J’ai tapé cette note alors que je me trouvais en route dans ma circonscription du grand sud ouest pour une escale dans chacune des trois régions qui la composent. Le wifi m’a permis de suivre, sur mon ultra portable, des péripéties qui ne sont pas lointaines pour moi: celles de l’Amérique latine. J’en étais aux élections en Argentine. Là-dessus sont arrivées les nouvelles du coup d’état au Honduras. Je commence donc cette publication en relayant l’information que nous adresse Thierry Deronne depuis Caracas à ce sujet. J’enchaine donc au fil des lignes des paragraphes que lie la seule passion de l’action politique. Il est question d’Amérique Latine, de Bruxelles et du grand sud ouest. Et avant cela d’Hénin Beaumont ! Et pas un mot sur le décès de Michael Jackson. Je suis décidément décalé de la réalité non ?
EXTREME DROITE AUSSI
Ce n’est pas la peine que je résume ici les péripéties qui ont conduit à l’élection municipale partielle d’Hénin Beaumont. Tout le monde sait de quoi il retourne. A l’heure où j’écris, les amis sur place transmettent des infos qui ne vont pas tarder à être l’évènement. L’extrême droite est très largement en tête avec 39,35 %. Il y a six listes à gauche ! La liste officielle du PS, du PC et du Modem arrive en troisième position avec 17,01 %. En deuxième position, à 20,19 %, c’est un dissident socialiste ! Il conduit une liste intitulée « Alliance républicaine ». On voit même le fils de l’ancien maire socialiste (pas celui qui est en prison !) réunir 5,29 % des suffrages. Le désastre est en marche. Bien sûr, le refrain numéro un, « halte au fascisme », a fonctionné comme un vieux pétard mouillé. Et comme c’était l’unique argument de la « gauche officielle » pour justifier son alliance sans principe avec des fantômes du Modem et recycler les élus sortants de la municipalité dont le maire est en prison, on comprend mieux le résultat lamentable. Avant ça, Marie Noëlle Lienemann avait fui la bataille parce que la direction socialiste départementale lui avait refusé la tête de liste, si ce qui se lit dans la presse est vrai. Sont restés sur place une armée de bras cassés, morts de haine les uns pour les autres. Plutôt que de bâtir une formule de Front de gauche contre le Front National, nos camarades communistes ont pensé plus efficace, sur le court terme, de soutenir la stratégie de Front Républicain mise en place par les socialistes avec le Modem local. C’est une erreur totale. Nous le leur avons dit. Sommés de prendre position pour cautionner ces invraisemblables montages, les comités du Parti de gauche du nord et du Pas de calais ont sagement refusé de participer au suicide collectif. De tout cela, et avant de devoir assister au deuxième tour de ce mauvais cauchemar, retenons la responsabilité écrasante de l’appareil socialiste de ce secteur qui a laissé tout aller jusqu’à ce point de décomposition morale, militante et politique. Je le vois comme une métaphore de l’Etat général du PS, la corruption en moins cela va de soi. Mais voila bien le visage ultime du localisme, du règne sans idées, sans principe, sans projet, des caciques et des barons qui bidonnent les élections internes, mentent et trichent en permanence, se moquent des débats, des textes et de tout ce qui n’est pas eux et leur connivences puis s’étonnent d’être ensuite vomis par les gens du commun qui n’en peuvent plus ! Combien des grands dirigeants socialistes du Nord et du Pas de Calais sont allés sur place mouiller la chemise pour arrêter le désastre ? Je me demande si ces petits génies ont pensé pour motiver les gens à voter contre l’extrême droite à leur expliquer leur proposition de primaires aux présidentielles, puisque c’est le seul sujet qui passionne les socialistes. Ont-ils bien mis en valeur la passionnante querelle entre Valls, et Hollande, pour conscientiser les masses aux enjeux du futur ? C’est surtout l’idée de Maison Commune de toute la gauche qu’il aurait fallu agiter, non ? J’arrête là ce que la colère et le dégoût pour de tels bons à rien me suggèrent. Le parti social bobocrate, celui du traité de Lisbonne, du mépris pour le peuple, du nombrilisme absolu, des froides machines clientélaires à investir et à indemniser, reçoit à Henin Beaumont sa feuille de route vers le néant. Tous ceux qui, parmi les socialistes sincères ne le comprennent pas à temps, qui ne rompent pas à temps avec cette machine à tuer la gauche sont, d’une façon ou d’une autre les complices des désastres dont elle est dorénavant si féconde. La raison d’être et la pertinence de la création du Parti de Gauche, celles de la stratégie du Front de Gauche trouvent dans la honte d’Hénin Beaumont une nouvelle raison plus urgente encore d’être portée et développée sans relâche. J’appelle tous les socialistes qui ne dépendent d’aucun féodal pour manger à se joindre à nous pour la période qui vient. Notamment pour construire avec nous dès le premier tour des élections régionales l’alternative de gauche dont le pays a besoin.
