Comment faire une note brève sur ce blog quand tant d’évènements sollicitent ma participation, excitent mon intérêt, bouleversent mon esprit. Ici, je vais parler d’une visite chez les Molex, à Villemur sur Tarn, dans la Haute Garonne. Puis des progrès remarquable accomplis vers le rassemblement de l’autre gauche en France au cours des dix derniers jours. Et de ses résultats en Allemagne et au Portugal. Tout se tient. Je voudrais bien faire passer dans l’ambiance morose de ce moment triste de l’histoire de notre pays un peu de l’optimisme que suggèrent les lumières qui s’allument sur notre ligne d’horizon.
MISE SOUS SEQUESTRE

Vendredi dernier j’étais à Villemur sur Tarn, dans la Haute Garonne, avec les salariés de Molex. Je suis arrivé dans l'après midi. On avait rendez vous avec les camarades de la CGT sur la place a côté de la mairie. Une de ces rencontres dont on ne sort pas indemne. Un adjoint socialiste de la municipalité s'est joint aà nous. Moi j'étais accompagné par Guilhem Series, conseiller régional PG et Jean-Christophe Selin autre élu PG à la ville de Toulouse. Eux deux sont les dirigeants départementaux du Parti dans l'Aveyron et la Haute Garonne. C'était un moment simple et très fort. Ceux de Molex m'ont raconté la fin de cette phase aigue de la lutte. Même si la lutte n'est pas finie, puisque, eux, continuent à revendiquer et à se battre. Les Molex je les avais rencontré pendant la manifestation à Toulouse, le 29 janvier. Le jour de la première très grande mobilisation interpro. Vous vous souvenez? Ils étaient déguisés en gaulois. mais ce n'était déjà pas la joie. Cette fois ci, le soir, après notre rencontre,
il y avait une « fête musicale » de solidarité. Ca se passait à côté de l’usine occupée par quatre vingt miliciens payés par le patron américain pour protéger le site contre les ouvriers qui l’ont pourtant fait vivre toute leur vie. J’ai fini la journée cassé en deux de rage contre les patrons voyous et de honte pour mon pays qui est gouverné par des gens qui encouragent ces méthodes. J’ai proposé lors de ma rencontre avec les représentants de la CGT Molex que l’Etat mette sous séquestre l’usine de Villemur. Cette mesure serait justifiée par le trouble à l’ordre public créé par les violations successives de la loi et du code du travail par la firme américaine Molex, comme l’ont constaté les tribunaux à plusieurs reprises. Entrave au comité d’entreprise, défaut d’information des salariés, non respect des procédures de licenciements, non paiement d’une partie des salaires, tentative de lock-out, tout a été fait aux ouvriers de Molex. Face à de tels agissements, la mise sous séquestre constitue un instrument d’intérêt général. Pourquoi l’Etat s’en priverait-il s’il est bien au service des citoyens et de l’état de droit ? A la Libération, l’Etat n’a-t-il pas mis sous séquestre l’entreprise Renault avant qu’elle soit nationalisée ? Le motif en était alors l’enrichissement avec l’ennemi et le détournement du travail et des produits du pays au profit d’une puissance étrangère. Le pillage des brevets, des machines et des carnets de clientèle de l’usine Molex, les violations répétées de la loi sanctionnées en vain par nos tribunaux, constituent un cas qui peut être assimilé à cette situation. Cette mise sous séquestre permettrait d’empêcher la vente pour un euro l’usine à un fonds américain, qui reçoit en plus 6 millions d’euros de l’Etat pour achever la liquidation de l’entreprise. Surtout, elle permettrait d’obliger la tenue d’une table ronde entre le gouvernement, les syndicats et les entreprises automobiles qui utilisent les produits de Molex. A ceux qui me trouvent un peu trop virulent, je veux raconter,
ce cas d’école qu’est la situation de Molex.
