Après la panne!

Dites, samedi rendez vous à la manifestation en défense des droits des femmes. Dimanche soir je suis sur France Trois avec Samuel Etienne. Et à part ça ? Rien ne me fait mieux comprendre la place de ce blog dans mon travail que cette nouvelle panne, qui a rendu mon blog inaccessible. Trois jours en rideau, un désastre. Privé de l’outil j’ai pu mieux comprendre toutes les questions qu’il m’évite, les coups de fil qu’il m’épargne du fait des précisions et des réactions qu’il donne et qu’il explique.. Pour autant, je reste ferme dans ma définition de ce qu’il est. Ce blog n’est pas mon journal officiel. Et encore moins celui du Parti de gauche. Je commence donc par un récapitulatif sur la règle du jeu, très exigeante pour s’exprimer sur mon espace.

Mais dans cette note je publie tout ce qui est resté en rade sans pouvoir le publier. En particulier à propos de l'élection législative partielle dans les Yvelines. Evidemment le propos est augmenté de quelques autres choses auxquelles j’ai pensé en revenant par le train corail qui remonte de Toulouse vers La Souterraine en Creuse pour rentrer à Paris. J’ai passé deux jours dans le Limousin. En Creuse, c’était que du bonheur. Seuls les militants peuvent comprendre. L’ambiance avec les camarades aux repas, les rencontres sur le terrain des luttes, le meeting dans la salle de la mairie. Le temps était piquant froid. Le train du retour a eu dix minutes de retard. Encore heureux qu’il y ait encore un train qui s’arrête. Samedi, demain, les copains remplissent un autre train. Celui de la colère pour manifester contre la fermeture d’une ligne. Un peu plus bas, dans l’Aveyron d’autres camarades vont bloquer le même train ce soir. Il faut lutter.

REGLE DU JEU
Une main de fer va donc continuer à trier les commentaires. Oui, il y a ici une censure que j’assume. D’abord celle que nous devons au respect de la loi en ce qui concerne le droit des personnes et la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Ensuite celle qui me permet d’écarter les racolages politiques ou personnels, bien ou mal masqués. Enfin tout ce qui ne correspond pas à l’idée que je me fais du plaisir de l’échange argumenté. Exposer un accord ou un désaccord doit rester un exercice exigeant. Ceux qui ne sont pas contents de cette règle peuvent aller ailleurs. On peut dire du mal de moi, de mes amis, de mes méthodes et de mon blog. Ailleurs. Ceux qui sont « tellement déçuuuuu ! » à intervalles et sujets variables doivent savoir que leurs jérémiades convenues n’ont pas leur place ici. Elles seront donc systématiquement éliminées. Ceux qui veulent transformer mon blog tranquille en une AG ou l’on déverse son aigreur, ou un forum interne du PG, ne sont pas bienvenus non plus. Ici on vient donner des informations, argumenter un point de vue, signaler des causes, recommander des lectures. Allez zou, je passe à la suite. 

J’ENRAGE !
J’ai prévu de faire des lignes à propos de la vie des médias. Il se trouve que toute la semaine passée, jusqu’au 11 octobre, j’ai été plongé dans l’ambiance «média». Faire des médias, parler de médias, débattre avec des gens de médias à propos des médias. J’y viens. Mais pas tant que prévu. Je suis bien trop énervé. On peut même dire que j’enrage. A moins de trente voix près le Front de Gauche a raté les cinq pour cent à l’élection législative partielle des Yvelines. On devra donc faire face à tous les couts de campagne sur notre propre budget. Sans compter le symbole ! C’est injuste. Et depuis, l’arrogance socialiste finit de me mettre les nerfs à vif !

