient encore plus cher la prochaine fois ! Sans parler des municipales. Un par un, avec des bêlements unitaires cyniques, ils ont pourtant passé par-dessus bord l’essentiel à nos yeux : le programme. Ce programme avait été acquis de haute lutte, loyale et franche, par les résultats comparés dans les urnes. Et par des heures de négociations qu’il ne faut pas oublier pour comprendre notre écœurement devant leurs pratiques. Ils ont lâché aussi les accords électoraux, persuadés qu’ils pourraient bénéficier cependant de nos voix par chantage face à ce risque du RN qu’ils ne cessent d’exploiter. Tour à tour, Boris Vallaud, président du groupe parlementaire, Olivier Faure premier secrétaire, Kanner président du groupe sénatorial, ont à la fois abandonné le programme et l’idée d’accord électoral. Mais ils se comportent comme si nous ne les avions pas lus, ni étudiés dans le détail. Nous avons parfaitement reçu le message. Nous nous adaptons à la nouvelle réalité qu’ils pensent pouvoir installer. Ce serait une alliance du PS et EELV et du PCF excluant LFI. La formule est même sondée avec zèle.
En pratique, c’est le contraire qui a lieu. C’est le PS qui est isolé tandis que les trois autres censurent ensemble et portent ensemble une pétition pour la destitution du président de la République. Pendant ce temps, le PS cherche en vain à se faufiler jusqu’à un improbable gouvernement de grande coalition et une alliance de front républicain avec la macronie et consort. Cette stratégie de l’isolement de LFI comme « nouveau Front républicain », c’est mot pour mot le discours de Carole Delga par exemple. Et c’est la stratégie affichée sans faux semblants par Glucksmann. Comme un véritable agent électoral, l’éditorialiste de Libération dément. En effet, comme tout le monde, il ne lit pas « Libération ». Je publie donc ci-dessous un extrait d’une interview de ce dernier sur ce sujet publié par « Libération » soi-même. C’est bel et bien une orientation claire et franche que celle de l’homme dont Pierre Jouvet, secrétaire général du PS annonce dans son entretien avec ses amis journalistes que tout le PS va le rallier « à la fin ». Les supplétifs des primaires n’ont pas fini de se faire vassaliser.
Voici Glucksmann dans le texte de Libération du 3 septembre, il y a quinze jours tout juste :
Un an après le NFP, comment abordez-vous l’hypothèse d’une dissolution ?
À la différence du 9 juin 2024, nous y serons préparés et nous ne reproduirons pas la même stratégie décidée alors dans la hâte. Il n’y aura pas d’alliance avec LFI et l’union que nous proposerons se fera dans la clarté. Elle sera sociale, démocrate, écologiste et pro-européenne, sans compromission. Nous aurons une offre de gouvernement cohérente qui nous permettra de faire sauter le plafond de verre pesant sur la gauche. En unissant les contraires, la gauche fait à peine 26-27 %. C’est la certitude de la défaite. En étant fidèles à nos principes, en assumant la confrontation avec les Insoumis, nous rouvrirons des oreilles closes à la gauche. Il n’y a qu’en étant totalement sincères sur ce qu’on est et ce qu’on veut pour le pays que nous pourrons créer une dynamique politique.
Donc pour contrer l’extrême droite, vous commencez par diviser la gauche ? Si vous vous retrouvez en concurrence avec LFI, l’extrême droite risque de gagner dans plusieurs circonscriptions.
Mais qui peut faire croire que nous gouvernerons ce pays avec Jean-Luc Mélenchon, Louis Boyard, Mathilde Panot ou Manuel Bompard ? Nous ne le ferons pas. Nous avons une approche trop différente sur des sujets fondamentaux et sur des méthodes. On ne peut pas dire qu’on fait un «front» pour préserver la démocratie et prétendre gouverner avec des gens qui méprisent à ce point l’éthos démocratique. En s’alliant avec LFI, nous tomberions dans ce qui fait du mal à la gauche depuis des années : l’insincérité. Nous donnerions raison à ceux qui disent «ils sont unis mais en fait, ils se haïssent». Bref, qui disent que tout cela – la politique – est une farce.
Vous excluez donc l’union dans les circonscriptions où il y aurait un risque RN ?