HONDURAS
Le président du Honduras a voulu organiser un référendum. Les militaires qui gardent les urnes (ça ne s’invente pas !) ont refusé de les mettre à la disposition du pouvoir civil, aux applaudissements des belles personnes et des membres à jabots de la Cour suprême. Le président a donc destitué le chef d’Etat major des armées. La bonne société a aussitôt poussé des cris d’orfraie et supplié les USA de les sauver de la dictature communiste qui les menaçait. Le président Hondurien ne s’est pas laissé impressionner. Il est allé en personne à la tête d’une manifestation jusqu’à l’intérieur d’une caserne, chercher les urnes. Aussitôt, le sang du pro consul des Etats-Unis, Otto Reich (ca ne s’invente pas) n’a fait qu’un tour. Les militaires ont aussitôt su alors quoi faire. Comme au Venezuela contre Chavez ! Un putsch ! Mais au Vénézuéla, en dépit de l’approbation officielle des USA et du soutien de la France et de l’union européenne qui avait courageusement « pris acte », la mobilisation populaire spontanée avait tiré de sa prison et ramené au pouvoir le président Hugo Chavez. Maintenant, nous retenons notre souffle. Le petit peuple du Honduras va –t-il pouvoir rétablir la légalité constitutionnelle ? Et que va faire notre cher Obama ? Pour l’instant il se dit profondément préoccupé. C’est nul, bien sûr. A mettre en rapport avec le niveau des protestations à propos des "droits de l’homme" le reste du temps chez ceux que les Etats Unis n’aiment pas. Un coup d’Etat militaire, un kidnapping de président et les Etats Unis, sont "préoccupés". Parfait. Tout est en ordre. Voici donc le message transmis par Thierry Deronne et qui m’est parvenu par l’intermédiaire de Christophe Ventura, le secrétaire adjoint à l’international au Parti de gauche. « Le Monde » à Paris ment déjà en titrant que le président du Honduras, Zelaya a demandé l’asile politique au Costa Rica ». TeleSur informe en direct. Manuel Zelaya s´exprime à travers cette chaine et explique comment il a été sorti de chez lui en pleine nuit et emmené de force dans ce pays. Les militaires d´extrême-droite viennent à l´instant d´enlever sur place les ambassadeurs du Venezuela, du Nicaragua, etc… ainsi que la ministre des affaires étrangères du Honduras, qui ont été brutalisés. Nous savons qu´Otto Reich (USA) avait appuyé les préparatifs du coup d´Etat. Mais le peuple du Venezuela autour du président Chavez (qui organise en ce moment un front avec les présidents de l´ALBA) se mobilise avec les autres peuples et celui du Honduras qui tente de manifester dans les rues.
