Aprés demain, je suis à la une de l’Humanité Dimanche. Un évènement dans ma vie de militant politique de gauche. Donc, ça vaut la peine cher lecteur que vous vous procuriez ce collector. Hum ! C’était une pub gratuite. Mais ce n’est pas la meilleure nouvelle de cette journée. Voici la vraie bonne nouvelle politique de ce jour : non, José Bové n’a pas renié sa participation active à la campagne du non. La phrase parue dans l’interview de « Politis » de la semaine passée a souffert d’une erreur de ponctuation reconnue par le journaliste responsable de l’erreur. Ouf ! On se souvient, et on peut aller le vérifier : j’ai écrit sur le champ que je trouvais que quelque chose ne tournait pas rond dans cette histoire et que je ne savais pas quoi. En tous cas je suis soulagé. Et dès que je l’ai appris, c’est à dire vers midi, aujourd’hui 26 mai, par un coup de fil d’un proche de José Bové, François Simon, j’ai tenu à lui en donner acte sur ce blog. C’est le sens de ces lignes. Ce qui compte c’est que José Bové n’ait pas sombré comme son interview le laissait croire dans le déni de réalité. Pour bien faire je produis à la suite de ces lignes le communiqué du journaliste qui a fait le bouquin et l’interview. De cette façon chacun saura à quoi s’en tenir, de la bouche de l’intéressé. Quand à moi, je préfère avoir gardé un ami que de l’avoir perdu. Il n’empêche, quand même, selon moi, José Bové n’a rien à faire avec Cohn Bendit et les partisans du « oui » au Traité de Lisbonne. Mais ça c’est de la politique. C’est le fond de notre divergence. Et, bien sûr, cette divergence se suffit à elle-même, sans qu’on ait besoin d’y ajouter des motifs d’infamie s’ils sont, comme c’est le cas, sans fondement. Bonne leçon pour ne jamais croire ce qui est marqué dans le journal, même dans un bon journal comme Politis, quand ça va contre le sens commun. A la suite je donne aussi mon interview parue aujourd’hui dans « Les Echos ». Je crains en effet que ce journal ne soit pas votre lecture ordinaire. Non ? Faites connaissance.
Un rectificatif bienvenu
Lundi 25 mai 2009 à 21:05, quatre jour après la publication du journal Politis concerné, le communiqué suivant du journaliste qui a publié l’interview est paru sous le titre « José Bové victime d’un tragique bug informatique par Claude-Marie Vadrot ». Voici le texte intégral de ce communiqué: « Le dernier numéro (1052) de Politis est paru le jeudi 21 mai avec un extrait du livre fait des conversations que j’ai eues avec José Bové pour le livre "José Bové, un paysan pour l’Europe". Un bug informatique (dont je suis peut-être le responsable au moment de la transmission du fichier d’origine) fait dire à José "Je n’ai pas fait campagne". Ce qui ne correspond pas à la réalité et est exploité depuis quelques heures par ses amis et ses ennemis. Il suffit de se reporter à la page 157 du livre qui est en librairie (éditions Delachaux et Niestlé) pour retrouver la réponse exacte à ma question, réponse qui devrait ramener le calme dans les esprits mal intentionnés qui peuvent faire l’effort de lire tout le bouquin avant de grimper aux rideaux : "Effectivement, j’ai voté non au traité constitutionnel, mais je n’ai pas fait campagne, une campagne très écoutée, au nom de vieux principes archéo-souverainistes qui nous ramèneraient au repli identitaire sur l’Etat-nation : c’est effectivement un schéma qui ne peut plus fonctionner, qui n’a plus de sens, qui nous ramène à ce qu’il y a de pire dans le nationalisme". Fin de la polémique, donc. ». Fin, bien sur. Volontiers. A la condition de ne pas accuser ceux qui ont pris l’interview au sérieux d’avoir réagi, et non « exploité » une information aussi inouïe. Et la meilleure des preuves qu’il ne s’agissait pas « d’exploiter » c’est que je suis heureux de publier ces lignes.
UN VOTE DE GARANTIE
Les Echos: "Comment jugez-vous la première partie de la campagne électorale?"