Notre priorité est d’empêcher l’extrême droite d’avoir une majorité absolue. Mais je ne pense pas que s’unir avec LFI dans des circonscriptions où il y a un risque RN soit la bonne recette. Je pense même que pousser un candidat LFI est le plus beau cadeau à leur faire ! Plus il y a de deuxièmes tours LFI-RN, plus il y a de chances d’avoir des RN à l’Assemblée nationale. Il faut assumer la rupture avec eux, faire face frontalement au RN sans avoir ce boulet au pied. Et œuvrer au front républicain au deuxième tour.
Mais pourquoi prendre le risque de vous isoler au lieu de tenter de convaincre le reste de la gauche, qui défend l’union?
Je suis pour les photos de famille de la gauche. Mais je veux avoir la certitude qu’elles ne sont pas floues. Nous savons tous qu’à la présidentielle, il y aura deux offres à gauche. Pas à cause des egos : à cause des idées qui sont trop antinomiques. Donc, à un moment, il faudra choisir. Inviter Mélenchon dans une primaire si vous êtes sincère, ça veut dire que vous vous engagez à voter et à faire campagne pour lui s’il gagne. On m’explique que Jean-Luc Mélenchon va perdre. Et alors ? Déjà, il nous a prouvé jusqu’ici qu’il faisait de bonnes campagnes. Mais sa simple invitation signifie que vous n’avez rien contre l’hypothèse d’un Jean-Luc Mélenchon Président. Or je ne ferai pas semblant : je le refuse.
Mais il n’ira pas dans cette primaire… »
Oui, on m’a expliqué aussi la stratégie : lui faire porter la responsabilité de la désunion. L’inviter en espérant qu’il dise non. Tout cela, c’est de la politicaillerie. Adopter cette stratégie, c’est de l’hypocrisie. Et l’hypocrisie se paie cash. La situation est tellement grave qu’il faut dire ce qu’on pense. Je sais qu’en disant cela, je passe pour un briseur d’union. Mais je garde ma sincérité. Regardez les démocrates américains : 50 personnes vérifiaient le moindre mot de Kamala Harris et en face il y avait quelqu’un qui racontait n’importe quoi mais de manière très spontanée. Que s’est-il passé ? Le totem de la sincérité est allé au menteur. Eh bien la même chose arrivera face à Jean-Luc Mélenchon si on ne dit pas ce qu’on pense. Soyons francs et construisons un autre espace politique que le sien.
Vous y participeriez si la rupture avec Mélenchon était assumée ?
Cela n’arrivera pas parce qu’il y a des partis qui ne veulent pas choisir car plusieurs options idéologiques opposées cohabitent en leur sein. Et si on ne tranche pas les grandes questions – éducation, économie, Europe, sécurité… – nous n’aurons pas de dynamique. Mais j’ai peur que les discussions infinies sur l’union remplacent les débats de fond »
LE POINT ET LE COMPLOT PRO-CHINOIS
Jérémy André est reporter au journal « Le Point ». Il est l’auteur en 2023 d’un ouvrage complotiste sur la Covid sur le mode du discours des services des USA. Le titre : « Au nom de la science » Covid 19 Qui nous a menti ? ». Réponse « les Chinois sont coupables… Il est également co-auteur d’un livre manifeste « Israël, 7 octobre 2023, Un pogrom au XXIe siècle ». Sans commentaire.
Il m’adresse une série de questions sur mes relations avec les Chinois. Je ne comptais d’abord pas y répondre. En effet, une campagne a été déclenchée contre LFI sur le thème de la Chine. Toute une équipe s’est mise en mouvement, peut-être sur le modèle de l’entretien de bonne compagnie observé récemment avec les amis du PS dans certains médias. En tout cas, cette équipe se partage visiblement ses éléments de langage et les répète chacun dans son média. « À quoi bon, me suis-je dit. Il s’agit d’une campagne de diabolisation de plus. Très ordinaire. J’en ai vu des aspects à la télé et par écrit dans « Le Monde » et divers sous-traitants ». Ce sont toujours les mêmes. Ils ont déjà mené de concert l’opération « La Meute ». Mais j’ai lu ces questions ! Partagé entre l’envie de rire et l’étonnement d’y trouver un tel ramassis d’erreurs et de propagande aveuglée, j’ai choisi au contraire de partager avec tout le monde. Je publie donc sur mon blog ses questions et mes réponses. Au passage, vous découvrez sur quel ton ce genre de personnage s’adresse aux insoumis. Comme s’il était sous son uniforme et investi de je ne sais quelle arrogante autorité ! On se croirait dans un commissariat en train d’expliquer l’histoire de la Palestine et du droit international après une accusation « d’apologie du terrorisme ».
