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Un ami m’envoie cette photo. Parlant, non? Tout le monde a l’air de bonne foi sur ce cliché. Je n’en connais pas l’auteur. Je trouve ça plus parlant que bien des lignes. | ![]() |
L’année s’achève et je m’aperçois qu’elle aura viré de bord à plusieurs reprises sans crier gare. Mais il est vrai que ce n’est pas toujours facile à mesurer quand, le nez collé sur les évènements je cours d’un moment vers l’autre ? J’ai multiplié les instruments de mesure pourtant. Depuis les réunions de direction collectives de mon club politique en passant par la tenue de ce blog, la publication de mes comptes rendus de mandats et la tenue d’une éphéméride, je vis vraiment entre balises et repères. Il le faut. Toute le système dans le quel nous baignons est vouée à l’effacement de la mémoire utile, celle qui implique la compréhension des évènements auxquels nous participons. Le rabot vulgaire et grossier des médias quotidiens, le goût des polémiques à propos du lointain passé, syndrome éclatant de la sénescence de notre société, tout pousse à faire du présent un encombrement superficiel au moment même où pourtant tout s’y joue. L’honnête homme au contraire doit s’asseoir au bord du fleuve et prendre le temps de lire dans les tourbillons ce qui change et ce qui demeure, ce qui survient et ce qui revient. J’ai fini mon année politique le 13 décembre à Toulouse dans un meeting du collectif du 29 Mai. L’année avait presque commencé douze mois plus tôt dans cette même ville avec presque les mêmes. J’ai aimé d’abord cette boucle annuelle du cycle politique. Mais je ne suis pas certain de mesurer les années comme tout le monde. Les miennes font quinze ou seize mois. Elle commence en septembre d’une année et s’achève en décembre de la suivante. Du coup, quatre mois comptent en double. C’est le premier trimestre de l’année scolaire qui est souvent décisif en effet.
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De retour ensemble sur une tribune commune au grand dam des mêmes, au bonheur vigilant de bien davantage. | ![]() |
Nous avons tous une année subjective en tête, parait-il. Cette année de seize mois c’est celle du référendum interne du PS sur la Constitution puis celui du pays et après cela les émeutes urbaines et pour finir le congrès socialiste. De septembre à décembre nous n’avons pas dételé, même pendant les vacances d’été où nous nous agitions comme des fous à écrire nos textes et à essayer de convaincre Montebourg et Emmanuelli de faire une motion unique. Quelle comédie ! On ne savait pas que tout était déjà arrangé derrière le rideau ! Ils ont bien du se marrer Peillon et Emmanuelli pendant qu’on s’échinait. Tant pis on avait qu’à être plus malins et moins naïfs à leur sujet. De nombreuses personnes m’écrivent encore à cette heure pour me reprocher la synthèse socialiste. En fait beaucoup d’entre eux auraient voulu que je quitte le PS et que je participe à un autre groupement politique. Nouveau. En soi, l’idée se tient. Mais plutôt qu’à de vaines adjurations, l’esprit doit se porter sur ce que l’on attend des actes qu’on pose. Et ceci implique l’étude sérieuse du contexte. J’attends de mes actes qui soient utiles aux miens. Aux petites gens simples dont je m’efforce de mériter la confiance. Ceux là ne peuvent compter que sur les résultats de l’action politique pour changer leur vie par ce que pour le reste ils font déjà tout ce qu’il faut ou à peu près.
Voici ce qui est en vue. A peine close la période du non (et sans avoir jamais cessé réellement de cogner) la Ligue Communiste a repris ses billes et repris le procès de la « gauche libérale » et des ses alliés, c’est-à-dire tout ce qui n’est pas elle. La ligue propose comme perspective à propos de la vie des français de construire une avant-garde politique organisée. Elle a bien le droit de le faire. Je ne sais pas quelle formule de prise du pouvoir débouche l’idée maintes fois rabachée par Olivier Besancenot qu’on ne peut pas faire gouverner ensemble « les deux gauches ». De son côté le Parti socialiste a immédiatement rouvert les discussions en vue d’un programme de gouvernement. Je voudrais souligner qu’il l’a fait sans mettre d’exclusive. Naturellement on peut, à bon droit lui reprocher le ton sensiblement arrogant avec lequel il agit, les déclarations peu amènes de certains de ses dirigeants et ainsi de suite. Mais il l’a fait. Dans ce cas, je suis cent mille fois davantage d’accord avec le PS qu’avec la Ligue. Ce que fait la Ligue est le contraire de ce que nous avons fait dans la bataille du non quant à la méthode de rassemblement. Tandis que le PS renoue avec le meilleur de sa tradition unitaire. Dans ce contexte, le PCF a repris le dialogue avec le PS, les Verts et le PRG en vue d’un programme de gouvernement. La Ligue va lui taper dessus c’est sur. Le PS va le maltraiter, c’est évident. Mais le PCF soutient à la fois qu’il faut gouverner et qu’il faut le faire autrement que par le passé. Il explique qu’il faut le faire avec toute la gauche. Il partage avec ce que j’en dis l’idée que la question de l’implication de la société dans le processus gouvernemental est un des enjeux les plus concrets de la prochaine mandature de gauche. Je suis d’accord avec ce que dit et fait le PCF dans ce contexte. Quelqu’un propose-t-il quelque chose qui tienne davantage la route que cela ? Le réalisme de gauche consiste précisément à partir des conditions données qu’elles nous plaisent où non pour tacher de les tirer du côté que l’on pense être le plus dynamisant pour la suite. C’est une façon de faire qui exige doigté et persévérance. La méthode du PCF aide le mouvement à venir. Celle de la Ligue ne peut compter que sur un seul point d’appui : le sectarisme jumeau des secteurs du PS qui donneront raison à ses procès. Tout cela serait beaucoup de temps précieux perdu. Car de l’autre côté, qu’est ce que ça cogne ! La droite avance sans se préoccuper d’aucune résistance ! D’après moi, ce qui compte c’est d’être utile à la vie des gens simples. Leurs demandes sont simples. Les partis de gauche petits et grands ne devraient pas avoir d’intérêts distincts des leurs. Je pense que la Ligue devrait réaliser à quel point elle pourrait changer son histoire et celle de la gauche si elle devenait un parti qui se donne pour objectif de gouverner. Ses militants ne devraient pas accepter de refaire l’erreur faite dans les années soixante dix où l’on a vu toute l’extrême gauche, nombreuse, ardent, imaginative, tourner le dos au processus de l’union de la gauche et du coup l’abandonner à ses faiblesses. A Toulouse, en bouclant le cycle politique j’ai vu, entendu que s’il y avait beaucoup d’espoirs déçus par la suite pauvre de notre victoire du 29 Mai, il y a avait un puissant ressort unitaire dans la gauche. Mais il est terriblement plus exigeant que ce que s’en figurent les sectaires de tous les partis.
Je ne reviendrai pas, je crois, sur ce blog avant l’année prochaine. Pour le réveillon, ma pensée se tourne vers les jeunes qui ont été expédiés en prison à la suite des émeutes. Je pense spécialement à ceux qui n’ont rien fait à part être au mauvais endroit au mauvais moment. J’en connais personnellement plusieurs. Ils n’ont rien fait. Tout le monde s’en fou. Pleurnicher sur les innocents du procès d’Outreau après avoir vicieusement étalé pendant des mois des comptes rendus racoleurs, voila ce que veut la branchouille médiabobocrate pour ses indignations de fin d’année. Voltaire disait qu’il valait mieux un criminel en liberté qu’un innocent en prison. Voltaire n’était qu’un pauvre minable laxiste, pas vrai ?