Dimanche 11 septembre
C’ETAIT PRESQUE FAIT
François Delapierre a fait en vingt jours de campagne un véritable tour de force de présence et de militantisme. Des dizaines de militants du PG son venus lui prêter mains forte, prenant tout sur leur temps disponible, aux côté des militants communistes des villes de la circonscription, pour gagner, une par une, les voix des cités et des usines. Et, dans les faits, pour l’essentiel, cet effort a payé. Car nous faisons 7% à Plaisir, la deuxième ville de la circonscription et même 9% dans la troisième ville. Mais nous échouons à Poissy où nous n’atteignons pas les quatre pour cent. C’est d’ailleurs la ville où la gauche fait son plus mauvais total. C’est la ville du maire socialiste allié au Modem, candidat en tête de la gauche dans la circonscription à l’issue du premier tour. Evidemment tout cela se déroule dans une circonscription traditionnelle de la droite. Quand même ! Mais le pire c’est cet océan d’abstention. Un gouffre, un abîme de désintérêt et de mépris pour la politique et ceux qui l’incarnent. Les médias de révérence ont pu jouer tout leur rôle malfaisant. Ils ont en effet fini de vider de toute signification politique la consultation en la réduisant à la célébration du « champion de judo » David Douillet, en spéculant sur le match entre Verts et socialistes, en pré-désignant les candidats « importants », en niant tous les autres, sans dire un mot, un seul, de ce qui pouvait les différencier, quels qu’ils soient, les uns des autres sur les dossiers locaux ou nationaux.

Lundi 12 octobre
STUPEUR ET SANG FROID

Pour le deuxième tour, le candidat socialiste local, maire allié au Modem, un potentat méprisant, a envoyé son maquettiste ramasser les sigles des autres candidats de gauche, comme un féodal passant collecter son du par ses vassaux à la Saint Michel. Comme il fut sincèrement étonné que celui du Front de gauche et du PG ne lui soit pas donné séance tenante ! Comme sa stupeur fut grande qu’on ait osé lui demander de certifier d’abord qu’il ne demanderait pas l’appui du Modem, même si le candidat de celui-ci est son adjoint à la mairie ! Aussitôt quels grands airs ! Pitoyable ! Mais la stupeur du hiérarque n’a pas fait pas perdre son sang froid à notre candidat. Pas d’engagement, pas de signature. Lundi soir on apprenait que la profession de foi était partie chez l’imprimeur sans le moindre échange à propos de son contenu avec qui que ce soit. Seuls les naïfs qui acceptent de signer sans lire auront donc l’honneur de figurer sur le document de référence du deuxième tour. Quelle privation pour les autres ! On peut douter que ce soit performant. Mais pour les socialistes ce deuxième tour semble être une pure formalité. L’essentiel, pour eux, était d’arriver devant les Verts. Que ceux-ci ait progressé de douze points n’atteint pas la cervelle du saurien social démocrate. Que nous soyons passés des 2 % communiste à la précédente élection jusqu’à près de 5% pour le Front de Gauche n’atteint pas non plus ses camarades. Tout semble leur être indifférent. On comprend. La rente du « vote utile sans rien faire » ne peut plus fonctionner le jour où le monopole du deuxième tour leur échapperait. Cette fois ci encore, ils sont hors d’affaire. Ils respirent. Ils se déboutonnent. A quoi bon discuter, se disent-ils. Dont acte. Mais nous nous devrons en tenir compte, de toutes les façons possibles. Quarante huit heures après le vote, le cacique social démocrate de Poissy n’avait toujours pas appelé notre camarade François Delapierre. C’est fait depuis. Le jeudi. Deux jours avant le vote. Lisez le blog de François pour apprendre comment cette sorte de socialiste traite les gens qui devrait être ses partenaires. Avec nous peine perdue. Aucune intimidation n’a la moindre chance. Je recommande aux électeurs d’en tenir compte et d’étudier avec soin ce qui sera déclaré par ce candidat avant de lui faire confiance. En particulier, s’il s’acoquine vraiment avec le Modem, seul sujet sur lequel nous avons demandé des engagements qui nous ont été refusés, il ne faudra pas l’encourager par son vote. Quand on est de gauche on ne vote pas avec la droite pour élire son représentant au parlement. 
 
