Des jours et d’autres, de Strasbourg à Lyon

Au jour le jour, de Strasbourg à Lyon en passant place de la bourse à Paris. Jeudi matin 17 septembre, 11 heures. La note traite des sujets suivant: la manifestation devant la bourse des travailleurs de l'automobile, un débat à Lyon avec Alain Minc pour le forum du journal "Libération, le rebond prévisible de la crise financière, l'élection de Barroso, et d'autres petites choses ici où là au fil des moments.

jeudi 17 septembre 11heures Paris

Place de la bourse.

Il n’y a plus un numéro du journal «l’Humanité» en vente à onze heures place de la Bourse. Tout a été acheté. Tant pis pour moi. Mon abonnement n’était pas encore servi quand je suis parti de chez moi. Je croise Maxime Gremetz, pipe au bec, l’Huma en main. Il me prête son journal. Je survole comme chaque matin, histoire de me faire une idée du jour que nous commençons. Je n’ai guère le temps de la lecture. Voici la manifestation qui arrive venant d’Opéra. C’est pour être là que j’ai séché une journée de parlement à Strasbourg. Je sais qu’il faut être là quand on le peut. Non seulement à cause du thème de la manifestation des travailleurs du secteur de l’automobile livrés aux patrons voyous et aux dépeceurs d’entreprise. Déjà ce serait suffisant. Mais en ce moment je suis davantage sensibilisé par mes camarades qui militent en entreprise à la question des libertés syndicales dans notre pays. Plusieurs groupes de manifestants viennent d’ailleurs spontanément me voir pour m’exposer leur situation. La criminalisation des conflits est maintenant la forme de riposte d’acharnement auquel ont recours les directions d’entreprise et le gouvernement face aux travailleurs syndiqués les plus combattifs. Evidemment il s’agit d’effrayer les salariés pour leur faire rentrer la tête dans les épaules. On connait le coup. Il remonte au dix neuvième siècle. On tape dans le tas mais on cible les fortes têtes pour tarir la source qui produit des meneurs de lutte. Ca peut marcher, car les coups sont très rudes. Les condamnations pleuvent et elles font peur. Ceux de la RATP de la ligne 9 ont décidé une grève mardi pour marquer leur solidarité avec trois collègues qui sont jugés ce jour là pour avoir entravé la circulation des rames, activité sommes toute assez ordinaire pour un gréviste. Le fort de l’affaire est tout de même qu’elle remonte à … 2007. Les camarades s’inquiétaient parce que si leurs leaders sont condamnés, le statut de la RATP permet de les licencier. On devine ce que cela veut dire pour les intéressés d’abord. Pour leur famille. Et pour l’environnement dans l’entreprise. Je pense que dans ce contexte, outre ce qui est du à la solidarité personnelle avec ceux qui trinquent pour les autres, il faut une action des partis politiques de gauche. Je veux dire que la question de la liberté syndicale et de la répression des syndicalistes n’est pas une affaire de syndicalistes. C’est une liberté fondamentale qui est en cause. Donc nos partis ont vocation à s’exprimer et à faire campagne sur le sujet.  De cette façon nous ouvrons un front qui peut soulager celui sur lequel se battent les syndicats. Montrer que le gouvernement se trouve au côté des dirigeants d’entreprises pour poursuivre les travailleurs devant les tribunaux et exiger d’énormes sanctions financières est de nature à l’inciter à moins de zèle. D’après moi cela peut-être même un thème pour les élections régionales dans la mesure où chacun sait bien qu’elles seront politisées et nationalisées. C’est d’ailleurs notre intérêt, à gauche, en général, et dans l’autre gauche, en particulier.

Vendredi 18 septembre. Lyon 14 heures.