UNE TRES BONNE AFFAIRE

L’usine de connectique de Villemur sur Tarn dans la Haute Garonne, existe depuis 1932. Elle a d’abord été rachetée en 2000 par la SNECMA. Celle-ci n’était vraiment intéressée que par la partie connectique aéronautique. Dès 2004, la SNECMA, qui s’appelle aujourd’hui groupe SAFRAN, décide donc de se débarrasser du secteur connectique automobile qu’elle vend au groupe Molex. Le groupe Molex est un géant américain de la connectique et de l’électronique. Il emploie plus de 30 000 personnes dans le monde. Il dégage près de 3 milliards de dollars de chiffres d’affaires annuel. A l’époque, l’usine de Villemur réalise 65 millions d’euros de chiffre d’affaires. Pour Molex, le rachat de l’usine de Villemur était le moyen d’entrer sur le marché européen et notamment d’accéder aux gros clients automobiles français, PSA et Renault, gros consommateurs d’électronique connectique. 48 % de la production faite à Villemur sur Tarn était vendue à PSA et 20 % à Renault. Le rachat de l’usine de Villemur a été une réussite pour Molex qui est devenu le deuxième plus gros fournisseur de PSA. La réussite est également financière puisque l’usine de Villemur est très largement rentable. Elle a dégagé 1,2 millions d’euros de bénéfices en 2008. Et près d’un demi million encore au premier trimestre 2009 pour un chiffre d’affaires d’environ 40 millions d’euros. Il faut savoir que depuis fin 2006 et jusqu'en février 2009, l'usine de Villemur a généré le plus fort taux de résultats parmi l'ensemble des sites de la division auto de Molex. Molex a donc réalisé une excellente affaire en achetant l’usine de Villemur. Une excellente affaire même. Les syndicalistes considèrent que la SNECMA aurait vendu l’entreprise pour la moitié de sa valeur. Première question : pourquoi le prix de vente a-t-il été aussi favorable à l’acheteur ?
VIEILLES ACCOINTANCES ?

Et voici la deuxième question. Pour réaliser cette vente à Molex, la SNECMA était assistée à l’époque par un cabinet d’avocats d’affaires. Il s’agit du cabinet Baker et McKenzie. Ou est le rapport avec la situation aujourd’hui ? Je ne sais pas s’il y en a un. Je note seulement que ce cabinet était alors présidé au niveau mondial par Christine Lagarde. Madame Lagarde est aujourd’hui ministre des finances, en charge du dossier. Je note aussi que le ministre chargé de l’industrie à l’époque était monsieur François Fillon. Aujourd’hui il est le Premier Ministre. De ces deux coïncidences je retiens que ces deux personnages, clef aujourd’hui dans le dénouement de l’affaire, sont les même que ceux qui l’ont mise en place il y a cinq ans. Je note qu’ils étaient alors situés des deux côtés de la barrière. Je signale ces faits pour que chacun les aient à l’esprit quand je vais évoquer l’incroyable mansuétude des pouvoirs publics face aux violations et combines de Molex. De vieilles accointances ?
UNE ASPHIXIE PLANIFIEE

En octobre 2008, le groupe Molex annonce par surprise sa décision de fermer l’usine pour juin 2009 et de licencier les 283 employés. Il est ouvertement dit qu’il s’agit de délocaliser la production aux USA et en Chine. Argument invoqué : la crise de l’automobile. Facile. Dans les faits, la délocalisation est aussi aberrante sur le plan économique qu’écologique. Car Molex continuera de fournir PSA et Renault ! Les pièces devront donc faire des dizaines de milliers de kilomètres pour être livrées ! La crise est de toute façon un pur prétexte. L’usine ne manquait pas de commandes. D’ailleurs, les salariés ont aussi découvert, grâce à une fuite chez PSA, que Molex avait prévu depuis plusieurs mois de délocaliser aux USA indépendamment de toute considération de conjoncture. La preuve est faite aussi que, dans le dos des salariés, Molex avait commencé à détourner une partie des commandes vers les usines américaines. L’asphyxie progressive de l’usine de Villemur était donc planifiée. En toute hypothèse le groupe Molex ne se porte pas si mal. N’a-t-il pas décidé d’augmenter de 33 % en 2009 les dividendes versés aux actionnaires. Ce sont donc 100 millions de dollars qui ont été distribué, en pleine crise, contre 75 millions l’an dernier.