Mardi 14 octobre
LES MOINS BIEN PLACES

Et, encore une fois, ce cas des Yvelines doit faire réfléchir. En ce qui concerne le Parti de gauche il a été fait le choix de proposer la candidature de son délégué général. Un signal de l’importance que nous avons donner à ce test. Personne ne croit donc dans nos rangs que l’attitude de mépris des socialistes soit purement locale. D’autant que Claude Bartolone s’est lui-même impliqué dans le règlement de ce deuxième tour. Il s’agit là d’un dirigeant socialiste qui non seulement connait le terrain mais aussi la force de notre engagement sur cette élection symbolisée par la présence de François Delapierre qui est le délégué général de notre Parti. Il est donc tout à fait logique de penser que le comportement arrogant et méprisant du pacha local est délibéré. Il couvre les démarches pour faire sa jonction avec le MODEM. Et il s’agit de montrer que ceux qui résistent au coup de sifflet du PS n’existent pas. Vivre par faveur des sociaux démocrates est un statut que nous abandonnons sans problème à ceux qui en sont coutumiers. Si je le relève, c’est surtout parce qu’il est également très probable aussi que ce comportement soit celui que nous devrons affronter si les listes socialistes arrivent en tête aux élections régionales. Car il y a peu de raison de croire qu’ils changent de comportement d’ici au deuxième tour de ces élections. Il est peu probable que ce soit dans un sens davantage rassembleur que ça va l’être dans cette circonscription des Yvelines. On peut en déduire que pour un deuxième tour ce n’est pas la liste socialiste qui est capable de rassembler le plus efficacement. Nous serons, nous, plus respectueux des autres, inclus les socialistes. Et sans doute les Verts seraient-ils eux aussi plus unitaires. Il faut y penser. En cela nous devons tenir compte de ce que Manuel Valls nous a montré après l’élection partielle de Corbeil-Essonnes ! Ses amis locaux avaient saboté le deuxième tour avec application en refusant pendant deux jours de retirer les anciens adjoints de Dassault présents sur leur liste du premier tour. Puis ils avaient distribué le dernier jour de campagne un tract ne mentionnant même pas le nom de la tête de liste de gauche ! L’arrogance et le mépris ne s’était pas arrêté là. Après le résultat, Manuel Valls avait déclaré, à l’époque, c'est-à-dire il y a une semaine, que la victoire de Dassault prouvait qu’on ne pouvait pas gagner avec une tête de liste communiste. Il faut s’en souvenir. Il faut y penser. Et voter en conséquence

COURRIERS ET CIRCULAIRES
On ne peut faire autrement que d’y penser. Voyez par exemple le Forum Emploi qu’organisent les socialistes, bientôt. Le 17 octobre. Bien sur ce sera lugubre, comme les épisodes précédents. Mais pour eux, seules comptent les apparences. Il faut qu’il soit dit que tout le monde a été invité et que seuls les méchants n’ont pas voulu venir au gentil goûter de tous les chouettes copains. Le résultat réel leur importe si peu qu’ils ne se soucient même pas de savoir ce qu’ils envoient comme texte d’invitation. Il faut avoir reçu la lettre de prise de contact pour comprendre sur quel registre sont traités ceux qui acceptent les « invitations » du PS. Pour la deuxième fois j’ai reçu une circulaire qui ne m’était sans doute pas destinée au départ. En effet elle commence par un rappel de nos « récentes rencontres », et de l’importance du cadre de la « maison commune » voulu par le PS. La lettre est personnalisée par un ajout au stylo, après « cher ami » je peux lire en manuscrit « cher Jean-Luc ». Cette lettre est un bon sujet de fou rire au Parti de Gauche où elle est enseignée comme un modèle des contre performance de la désinvolture bureaucratique. En effet, je n’ai jamais eu de « précédente rencontre » avec Aubry ni avec qui que ce soit dans ce parti. J’ai eu en tout et pour tout un coup de fil de François Lamy m’annonçant que Martine Aubry m’appellerait. C’était il y a cinq mois ! Comme le temps passe ! Mais j’ai eu l’occasion de lire, à propos de ses rapports avec Ségolène Royal, que le téléphone n’était déjà pas le point fort de la Première Secrétaire. Pour terminer avec ce courrier, je précise que j’ai déjà eu l’occasion de dire pourquoi nous ne sommes pas favorables au projet fumeux de « maison commune ». Pour l’information complète de mes lecteurs voici un extrait de cette lettre, le début du texte, version intégrale, faute de frappe incluse. « Cher Ami, cher Jean-Luc, Lors de nos récents échanges, j'ai eu l'occasion de te dire combien l'objectif du rassemblement ditla gauche est centrât pour le Parti socialiste. Construire notre maison commune 'est la condition de la victoire pour la gauche et donc du changement pour les Français. Le Parti socialiste souhaite que les formations politiques de gauche puissent, dans le respect des identités de chacun, travailler dès maintenant aux bases politiques de ce rassemblement. Conformément à nos discussions, une première journée de réflexion et d'étude commune sera organisée sous l'égide du Parti socialiste. Elle sera consacrée à l'emploi, où seront invités le Parti communiste, les Verts, les Radicaux de Gauche, le MRC et le Parti de Gauche ainsi que l'ensemble des syndicats. » Comment ca va nous manquer, mieux vaut que je ne le raconte pas !

