macron aboie caravane passe

Macron aboie, la caravane passe

Je veux présenter ici le sens de la caravane d’été de la « France insoumise » qui a été lancée le 12 juillet dans le quartier populaire de Belleville. Ce jour-là, Emmanuel Macron tenait meeting comme on le sait puisqu’il n’y a eu aucun moyen de ne pas le savoir tant la presse a été abondante et complaisante. Lui parlait à ceux qu’il invite à rêver de devenir milliardaires. Notre caravane ira, elle, dans les quartiers populaires à la rencontre de ceux qui ne partent pas en vacances. Un bon symbole de ce qui nous sépare et rend impossible cette « gauche de Macron à Mélenchon » dont rêvaient les amis de Cohn-Bendit et de ses primaires « de toute la gauche » ! Ce sera une caravane pour l’égalité et l’accès aux droits.

Elle se donne deux objectifs. D’abord une action pour sensibiliser les gens qui peuvent accéder à des droits sociaux et qui ne le font pas parce qu’ils ignorent leurs droits. En même temps nous ferons campagne pour le droit de voter en incitant à s’inscrire directement sur les listes électorales. Le slogan de la campagne : « Je vote, ils dégagent ! ». Tous ceux qui veulent aider peuvent se faire connaître. Notre caravane va sillonner la France sur deux parcours simultanés.  Et les deux parcours se rejoindront à Toulouse le dimanche 28 août pour le pique-nique de la France insoumise où je prendrai la parole. Vous pouvez déjà vous inscrire pour cet événement en cliquant ici.

Je viens maintenant au fond des raisons d’être de notre caravane. Que diriez-vous si les électeurs de Paris, Lyon et Marseille réunis ne votaient pas à la présidentielle ? C’est exactement ce qui va se passer. Façon de parler. Trois millions de citoyens français ne sont pas inscrits sur les listes électorales. C’est bel et bien l’équivalent du corps électoral de Paris, Lyon et Marseille cumulé ! Bien sûr, les non-inscrits n’habitent généralement pas dans les beaux quartiers de ces villes. Ils habitent notamment dans les villes de banlieue des grandes agglomérations mais aussi un peu partout dans le pays, ses petites villes, ses territoires ruraux. Il faut y ajouter environ 6 millions d’électeurs « mal-inscrits ». C’est-à-dire inscrits dans une commune où ils n’habitent plus. Sans compter ceux ayant perdu leur carte d’électeur au gré des déménagements ou des difficultés de la vie.

Leur point commun est d’abord social. Les moins inscrits et les plus mal-inscrits sur les listes électorales sont le plus souvent des personnes pauvres, les moins diplômées, les jeunes ou les Français ayant acquis récemment la nationalité. Dans ces conditions, c’est comme si on avait créé deux catégories de citoyens et donc deux peuples dans un même pays. Il va de soi que l’oligarchie se satisfait totalement de cette situation. Elle parvient à expulser une partie du peuple de la vie démocratique du pays comme l’aristocratie le faisait hier avec le suffrage censitaire ! Cette propension à se réjouir de l’expulsion de la citoyenneté des catégories populaires se vérifie facilement dans le monde entier. On ne compte plus les pays ou les régions où les peines de suspension des droits civiques sont quasi systématiques en accompagnement des peines habituelles. Et ceci très souvent pour des délits mineurs du type de ceux qui se constatent dans les populations déshéritées.

La campagne d’inscription sur les listes électorales prend alors une signification politique qui ne peut se limiter à l’habituel appel à l’esprit civique de chacun. Pour nous il s’agit d’une action politique dont la finalité est dans l’esprit de la marche vers la révolution citoyenne. La multitude devient le peuple quand elle entre en citoyenneté. C’est pourquoi nous faisons une campagne où la participation au vote est liée à son objectif. « Je vote, ils dégagent ! ». C’est notre slogan pour cette campagne d’inscription sur les listes électorales.

