Question écrite : Observatoire big data de la tranquillité publique

M. Jean-Luc Mélenchon attire l’attention de M. le ministre d’État, ministre de l’intérieur, sur la création d’un centre de supervision dénommé « Observatoire big data de la tranquillité publique » à Marseille.

Cet ambitieux projet, annoncé par la ville il y a quelques mois, suscite de nombreuses questions. En effet l’outil agrégera de multiples bases de données, notamment celle de la délégation générale de la sécurité (DGSEC) de la ville de Marseille, qui répertorie toutes les mains courantes, les verbalisations, et bien d’autres données géolocalisées récoltées par les acteurs municipaux de la sécurité. Il faut encore ajouter à cela un vaste réseau de vidéo surveillance, les données des hôpitaux publics ainsi que les données publiées sur les réseaux sociaux.

Si la sécurité est une aspiration légitime elle ne peut se faire au détriment des libertés fondamentales. Bien que l’anonymat des données soit prétendument garantie par la mairie de Marseille, on ne peut que s’inquiéter de cette intrusion de masse dans le quotidien de centaines de milliers d’habitants de la ville. La CNIL, référente sur le sujet, a elle-même avoué dans un rapport sur la Smart City que « les comportements suspects ne resteront pas anonymes ». À partir des expériences déjà menées aux États-Unis, le rapport soulignait également que plusieurs expériences ont « démontré que les outils d’aide à la localisation des forces de l’ordre avaient tendance à renforcer certaines discriminations et qu’en termes d’efficacité, ils relevaient davantage de la prophétie auto-réalisatrice ».

M. le député s’interroge donc sur la nécessité d’un tel investissement et demande des preuves de son efficacité quant à l’amélioration de la sécurité dans les villes où un système similaire a été installé. Il s’interroge également sur le rôle de la CNIL et souhaite avoir des garanties sur l’anonymat des individus ainsi que sur la notion de « comportements suspects ». Il lui demande enfin que ce système et ses résultats soient régulièrement contrôlés afin d’éviter toute dérive notamment discriminatoire.

Retrouvez cette question sur le site de l’Assemblée Nationale

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