ILS SE CROIENT DANS UNE REPUBLIQUE BANANIERE. ONT-ILS TORT ?

Jusque là, c’est la chronique ordinaire de la lutte de classe qui, comme chacun le sait, n’existe pas. Des patrons américains achètent une entreprise française pour prendre sa clientèle, ses brevets et ses parts de marché. Elle prend l’argent public et les bénéfices. Puis elle pille le site et délocalise. Banal. Mais Molex a fait plus violent. Le groupe a multiplié les violations du droit du travail pour liquider l’usine à tout prix et au plus vite. Entre novembre et juin 2009, deux plans sociaux successifs ont ainsi été annulés par la justice pour entrave au comité d’entreprise et défaut d’information. Molex refusait en effet de fournir la moindre donnée économique pour justifier la fermeture. Les yankees prétendent que la loi française ne s’applique pas à eux. Ils arguaient donc de la législation américaine. Bref du Bolkestein comme s’il en pleuvait. En août dernier, Molex a aussi tenté de fermer par la force l’usine, suite à la grève engagée en juillet par les salariés. Le lock out est interdit en France. Ce qui lui a valu sa troisième condamnation par la justice. L’américain s’en fiche. Son projet c’est de partir vite, les poches pleines. Et surtout sans discussion pour éviter de parler de repreneur. Pas question d’installer un concurrent. Pourquoi se gênerait-il ? Depuis le début le pouvoir politique en France est d’une docilité de caniche. En dépit des condamnations en justice. En dépit du rôle qu’auraient pu jouer PSA et Renault en tant qu’entreprises bénéficiaires du plan de soutien à l’automobile. Le gouvernement a laissé faire l’ami américain comme s’il était chez lui.
LE GOUVERNEMENT TOMBE ENCORE PLUS BAS
En fin de parcours, après des mois de lutte ouvrière, la honte va à son terme. Le gouvernement fait des mouvements de menton. Et il autorise un scandale encore plus grand si c’est possible. Il décide de livrer l’usine de Villemur à un fonds d’investissement américain, HIG, spécialisé dans le capital risque. On se demande où est le risque. Car pour ce fond c’est plutôt le jackpot. Voyez cela : pour un euro symbolique, il récupère une entreprise bénéficiaire. Un euro ! Et il empoche aussi cinq millions d’euros de Molex qui reçoit l’autorisation de reconvertir de cette façon toutes les amendes qu’il doit ainsi que les sommes qu’il devrait débourser au nom de la ré-industrialisation du site. Et là-dessus l’Etat ajoute encore six millions et demi d’euros d’avances. Total onze millions et demi d’euros comme prime de risque ! Et quoi en contrepartie ? A peine 20 salariés sur 283 repris ! Et une vague promesse d’en reprendre 75 d’ici un an. Et pas le moindre engagement de maintien durable de l’activité. Le seul engagement économique de Molex est d’acheter pour 2,5 millions d’euros de produits à l’usine pendant 2 ans. C'est-à-dire 20 fois moins que sa capacité de production actuelle. Car Molex a obtenu que ne soit conservé sur le site que les chaînes de fabrication des produits nommé « en fin de vie » c'est-à-dire qui ne seront plus commercialisables dans un délai de deux ans. Tout le reste est parti ! Cinquante deux semi-remorques sont venues, deux par deux, encadrées de motards et des miliciens de Molex pour vider le stock et les outillages des machines. Le gouvernement a couvert le chantage organisé par Molex que ce plan de reprise soit approuvé par les salariés, en les menaçant de non paiement des salaires d’août et septembre. Les travailleurs sont donc tombés à genoux sous les coups. La nuit du vote, la sirène d’alarme a sonné interminablement signalant la fin du conflit et l’amère défaite. Dès lors l’humiliation n’a plus eu de fin. Les vingt recrutés sont des jaunes. Et pour couronner le tout, le négociateur de Molex s’est à nouveau rendu coupable de délit d’entrave le 15 septembre. Il a déployé ses vigiles dans la préfecture pour empêcher les avocats des élus du personnel d’accéder à la salle de la préfecture où se négociait l’ultime plan social. Alors que Molex était assisté de son côté par ses propres avocats. Le tout sous l’œil bienveillant du préfet qui n’a rien trouvé de mieux à faire que de prévoir une salle où le syndicat pourrait consulter ses conseils. Bref, un complice de plus au délit d’entrave. A Villemur sur Tarn, l’Etat n’est plus dans l’Etat, la France n’est plus un Etat de droit, la loi ne s’applique pas. Molex est roi. Son patron commande, entouré de ses gardes du corps qui déploient comme des crétins qu’ils sont, pour un oui pour un non, leur bouclier en kevlar. Sa milice occupe l’usine. Il va et vient dans une voiture aux vitres tintées entouré de deux véhicules de protection ! Un cinéma ridicule destiné à impressionner comme le fait toujours une puissance occupante.