Jeudi 7 octobre
CRIS DE PUTOIS

Jeudi matin dernier il y avait du sport au parlement européen à Bruxelles. L’orage s’accumulait depuis la veille. Au propre et au figuré. La nuit précédente nous avons eu un « vrai tonnerre de Brest avec des cris de putois », comme le chante Brassens. Mais auparavant dans l’enceinte du parlement il y avait déjà de l’électricité dans l’air. Mercredi, la droite a essayé de faire retirer de l’ordre du jour une motion sur la liberté de la presse en Italie. Mais c’est cette proposition qui a été battue. Les libéraux ont voté avec la gauche. Donc le lendemain matin le débat a eu lieu. J’avais cinq minutes de retard en séance mais je ne suis pas sur d’avoir manqué grand-chose. La commissaire européenne, que je connais bien pour l’avoir fréquentée quand elle s’occupait d’éducation, fait des gammes de bulles de savon sur le thème de la liberté de la presse en général et du droit des Nations à en disposer elles mêmes et selon leur législation. N’était le sujet, ça me ferait bien rire de voir tous ces donneurs de leçons, qui se sont répandus en injures contre Chavez pour le non renouvellement d’une licence de télé voyou, se draper dans leur indignation sélective pour défendre le monopole de Berlusconi. La vérité est quand même que leur abaissement moral me réjouit. Vérité ici, mensonge là. C’est si grossier ! Leurs turlupinades me renforcent dans mon implacable hostilité à leur système, leur comédie, leurs jérémiades sur les droits de l’homme bafoués partout ou leurs armées, leurs hommes d’affaires et leurs griots tendent les pattes impatientes.

Jeudi 7 octobre
BERLUSCONI EST BIEN DEFENDU

En attendant j’ai vu la droite de toute l’Europe, français en tête, en rang serré autour du drapeau de Berlusconi. Une ligne argumentaire simple : le parlement européen n’a pas à s’exprimer sur un sujet qui concerne l’Italie et les italiens. Facile. Mais on se demande alors pourquoi existe l’Europe si elle ne se mêle pas de ce que font ses membres, en ce qui concerne les droits fondamentaux avec lesquels elle se gargarise à longueur d’année. Et pourquoi l’Europe se mêlerait de la liberté de la presse dans des pays lointains si elle n’en dit rien sur son propre sol. De l’autre côté, depuis nos rangs et ceux des sociaux démocrates on plaide que des principes universels sont en cause. Et on en apprend de belles, au fil des interventions sur les méthodes de la bande à Berlusconi. Patrick Le Hiarric par exemple, a fait un point étendu sur les poursuites judiciaires engagées par Berlusconi contre les journaux et journalistes, en Italie et même ailleurs, jusqu’en France. On voit même les libéraux monter en ligne contre la concentration des médias et le système Berlusconi. L’un d’entre eux se fait aussitôt traiter de communiste par un orateur de droite. « Osez dire que vous n’êtes pas communiste» lui lance l’excité ! Tous protestent que la commission ne fait aucune proposition contre la concentration de la presse. La réplique de l’assemblée au néant de la Commission est que personne n’a écouté la réponse de madame la commissaire qui s’est égosillée dans une ambiance de marché aux puces. En fait, il y a des plats qu’on ne goûte pas deux fois. Mon fichu fil de casque de traduction crachouillait affreusement. J’ai donc manqué pas mal de subtilités de cette sorte, j’en suis certain. Mais, souvent, le son de la voix me suffisait. Sans oublier les gestes.