CHANGEMENT DE PRESIDENT
Mercredi passé, la séance du groupe de la GUE au parlement européen a été consacrée à l’élection du nouveau président du groupe. Je dis "nouveau" parce que l’actuel, celui qui était en poste au moment où le groupe a été convoqué, Francis Wurtz, passe la main. Il n’a pas été candidat aux européennes. C’était son choix personnel car je peux attester du fait que tout le monde a fait tout ce qu’il a pu pour le faire changer d’avis. Lui, qui ne manque pas de cet humour si spécial des gens de l’Est, nous répliquait que le "bon moment pour partir" est celui "où tout le monde veut vous retenir". Il arguait de ses trente ans de mandat européen pour justifier sa décision. Ce n’est pas frivole. A Bruxelles ce fut de même. Son départ n’arrangeait personne. Il ne faut pas cacher que des risques existent. Francis Wurtz fabriqua tranquillement, dans un contexte de déclin des composantes communistes européennes du groupe GUE, une sorte de point d’équilibre entre les Verts nordiques et les multiples visages du communisme européen, en passant par les divers aspects de la dissidence socialiste. Sous sa houlette le groupe GUE a eu une consistance et un impact sur les débats. Il a existé. Cela a été possible parce qu’il a su s’adosser autant que faire se peut aux luttes sociales soit pour les nourrir par des informations, soit en les relayant. Puis son bilan est devenu un point d’appui dans la campagne des européennes. Ce n’était pas joué du tout. A présent son départ laisse une certaine angoisse. Le successeur va-t-il réussir le même exploit? Dans la nouvelle législature les seules forces politiques en progrès électoraux dans ce groupe sont des coalitions. Ainsi du Front de Gauche en France, du Bloc des Gauches au Portugal. Cela veut dire clairement que le déclin, ailleurs, continue. Mais l’ancien a du mal à s’accommoder du neuf. Cela se constate dans la composition dans l’équipe que forment le président et les vice-présidents, comme dans la composition des équipes techniques. J’en parle d’autant plus librement que je ne suis candidat à aucune fonction d’aucune sorte ni dans le groupe ni dans le Parlement. N’empêche. Cependant, ma photographie politique doit être tempérée du fait que le nouveau président du groupe est l’allemand Lothar Bisky. C’était, jusque là, le co-président de Die Linke, parti de dépassement de l’ancien communisme s’il en est un. Je connais Lothar depuis la période juste avant le congrès de fondation de Die Linke. Nous étions allés le rencontrer avec François Delapierre au siège de Die Linke à Berlin. Comme nous avions croisé dans l’escalier Hans Modrow le dernier chancelier d’Allemagne de l’Est, nous avions pu prendre toute la mesure du choc culturel qu’avait dû représenter pour tous les camarades allemands la constitution d’un parti unissant ces ex-communistes d’Allemagne de l’est et les ex-sociaux démocrates de l’ouest! Notre conclusion fut que ce serait plus facile à réaliser en France. Erreur, on le sait. Mais ce n’est pas le sujet à cet instant. Voyons de plus près.