« Bonjour,
Journaliste au service international du Point, je termine un article sur les relations entre Jean-Luc Mélenchon et la Chine. Cette longue recherche m’a conduit à retrouver de nombreux documents et témoins, depuis sa jeunesse jusqu’à aujourd’hui, en passant évidemment par les 2 voyages qu’il a effectués en juin et décembre 2001 comme ministre délégué à l’enseignement professionnel.
Pour compléter mon article, je souhaiterais adresser une série de questions à Monsieur Mélenchon. Pourriez-vous les lui transmettre ?
L’article paraîtra cette semaine dans l’hebdomadaire, où il devrait recevoir une place importante. Nous bouclons mardi après-midi, et avons donc besoin des réponses d’ici mardi 10 h dernier délai, pour pouvoir les intégrer et faire des corrections si nécessaires. Des réponses écrites peuvent suffire, mais je suis aussi très intéressé d’échanger par téléphone ou en direct demain si besoin.
Voilà mes différentes questions :
• D’après nos recherches, les voyages de Monsieur Mélenchon ont été organisés à la DRIC par une chargée de mission, Madame Chen Huiling, décrite comme très proche de l’ambassade de Chine et du PCC, et ayant permis d’organiser des rencontres avec des officiels de très haut rang, au-dessus du niveau des homologues du ministre délégué. Monsieur Mélenchon a-t-il maintenu le contact avec Madame Chen Huiling après ces voyages ?
Réponse 1 : Vous prenez la responsabilité de qualifier politiquement un agent de l’État mis à la disposition du ministre que j’étais par l’administration centrale de notre pays. Au total, une dizaine de fonctionnaires ont participé à la préparation de mes deux voyages en Chine.
Il s’agissait d’engager la renégociation de l’accord de coopération de l’éducation nationale avec nos homologues chinois. Cet accord était resté caduc depuis plus d’une décennie. J’ai mené à bien cette négociation puisque cet accord a été entièrement redéfini et conclu en huit mois, et signé à Paris par le ministre Jack Lang et la ministre chinoise de l’éducation est venue spécialement à cet effet. Il est considéré comme une réussite remarquable compte tenu du délai et de l’amplitude de son contenu.
• Lors du second voyage de décembre 2001, Monsieur Mélenchon a démarché le vice-maire de Canton au nom de Monsieur Dassault et Monsieur Decaux. En quoi cette démarche relevait-elle de ses fonctions de Ministre délégué et quelles en ont été les suites ?
Réponse 2 : Je n’ai jamais « démarché » personne, car j’étais dans ma fonction de ministre. Les agents de renseignements étrangers qui vous ont raconté mes discussions n’écoutaient pas assez bien aux portes. Car j’ai également fait une intense propagande pour vanter les mérites de notre TGV en opposition au train allemand qui se trouvait être en compétition avec l’offre française. En tant que ministre, partout où je suis allé, j’ai toujours systématiquement fait campagne pour les offres industrielles françaises après avoir demandé sur ce point une feuille de route pour chaque déplacement. Il est curieux que vous ne sachiez à ce point rien des habitudes ministérielles françaises dans ce domaine.
• Lors du second voyage, en décembre 2001, Monsieur Mélenchon a rencontré le premier secrétaire du PCC à Wuhan, Monsieur Yu Zhengsheng, futur membre du bureau politique (à partir de 2002) puis de son comité permanent (2012-2022). Monsieur Mélenchon a-t-il été en contact direct ou indirect avec Monsieur Yu depuis 2001, en particulier lors de sa visite à Paris en 2011 ?
Réponse 3 : J’ai rencontré à Wuhan tous les officiels de cette région. Je m’y rendais pour visiter l’usine Peugeot qui s’y trouvait et discuter des conditions de l’apprentissage du personnel qui assemblait les voitures. La province est historiquement celle où les Français sont actifs et développent une influence culturelle. Vous apprendrez que l’usage et la politesse ne permettent pas à un ministre français de trier les hôtes qui le reçoivent. D’ailleurs, je n’en ai jamais eu l’intention. Votre complotisme plein du mépris anti-chinois qui vous obsède vous égare. Vous ne comprenez visiblement rien à ce qu’est la stratégie de la diplomatie française. Vous m’apprenez que monsieur Yu Zhengsheng était à Paris en 2011. Je ne l’ai pas su.
