Sur le quartier de la Défense et sur l’unité de l’autre gauche

Avant-hier est tombé le projet de réforme des collectivités territoriales. On peut avoir le souffle coupé. On comprend mieux à quel point la présidence de Nicolas Sarkozy est un mai 1981 à l’envers ! Le plus violent est le nouveau mode de scrutin proposé. Avec le scrutin uninominal à 1 tour, des gens vont exercer des pouvoirs en France sans avoir jamais été investis pour cela par une majorité de votes ! Mais sur la scène publique en ce moment, un coup chasse l’autre. J’ai dû, comme tout le monde, supporter les refrains de l’affaire Jean Sarkozy. Comme beaucoup, interrogé en boucle j’ai répondu en boucle. A la surface du problème. Et je n’ai pu élargir mon propos qu’à une occasion, et encore trop brièvement. Ce fut sur France 3, dimanche soir, dans 7 à voir. J’y reviens donc plus en détail. Après quoi j’ai été pris à partie par un communiqué du PCF. J’en dis un mot. Bien obligé.

DEBAT PETRIFIE

Mon approche du problème de l’affaire Jean Sarkozy n’a guère intéressé mes co-débatteurs sur France 3. Il est vrai que l’élu UMP des Hauts de Seine a été assez habile pour pétrifier le débat sur un seul «argument». Pour lui la mise en cause de l’élection de Jean Sarkozy serait un procès en méfiance à l’égard des jeunes. Pour moi, bien sûr, il s’agit d’autre chose. Cette histoire c’est celle d’un projet immobilier. Et d’une droite divisée sur la façon de le mener et de gérer ses retombées. En ce sens, l’affaire résume les enjeux sur l’avenir de l’île de France tel que les veut la droite. La concentration des richesses, des emplois et des revenus à un endroit dans une logique immobilière à l’ancienne, modèle année soixante. Puisque le scandale a percé par son bout anecdotique, il faut en populariser le contenu réel pour en faire un sujet emblématique de la prochaine élection. Car seul le vote et l’implication citoyenne peuvent empêcher une évolution inouïe de l’aménagement de la première région de France ! C’est ce que j’ai réussi à dire dimanche soir en voulant utiliser la force propulsive du scandale pour élever le niveau de la confrontation politique à venir.

ETAT DES LIEUX

Avant de parler de quoi que ce soit à propos de Jean Sarkozy, il faut d’abord réaliser ce qu’est le quartier de la Défense. L’enjeu économique qu’il représente. La Défense, c’est plus grand quartier d’affaires d’Europe. A mettre en rapport avec les jérémiades sur le déclin de la France. On y trouve 2 500 sièges sociaux d’entreprises. Parmi elles, 15 des 50 plus grandes entreprises mondiales qui acceptent de venir travailler dans notre enfer bolchevik en dépit du fait que les travailleurs en France se la coulent douce pendant trente cinq heures, avant de se faire payer le restaurant par leur patron, comme l’a écrit un quotidien d’affaires américain après avoir découvert l’existence du chèque restaurant. Il y a aussi 14 des 20 plus grandes entreprises françaises. Au total cela occupe 3,3 millions de mètres carrés de bureaux à ce jour. L’établissement public qui gère la zone, l’EPAD, dont l’acronyme est dorénavant connu de tout le pays, a un budget annuel de 115 millions d’euros. Il est l’aménageur de ce quartier d’affaires, qualifié d’ « opération d’intérêt national » depuis sa création en 1958. Cette caractérisation mérite d’être retenue. Elle justifie que l’Etat représentant tout le pays en général, et toute l’Ile de France en particulier,  soit présent, actif et partie prenante. On mesure l’absurdité que représente l’idée que les représentants de l’Etat ne s’expriment pas dans le vote ! Institué de cette façon, l’établissement créé entre l’Etat et les collectivités concernées, c’est à dire principalement Courbevoie, Puteaux, Nanterre et le Conseil général des hauts de Seine, se substitue en partie à eux pour gérer et aménager l’espace de la Défense. Comment ? Il vend des droits à construction aux promoteurs… Pouvoir stratégique aux conséquences pratiques considérables. Pouvoir clef. Par ailleurs l’établissement supervise aussi les aménagements collectifs et infrastructures comme la voirie, les transports, les réseaux et les équipements publics nécessaires au fonctionnement de ce quartier d’affaires. Encore des marchés considérables. La Défense c’est donc beaucoup d’argent en cause. Beaucoup d’argent. Ceux qui décident et celui qui, pour finir, signe les autorisations de toutes sortes, ont un pouvoir considérable. Est-ce assez clair ? Comment ce pouvoir a-t-il été pris en main au cours des ans ?