A BRUXELLES COMME A BABEL
Lohtar Bisky est originaire de la Poméranie, ce territoire entre Pologne et Allemagne, à l’est de la carte de l’Europe. Il parle surtout l’allemand. Mais sinon, il "sprecht" aussi "fluently" l’English. Mais nada en français ni en espagnol, langues autrement plus suaves. C’est un homme simple et enjoué, ce qui le prépare bien à la gestion du capharnaüm Bruxellois. Lui et moi avons donné une interview ensemble pour la chaine de télévision « Arte ». On lui posait une question, en allemand, puis à moi, en français. Je n’ai pas la moindre idée de ce qu’il a dit et je sais que lui ne pouvait rien comprendre à mes réponses. Cependant on s’est bien tapé sur les cuisses l’un l’autre, sans oublier de rire chaque fois que l’autre le faisait. Cette affaire de langue tourne à l’obsession. Dans cette Babel l’évidence du contact humain est un enjeu. Qui que je rencontre, je me demande si l’on va pouvoir se dire quelque chose. Ainsi de mon camarade Helmut Scholtz, nouvel élu européen et secrétaire aux relations internationales de Die Linke. Je le fréquente d’habitude avec Delapierre qui parle couramment l’anglais, celui des annonces dans l’avion. Mais là, je voyage sans lui. Helmut et moi, ici, nous nous trouvons face à face comme deux poissons rouges qui bougent les lèvres mais ne se parlent pas. Notez qu’Helmut parle l’anglais des répondeurs téléphoniques. Pour ma part je ne comprends vraiment que l’anglais parlé avec l’accent du regretté président Yasser Arafat. Je signale cependant que j’ai pu suivre dans ma jeunesse étudiante une version de Mac Beth subie, dans un ciné club, en langue originale mais jouée par des écossais qui avaient un magnifique accent palestinien! La vérité est que ma voisine m’intéressait davantage que le film et donc il est bien possible que j’ai été distrait. Mais comment oublier ce tonitruant "mac Beth! Mac Beth! Beware mac Duff!" prononcé en roulant somptueusement les "r" qui foudroya mes progrès relationnels! Et sinon Helmut parle russe et chinois. C’est admirable quoique je ne puisse pas le vérifier. Mais ça n’arrange pas notre relation. Pour l’instant donc on se tape dans le dos et on se manifeste des signes de vive satisfaction à se retrouver là. Mais il va bien falloir attaquer l’os, bientôt. C’est-à-dire la politique. Helmut devrait bien me donner un coup de main pour fluidifier les entrées du Parti de gauche que je préside dans le Parti de la Gauche Européenne. Certes Raquel Garrido, notre secrétaire aux relations internationales du PG, a déjà bien assiégé la place. Reste à conclure. Il faudrait pouvoir saisir le congrès du parti de gauche de cette proposition d’adhésion. Je transpire à grosses gouttes au seul souvenir de ce début d’entretien avec Helmut. Il s’agissait pour moi de savoir comment Lothar a l’intention de concilier sa présidence du groupe, sa coprésidence de Die Linke et sa présidence du Parti de Gauche Européen. Mais la réponse est simple comme une traduction des pages roses d’autrefois. Lothar lâche tout pour mener le groupe. Il est vrai que dans ce groupe, les communistes grecs et quelques autres ont rappelé qu’ils n’ont vraiment aucune affection pour le PGE qu’ils considèrent comme une assemblée de liquidateurs de l’identité communiste. Dans ces conditions Lothar devait marquer la distance pour pouvoir présider efficacement le groupe sans crispations inutiles. De mon côté je vois le PGE comme l’occasion sinon de quelques dépassements à venir, si cela est possible, du moins comme un puissant outil de rapprochement avec les communistes français. Et pour cause. Le bilan, une fois notre adhésion faite au PGE, si elle est décidée, méritera méditation. Voyons. En France nous siégeons dans des groupes communs au Sénat et à l’Assemblée ainsi que dans les régions et souvent dans les conseils généraux et les conseils municipaux. Même situation au parlement européen. Et pour couronner le tout nous serions membres du même Parti, c’est bien d’un parti dont il est question, au niveau européen. Ca devrait faciliter l’osmose qui est nécessaire pour atteindre la masse critique permanente de cohérences dont le Front de Gauche a besoin pour devenir totalement crédible.