SOIREE ELECTORALE
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Ambiance euphorique. Les résultats électoraux en Allemagne et au Portugal, montrent une sortie au tunnel de l’autre gauche. (Bien sur la victoire du programme de droite dans les deux cas, même dans les guenilles social libérale interdit de danser sur les tables. Mais nous savons bien que ce genre de défaite est inéluctable avec le genre de gauche dominante que nous avons partout en Europe. Ce qui est nouveau c’est précisément qu’on ne sorte pas d’une élection non seulement battus et humiliés mais sans aucun point d’appui, comme ce fut le cas en Italie. Donc on pavoise quand même. Surtout si l’on prend la
mesure exacte de l’évènement. L’Allemagne est la troisième puissance économique du monde et la première sur le vieux continent. Elle y est aussi la première en population. L’impact de l’évènement n’est donc nullement allemand. Il retentit sur toute la scène de la gauche dans le monde. Quoique fassent les maquilleurs de presse, partout dans le monde, ceux qui savent à quoi s’en tenir dans les formations de gauche en crise, entendent le signal. Depuis le résultat aussi, ici même en France les contacts des socialistes mal à l’aise et des militants en retrait d’action politique reprennent avec les dirigeants du parti de gauche.
LA RUINE DES ENDORMEURS
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D’autant que dans ces deux pays existe aussi, dans les partis socialistes, la variété des « endormeurs » de gauche dont nous sommes richement dotés en France. En Allemagne, la gauche du SPD aussi a beaucoup joué du violon contre le « sectarisme d’Oskar », ses «exclusives» contre le SPD. Ils lui ont beaucoup retourné ses « discours du passé sur la nécessité du rassemblement », ils ont bien soupiré, navrés, devant ses fréquentations gauchistes et son alliance avec les « amis des anciens gardiens du mur de Berlin ». Ils ont aussi écrit et couiné partout qu’il ne faisait ça que pour « faire parler de lui » ou bien « régler des comptes avec sa génération ». Et bien sur, tous ont trépigné, surtout ceux qui avaient été ses commensaux au SPD, lorgnant sur leurs investitures, que c’est au « SPD que ça se passe ». Ils avaient pour eux le nombre, les moyens, le sérieux des faces de pierre qui les dirige. Et voici le résultat. Et chacun est devant sa conscience : quel espoir resterait il après la victoire de la droite et la course de la social démocratie vers le néant après ce scrutin, si Oscar n’avait pas fait tout ce qu’il a fait ? Que resterait-il ? Nous, nous avons dorénavant en main un outil de combat trempé dans le feu du suffrage universel. Dans le monde entier des militants anonymes relèvent la tête ! Ce résultat oblige aussi les lourds caciques du SPD à faire fonctionner leurs petites cervelles étroites. C’est parce qu’il y a le résultat de Die Linke que le SPD se pose la question de l’alliance à gauche de nouveau et de la reprise des mots d’ordre de la gauche. Et les autres ? Les endormeurs de la « gôche » du parti ? Que leur reste-t-il après la bataille perdue ? Juste des phrases pour pleurnicher sur la responsabilité des chefs, interchangeables et donc inamovibles. Je reconnais que ce n’est pas totalement vrai. Ils se sont déjà ressaisis. Ils disent qu’ils doivent avoir plus de places, plus de pouvoir « pour éviter que continue l’hémorragie vers Die Linke ». Un comble ! Ceux là marchanderont décidément tout pour des places. Mais qui parviendra à faire oublier que la gauche du SPD vient de passer une législature sous un gouvernement de coalition de son parti avec la droite sans rien faire contre ? Quand j’ai posé la question on m’a répondu que c’était pour ne pas « diviser inutilement » et pour permettre à la jeune leader de la gauche du parti, Andréas Nahle, que j’ai bien connu du temps où j’animais « la Gauche socialiste » au PS, de se positionner « pour la suite ». Et voila le tableau. Une crise majeure de la société humaine d’un côté, un plan de carrière de l’autre pour toute réponse !