CLAN ET POUVOIR

Quand la gauche a été au pouvoir, comment a-t-elle exercé son pouvoir ? Car c’est elle qui a eu dans ce cas l’influence majoritaire via les 9 sièges de l’Etat et le siège de Nanterre, commune à direction communiste.  La gauche a nommé des hauts fonctionnaires. Précisons. De 1982 à 1986, Joseph Belmont, architecte en chef des palais nationaux et ancien directeur de l’Architecture au ministère de l’Equipement. De 1989 à 1993, Pierre Mayet ingénieur des ponts et chaussées, plusieurs fois directeur d’administration centrale du ministère de l’équipement. De 1998 à 2002, André Barilari, inspecteur général des Finances et ancien Directeur général des Impôts, expert en finances publiques. A l’inverse quand c’est la droite au pouvoir, la présidence de l’EPAD tombe au contraire aux mains de poids lourds politiques du clan Pasqua-Sarkozy. Je fais la liste. De 1987 à 1989 et de 1993 à 1997, Charles Ceccaldi-Reynaud, sénateur-maire de Puteaux, proche de Pasqua. De 2005 à 2006, Nicolas Sarkozy lui-même, en sa qualité de conseiller général et président du conseil général qu’il cumulait avec le ministère de l’intérieur. De 2006 à 2007, Jacques Gautier, sénateur maire de Garches, 1er vice président du Conseil général, Président de l’association des maires du 92. Depuis 2007, Patrick Devédjian, député-maire d’Antony puis Président du conseil général et Ministre de la Relance. Vaille que vaille, d’une façon ou d’une autre, la présidence de l’EPAD a donc toujours été tenue par des hommes d’une très grande expérience technique ou politique. Dans ce contexte, pour moi, «l’affaire Jean Sarkozy» ne peut pas se réduire à un banal cas de népotisme. Elle révèle la difficulté que rencontre le Président de la République à faire passer le projet sur lequel il s’est engagé auprès des grosses panses du CAC 40 a propos du site de la Défense. Seul Sarkozy junior lui est totalement acquis. Seul il peut tout bloquer par sa signature. Les autres élus de l’UMP ne sont pas assez surs. Mais qu’est-ce qui est en jeu ?