GRANDE VIREE
Au lendemain de l’élection européenne, je me sentais fautif de n’être pas encore retourné dans ma circonscription du grand sud ouest. Ma perplexité s’est accrue devant ce grand corps fait de dix huit départements et trois régions. Comment procéder à présent, hors temps de campagne? Je n’imagine pas de recommencer la tournée que je viens de faire pendant quatre mois. J’en mourrai. Je vais donc à petites étapes. Là, tout le week end j’ai fait le tour des trois capitales régionales, Bordeaux, Toulouse, Montpellier. Puis je me suis exprimé à la faveur d’une invitation bienvenue à la fête du Parti Communiste à Lézan, dans le Gard, à côté d’Anduze. J’ai donc commencé mon périple par Bordeaux. Conférence de presse, avec Michel Dubernard le secrétaire départemental du PCF et Malika Bouali coordinatrice du PG en Aquitaine et colistière des européennes. Puis il y eut buffet pour les militants disponibles à cette heure là, c’est-à-dire avant le départ de mon train pour Toulouse à vingt heures trente. Je ne dis rien du bonheur qui m’est monté à la gorge quand j’ai revu ces amis si spéciaux que sont les militants d’une campagne menée avec une telle furia! A mes côtés, toujours vibrante d’énergie, ma suivante de liste, Catherine Daguerre. L’un des camarades, taquin, me rappelle qu’élu avec deux cent quinze mille voix, je représente autant de monde que quatre députés du parlement national. Je l’ai répété aussitôt. J’ai d’ailleurs l’intention de m’en rengorger aussi souvent que possible. J’ai un compte à solder à ce sujet. Tant de nigauds malveillants m’ont en effet pourchassé tant d’années avec l’accusation d’avoir été étranger au suffrage universel comme Sénateur! Ils méconnaissaient à la fois que j’avais été élu deux fois conseiller général et que le suffrage indirect reste le suffrage universel selon la Constitution de notre pays. A présent me voila l’élu de dix huit départements au suffrage universel direct. Ca va? Plus sérieusement je compte surtout que l’on ne perde pas de vue ce fait que les carences démocratiques plus qu’évidentes du parlement européen n’atteignent pas la représentativité de ses élus. Les institutions sont délégitimées par l’abstention de masse mais les élus, eux, ne le sont pas ! Du fait du nombre de leurs électeurs. Selon moi cela implique au moins deux choses. D’abord que les élus sont plus légitimes que les institutions qui nous accueillent, ce qui les autorise à vouloir les changer. D’autre part que la démonstration politique faite par la présence du Front de Gauche reçoit une confirmation dans les urnes que l’abstention n’amoindrit pas. Ces deux points valent mandat, en quelque sorte. Après quoi je reviens à mon point de départ. J’ai dit que me sentais fautif de n’avoir pas encore été revoir les militants et les journalistes de ma circonscription. J’avais tort! Du moins en Aquitaine. Selon Michel Dubertrand, le secrétaire départemental du PC en Gironde, je suis le seul à être revenu rendre des comptes à cette heure. Les journalistes présents en ont convenu.
BORDEAUX, VOUS SAVEZ OU C’EST?
Puisque j’en suis au chapitre des malveillants c’est le moment de faire la pause média puisque là que se concentrent tant de fiel. Anecdote. Une journaliste d’un hebdomadaire célèbre m’accompagnait le soir des élections. Dans la loge de France 2 où je faisais une pause champagne, pour célébrer le score annoncé au Front de Gauche, je lui lis un message sms comme j’en recevais alors par dizaines venant de tous côtés du grand sud ouest. Celui là venait de Créon. Elle m’entend lui dire " Ca vient de Créon! Et vous savez où c’est, vous, Créon?" La malheureuse prend la question au premier degré. Elle ne capte pas la forme amusée de la question avec laquelle je m’apprête à briller à bon compte. Elle croit que je lui demande vraiment si elle sait où est Créon parce que