• Monsieur Mélenchon a-t-il eu des contacts directs ou indirects avec Madame Chen Zhili après avoir été ministre, et en particulier quand elle était vice-présidente du comité d’organisation des JO de Pékin de 2008, à la veille desquels il s’est opposé aux appels au boycott ?
Réponse 4 : Madame Chen Zhili est une ingénieure brillante de la RPC et une dirigeante politique de très haut niveau. Elle était mon homologue en matière d’enseignement professionnel. Elle a beaucoup enseigné en France. Je vous l’apprends ? J’ai noué avec elle, au fil des négociations, des relations amicales. Le ministère de l’Éducation nationale l’a invité à également à une visite de Paris en péniche et même une visite à Marseille du château d’If. Sans oublier la découverte des Arts et Métiers alors tout juste rouverts après rénovation. Comment avez-vous pu ignorer tout cela ? Même pour le complotisme, il faut un certain professionnalisme.
Malheureusement, je n’ai pu maintenir de contact avec Madame Chen Zi Li après mon ministère, et notamment pas pendant la période des Jeux Olympiques. Je le regrette profondément, car j’ai une très haute estime de son intelligence clairvoyante. Nous avons eu une longue discussion pendant les trois heures de TGV en direction de Marseille sur les questions d’indépendance, de souveraineté nationale et de non-alignement. Il est regrettable que votre enquête ne vous ait pas permis de connaître ces trois heures d’isolement studieux. Nos complots vous sont donc inconnus. Une enquête s’impose !
Quoi qu’il en soit, je suis très heureux d’avoir défendu l’honneur de mon unique passeport en soutenant les athlètes chinois invités à Paris. Ils avaient été honteusement maltraités avec l’appui de personnages comme monsieur Robert Ménard qui s’était notamment installé dans les tours de Notre Dame pour soutenir le Dalaï-lama comme c’était la mode à l’époque.
• Quelle signification est donnée par Monsieur Mélenchon aux vestes Zhongshan (gris anthracite à col Mao, sur le modèle des costumes portés par les dirigeants de la RPC, depuis le Président Mao jusqu’à Xi Jinping) qu’il a régulièrement arborés en meeting durant certaines campagnes électorales ? Est-ce que cela exprime une proximité idéologique avec la RPC ? Que répondre à ceux qui associent ces costumes aux excès de certaines périodes de l’histoire de la République populaire de Chine, comme la Révolution culturelle, le Grand bond en avant ou les massacres de la place Tiananmen du 4 juin 1789 ?
Réponse 5 : Je laisse sans réponse une question dont l’absurdité m’a laissé sans voix. Le niveau de la polémique peut-il tomber intellectuellement plus bas ? Cependant, je suis heureux de connaître désormais le nom de ma veste. J’ai le plaisir de vous dire que l’occasion de ruminer vos obsessions vous sera de nouveau offerte, car j’ai l’intention de porter encore ce vêtement, d’ailleurs en vente libre à Paris. Vous aurez soin de ne pas la confondre avec la veste de mon « abacost » congolais qui est très ressemblante. N’oubliez pas de me dire quel sens je dois désormais donner à vous voir en costume cravate comme Poutine, Orban et Trump. Et souvent Xi Jinping lui-même.
• Sur Taiwan, Monsieur Mélenchon sait évidemment que l’île n’a jamais été contrôlée par la République populaire de Chine, qu’elle a été une province chinoise 10 ans seulement à la fin du XIXe siècle, soit bien moins que l’Algérie française, et que la France puis l’Assemblée générale de l’ONU (dans la résolution 2758) ont bien veillé à ne pas spécifiquement reconnaitre la souveraineté chinoise sur l’île en reconnaissant la Chine communiste, compromis établi pour laisser en suspens l’avenir de l’État issu de la « République de Chine » établi dans l’ancienne Formose par Chiang Kai-chek après sa défaite sur le continent. La position exprimée en aout 2022 – affirmant que Taïwan est une partie intégrante du territoire de la RPC – indique-t-elle que Monsieur Mélenchon souhaite faire évoluer la position diplomatique de la France sur Taïwan, pour mettre fin à l’ambiguïté maintenue par les chefs de l’État français depuis le Général de Gaulle ?