Histoire d’une contre offensive : le projet Seine Arche

A la fin des années 1990, le gouvernement Jospin et la ville de Nanterre dénoncent l’hypertrophie de la Défense et les déséquilibres que cela engendre au détriment du reste de la région. Ils sont aussi visibles que le site lui-même. C’est d’abord l’extrême concentration d’emplois et de richesses dans les Hauts de Seine au détriment d’autres pôles comme le 93 ou le sud de Paris. Les six communes qui bordent la Défense concentrent en effet 340 000 emplois pour 370 000 habitants. Pendant ce temps d’autres zones de l’île de France restent en friche. C’est aussi la mono activité d’affaires au détriment du logement et de l’environnement. C’est la congestion des transports ….
Lionel Jospin lance donc en 2000 le projet Seine Arche avec la création d’un 2ème établissement public, concurrent de l’EPAD : l’EPASA. Etablissement Public d’Aménagement Seine Arche. Il s’agit d’abord de rééquilibrer la Défense. Mais aussi de contrebalancer l’hégémonie politique du clan Pasqua-Sarkozy sur l’aménagement de ce quartier d’intérêt national. Ceux là ne pardonneront pas. D’autant que le nouvel établissement est chargé d’aménager autrement les zones nord et ouest de la Défense, une immense et appétissante réserve foncière de plus de 120 hectares située sur la commune de Nanterre. Comble de l’horreur pour les parrains des Hauts de Seine, l’EPASA est présidé depuis sa création par le maire PCF de Nanterre, Patrick Jarry. A horizon 2015, le projet Seine Arche portait une vision de l’aménagement alternative à celle de la Défense. D’abord c’est le souci de la mixité des activités en combinant les  bureaux, les logements et les services publics de transports, sans négliger le développement des bureaux. Ensuite c’est l’objectif de mixité sociale. Une abominable hérésie aux yeux des grosses panses du CAC 40. D’autant que Jarry n’y a pas été avec le dos de la cuillère 300 000 mètres carrés de logements contre 220 000 pour les bureaux. Pour mesurer le choc produit pensez que ce programme intègre 40 % de logements sociaux. Enfin c’est le souci du respect de l’environnement avec le projet de construction d’éco quartiers, l’aménagement de la zone sous forme de terrasses paysagères pour rompre avec la logique de ville américaine, la mise en place de couloirs verts et la préservation du poumon vert du parc du chemin de l’île … Tout cela est insupportable pour ceux qui avaient tout autre chose en tête.

La contre-offensive de Sarkozy

En 2005, Sarkozy, est à la fois ministre de l’intérieur et président de l’EPAD. Il lance un grand projet d’extension de la Défense appelé «projet 2015». 500 000 nouveaux mètres carrés de bureaux sont promis aux promoteurs. Et six tours gigantesques en prime, notamment pour réaliser un complexe hôtelier de luxe, le projet de tours Hermitage Plazza à 323 mètres de haut, alors que la défense culmine aujourd’hui à 187 mètres avec la tour Total. Des milliards en jeux. Plusieurs  milliards. Ce projet est aussitôt soutenu par les promoteurs et de très grandes entreprises comme Vinci, Axa, Generali, France Télécom, le groupe russe Hermitage Immobilier et ainsi de suite. Mais toutes ces merveilles sont aussi autant de monstres anti-écologiques qui sont dénoncés par les élus locaux de droite. En tous cas c’est ce qu’ils disent pour tout bloquer. Ainsi Joëlle Ceccaldi-Reynaud, maire de Puteaux qualifie le projet de tour Signal (aujourd’hui suspendu du fait de la crise) de « monolithe qui écrase tout ». Ces élus de droite ne sont pas le seul obstacle. Le projet Sarkozy, bute, faute de place, sur le projet alternatif voisin de Seine Arche qui a amputé la Défense de Nanterre. Dés lors Sarkozy va tout faire pour stopper le projet Seine Arche, en commençant par l’assécher financièrement au niveau de l’Etat pour le ralentir. Puis en organisant carrément sa liquidation et son retour dans le giron de l’EPAD. Il est étroitement soutenu pour cela par le Medef dont plusieurs dirigeants de grandes firmes lorgnent sur les réserves foncières de Nanterre. On a remarqué le récent empressement aussi étrange que spontané de Parizot pour soutenir la candidature de Jean Sarkozy ! «C’est formidable que quelqu’un de jeune, d’engagé, puisse avoir l’envie, l’ambition de diriger un établissement public de cette nature » a-t-elle glapit ! On comprend mieux pourquoi.