moi, je ne le saurai pas. Elle le note donc dans le papier qu’elle publie. En le lisant, j’en ris. J’ai eu tort. Immédiatement le journal "Sud Ouest" en fait un écho. Il s’agit, bien sûr, de montrer que je ne connais rien à la Gironde. Trop drôle, non? D’ailleurs c’est vrai, je ne connais pas bien la Gironde. En tous cas je la connais mieux que le journaliste qui se moque de moi à bon compte ne connait l’Essonne, j’en suis sûr. De la Gironde je ne connais que deux ou trois coins. Peut-être même cinq ou six, puisque j’y suis venu tant de fois au moins pour misérer en réunion au fil des congrès et Conventions du PS. Un coin que je connais, par exemple, c’est Carbon Blanc. Il est vrai que j’y ai inauguré la nouvelle école primaire, il y a huit ans. On peut le vérifier. Il y a mon nom sur la plaque de marbre qui commémore l’évènement. Ce n’est pas dur à trouver! La plaque est juste à côté de celle qui rappelle l’inauguration de l’ancienne école par François Mitterrand. Carbon Blanc, vous savez où c’est? Vous me direz que ça ne prouve rien à propos de Créon. Peut-être bien que je n’ai pas demandé à cette journaliste si elle savait où se trouve Créon et qu’en réalité ce serait bien moi qui ne le savais pas, preuve de mon mépris pour les réalités locales, les racines et tout le saint frusquin du bla bla localiste. Rigolade. Comme il n’est de comique accompli que de répétition, le journaliste de "Sud Ouest" s’est senti assez malin pour revenir une deuxième fois sur cette sottise. Cette fois ci ce fut avec les honneurs visibles d’un billet "d’humour", sans doute bien arrosé puisque la rubrique est baptisée si drôlement " tire bouchon". J’invite l’auteur anonyme à lire les rubriques plus sobres de son journal à défaut des plaques commémoratives. Car s’il lit son propre journal, ce qui, parait-il, n’est pas le cas selon une rumeur persiflante locale, il découvrira une information décoiffante. En 2OO7, j’ai eu l’honneur de venir à Créon faire campagne législative aux côtés de Martine Faure! Elle sera ensuite élue députée socialiste de la Gironde. Une militante très active, une députée battante, bonne noniste de surcroit, non seulement en 2005 mais, ce qui est autrement plus remarquable dans le contexte de la débandade socialiste, également au Congrès de Versailles de 2007. La curiosité aidant, si cela se peut, le journaliste sarcastique découvrira que le suppléant de Martine est le maire de Créon, Jean Marie Darmian! Et voici le vrai comique de situation: j’étais allé à ses côtés visiter une "maison des services publics", scène touchante qui donna lieu à photo dans le journal "Sud ouest". A Sud ouest, mon œil droit ne veut pas savoir ce qu’a vu mon œil gauche. Peut-être. Photo et notule sur cet épisode sont également lisibles sur le blog de Darmian et sur le mien. Certes nous sommes Jean-Marie et moi moins lus que "Sud Ouest", mais nos posts sont quand même de bonnes pièces à conviction dans la circonstance. Total? Un bon bouchon sur la pointe du stylo au monsieur qui se croit malin et parle sans savoir. Mot de la fin. A Créon, j’ai aussi déjeuné chez le maire, avec des amis. Il m’offrit son livre, une petite merveille intitulée "La sauterelle bleue". Son épouse avait mitonné un fameux repas et on eut bien du mal à quitter la table pour courir encore la campagne avant le meeting que je tins à Blaye ce soir là. Ces Darmian de Créon ne sont pas rien pour moi. la fille est mon amie sur Face Book. Il le sait le monsieur ce que c’est Face Book? A la porte du meeting de Blaye, un homme se présenta à moi en qui je reconnus, au bord des larmes, tout comme lui, un camarade de classe de mon école primaire à Tanger. Voila. La journée à Créon, même deux ans après, je ne pouvais pas l’avoir oubliée. Et l’épisode de Blaye fixa l’image. Blaye, vous savez où c’est? Et Tanger? C’est au sud de Créon.