TRAGI COMEDIE
La grosse colère des élus de droite et d’extrême droite italienne avait une délicieuse apparence de tragi-comédie à la Fellini, cinéaste dont je suis très raffolé.. Côté droite, on a beaucoup raillé les indignations de la «gauche caviar». Puis on a cité beaucoup le président de la République italienne comme un refrain. En effet celui-ci a affirmé que le parlement européen n’a pas de compétence sur le sujet. Et puis, comme c’est un ancien communiste, donc c’est censé nous faire mal. Mais on a aussi cité une interview de Cohn Bendit. Pour lui Berlusconi n’est pas un dictateur. Pour lui, c’est tout simplement le centre gauche qui a perdu les élections et rien d’autre. Wee ! Avec de tels amis plus besoin d’ennemis ! Mais ça sent quand même la citation truquée hors contexte. Les italiens sont très excités et crient beaucoup. Parfois on ne comprend pas l’allusion qui est faites par l’un ni pourquoi les autres italiens hurlent. L’un d’entre eux nous crie longuement des injures en répétant le mot cinq ou six fois. Il est tout rouge de colère et somme toute plutôt grassouillet et postillonnant. Sa cravate est radicalement nulle. Mais où diable veut-il ne venir ? Mon casque crachouille une bouillie sonore inaudible. Tant pis le visuel me renseigne suffisamment. Et en plus il siège avec les nationalistes anglais. A un autre moment, je vois que d’autres nationalités sur les bancs de droite s’associent aux hurlements et crient «honte à toi», quand une députée italienne évoque je ne sais quel «massacre» nié par les berlusconiens. Ces gens sont impayables. La violence de leurs réactions sur ce sujet et leur morne indifférence à propos du Honduras est un contraste si violent ! Je parle du Honduras parce que le parlement européen n’a toujours pas condamné le coup d’Etat. Le cardinal pontife suprême de la droite à la commission des affaires étrangères, l’espagnol Salafranca a estimé qu’on «verrait», à propos du coup d’état, le jour « où on parlerait aussi de Cuba ». Jeudi les Etats Unis ont déclaré qu’ils ne reconnaitront pas le résultat des élections au Honduras…Ca ne changera rien ici. Le parlement européen, et ses faces de pierre conservatrices, sont directement branchés sur le secteur des néo-conservateurs étatsuniens. Par conséquent, pour eux, le Honduras est un test de résistance à la vague démocratique en Amérique latine. Les caniches européens sont aux ordres. Et puis ils ont tant à faire ! Aujourd’hui, Salafranca est en train de bramer son opposition contre la persécution de Silvio Berlusconi. Je suis sur que cet énergumène doit se pâmer quand le Dalaï Lama vient faire ses sketchs de théocrate au parlement européen. Hé ! Hé ! Au moins, c’est clair, ici. Les moches n’ont pas peur de la lumière.