VOYAGE A LYON POUR LIBERATION

Aujourd’hui je suis allé à Lyon pour participer à un débat du forum de «Libération». Comme tout le monde le sait, il y a deux gares à Lyon et c’est une source de confusion qui a couté bien des angoisses à nombre de voyageurs. Pour ma part je suis descendu à Lyon Part-dieu, mais il aurait été plus malin de descendre à Lyon Perrache infiniment plus proche de la mairie et du barnum que le Forum de Libération a installé derrière le bâtiment municipal pour faire ses grands débats. Je visite donc le métro une fois de plus et je dois constater qu’il est ici plus propre, plus fluide que celui de Paris. Seul point commun: à Lyon comme à Paris cet espace est réservé aux personnes qui peuvent se servir des escaliers sans difficulté en y portant leurs valises et leurs poussettes à bout de bras. Handicapés, voyageurs et parents d’enfants en bas âge, s’abstenir. Comme «Libération» a oublié de m’inviter au repas qui était servi à l’étage de la mairie comme j’ai pu le constater en venant prendre le café à l’heure où j’étais prévu, j’ai donc pu déjeuner avec mes camarades des comités lyonnais du Parti de Gauche. On a fait un point rapide sur l’état de la discussion dans le Front de gauche et sur l’interview de Marie George Buffet (que tout le monde appelle par son prénom dans mon Parti sans que je sache quand cette mode s’est déclenchée). A lire dans «l’Humanité» de Vendredi, le crayon à la main. A Lyon Le Parti de Gauche recrute bien. J’ai apporté ma contribution car, après le débat au forum de «Libération», nous avons fait trois adhésions dans la salle. Preuve que ce que j’ai dit devait quand même être un peu motivant. Je n’en suis pas peu fier. Mais mon émotion est venue de la rencontre avec Charrier, l’ancien (depuis peu) maire de Vaux en Velin, après le débat, sur le perron de la mairie. Lui a rejoint le Parti de gauche il y a maintenant un mois ou deux et compte tenu de la place qu’il a occupé dans la question de la vie des banlieues c’est pour moi, qui ai été si longtemps élu de banlieue, une référence, une sorte de légende vivante. Savoir qu’il a jugé notre combat digne de sa participation est évidemment très réconfortant et encourageant. D’autres adhésions se dessinent dans le département, venant des rangs «citoyens», d’anciens communistes et de plusieurs socialistes de la gauche du PS. Comme dans beaucoup d’endroits ceux-là sont en train de faire leurs valises. Après les investitures au PS il y aura du mouvement et après l’élection encore. Pas besoin de chercher bien loin pourquoi. Dans la mairie, avant de partir je suis retourné saluer les organisateurs. J’ai croisé dans le hall François Hollande et François Bayrou qui se préparaient au débat qui devait les réunir. Qui le veut peut lire dans «Libération» où en est la conversion des principaux dirigeants socialistes au modèle «démocrate». La déclaration de Martine Aubry selon laquelle elle voit bien que «François Bayrou n’est pas à droite mais il n’a pas encore dit qu’il était de gauche» entre bien dans cette ambiance de glissement savonneux. Ah bon, François Bayrou n’est pas de droite? D’où vient ce certificat? Je vais y revenir sur ce blog dès que ma petite documentation sera reconstituée. Je reviens sur le perron de cette mairie. Evidemment il y avait pas mal de socialistes dans le secteur et j’ai retrouvé de vrais amis de ma vie politique antérieure. Passé les premiers moments de gêne où on se regarde en se demandant comment on va commencer la retrouvaille, l’habitude de plaisanter en auto dérision revient vite, ce qui est le vrai signe de bonne santé mentale. On m’y a associé sans façon. Le sujet du jour c’était l’annonce dans «Libération» du fait que Martine Aubry s’apprêtait à radier 48 000 cartes du PS. Que faut-il penser d’un parti qui déclare que le quart de ses adhérents n’existait pas? Surtout si ça ne les empêchait pas de voter. Je ne veux pas trop y insister mais je veux de nouveau souligner que cela jette un jour tout à fait nouveau sur les votes qui ont conclu les débats auxquels j’ai participé avec d’autres pendant toutes ces années. Retour à Lyon. J’avais donc un débat avec Alain Minc.

Vendredi 18 septembre Lyon 14 heures 30

AVEC ALAIN MINC

Il s’agissait d’un débat demandant si le logiciel social démocrate est toujours d’actualité. Un peu curieux dans la mesure où ni l’un ni l’autre ne sommes favorables à la social démocratie. Certes c’est pour des raisons diamétralement opposées. Mais disons que cela a un peu poussé la discussion dans des directions éloignées du thème lui-même. En réalité nous avons parlé de l’avenir du système capitaliste. Il y a eu un moment formidable quand est venue la question de la dette. Minc a eu cette franchise terrible qui l’honore quand il a fini par dire que la dette, à ce niveau, ne s’épongeait plus que de deux manières, par la guerre ou par l’inflation. C’est exactement ce que je pense aussi. La crise peut se lire comme un effet d’ajustement de la masse des signes monétaires avec la valeur réellement produite. L’écart étant de un a cinquante aujourd’hui on voit que le système, secoué à mort, ne tient que d’un fil nommé «la confiance». A tout instant il peut turbuler. Bien malin qui peut jurer que l’inflation puisse être maitrisée comme un processus progressif et contenu et ne pas exploser au contraire d’une seule étincelle. Cela m’amène sur le sujet de l’état de la crise financière.