MATABIAU
La gare de Toulouse s’appelle Matabiau. Toulouse- Matabiau. Ca veut dire abattoir : mata: tue; biau: bœuf. Ca me plait ! Pas de salle proche où faire la conférence de presse avec Jean-Christophe Selin, du PG Haute Garonne, Guilhem Seryes de l’Aveyron, le coordinateur de la campagne et David Pellicère le coordinateur régional du PCF. On s’est donc serré sur les canapés de l’entrée de l’hôtel IBIS, en face de la gare. Comme les questions posées nous entrainaient d’un sujet à l’autre, on a fini par oublier les journalistes et mener une sorte de conférence politique de bilan de campagne. De là ressortait pour l’essentiel que les rassemblements populaires se font toujours sur des contenus et des propositions davantage que sur des invitations à soutenir une stratégie. Nous avons été forts dans la campagne européenne certes parce que nous avions une dynamique d’unité mais aussi et peut-être surtout parce que celle-ci fonctionnait au service d’un programme. Après ce moment de presse on se sépara pour une réunion militante, tenue dans une salle que je n’ai pas le droit de mentionner. Là se sont retrouvés les représentants des comités du PG de tout Midi Pyrénées dont Martine Millan et Christiane Causse, du Gers et de l’Ariège, mes colistières en Midi Pyrénées. Dans cette région s’est réalisée la plus forte progression des résultats du Front de Gauche par rapport aux résultats de 2004 du seul PCF. Cinquante pour cent de progression, en nombre de voix. La carte des résultats par canton témoigne de faits passionnants. Nous progressons partout. Mais là où le PG existe, la progression est la plus forte. Cela ne fonctionne pas à la gloire du PG. Cela signifie que là où le PG est présent, la dynamique de l’union se voit, tout simplement parce que les deux partis sont présents. Cela pose donc plutôt la question des problèmes que soulève notre faiblesse ailleurs, puisqu’elle limite la progression. Premier constat. Voyons le second, plus troublant. Là où nous sommes faibles et donc peu présents ou visibles, à la fois PC et PG, c’est le NPA qui perce, quand bien même est-il aussi absent que nous. Cela montre que notre sous valorisation médiatique a un coût. Et, à l’inverse, que notre hyper présence militante a eu un résultat direct qui annulait la plus value médiatique de notre concurrent dans cette élection. Je ne crois pas que tout cela soit de la pure analyse de tactique électorale. Ces constats si on les faits honnêtement nous aident pour travailler à la suite de ce que nous avons à faire. Je crois que cela doit bien nous conduire à nous guérir de certaines des mœurs de gauche pour qui tout se joue dans les médias et peu en réalité sur le terrain des contacts personnels. Nos résultats montrent que c’est tout l’inverse. Et ça ne va pas s’arranger au fil du temps, à mesure que passeront les années Sarkozy puisque l’on voit bien à quel point il domine et maitrise l’agenda des médias. Cela, tandis que les réseaux de terrain de la gauche ont fondus comme neige au soleil sous les rayons de l’individualisation des rapports sociaux et de la "moyennisation" sociale et la bobocratisation des grands partis et associations de gauche.