JLM- "Je suis assez stupéfait d’entendre les généralités égrainées tant par l’UMP que par le PS. Ils font, l’un et l’autre, des promesses incompatibles avec le Traité de Lisbonne qu’ils veulent voir ratifier. Par exemple, l’UMP, je cite, veut « combler le fossé qui existe entre les Etats en matière de norme sociale commune ». Sauf que l’harmonisation sociale est interdite par le Traité de Lisbonne ! Quant au PS, il dit qu’il faut changer de majorité pour chasser les libéraux. Pourtant, il vote presque tout le temps avec eux au Parlement européen. Il l’a fait, par exemple, pour la directive sur la dérégulation du marché de l’énergie. Et le MoDem! Lui, il prétend limiter la libre circulation des capitaux et instaurer une taxe de type Tobin… C’est intéressant… surtout si l’on se souvient que les députés du Modem ont voté contre la taxe Tobin et que le Traité de Lisbonne interdit toute restriction aux mouvements de capitaux. Tout cela, c’est un l’enfumage généralisé! Cela interdit un débat sérieux entre des gens responsables. Je comprends que l’on puisse être libéral, mais je ne comprends pas qu’on ne l’assume pas. De la même façon, je comprends que l’on soit favorable au Traité de Lisbonne, mais je n’admet pas qu’on le dissimule."
Les Echos: "Mais vous, que proposez-vous ?
JLM- "Tout d’abord, nous voulons que soit respecté le vote des Français qui ont rejeté en 2005 le Traité constitutionnel. Nous les appelons donc à voter contre les partis qui, eux, le soutiennent. Ensuite, comme homme de gauche, face à la crise, j’estime essentiel de mettre en place un bouclier social. Nous devons harmoniser les différentes législations sociales des pays de l’Union afin de rendre impossible le dumping social. Cette proposition seuls peuvent la faire sans se moquer du monde ceux qui s’opposent au traité de Lisbonne. Le troisième point essentiel est la volonté d’indépendance de l’Europe à l’égard des Etats-Unis. Enfin, il est fondamental que l’Europe soit indépendante vis a vis des Etats Unis! Stop a l’intégration militaire avec eux. Et dans le domaine économique, aussi, nous sommes contre la création du « grand marché unique transatlantique » dérégulé qu’a décidé le Parlement européen. Si les libéraux du PPE et les socialistes du PSE, qui ont voté ce texte, l’assumaient aujourd’hui, nous pourrions avoir un vrai débat sur l’avenir de l’Europe".
Les Echos: "Le PS et l’UMP c’est donc bonnet blanc et blanc bonnet ?"
JLM- "Non, bien sur. Mais en ce qui concerne l’Europe l’un et l’autre interprètent ici une comédie. Ils ont des postures d’opposition, et, dès qu’ils sont au Parlement européen, ils s’entendent comme d’habitude: ils cogèrent le Parlement mais également la Commission européenne".
Les Echos: "Vous ne critiquez pas le NPA d’Olivier Besancenot. C’est un oubli ou c’est volontaire ?"
JLM- "J’évite! Je constate que l’autre gauche dépasse dans les intentions de vote les 15%. C’est beaucoup. Cela montre que nous pourrions être devant le PS, si nous étions unis. Hélas, nous ne le sommes pas, en dépit de tous les efforts effectués par le Front de Gauche. J’espère que les électeurs vont nominé la gauche unitaire plutôt que la gauche solitaire. C’est l’enjeux pour l’avenir de la gauche."
JLM "C’est la première fois que le PS a une attitude aussi sectaire. Vincent Peillon a même dit que ce serait une aide pour Nicolas Sarkozy!… Leur calcul électoral est faux. Par exemple, en Île-de-France, si l’on tient compte des intentions de vote actuelles et que l’on effectue une projection, on se rend compte qu’il y a un siège qui reviendra soit à l’UMP soit au Front de Gauche. Le vote utile dans ce cas de figure est le vote en faveur du Front de Gauche. De toutes façons, nous aurons de nombreuses voix d’électeurs du PS car, nous, nous sommes en cohérence avec leur rejet du Traité constitutionnel. Et puis, les gens veulent sanctionner les querelles d’ego de la rue de Solferino. Enfin, en votant pour nous, les électeurs de gauche ont une garantie contre les tentations d’alliance au centre." Propos recueillis par Renaud CZARNES