 

La crise financière va rebondir

Les bulles financières entre dans une nouvelle phase de dilatation. Elles sont en voie de reconstitution avant même d’avoir été épongées. Les centaines de milliards injectés par les Etats pour sauver les systèmes bancaires n’ont pas été accompagnés de contreparties sérieuses pour changer les pratiques financières et bancaires. Résultat, ils ont regonflé la bulle financière et bancaire, en ajoutant à celle-ci une bulle supplémentaire d’endettement public notamment américain. La preuve: les marchés boursiers sont en hausse depuis 6 mois, alors que l’activité réelle n’a pas repris et que le chômage augmente massivement. N’oublions pas que 200 000 emplois industriels ont été supprimés en France depuis 1 an. Pourtant le CAC 40 a repris 55 % depuis son plancher de mars 2009. Cette valeur financière ne correspond à aucune nouvelle valeur réelle créée puisque sur la même période le PIB français a baissé de 1,2 %. La financiarisation de l’économie continue en toute impunité. Le système bancaire est revenu a ses pratiques initiales, soit pour boucher ses trous soit pour pouvoir afficher de nouveau des résultats de nature a «rétablir la confiance», c'est-à-dire a empêcher les retraits qui seraient bien vite incompensables. Voyons. L’Etat a versé 21 milliards d’aides publiques en capital aux banques françaises. Dans le même temps la France a connu une restriction historique du crédit aux particuliers et aux PME. Selon la Banque de France: l’encours des crédits aux entreprises a baissé pour la première fois depuis 10 ans en juillet 2009. Cette baisse historique concerne aussi bien les crédits d’investissements que les crédits de trésorerie. Le même mois les défaillances d’entreprises ont augmenté de 18 %! Les banques françaises ont pourtant recommencé à dégager des profits dès le 1er semestre 2009. Cela signifie qu’elles ont utilisé les aides publiques pour investir sur les marchés financiers plutôt que pour financer l’économie. Exemple de la BNP. Elle a reçu 5,1 milliards d’euros d’aides publiques. Elle annonce 1,6 milliards de bénéfices au 1er semestre 2009. Cette même banque a provisionné 1 milliard (ramenés à 0,5 milliards) en bonus pour les traders en août 2009. C'est-à-dire 10 % de l’aide publique reçue qui va passer directement dans la poche des traders. Ainsi on voit comment par tous les aspects le système se montre absolument incapable non seulement d’affronter les conséquences de ses pratiques mais seulement de les corriger. Le danger d’emballement tient à la convergence des facteurs qui peuvent effondrer le système. Ainsi la financiarisation de l’économie réelle. Je parle des LBO. Technique d’achat de société ou l’acheteur s’endette à 80 du prix d’achat et se rembourse en dépeçant l’entreprise achetée. C’est à présent la nouvelle bombe qui menace l’industrie et les banques. En effet cette merveille de bidouillage de rapace est doublement explosive: il gonfle la masse de créances à risques dans l’économie et fragilise les entreprises ainsi rachetées par une gestion à court terme qui vise juste à aspirer leur trésorerie. Or, depuis 4 ans, le marché des LBO a triplé en Europe. 140 milliards d’euros de prêts ont encore été accordés en LBO par les banques en 2007, dont 20 milliards en France. Autant dire que le crédit n’est pas rare pour tout le monde. Avec le retournement de l’activité, une grande partie du système des LBO est menacé d’effondrement. A la fin 2008, 70 % des sociétés sous LBO ne respectaient pas leurs clauses de prêts auprès des banques. «Continental» en est un exemple annonciateur. C’est à cause du rachat en LBO, garce à 16 milliards d’emprunts de Continental par le groupe Schaefler, 3 fois plus petit que lui, que l’entreprise est aujourd’hui liquidée. Alors qu’elle est bénéficiaire notamment dans sa branche pneu dont fait partie l’usine de Clairoix. Aucune leçon n’est pour l’instant tirée pour stopper ces mécanismes destructeurs. Au contraire, c’est justement à un fond LBO, le fond américain HIG, que le gouvernement a confié la reprise de l’usine Molex de Villemur sur Tarn. Tout cela n’a rien de marginal. Il s’agit d’un risque majeur pour la France. Dans notre pays, près de 5000 entreprises, aussi diverses qu’il est possible de l’être, comme Picard et Arena ou Télé Diffusion de France, et plus de 1,5 millions d’emplois sont aujourd’hui sous LBO. Cela représente une masse d’emplois égale à celle du total des entreprises du CAC40 ! Ce n’est pas tout. A ce risque d’implosion locale, s’ajoute le risque importé du fait des engagements des banques françaises sur l’étranger. Les banques françaises sont aussi lourdement exposées au niveau mondial. 8,9 milliards d'euros pour BNP Paribas, 6,5 milliards pour le Crédit agricole, 6,2 milliards pour Natixis et 5,6 milliards pour la Société générale. J’en reste là pour que limiter vos cauchemars. Sachez seulement que le scénario latino américain celui d’une transition provoquée par l’auto blocage du système est inscrit dans ce que je viens de décrire et que cela oblige à penser avec sérieux nos propres stratégie à gauche pour le prendre en compte.