À partir de là, la campagne fait sens aussi pour s’adresser évidemment à ceux qui s’abstiennent ou sont tentés de le faire par dégoût. On comprend pourquoi. Ils se disent : à quoi sert-il de voter quand le président vainqueur poursuit la politique du président sortant battu ? Pourquoi élire des députés si ceux-ci acceptent de se faire humilier par le Premier ministre à coups de 49.3 alors qu’ils pourraient le renverser ? J’ajoute qu’il est très facile à partir de cette accroche d’en venir au contenu politique de notre programme. Ma proposition d’assemblée constituante et de 6e République pour refonder les règles du jeu démocratique est une réponse à cette mise à distance du peuple par les institutions et la caste qui dirige le pays. C’est un argument très fort. Car, à part « la France insoumise », qui propose de changer radicalement les institutions et donner de nouveaux droits aux citoyens : droit de convoquer un référendum, droit de révoquer les élus menteurs ou voleurs… ?

Car derrière la colère provoquée, il y a aussi une abstention voulue par les puissants. Ils aimeraient bien par exemple que les centaines de milliers de salariés qui se sont mobilisés contre la loi El Khomri restent à la maison, écœurés, au lieu d’aller voter ! Notre tract argumente : « Pierre Gattaz, le président du MEDEF, ira voter pour obtenir de nouveaux cadeaux pour les actionnaires contre les salariés. Et vous ? Vous n’êtes pas inscrit sur les listes électorales ? Mais Cahuzac, lui, est inscrit et ira voter pour ses amis du PS. Vous êtes mal inscrit car vous avez déménagé ? Liliane Bettencourt, elle, a envoyé son majordome vérifier qu’elle pourrait voter pour défendre ses privilèges fiscaux ! Il y a plein de raisons de vouloir dégager la caste qui dirige ! Mais il n’y a qu’un moyen de le faire pacifiquement : voter. Et pour cela, il faut être inscrit sur les listes électorales avant le 31 décembre ».

Pour conclure sur cette partie du programme de notre caravane en campagne, je veux mentionner la fourberie du PS et de LR au sujet de l’inscription sur les listes électorales. Une proposition de loi est en cours d’examen au parlement sur le sujet. Elle prévoit qu’on puisse à l’avenir s’inscrire jusqu’à 30 jours seulement avant le scrutin. Aujourd’hui, les listes électorales sont bouclées le 31 décembre alors que les élections ont lieu entre mars et juin pour les législatives. Pouvoir s’inscrire jusqu’à une date plus proche du vote, c’est faciliter la vie de ceux qui suivent la politique de loin ou déménagent, et se décident à voter seulement une fois que la campagne est entrée dans sa phase la plus active. C’est trop beau pour être vrai ! Alors évidemment ce progrès est reporté ! La proposition de loi prévoit qu’il ne s’appliquera pas avant 2018 voire 2019… En tout cas, ni le PS ni LR ne veulent que cette règle ne soit revue avant les élections présidentielles et législatives de 2017. Pourquoi ? Parce qu’ils ont peur du réveil du peuple.

Le deuxième objectif de notre caravane est d’aider nos concitoyens à accéder aux droits sociaux dont ils peuvent bénéficier. Car dans ce registre il y a une drôle de réalité. Par exemple, savez-vous que 36% des personnes ayant droit au RSA ne le demandent pas ? Bien sûr, lutter contre ce « non-recours » aux droits sociaux est un travail de longue haleine. Nous ne prétendons pas tout régler avec une caravane d’été. Il y a déjà dans tout le pays des centaines d’associations et de structures qui font ce travail du mieux qu’elles peuvent. Nous voulons les y aider. Nous le faisons à notre façon c’est-à-dire en acceptant de dire que tout cela c’est un problème politique et qu’il existe une solution politique : le vote pour chasser les coupables de la situation. Dans notre caravane, nos concitoyens trouveront ainsi un volontaire et son ordinateur pour les aider à faire les simulations et savoir à quels droits ils peuvent prétendre. Nous pourrons donc les orienter vers les associations locales ou nationales qui les aideront à accomplir les démarches.