A L’AISE A LEZAN
Cet intertitre certes un peu facile résume l’ambiance de ma dernière étape. Après Bordeaux et Toulouse, le train, beau et confortable, m’a conduit à Montpellier. Conférence de presse, puis départ sur la fête de la fédération communiste du Gard, à Lézan. C’est peu dire que je m’y sens bien. Le Gard est le premier score du Front de gauche dans le Languedoc Roussillon. Plus de dix pour cent. Presque onze. Score remarqué. Et ce n’est qu’une moyenne départementale, bien sûr. Sur le terrain, cela veut dire des scores parfois très enthousiasmants que l’on arrosait d’ailleurs généreusement à Lézan. Ainsi au stand de Saint Martin de Valgalguès. Dans cette commune nous avons battu toute les listes et viré en tête alors même que la mairie est tenue par l’UMP. Le camarade qui me propose de lever mon verre à cet exploit se prénomme Robespierre. Ca fait réfléchir. Parfois, passant d’un stand à l’autre, je croise des groupes de communistes qui discutent et même se disputent avec une ardeur qui me laisse émerveillé, moins pour la vigueur que pour le contenu. Car au contraire de ce que j’ai connu tant d’années au PS ici on ne s’engueule jamais à propos de noms propres, pour dire du mal de Pierre ou Paul, Françoise ou Gisèle. Ca ne veut pas dire qu’il y a moins de dureté, parfois tout juste contenue. Ainsi quand il est question des prochaines élections régionales. Il est vrai que parfois on me dit des choses, dès fois même avec une certaine vigueur, pour ne pas dire plus, comme si j’étais au courant des sous entendus qui ont l’air de faire le sel de la polémique. L’inconvénient est que le plus souvent je n’ai pas la moindre idée de ce dont il est question. Je peux donc rester bon ami avec tout un chacun sans trop de difficulté, quand bien même je crois voir que ma bonhommie détachée exaspère aussi. Telle est la relation militante! Mais ce qui me marque davantage, ce sont les discussions que l’on m’a proposé, au fil des haltes devant les stands. Les gens sont délicats et ne m’imposent pas les débats qui les divisent dans le secteur. Ils me parlent de problèmes plus généraux. Au stand des Jeunesses communistes, m’ont rejoint les camarades syndicalistes d’Alès. D’abord il y a eu de l’émotion commune au souvenir de notre descente à la porte de Merlin Gérin. Les camarades savent aussi que j’ai parlé de leur cas au Président de la République parce qu’ils ont entendu ma déclaration à la sortie. Seuls des gauchistes sans lien avec la lutte de classe réelle peuvent mépriser ces sortes de petites choses qui vont droit au cœur de ceux qui combattent. Cela s’appelle la dignité. Bien sur ça ne change rien de concret. Juste le fait de se savoir vivant. Dans le groupe d’Alès s’est présentée aussi à moi une femme qui vient de gagner son procès au bout de sept ans de lutte judiciaire. Elle affrontait des patrons médecins harceleurs qui l’avaient licenciée après qu’elle ai refusé de signer un compte rendu truqué à propos d’une procédure de décontamination. J’avais lu cette histoire dans "l’Humanité", mais c’est une autre chose de rencontrer la personne qui a eu ce courage, tant d’années durant, contre l’acharnement de tels adversaires! On discuta bien de tout ce que cette sorte de bataille représente pour une personne. Avant ce barguin, j’avais eu un petit temps avec un célèbre "éco-coco" selon le mot de présentation que m’en avaient fait mes amis du PG local. Il s’agit du maire de Barjac, Edouard Cholet que l’on connait mieux depuis le film "nos enfants nous le reprocheront". Discussion aussitôt à propos de l’exemplarité de l’action de gauche locale. Elle me renvoie au souvenir d’un moment passé dans le Rhône aux côtés de René Balme, le maire de Grigny, quand il a rejoint le Parti de Gauche. Nous avions eu un bon échange sur cette idée de l’exemplarité des gestions de gauche locale. Il fut convenu qu’on travaillerait le thème à la sortie des élections européennes. Nous y voila rendus. Je vais m’y mettre. C’est essentiel de faire vivre "la gauche par l’exemple" selon le nom avec lequel nous avons décidé d’appeler notre réseau d’élus. Notre idée est qu’il faut réhabiliter la "gestion au nom des principes" et donner à voir localement quelque chose des chemins sur lesquels s’engagerait un gouvernement de gauche et une société refondée sur les principes de la gauche. Il me faut donc prévoir une prochaine escale à Barjac. De celle-ci d’escale, je repars avec sous le bras, dédicacé sur place par l’auteur Claude Mazauric, "L’histoire de la révolution française et la pensée marxiste", publiée aux PUF. De Lezan je suis rentré en voiture de nuit à Grabels, avec mon complice, le maire du village, René Revol. Son épouse a préparé un bon petit truc et on a bu le champagne pour arroser la victoire entre vieux amis. Grabels, vous savez où c’est?