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Intervention de Jean-Luc Mélenchon à l’Assemblée nationale le 12 décembre 2017 pour s’opposer à la fin de la liberté de choix pour les étudiants et à l’introduction, par la sélection, de l’équivalent d’un numerus clausus.
Voici le texte de son intervention :
Je voudrais dire que je suis un peu déçu de la tournure qu’a pris tout à l’heure notre discussion. Admettons qu’on ait des points de vue différents, mais n’affectons pas aux autres des positions qui ne sont pas les leurs. Madame, nos commissaires ont participé à la vie de la commission. Monsieur le rapporteur, nous y avons fait des propositions et admettez que votre amendement 228 ne veut rien dire puisqu’il contient deux propositions de la France insoumise. Regardons plutôt ce qui se confronte.
Aucun d’entre nous n’est partisan du tirage au sort. Aucun d’entre nous ne pense que le recrutement à l’université contente notre esprit républicain et permet un recrutement sur l’ensemble des catégories sociales du pays. Ce n’est pas de cela dont nous parlons.
Permettez-moi de m’en remettre au débat long, depuis trente ans, sur ce qui se passe à propos de l’enseignement supérieur en France et dans le monde. Car nous vivons dans cet environnement et la pression s’est exercée sur nous : classement de Shanghaï et politiques éducatives de la Commission européenne, tout pousse, sous couleur d’autonomie des établissements dont nous nous réclamons tous, à une compétition entre les établissement. Et là, l’aval commande l’amont.
Lorsque vous aurez mis en place des attendus ou des prérequis dans une université, dont les universitaires et les maîtres des disciplines, naturellement, ont tendance à élever le niveau, vous créerez, par la force des choses, un numerus clausus, parce que tout le monde ne contentera pas ces attendus.
Vous dites : « il y aura une préparation ». Mais c’est exactement ce qui se passe dans les écoles de médecine où il y a des classes préparatoires avant même de concourir pour entrer à la première année de l’école de médecine et ça vous donne un résultat de 15% seulement qui réussissent. Donc prenons les choses comme elles sont.
Et permettez-moi de vous dire ceci : c’est une erreur de flétrir le système français pour contenter des vues différentes. Il y en a assez d’entendre dire que l’Éducation nationale n’est bonne à rien ! Que nos élèves ne savent ni lire, ni écrire, ni compter et que ceux qui vont dans l’enseignement supérieur ne débouchent sur rien ! La France est une des grandes nations sachantes. Et sur ces bancs mêmes, il y en a une représentation. Avec un système qui est condamné, avec les mêmes maux, depuis quarante ans.
Donc vous avez, en toutes lettres, voté la suppression – je vais finir là-dessus, président – des paroles suivantes : « tout candidat est libre de s’inscrire dans l’établissement de son choix ». Et vous le supprimez donc il y a numerus clausus.