Vendredi 20heures

Intermède

Bon, maintenant un flash back. Je publie à la suite de ces lignes mes notes tirées de ma présence à Strasbourg mercredi, jour où l’on y a élu monsieur Barroso pour un second mandat à la tête de la Commission européenne.


Mercredi 16 septembre après midi.

BAROSO SUPER-STAR

 

Je sais bien que tout le monde est déjà bien informé à ce sujet et je ne le raconte que pour mémoire. Ils ont donc réélu monsieur Barroso, dans un fauteuil. Celui-ci les a remercié à la fin de l’ovation debout qu’il a reçu de ces gens qui semblaient avoir remporté je ne sais quelle victoire contre je ne sais qui tant ils applaudissaient furieusement. De son côté Barroso a remercié le Parti Populaire Européen pour avoir « pris le risque » (sic en français dans le discours) d’affirmer son soutien des le début. Puis il a remercié le gouvernement social démocrate du Portugal et son premier ministre monsieur Socratés pour avoir porté sa candidature. Inutile d’évoquer les rires amers dans la salle sur nos bancs et notamment ceux de nos camarades portugais du Bloc de Gauche, notre «parti frère», qui auront des élections générales dans quinze jours au Portugal, le même dimanche que nos camarades allemands de Die Linke. Rendez vous dans les urnes, donc. N’empêche. Sans les abstentions et les votes favorables des sociaux démocrates monsieur Barroso serait resté en cale sèche. Comme j’ai eu l’occasion de m’exprimer sur plusieurs médias et que je crois que cela a été vu et entendu je n’y reviens pas ici. Maintenir un libéral caricatural de la période qui est un des responsables du désastre financier que l’on sait est totalement pitoyable. Quelle désinvolture! On voit bien ici la limite de la prétendue démocratie d’opinion. Car l’opinion européenne exprimée de toutes les façons possibles dans la dernière période, et même à droite en France, a été massivement défavorable à monsieur Barroso. Cet épisode fonctionne comme une démonstration des effets possibles invraisemblables de l’effet de bulle en politique. L’union européenne est une bulle bien close. Ce vote restera je le crains dans les annales de l’histoire comme une manifestation de l’incurie de ce temps quand s’avanceront les désastres qu’il contient. J’espère que mes lecteurs ont bien noté que Barroso n’est élu que grâce à l’abstention du groupe socialiste du parlement européen. Ce point n’a pas été compris dans les moments qui ont suivi le vote parce que la règle du jeu est mal connue. Dans le cas présent ne sont comptés que les suffrages exprimés par rapport aux présents dans la salle. Dans ces conditions l’abstention est en réalité un vote favorable pour le mieux placé. Ce n’est donc pas un geste bien courageux de Martin Schulz, le président du groupe socialiste d’avoir demandé a ses députés de s’abstenir. Il a contribué à la victoire de Barroso. Si tout le groupe socialiste avait voté contre Barroso était retoqué. A présent c’est fait. «Je prie pour vous monsieur Barroso et je demande à la sainte mère de notre sauveur de vous inspirer les vertus de sagesse dont elle est si pleine» a déclaré un député conservateur polonais. Pourquoi pas, au point où nous en sommes dans cet hémicycle!

Mercredi encore, 16 heures.