Main basse sur Nanterre

Déblayer la route, s’emparer du pactole tombé dans les mains des rouges, voila l’urgence ! Ce sera chose faite avec le décret qui organise la liquidation de l’EPASA (établissement public Seine Arche) et sa fusion dans l’EPAD. Tout doit être effectif au 1er janvier 2010. On comprend pourquoi il y avait urgence à organiser le changement à la tête de l’établissement. Magnifique décret de revanche ! Il permettra à la droite de mettre la main sur une grande partie des réserves foncières de la ville de Nanterre. Dans l’euphorie de la victoire, le projet s’envole. Les promoteurs vont pouvoir faire main basse sur d’immenses espaces, bien au-delà des 170 hectares actuels de la Défense : 580 hectares seraient pris à Nanterre et une cinquantaine d’autres aux communes alentours. Pour Nanterre ce serait une véritable catastrophe. Elle sera dépossédée d’une grande partie de son territoire. Avec ce décret, Sarkozy et les promoteurs ont aussi revu à la hausse leurs projets d’extension de la Défense. On passera de 500 000 à 2,5 millions de mètres carrés de nouveaux bureaux. C’est quasiment le doublement de la Défense actuelle. Des milliards, des milliards ! La suite logique c’est évidemment l’abandon de l’essentiel des projets de logement. En matière de transport, la prime est à nouveau accordée au routier au détriment du transport collectif. La priorité serait notamment donnée au projet pharaonique de couverture de la RN13 à Neuilly. C’est le moyen pour permettre d’augmenter fortement le trafic routier vers la Défense en réduisant les nuisances dans la traversée de Neuilly. Le coût est astronomique : plus d’un milliard d’euros ! Mais qu’est-ce qui est trop beau pour le bien être des riches ?

JEAN LE BONNETEAU

Tel est le contexte de l’affaire Jean Sarkozy. Celui-ci n’est qu’un pion pour assurer la pérennité de ce vaste projet voulu par Sarkozy père, les promoteurs et le Medef. Plus qu’une banale affaire de népotisme, la candidature de Jean Sarkozy pour la présidence de l’EPAD traduit surtout un projet politique de marchandisation de l’espace dans les Hauts de Seine. Il déclenche une bataille interne à la droite où tout le monde n’avait peut-être pas fait les mêmes promesses aux mêmes interlocuteurs. Et où chacun veut peser de tout son poids de nuisance pour être invité au festin. Sarkozy sait qu’il doit imposer ses vues à certains élus locaux UMP qui les contestent comme Kossowski à Courbevoie et Ceccaldi à Puteaux. Devédjian n’est-il pas accusé d’être trop complaisant avec eux ? N’a-t-il pas partie liée à leurs affidés ? Qu’il parte ! Tout se tient, comme toujours avec ce personnage présidentiel. Car c’est aussi à la lumière de ce projet qu’il faut analyser le projet de Grand Paris qui est lui aussi conçu pour faciliter la reprise en main de la Défense par l’exécutif et donc le clan Sarkozy. Tout se tient. Tout le temps. Au total, Jean Sarkozy est la partie visible d’un iceberg d’intrigues immobilières. Il fonctionne donc aussi comme un leurre. Pendant qu’on parle de lui, de ses notes en fac et du reste pas un mot n’est dit sur cette énorme affaire. Que d’illusionnistes au mètre carré ! Le fils n’est pas le dernier dans le genre. Il dit avoir eu un 19 en Droit de l’immobilier. A la Sorbonne, où il est inscrit, le Droit de l’immobilier s’enseigne en quatrième année. En deuxième année, c’est Droit des biens. Il confond déjà ?

AUTO PROCLAME ?