Vendredi 9 octobre
VIE MEDIATIQUE ET VIE SOCIALE
Ce débat au parlement européen a donc opposé les partisans du bien et ceux du mal à propos de liberté de la presse et tout ça. Il me parait cependant assez artificiel ! Certes, je partage les critiques sur la concentration des médias comme risque avéré pour la démocratie et la citoyenneté. Ca se comprend facilement. 80 % des informations dont disposent les citoyens viennent des télévisions. Qu’elles soient en même mains et les citoyens ne disposent plus d’aucun moyen de former leur conviction de façon autonome. Mais cette façon de voir est tout à fait formelle. La concentration n’est pas l’unique cause de l’uniformisation de la parole médiatique. Loin de là. Il suffit de voir comment les choses se passent en France pour en avoir idée. Le miracle quotidien qui voit les deux grandes chaines hiérarchiser exactement de la même manière exactement les mêmes sujets doit faire réfléchir. D’ailleurs les partisans de Berlusconi s’amusent de faire des statistiques accablantes pour les imprécateurs : il y a quarante deux chaines de télé et radios et plus de cent journaux en Italie. «Comment expliquez-vous alors qu’il n’y ait qu’une tonalité » raillent-ils. On comprend l’abus que cet argument comporte. Quelle commune mesure entre une chaine nationale et une télé de communauté ? Mais soyons honnête. Comment expliquons-nous l’homogénéisation de la forme et du fond dans nos propres médias ? Quel effet de système est à l’œuvre ? Ensuite, si on veut entrer dans le détail des situations, pourquoi faisons-nous comme si la responsabilité individuelle n’était jamais engagée ? Les journalistes sont-ils des êtres humains ou des créatures d’essence pure et parfaite en contact intime avec la vérité.

BIENTOT LES FAILLITES
On comprend le mécanisme assez rustique qui bloque ce débat. Un corporatisme de mules bloque toute approche sur ce terrain. Les intéressés eux-mêmes ne se sentent plus aucune limite. Ainsi ai-je été appelé au téléphone et fait l’objet de messages longuement injurieux de l’intéressée pour avoir mis en cause la façon dont était présentée comme « liste communiste » à Corbeil la liste du Front de Gauche. Comme si la liberté de parole critique d’un élu politique sur un blog public était par nature illégitime, en face des caractérisations manipulatoires, en tous cas jusqu’au point de mériter une intervention dans la sphère privée qu’est une messagerie téléphonique. Cet épisode conforte l’idée que je me fais de l’immense malaise social et de confusion intellectuelle qui règne dans ce secteur. A présent tout cela va s’aggraver par les défaillances d’entreprise de presse qui vont bientôt se manifester. Aux Etats unis, royaume du Bla Bla sur le pluralisme et la liberté d’être tous d’accord sur tout, plus de cent journaux ont du fermer leurs portes et je ne sais combien de radio. Le papier de Ramonet dans « le Monde diplomatique » décrit tout cela très bien, je crois. La vague passera bientôt sur la France. Ce fait extrême nous rappelle qu’il est absurde de faire comme si la production de l’information n’était pas aussi une activité menée par des personnes socialement déterminée par leur environnement. Et donc que le principe de la responsabilité individuelle est, dans ces conditions, engagé dans cette profession comme dans les autres. Mais avec des conséquences sur lesquelles il est légitime que la société demande des comptes puisque c’est son propre pouvoir d’intervention qui est conditionné par cette responsabilité des individus qui la rende ou non possible.