QUI SERA TROMPE ?
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Donc on jubile. « Peut-être que ça ne durera pas», dois-je préciser pour contenter les pisse maussades. J’ai connu une voisine au village qui regardait le beau temps en grinçant des dents : « on va le payer ». Et quand la pluie et le froid revenait : «c’est toujours pareil, je l’avais bien dit ». Les bonnes nouvelles étaient pour elles un entremède sadique entre deux désolations. L’autre gauche a fait sa percée en Allemagne et au Portugal, en dépit d’une monstrueuse abstention. Qu’aurait-on entendu si c’était l’inverse ! J’y vois un encouragement pour nous ? « Ce n’est pas la France » couinent aussitôt en chœur les têtes d’œuf. Et de toute façon ce n’est pas « l’autre gauche ». Ce sont des « néo-communistes » pour les uns, en Allemagne, « des maoïstes et des trotskistes » pour les autres au Portugal. Autant dire : rien. C’est écrit dans les journaux qui comptent. Le bal des importants peut continuer. Tel est le pouvoir des mots. Nicolas Sarkozy nous vole les uns, certains commentateurs nous voilent les autres. Sur le moment, on enrage. Mais si on regarde bien la situation, il n’est pas sur qu’il n’y ai que des inconvénients à cette sorte de propagande. Car on peut penser qu’à la fin, elle trompera seulement ceux qui la produisent. Sinon qui d’autre ? En effet le grand nombre des citoyens, de toute façon, se tient à grande distance de la scène politique. En atteste les abimes d’abstention aux élections. Ca ne rend pas cette masse immense politiquement inerte pour autant. Mais elle devient progressivement imperméable aux rites visibles de la politique. A l’inverse ceux qui suivent de près savent à quoi s’en tenir. De bien des façons ils s’endurcissent. En quelque sorte. Dès lors les abus d’enfumage de la sphère officielle protègent également la scène sur laquelle nous agissons contre les intrusions qui rendraient tout plus compliqué. Nous faisons un travail de dentelle. Et, petit à petit, parfois de très peu, d’autre fois nettement, l’union de l’Autre gauche avance.
UN VRAI TOURNANT

En une petite dizaine de jours, nos affaires ont bien progressé. Mètre par mètre nous approchons du moment où peut se réaliser le rassemblement de l’Autre gauche. Tout le potentiel du futur à gauche dépend de cela. Nous avons atteint ce point en deux bonds. Le premier est fait avec un texte d’enracinement du front de gauche établit par les partis qui le constituent. Le second est une déclaration rédigée à l’issue d’une rencontre qui a réunit notamment les partis du Front de Gauche, le NPA, les alternatifs et la Fédération. Bien sur chaque pas de fait nous laisse toujours en suspend entre des points d’appuis provisoires. Il ne faut donc jamais crier victoire. Tout peut-être remis en cause à chaque instant. Il ne faut pas non plus donner à l’un ou à l’autre le sentiment de tout ramener à soi. Ni soi-même prendre la mouche quand une fuite de presse malveillante ou une rumeur de couloir semble ruiner, à dessein, des heures de diplomatie patiente et discrète. Par-dessus tout laisser les égos aux vestiaires. Le résultat est là. Vous pouvez y accéder en vous rendant sur le site du Parti de Gauche (http://lepartidegauche.fr) si vous voulez connaitre le détail des textes auxquels je vais me référer dans la suite de cette note. Mais ensemble ces deux documents constituent un tournant dans les relations à l’intérieur de l’Autre gauche.