HOMOPHOBES

Eh! Celui là je connais son nom! C’est Landsbergis! N’est-ce pas le héros un tantinet folklorique de la lutte contre l’Union Soviétique en Lituanie? Peut-être un homonyme. Quoiqu’il en soit, en ce moment, un immense démocrate de ce nom est en train de défendre le vote contre une résolution qui vise son pays. Ce héros est en train de soutenir une loi votée en Lituanie qui organise la répression de l’homosexualité sous prétexte de protection de l’enfance. Un orateur se risque à faire remarquer qu’il est pitoyable de voir un pays qui a eu à souffrir l’oppression et qui a tant protester contre se mettre à organiser de telles formes dégradantes de répression. Il faut savoir que la Présidente lituanienne a opposé son veto à deux reprises à ce texte qui met sur le même plan l’homosexualité et la nécrophilie, entre autre sottise. Ce débat me change de mes démêlées d’hier à propos des moutons affectés de la langue bleue. S’agissant de l’homophobie de la majorité législative lituanienne, le commissaire Barrot a exprimé courageusement les «réserves» et même «l’inquiétude» de la Commission. Les homophobes de la Lituanie doivent frémir de peur. Mais comme l’a dit un intervenant de droite, favorable aux homophobes, l’Union Européenne n’a pas compétence dans ce domaine. Ce n’est pas l’avis des attaquants. Ils soutiennent au contraire que l’homophobie met en cause un droit fondamental dans l’Union. Bien vite le commissaire Barrot se presse de convenir que l’Union n’a pas compétence pour les lois sur la famille. Mais la loi homophobe peut remettre en cause les clauses concernant la création culturelle et sa diffusion médiatique et aussi la liberté du commerce électronique. Ca c’est du sérieux! Pour moi, il est temps de s’intéresser à ce que font réellement les pays baltes au lieu de les idéaliser. Ces pays contiennent des êtres humains comme les autres. Avec leur force et leur faiblesse, de droite et de gauche. Sans oublier les imbéciles largement répartis entre tous les camps. Il est absurde d’idéaliser ces pays et de fermer les yeux sur certains débordements qui ne seraient acceptés nulle part ailleurs. Le piédestal des premiers prix d’anti communisme est une vieillerie bien trop étriquée pour aider à vivre dans le moment présent. Cette réaction à la législation anti-homo de la Lituanie est un bon début pour une saine banalisation des relations entre les pays européens. Je déplore seulement qu’il n’y ai eu aucune réaction du genre de celles que nous constatons aujourd’hui quand les lettons ont décidé de payer des retraites aux anciens SS de leur pays. Disons pour l’honneur des gens qui sont ici, que la résolution qui flétrit la loi homophobe est portée sur tous les bancs, à droite et à gauche. Et de même en Lituanie. A présent je quitte mon banc au moment où commence la discussion d’une résolution a propos des traitements infligés aux animaux. On aurait tort de croire que cela ma fasse sourire le moins du monde. J’estime que la façon dont il est procédé dans le transport des animaux ou leur élevage hors sol est une des faces les plus hideuses de ce qu’est en réalité cette société du commerce et du fric ou un être sensible peut être traité avec moins de compassion qu’une chose.

L'EUROPE, HELAS

Je vais interrompre mon récit d’ambiance européenne. Je ne l’ai commencé que pour donner un autre regard sur la vie d’une institution en partant du vécu au fil des heures. Je n’ai pas l’intention d’enjoliver le tableau. Mais en faisant preuve d’ironie je ne crois pas forcer le trait. Bien au contraire. Il en reste tant à dire. Du matin au soir j’ai de bonnes raisons d’écumer de mécontentement. Voyez ces textes dont l’existence m’est révélée trois jours avant le début de la session. En version anglaise. Le programme de la séance, encore en anglais, absolument incompréhensibles qui ne permet de surcroit en aucune façon de savoir de quoi traite leur contenu. Que dire de ces réunions sans traduction, de cette désinvolture à bousculer les ordres du jour en dernière minute, et par-dessus tout, de cette obsession de la concision avec ces temps de paroles en spasme de crapaud. Je me garde pour l’instant de faire des rapprochements que l’on me reprocherait pour leur simplicité entre ces méthodes et le caractère intrinsèquement a-démocratique de cette institution. Mais je les pense de plus en plus fort. Et dans le même temps décroit la ferveur fédéraliste qui m’avait animé tant d’années. Car ce que je vois ne m’inspire rien qui vaille pour mon pays tant est violente, ici, la fureur idéologique des libéraux de tous les pays et puissant l’écho que leur renvoie le conseil et la Commission. Ici la plupart des conceptions qui sont un dénominateur commun de la culture politique française sont considérées comme des extravagances gauchisantes… Mars est plus proche de l'Union Européenne que la République française.

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