Jeudi 8 octobre
PERSONNEL ET COLLECTIF

Jeudi après midi j’ai pris l’avion depuis Bruxelles pour aller à Strasbourg. C’est stupide d’aller à Strasbourg depuis Bruxelles un jour où il n’y a pas de session, non ? Pourtant je le fais. Reprenons notre réflexion, mon cher, puisque tu es assez sot pour te faire embarquer dans un aller retour de plus en avion. Donc disais-je, à présent, tout se passe comme si, au contraire de n’importe quelle autre activité humaine, dans les métiers de médias, personne ne serait responsable de rien personnellement. C’est dommage de laisser ainsi bloquer la réflexion. Pourtant elle nous conduirait sur un terrain plus rationnel. Il vaudrait mieux que les généralités débitées pour une confrontation qui oppose des vaches sacrées antagoniques, collées au sol par leurs ruminations dogmatiques. D’un côté les purs et honnêtes journalistes, indépendants, éthiques, et ainsi de suite, de l’autre une dénonciation aveugle et absurdement globalisante au nom d’une improbable liberté de la presse, hors sol social et culturel. Pour moi, la dimension invisible de la vie médiatique est celle de la condition sociale des professionnels des médias d’une part et des conditions matérielles de l’exercice de leurs métiers d’autre part. Eux-mêmes sont le plus souvent incapables de le formuler. C’est bien sur d’abord le fait de l’idéologie dominante dans la profession et dans les écoles de journalistes. Ensuite de l’extrême compétition entre les personnes qui règne dans la profession, bloquant toute introspection raisonnée. Mais surtout, il faut donner leur rôle essentiel aux conditions matérielles de l’exercice de leur profession. Ce sont elles qui rendent impossible la mise à distance que cette réflexion suppose. Telle jeune journaliste qui m’interroge un samedi après midi, après m’avoir couru après dans Paris dans son véhicule qu’elle ne sait où garer, et qui en surgit avec en charge sur les bras la caméra, le micro et la fiche, qui sert à la fois à faire le réglage du blanc et noter les questions, n’est pas en état d’avoir un recul critique sur ce qu’elle accomplit. Surtout quand questions et réponses sont préformatées, surtout quand elle doit encore faire la course à trois autres personnes sur trois autres sujets, surtout quand ca dure depuis le début de la semaine sans pause ni temps de lecture, surtout quand son CDD lui interdit une attitude revendicative quelconque, même d’ordre professionnel.

A STRASBOURG, PETIT DEVIENDRA GRAND
Ce sujet là c’était le débat auquel j’ai participé à Strasbourg, à l’ENA. A l’arrivé mon accueil se demandait si j’allais prendre le taxi où le tram. Elle a opté pour le taxi et ça tombe très mal car j’ai horreur de la bagnole. Une fois sur place on tombe sur une petite rangée de bœufs du Front National qui distribue des tracts contre Frédéric Mitterrand. En fait ils l’attendaient lui mais c’était le jour de son passage sur le plateau de TF1. Donc il n’est pas venu. Dans les murs, devant la salle il y avait un groupe de jeunes qui tiraient vaguement la clope. C’était des apprentis journalistes. Plusieurs ont filmé ce qui se passait. Je pense qu’ils ont mis ça sous plastique et ensuite sur leur télé dans le salon. Ou va savoir quoi. Les gens ne s’expliquent même plus quand ils filment. On croirait que c’est naturel. J’ai chauffé des arguments avec eux avant de descendre au sous sol où se tenait la conférence. Je n’aime pas les sous sol, non plus. La bagnole plus les sous-sols plus le Front National ça commence à me chauffer comme séjour ! Mais sur le plateau, devant les jeunes apprentis journalistes, Clémentine Autain, Catherine Trautman, et Jean-Marie Cavada. On était les trois sur les mêmes thèmes, chacun dans son registre, bien sur. Le plus sévère finalement c’était Jean Marie Cavada, sur le fond, sur ce qui concerne l’exercice du métier. Je dois dire que j’étais assez heureux d’entendre une telle convergence de diagnostics. Je me sentais tout rabiscoulé. Comme dirait monsieur El kabbach, j’en avais marre de me dire que j’avais raison tout le temps. Tel quel. Il y avait un thème supplémentaire sur le plateau c’était le sexisme dans le métier de journaliste, dans leur rapport aux femmes politiques. Catherine Trautman et Clémentine Autain ont bien disséqué cet aspect de la réalité et j’avoue que j’écoutais à grand pavillon car je découvrais. Pour ma part j’ai évoqué d’autres dimensions invisibles. Par exemple la composition sociale de l’origine des jeunes journalistes. Donc leurs préjugés idéologiques. Hum ! Mais la salle était si typiquement composée que j’ai eu droit aux applaudissements qui montrent une forte concentration d’esprits frondeurs. Ca c’est bon signe, compte tenu du métier auquel ils se préparent…. Non ? Un peu d’optimisme. Sans doute que demain sera meilleur.

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