UN FRONT DE GAUCHE DURABLE EST EN PLACE

Le Front de gauche vient de franchir une étape décisive. Il dispose dorénavant d’un comité de liaison permanent. Ce peut vite devenir une coquille vide bien sur. Aucune politique n’est jamais assurée du fait de la création d’une structure. Mais ce peut-être un organe de pilotage commun décisif s’il est actif. C’est l’option annoncée. Cette semaine va être fixée sa composition et son calendrier de travail. L’autre évènement c’est la décision de rédiger une plateforme partagée entre les partis constituant le front de gauche. C'est-à-dire un programme. Dit dans la langue certes un peu pesante des communiqués communs, cela donne la formule suivante : « ouvrir immédiatement un chantier pour élaborer une plate forme partagée du Front de Gauche, contenant les grands axes de l'alternative de rupture nécessaire face à la droite et des propositions d’urgence permettant de répondre aux exigences populaire, aux dégâts de la crise capitaliste et du productivisme. » C’est de cette façon que s’est dénouée une ambigüité qui alourdissait le climat entre les communistes et nous. Un grand pas en avant vers la solidification du Front de Gauche est franchi. Dorénavant, chaque fois qu’une rencontre aura lieu sous le timbre du Front de Gauche, ce qui sera mis en débat avec toutes les autres composantes de la gauche, du NPA aux socialistes, ce sera le contenu de la Plateforme Partagée. Je ne pense pas avoir besoin de décrypter plus avant ce que cela représente. Ce «comité permanent» et cette «plateforme partagée» représente deux acquis extraordinaires pour tous ceux qui soutiennent la démarche de rassemblement que le front de gauche représente. Encore faut-il rédiger la dite plate forme partagée. Nous allons nous y atteler d’urgence. De toute façon il faut aller vite car de nombreuses rencontres se profilent à l’horizon. Des que les plateformes partagées sur les thèmes concernés seront prêtes la mécanique du débat à gauche pourra prendre toute son ampleur.
LE FRONT COMMUN DE L’AUTRE GAUCHE AVANCE

Le Front de Gauche ne contient pas toute l’autre gauche. Dommage. Mais c’est ainsi. En particulier le NPA refuse toujours d’y prendre place. On n’y peut rien, semble-t-il. Pour autant est-il impossible d’avancer ? Non, bien sur. On doit inventer une façon de faire qui rende possible le regroupement. Il est juste de dire que dans ce moment le mouvement le plus délicat est celui que doit faire le NPA. Car il lui faut entrer dans une logique d’alliance de longue durée. Il l’avait certes lui-même prôné avant les européennes. Mais c’est une autre chose que d’y entrer pour de bon à présent. Surtout après les européennes. Tout autour, les rumeurs courent. Ce serait pour l’apparence que joueraient les responsables du NPA. Pour ma part je ne le crois pas. Il est vrai que leurs conditions d’entrée dans la discussion sont anguleuses. Mais ils n’ont pas déclaré que ce serait à prendre ou à laisser. C’est le point décisif. Le texte adopté s’engage dans la voie de l’accord. Une prochaine rencontre est déjà prévue. De leur côté les communistes d’abord présentés comme les plus réticent ont eu bien au contraire une attitude franche et constructive. Ils ont dit ce qu’ils avaient à dire. Leur analyse sur la nécessité de ne biaiser avec aucun sujet ni aucune difficulté était d’ailleurs très tranquillement et fortement argumenté par Pierre Laurent et j’ai dit que j’étais bien d’accord avec elle. Puis les communistes ont donné les moyens d’avancer. Dès lors, si l’on met de côté l’attitude hérissée de nos partenaires de la Gauche Unitaire, pour qui il est vrai que les blessures sont encore fraiches avec leurs récents camarades du NPA, tout le monde s’en est tenu à cette attitude de recherche de l’avancée commune. Je suis sur que les résultats électoraux de la veille ont joué leur rôle. Peut-être plus qu’on l’imagine d’entrée de jeu. Tout se tient.