Il est donc spécialement lamentable que des dirigeants du Parti communiste n’aient retenu de toute ma démonstration sur le dossier Sarkozy que ce que j’ai répondu à une question du journaliste Samuel Etienne à propos de ma candidature en Ile de France. On voit bien que la question était destinée à me mettre au pied du mur de la virulence de mes accusations contre le pouvoir de droite. Pouvais-je faire moins que de me dire disponible pour mener une bataille dont j’annonçais qu’elle nous confronte au plus haut niveau de l’Etat ? Aurais-je dû tourner autour du pot avec des formules en langue de bronze qui ont déjà tué l’expression de tant d’autres ? Le communiqué du PC est assez offensant. Volontairement, je le crains. Je suis obligé d’y répondre pour ne pas laisser accréditer les sottises qu’il contient. Evidemment je le déplore, car c’est courir le risque d’une escalade absolument inutile qui affaiblit notre crédibilité collective. Lisez : « Quant à la deuxième déclaration de candidature du premier responsable du Parti de Gauche en une semaine, cette fois en Ile-de-France, elle apparaît  peu acceptable du point de vue du respect mutuel due aux partenaires et à leurs militants. La démocratie et la concertation sont préférables à  l'auto proclamation » explique le communiqué. Avant de parler de la «deuxième» déclaration de candidature parlons de la première. Il s’agit d’une information donnée par le journal «l’Express» et reprise par le journal «Midi Libre» à propos du Languedoc Roussillon, face à Georges Frèche. Je n’y ai aucune part. D’ailleurs ma candidature est évoquée à l’heure qu’il est dans quatre régions. Et chaque fois un bon nombre de naïfs tombent dans le panneau de parler et de s’exprimer sur le sujet. Moi, je me tais, autant que je peux le faire sans devenir discourtois avec la presse locale. Quant à la «seconde» candidature, celle de l’île de France, je ne me suis pas davantage auto-proclamé.

OFFRE DE SERVICE

Tout ce que je vais dire se vérifie sur le site de France 3. Je raconte pour ceux qui n’ont pas le temps de s’y rendre. Pour répondre à la question de Samuel Etienne, j’ai commencé par lui demander avec le sourire de quelle région il s’agissait. Puis comme il évoquait, lui, Samuel Etienne, l’Ile de France voici ce que j’ai répondu : « si c’était possible, j’en serais (…). C’est clair il y a plein d’autres candidats parfaitement capables au PCF, PG, NPA … Cela m’intéresse, si on le veut. Mais je ne vais créer moi-même une bousculade… ». Alors ? Où est l’auto-proclamation là-dedans ? Et qui provoque la bousculade à cette heure ? De quoi s’agit-il ? De m’empêcher de dire que je peux faire une tête de liste performante dans une région dont j’ai été, moi, élu local et national pendant des années ? Ce serait un comble ! Je suis heureux que Patrick Braouzec ait pris spontanément un contact amical avec moi pour détendre l’atmosphère. Car sur quel ton venimeux m’a été faite cette absurde prise à partie !

BLESSE MAIS PAS EBRANLE

Je suis blessé, on le voit, par ces méthodes si éloignées de la bonhomie qui a été la règle de vie du Front de Gauche ! Mais je ne suis pas dupe de ce que cette bouffée doit aux circonstances. En fait, l’existence même du Front de gauche est en jeu ce samedi au conseil national du PCF. Peut-être est-ce un signe avant coureur qu’il n’y aura plus de Front de gauche dimanche. Car si le Front de gauche n’est pas présent dans des listes autonomes de l’autre gauche au premier tour il n’y a plus de Front de Gauche. Tout le monde le sait et le comprend. C’est de la politique simple. Nous, nous n’irons pas avec le PS au premier tour. Nous, bien sûr, nous serons autonomes, en toute hypothèse. Et nous agirons dans l’union avec d’autres car il est évident que c’est possible au vu des réunions du groupe de travail. Mais quel gâchis ce serait d’avoir à le faire sans le PCF, notre partenaire naturel ! Notre stratégie c’est le Front de Gauche d’abord. Avec en vue l’émergence d’une force politique nouvelle. Puis il y a l’alliance de toute l’autre gauche. C’est assez simple. S’il y a des embrouilles elles ne viennent pas de la complication du projet. Elles ont une autre source. Dans toutes nos formations des discussions âpres ont lieu. Quoi de plus normal. Rien n’est écrit dans aucun manuel sur ce qu’il faut faire. Nous créons un chemin totalement nouveau. Divers points de vue s’expriment et des compétitions de tous ordres sont ainsi engendrées. C’est le cas aussi à la tête du PCF. Rien de plus normal… Ce n’est pas mon affaire, à vrai dire.  Mais faut-il pour mener ces débats s’en prendre à moi ? Je veux être respecté par ceux qui veulent que je les respecte. J’ai toujours su me donner les moyens de cette exigence. Peut-on fonctionner collectivement autrement ?

