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De la lutte et de ses victoires

L’été des assassins et celui des hypocrites a connu quelques entractes plus souriants. Comme j’ai regretté qu’ils soient passés sous les radars médiatiques. D’aucuns qui craignent l’effet d’entraînement ont dû se frotter les mains. Donc j’en parle pour donner du courage à tous ceux qui luttent. Oui, la lutte paye ! Raison de plus pour ne rien lâcher en cette rentrée. Notez déjà que le 15 septembre, nous sommes appelés à l’action dans la rue pour l’abrogation de la loi El Khomri.

Parfois la lutte paie très rapidement. Comme à Tourcoing. Stéphanie, la caissière d’Auchan a gagné. En juillet, elle a été licenciée pour une prétendue « fraude » de 85 centimes d’euros. Mais quelques jours plus tard, elle a obtenu sa réintégration dans le groupe Auchan. Grâce à la mobilisation de la CGT du groupe dont elle est membre. Et grâce à la pression médiatique avec notamment une pétition de soutien. D’autres victoires ont été plus longues à se dessiner. Mais qu’elles sont belles !

Je veux parler ici de deux luttes emblématiques des 2009-2010. Les Molex d’abord ! Que n’a-t-on entendu contre ces salariés en lutte en 2009 contre la fermeture de leur entreprise par un patron voyou américain, pilleur de brevets. J’avais à l’époque proposé la réquisition de l’entreprise. Rien n’y a fait. Mais le 9 août, la Cour d’Appel de Toulouse a jugé « sans cause réelle et sérieuse » le licenciement de 191 salariés de Molex. Ils ont obtenu 7 millions d’euros d’indemnités. De même pour les Licencielles du groupe 3 Suisses, 67 salariée licenciées en 2010. Le 6 juillet dernier, la Cour de Cassation a confirmé la condamnation du groupe 3 Suisses pour insuffisance du plan de reclassement. Elle a tenu le groupe « 3 Suisses international » « co-employeur » et donc responsable des agissements de sa filiale « 3 Suisses France ». Un principe que la Loi El Khomri a essayé de remettre en cause mais sur lequel le gouvernement a dû reculer.

Bien sûr, ces deux victoires arrivent très tard. Elles ne rendront pas aux salariés leurs emplois. Elles n’effaceront pas 6 et 7 ans de galère et de souffrance pour les salariés concernés. L’usine Molex ne rouvrira pas. On a déjà vu la même chose avec la victoire des Conti. C’est d’ailleurs une grande leçon pour notre programme de 2017. La loi doit pouvoir véritablement empêcher les licenciements illégaux par un droit de veto suspensif des comités d’entreprises et pas seulement permettre aux salariés virés d’être indemnisés des années après. Mais tout de même, quelles belles victoires ! Quelle leçon pour tous ceux qui se battent et ne lâchent rien. Quelle dignité pour les salariés victorieux qui ont continué le combat. Et quel encouragement à poursuivre la lutte partout où elle se présente.

Car la bataille ne s’arrête jamais. En cette rentrée, de nouveaux défis sont devant nous. Déjà à SFR. 5 000 suppressions d’emplois ont été annoncées au cœur de l’été avec l’aval du gouvernement. C’est un tiers des effectifs de l’entreprise en France ! Pourtant SFR a fait des bénéfices l’an dernier, à hauteur de 700 millions d’euros ! C’est le grand retour des licenciements boursiers. Et à qui appartient SFR s’il vous plait ? À monsieur Patrick Drahi, oligarque milliardaire, propriétaire notamment de l’Express, Libération et BFM-TV ! Les salariés de SFR sont appelés à la grève le 6 septembre. Ils ont été abandonnés par le gouvernement comme tant d’autres avant eux. Mais ils vont se battre.

Comme les salariés d’Air France. L’affaire de la « chemise » n’est pas finie. La ministre El Khomri a osé valider cet été le licenciement d’un des syndicalistes CGT d’Air France, Vincent Martinez. Quelle bassesse ! Le nom d’El Khomri restera attaché au pire de la politique de ce ministère. Pourtant, l’inspection du travail avait refusé le licenciement. Et la justice ne s’est pas encore prononcée sur les responsabilités exactes des uns et des autres. La ministre a donc pris une décision purement politique pour complaire à la direction d’Air France et au MEDEF en général. Comme Valls traitant les salariés de « voyous » sans savoir, Myriam El Khomri condamne le salarié sans preuve et sans procès ! Mais la lutte continue. Pour la réintégration du salarié licencié. Et pour tous les salariés poursuivis. Leur procès aura lieu le 27 septembre à Bobigny. Notez la date, un rassemblement de soutien est prévu devant le tribunal. L’automne sera de nouveau un front de lutte contre la criminalisation de l’action syndicale : quelques semaines plus tard, le 19 octobre, c’est le procès en appel des huit salariés de Goodyear, condamnés à de la prison ferme. La lutte continue.

Comme nous continuons le combat contre la loi El Khomri. La France combative du printemps ne s’est pas dissoute dans l’été. Elle existe toujours. Les syndicats demandent l’abrogation de cette loi. Elle a été promulguée en catimini le 8 août, après avoir été adoptée en force, sans aucun vote de l’Assemblée nationale. Le mouvement du printemps a fait considérablement reculer le gouvernement sur son projet initial. Et la loi n’entrera pas en vigueur avant le 1er janvier au plus tôt. Il est donc toujours légitime de la combattre. Je rappelle que le Contrat Première Embauche (CPE) a été abrogé après avoir été adopté au Parlement ! Les dirigeants syndicaux tiendront un meeting commun le mercredi 7 septembre à Nantes. Et nous sommes tous appelés à l’action dans la rue le jeudi 15 septembre. Quoi qu’il en soit, j’ai pris l’engagement suivant : si je suis élu président de la République, j’abrogerai la loi El Khomri.

J’achève ce tour d’horizon. Cet été, les opposants au projet de centre d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure ont obtenu de la justice la suspension des travaux engagés et la remise en état du site. En matière écologique aussi la lutte paye. L’insoumission est une vertu largement répandue dans le pays. Sur le front des luttes écologiques nous avons aussi des rendez-vous d’importance. D’abord le weekend des 1er et 2 octobre à Flamanville, en Normandie, contre le projet de réacteur nucléaire EPR et pour la sortie du nucléaire en général. Le weekend suivant, un rassemblement est aussi convoqué à Notre-Dame des Landes contre le projet d’aéroport. Que chacun fasse pour le mieux à donner de l’aide ici là où il pourra. C’est de cette façon patiente et méthodique que partout nous pouvons finir par avoir le dernier mot. Cela vaut dans la lutte comme dans les élections.

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