Réponse 6 : Encore un effet de votre ignorance et de vos obsessions. Aucun document ne pouvait faire référence à Taïwan ! La question ne se posait pas concernant un territoire dont la France puis l’ONU ont reconnu l’existence telle qu’il se définissait lui-même. Ces frontières de la Chine sont celles reconnues par le général de Gaulle depuis 1964 et par l’ONU depuis l’inclusion de la RPC au conseil de sécurité et l’expulsion des « représentants » Kouo-Min-Tang de Taïwan. Elles incluent l’île qui était appelée à l’époque « Formose ». « L’ambiguïté stratégique » n’est pas un concept de la diplomatie française sur ce sujet. C’est une position de vos amis dans l’administration américaine. Vous ne devriez pas recopier ses arguments sans les vérifier sous l’angle français. Pour mieux comprendre ma position, je vous invite à écouter mon discours sur le sujet à la tribune de l’Assemblée nationale. Je vous le résume : conformément à la position constante de la France et de l’ONU, il n’y a qu’une seule Chine dont la capitale est Pékin. Et la solution des questions sur ce sujet ne peut venir que du dialogue entre chinois, sans ingérence étrangère. Je suis donc hostile à la guerre que préparent les États-Unis d’Amérique dans la zone Asie pacifique. Je l’ai exposé au cours de nombreux discours récents et pour la première fois publiquement sur l’île de la Réunion dans un meeting il y a deux ans. Hélas, les provocations de l’équipe Trump se multiplient sur place. À leur suite, de nombreux relais d’opinions des USA s’agitent en effet pour trouver des prétextes à disputes et préparer les esprits par la propagande la guerre. Apprenez donc que le moment venu, en cas de conflit, je m’opposerai à toute agression contre la RPC et le peuple chinois.
• L’essayiste Maxime Vivas décrit Monsieur Mélenchon comme un « ami personnel de longue date ». Cette description est-elle correcte et partagée ? Comment se sont-ils connus et entretiennent-ils des contacts réguliers ?
Réponse 7 : Mes relations personnelles ne sont pas à la disposition de vos inquisitions. Pour les fables empoisonnées, voyez vos collègues plus directement spécialisés dans cet exercice. Par exemple le journal « Libération » qui a déjà pris en charge de longs récits diffamant contre les insoumis. Cet ancien journal maoïste est aujourd’hui dirigé par un autocrate discuté par sa propre rédaction, monsieur Dov Alfon. Comme il s’agit d’un ancien agent du service de renseignement de l’armée israélienne et qu’il assimile cette activité à celle de journaliste, cela vous unira par une conception commune de votre métier. Elle vous facilitera le contact.
• Monsieur Mélenchon confie dans une récente interview une conversation avec un dirigeant chinois. Qui est-ce ? Quand a-t-elle eu lieu ? Où cela ? S’agit-il de Zhang Guangping, directeur pour l’Europe de l’Ouest au département international du Parti, en marge de sa visite du 6 mars 2025 à l’Assemblée nationale ?
Réponse 8 : Je vous réponds pour soulager votre anxiété. Non, il ne s’agit pas de monsieur Zhang Guangping. N’importe quel service de renseignement français ou étranger vous apprendra, comme je l’ai déjà dit tant de fois, qu’il s’agissait du précédent ambassadeur de Chine en France. Il est désormais l’actuel ministre de la RPC pour les relations avec l’Europe. Je rencontre en effet souvent des ambassadeurs de divers pays. Surtout ces temps-ci. Car nombre d’entre eux sont interloqués par l’évolution raciste, islamophobe, pro génocide, et néo-conservatrice de nombre des médias de notre pays. Hélas, je ne peux les rassurer. Pour le présent, je vous informe que j’éprouve une vive sympathie pour l’actuel ambassadeur de Chine en France. En effet, c’est un fin connaisseur de notre langue et des coutumes de notre pays après avoir été un ambassadeur remarqué en Algérie.
Conclusion du complotiste inquisiteur : « Je suis disponible d’ici demain pour un échange par téléphone avec vous si besoin, pour toute question sur le format de la publication ou mon projet et mes recherches.
En vous remerciant par avance,
Cordialement, Jérémy André
Réponse 9 : En français, « cordialement » est une formule affective. Je vous serai reconnaissant de vous en tenir à un mode moins familier.