Dans une interview à Libération jeudi 13 mai, Jean-Luc Mélenchon député européen et président du Parti de gauche (PG) dénonce un contrôle «eurocratique» des Etats.
Les propositions de la Commission vous conviennent-elles ?
Contrôler a priori des Etats souverains par des eurocrates nommés ? Quel régime policier ! La crise est utilisée pour constitutionnaliser le libéralisme. Seule la souveraineté populaire rend légitime une décision. A quoi servent les assemblées qui contrôlent les gouvernements nationaux ? A la limite, ces propositions seraient jouables si les Etats-nations étaient contrôlés par une assemblée européenne souveraine. Ce n'est pas le cas ! La Commission européenne ne se rend pas compte de son insolence.
Mais la crise de l'euro a montré le manque d'intégration économique de l'UE…
Non. Il y a un manque d'intégration politique et citoyenne ! Tant qu'on ne réglera pas ce problème, on n'aura rien réglé. Quel lien économique y a-t-il entre la Creuse et Paris ? Aucun. Ce qui fait le liant, c'est un droit social et des lois uniques. Nous ne sommes pas en train de faire des plans de sauvetage des pays, mais un plan de sauvetage des banques qui se sont gavées de titres qu'elles ont elles-mêmes pourris par leur spéculation.
Qu'est-ce que vous proposez ?
L'Europe libérale à 27 est un piège mortel. Il faut sortir du traité de Lisbonne. L'initiative politique doit repartir de l'intérieur de l'Europe des fondateurs : La France et l'Allemagne, l'Italie et les pays du Benelux. Le peuple doit être consulté et impliqué.
Renforcer la discipline budgétaire des Etats, c'est utile ?
On dénonce le niveau excessif des dépenses mais on diminue sans cesse les recettes en baissant les impôts et les cotisations sociales. Ainsi est encore renforcée une politique dont le coeur est la protection de la rente : monnaie forte, dépenses et prestations publiques faibles. C'est un modèle qui asphyxie notre économie et la ruse du capitalisme, c'est de faire croire que c'est le seul modèle possible.