La scène de la gauche du parti socialiste s’encombre de théâtrales mises en demeure. La main sur le cœur paraissent des proclamants émouvants qui me somment de réaliser l’unité immédiate de la gauche du parti et ainsi de suite. Je ne suis pas épargné par les commentaires de psychologues de comptoir. Serait aussi en cause mon caractère quand ce n’est pas mon orgueil. Et tutti quanti. La psychologisation de la politique est l’autre versant de la dépolitisation! Aujourd’hui elle permet encore une fois de faire l’économie de la politique. Psychologie et abscence de mémoire sont les deux sources intarrissables qui alimentent la confusion et l’opacité. Et ce n’est jamais gratuit, bien sûr.

Troisième raison. Toutes ces mises en demeure tiennent de l’envoutement. Car quel genre de gauche me demande-t-on de « rejoindre » immédiatement ? Quel est son périmètre ? Que des journalistes ne sachent rien du passé, même le plus récent et baptise « gauche du parti » ce que leur mémoire d’étourneaux leur permet de noter est une chose. Que des militants politiques chevronnés fassent semblant de sortir de l’œuf, voila ce que je ne suis pas prêt à regarder faire sans mot dire. De quelle "gauche du PS" parle-t-on ? Avec Fabius ? Mais c’est exactement ce dont ils ne voulaient pas au précédent congrès ! Avec Aubry ? Avec Cambadélis ? Admettez qu’il y ait débat. Bref : d’où jusqu’à où ? C’est ma première question et tant que je n’ai pas la réponse qui me convient, je ne bouge pas d’un mètre de là où je suis avec Marc Dolez. J’en suis d’autant plus convaincu que quelques uns des intéressés, et non des moindres disent ne pas avoir tranché à propos de ce périmètre. Et quand je lis la presse, je ne suis pas rassuré sur leurs intentions. Je sais, bien évidemment, que la presse … Ainsi quand j’apprends dans « Le Monde » qu’Emmanuelli se rapproche de Martine Aubry je n’en crois pas un mot connaissant les intéressés. Et du coup je flaire le coup de billard à douze bandes. Mais qui en est l’auteur ? Qui veut forcer la main d’Emmanuelli ou bien pousser Martine Aubry à se démarquer ? Je me méfie. Ce panier de crabes ridiculise qui y met seulement une pince ! Il en va de même sur le programme. J’ai dit dans la précédente note ce qui me parait être le socle de principe de base. Pour le reste on se reporte sans difficulté au communiqué commun que nous avons diffusé avec Marc Dolez. Nous sommes sans mystère ni dessous de table. J’aurais pu y ajouter que d’une façon ou d’une autre je refuse de condamner « Die Linke » comme le réclame Gérard Filoche si jamais cette divergence devait être le prétexte trouvé pour nous flétrir. Non, nous ne le ferons pas. Ne serait ce que parce que ce n’est pas un sujet de congrès socialiste. Et parce que nous estimons et respectons Oskar Lafontaine. Enfin parce que nous approuvons son choix en Allemagne. Libre à d’autres de trouver plus moral et « plus à gauche » de vouloir « peser à gauche sur le SPD » qui gouverne avec la droite ! Comme pour des milliers de socialistes, Lafontaine est un modèle de fidélité à soi-même si le PS fait le choix de la ligne démocrate au congrès de Reims.