OU EN EST L’UNION DE L’AUTRE GAUCHE ?

Je viens au second argument de la prise à partie du communiqué du PCF. Je lis : «Jean Luc Mélenchon salue un accord pratiquement scellé entre le NPA, le  PCF et le Parti de gauche. La vérité oblige à dire qu'un désaccord sérieux persiste sur la volonté de construire des majorités de gauche majorités de gauche
excluant, certes, toute compromission avec le Modem, mais prenant toutes leurs responsabilités jusque dans les exécutifs, dans l'application des mesures qu'elles auront portées devant les électrices et les électeurs. » Ah bon ? Qu’ai-je dis ? Pour ceux qui ne peuvent aller le voir sur le site de France 3, voici le script du moment clef. On va voir que je n’ai n’a nullement évoqué « un accord pratiquement scellé ». J’ai répondu ainsi au journaliste Samuel Etienne : « vous pensez que nous n’y arriverons pas (à l’accord de toute l’autre gauche) ? Peut-être aurez-vous raison et que je n’y arriverais pas. Mais pour le moment ça avance bien ». J’ai ajouté que le NPA avait obtenu du PCF qu’il ne dise pas «toujours», à propos de la participation aux exécutifs et que le PCF avait obtenu du NPA qu’il ne dise pas «jamais». Cette présentation diplomatique est celle qui figure dans le compte rendu de la réunion du groupe de travail de toute l’autre gauche qui s’est réuni la semaine passé. Il est à noter que seul le PCF n’a pas signé ce compte rendu. Dire que les affaires avancent bien est une évidence que nul ne peut nier de bonne foi. En effet, le principe d’une fusion démocratique au deuxième tour avec Region-Ecologie et le PS pour battre la droite est acté. De même, les discussions en cours n’évacuent pas du tout la question des gestions des régions. Le NPA a bien validé dans le compte rendu de la réunion du Groupe de travail du 16 octobre la phrase suivante :   « Tout le monde est à ce stade grossièrement d’accord sur la formule suivante : aucune des forces du groupe de travail ne dit « jamais par principe », aucune ne dit « toujours ». Il n’y a donc pas de refus de principe, dans toutes circonstances, de gérer les régions. Et nous, au Parti de gauche, nous sommes partisans d’examiner cette question au cas par cas, en tenant compte du rapport de force, du programme, de la distance au Modem (ce que dit également le PCF), et du déroulement de la campagne. Pourquoi ? Ce que nous avons vécu à Poissy dans les Yvelines nous a en effet obligé à reformuler plus strictement notre position. Le PS a tout simplement refusé toute discussion entre les deux tours. Il considérait que notre soutien lui était acquis MODEM ou pas. Cette attitude a été encouragée par la fédération communiste qui lui avait donné son logo sans autre forme de procès dés le dimanche soir. Ce n’est pas notre conception. Le candidat socialiste nous a dit l’avant-veille du vote, après avoir tenu meeting et édité sa profession de foi sans aucun débat avec qui que ce soi, qu’il attendait le soutien de François Bayrou et qu’il avait déjà celui de Jean François Kahn et de CAP 21. C’est cela qui sera multiplié par autant de régions qu’il y aura de cas où le PS sera en tête de la gauche. Il ne peut être question de faire confiance par a priori à un tel partenaire ou à lui laisser penser que tout lui est acquis d’avance. De plus, la négociation devra être nationale. En effet on ne peut exclure des situations comme celle qui eut lieue dans la région Nord Pas de Calais lorsque fut élue présidente, par toute la gauche, Marie Christine Blandin qui avait pourtant recueilli 5% des voix des électeurs.

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