Nous allons faire de la désintoxication ! Tant de non recours ne s’expliquent pas seulement par le fait que les gens « ne savent pas ». Beaucoup ne demandent pas les prestations sociales auxquels ils ont droit par culpabilité ou par honte. Il faut dire que depuis des années, le matraquage contre « l’assistanat » a frappé fort. Ensemble, une certaine presse et la droite sarko-lepéniste, ont réussi à faire croire que bénéficier d’une aide sociale était un privilège indu, presque du vol. Déjà pour 2017, ils proposent d’imposer le travail forcé aux bénéficiaires du RSA. Et nous sommes abreuvés régulièrement de campagne contre la « fraude » aux prestations sociales. Elle coute en effet environ 4 milliards d’euros par an. C’est beaucoup ? Oui mais personne ne parle jamais de la fraude aux cotisations sociales par les patrons voyous et le travail au noir ! Elle coûte quatre fois plus : 16 milliards d’euros de fraude aux cotisations sociales ! Et la fraude et l’évasion fiscale des ultra-riches et des multinationales ? Elle est estimée dans notre pays à 60 à 80 milliards d’euros par an ! Les vrais assistés et les fraudeurs les plus chers ne sont pas là où on veut nous le faire croire ! Mais surtout, le milieu de fraudeurs à la cotisation sociale et fiscale n’a pas fait l’objet de la culpabilisation à laquelle celui des ayant droits à prestation sociale a été soumis.

Notre caravane mène donc une bataille idéologique en ayant une démarche instructive. Nous dirons avec force partout où nous passerons : « Non, bénéficier du RSA n’est pas être assisté et encore moins un voleur ! C’est être un citoyen libre et honnête bénéficiant des droits reconnus par la République ». Non la solidarité n’est pas l’assistanat ! Et ceux qui prétendent le contraire devraient essayer de vivre avec le RSA un mois pour voir ! Car le RSA, c’est seulement 524 euros par mois ! Moitié moins que le seuil de pauvreté qui est fixé dans notre pays à 1000 euros ! Faire valoir ses droits de citoyen est un acte digne. C’est pour cela que nous avons voulu combiner droits civiques et droits sociaux. Car pour nous, cela relève de la même logique. Un citoyen a le droit de voter et doit pouvoir l’utiliser en étant correctement inscrit sur les listes électorales. Un citoyen a aussi des droits sociaux reconnus par la Constitution et par la loi et il doit pouvoir en bénéficier. Les droits sociaux et civiques sont comme la liberté. Ils ne s’usent que lorsqu’on ne s’en sert pas.

Entre le 12 et le 31 juillet, notre caravane fera donc 8 étapes en Île-de-France. La carte détaillée est disponible ici. Puis à partir du 2 août, deux caravanes sillonneront le pays du Nord au Sud, l’une par l’Est du pays, l’autre par l’Ouest. Le parcours Est partira de Thionville (Moselle) avant de descendre vers Saint-Etienne, Vénissieux, les quartiers nord de Marseille, Montpellier… Le parcours Ouest partira de Douai (Nord) dans le Bassin minier puis Roubaix, Le Havre, Nantes, Rennes, Bordeaux etc. Au total, ces deux parcours feront étapes dans 32 quartiers d’une quinzaine de grandes agglomérations.

Partout ailleurs, les groupes d’appuis peuvent aussi participer à cette campagne d’inscription sur les listes électorales. Des tracts, des affiches, des autocollants et un kit militant gratuit sont disponibles sur le site pour mener cette campagne qui va se poursuivre jusqu’au 31 décembre. Un mode d’emploi et les informations sur les modalités d’inscriptions sont aussi disponibles en ligne. Cette campagne a été préparée et est animée nationalement par Mathilde Panot, la coordinatrice des groupes d’appuis. C’est une militante de terrain, forte d’une riche expérience associative dans les quartiers populaires. Elle dirige l’ensemble de la mobilisation des groupes d’appui dans la campagne présidentielle. Mais, comme moi, sans l’aide de tous, que peut-elle ?

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