I l est temps de surprendre mes lecteurs par une note plus brève. Ce sera le cas. Je donne d’abord une nouvelle à son de trompe (ample son de trompe): ce blog vient d’atteindre samedi dernier son million de visites depuis septembre, foi de statistiques de Google (Google Analytics)! Je vais donc annoncer très bientôt diverses extensions du champ de la présence de cet outil dans ma vie politique. Préparez vos portefeuilles. Mais cette fois ci je parle d’Europe, de Strauss Kahn, de finances, des Verts et des Communistes. En bien moins de lignes que pour la dernière note. Mais encore trop.
Ce matin je décide de ré-ouvrir l'accès aux commentaires.
Rappel de la règle du jeu. Des arguments, pas d'injures. Des infos, pas de copier/coller. Et de l'humour si possible, par surcroit.
Le droit de veto sur les français est rétabli. La décision du conseil de gouvernement des ministres des finances de l’Union Européenne est une nouvelle évolution vers le système autoritaire qu’est dorénavant en train de devenir cette union. Donc, il y aura présentation préalable des budgets nationaux à la Commission. Laquelle donnera une sorte d’imprimatur, droit à publier (l’expression vient de l’église, qui donnait et donne des autorisations préalables d’imprimer, avec la formule « nihil obstat imprimatur »). Ici ce sera une autorisation à présenter ou non le document budgétaire du gouvernement aux parlements nationaux. Qu’on ne joue pas avec les mots, peu importe la forme : un budget mal noté par la Commission ne sera plus présentable quand rôdent comme des vautours autour des bêtes malades les agences de notation et le Fmi. D’ailleurs l’aimable Strauss Kahn était là, dans la réunion, pour aider les marionnettes gouvernementales dociles qui s’y trouvaient à réfléchir sainement. J’ai fait un communiqué quand j’ai appris ça. J’avoue que j’avais du mal à le croire. Je pensais que les français résisteraient, même de droite, tellement le déni de démocratie est contraire aux fondamentaux de notre histoire républicaine. En effet c’est le droit de délibérer librement et totalement sur le budget de la nation qui a été le détonateur le plus propulsif de la Révolution de 1789. Et c’est par opposition au fait qu’une personne, à l’époque le roi, ait, à elle seule, le droit de s’opposer à une délibération des députés du peuple que la droite et la gauche sont apparue pour la première fois en France. Vous connaissez l’histoire ! Je la répète pour ceux qui ne la connaîtraient pas. Il s’agissait de savoir si le roi aurait ou non droit de veto. Pour forcer la main des députés des états généraux, le roi se leva et fit se ranger à droite les partisans du veto et à gauche les opposants. On compta, il fut battu ! Cet épisode vient de se jouer à l’envers à Bruxelles. Je souhaite qu’aux mêmes causes correspondent les mêmes effets. La révolution citoyenne que j’appelle de mes vœux, qui est le but de l’action de mon parti, devra aussi balayer cette nouvelle négation de la souveraineté populaire des citoyens en Europe ! Encore une fois, pas de jeux de mots. Un budget mal noté ne pourra l’être que sur de arguments d’opportunité des dépenses exposées ! Ainsi, c’est donc dorénavant en dehors de tout traité un transfert immense de souveraineté qui vient d’être décidé ! En effet l’avis de la commission ne porte pas sur les compétences nationales déléguées au niveau européen mais sur l’ensemble du budget national dans l’ensemble des secteurs ! On attend avec impatience les commentaires des partisans du oui et de «l’Europe qui protège».
Strauss Kahn est-il de gauche ? Laurent Joffrin du journal Libération me fait dire que non. Hum ! Je n’ai pas dit ça, cher Laurent Joffrin ! Même si je concède qu’à la question que m’a posée Jean-Michel Apathie à RTL sur ce sujet j’ai répondu que c’était à lui, Strauss Kahn, qu’il fallait poser la question. D’accord ce n’est pas très enthousiaste ! Je crois avoir dit que je n’étais pas son juge. Ce dont je suis sur c’est que la politique qu’il pratique au Fmi n’est d’aucune façon de gauche. C’est une politique libérale d’une part, donc cruelle pour le peuple et douce pour les puissants. Et c’est une politique dangereuse car elle va provoquer une récession terrible en Europe avec un enchainement de conséquences sociales et politiques catastrophiques. Je dis seulement aux socialistes ceci : s’ils choisissent Strauss, quoique nous disions, nous, les portes paroles de l’autre gauche, il manquera beaucoup de monde à l’appel du deuxième tour. Hors l’autre gauche c’est 10 % des électeurs au total. Aujourd’hui. Et aucun d’entre nous ne se sent la vocation pour aller proposer aux français d’aller vérifier de quelles merveilles est capable le directeur du FMI. Ma conviction est qu’il ne sera pas candidat. Tout simplement parce que sa cote dans les sondages est faite avec des avis favorables d’électeurs de droite qui retourneront dans leur famille politique dès qu’il s’agira d’un vote réel. Ensuite parce que les sympathisants de gauche n’en veulent pas, pour la majorité d’entre eux. Ce sera donc très probablement Martine Aubry qui mènera les socialistes. Parce que les sondages sont bons pour elle, parce qu’elle répond au sentiment légitimiste d’un parti que les luttes de personnes gavent. Et enfin parce qu’elle a déjà produit le concept d’une campagne globale, le « care », dont je vous parlerai très bientôt et qui a déjà fait la une d’un supplément du « Monde » dont je rêverai pour ma « révolution citoyenne ». Bien sur le care est une grosse rustine sur la baudruche épuisée de la Social Démocratie. Mais au moins est-elle décorative. Cette manière nouvelle de parler pour ne rien dire me parait moderne. Déjà avec le titre du tract national « à 10 millions d’exemplaires » (hum ! hum !) sur les retraites le PS a montré un nouveau savoir faire : « un retraite universelle et personnalisée » ! Fallait oser. Et moi : je suis en train de faire une note brève, pas vrai ?
Madame Merkel vient de poignarder toute l’Europe avec son super plan de rigueur ! Tout le monde est obligé de faire comme elle pour suivre dans la course à l’austérité et ne pas attirer l’attention des vautours bancaires. Peut-être est-ce le calendrier qui fait planer un gros risque. Au mois de juillet prochain l’Allemagne doit lever 30 milliards d’euros d’emprunt pour refinancer la part de sa dette qui arrive à échéance. Mauvaise nouvelle pour nous : au même mois de juillet la France doit lever pour sa part 59 milliards d’euros pour les même raisons. Et l’Italie 20 milliards. Sommes conséquentes. Conjonction gênante ! Peut-être même une compétition qui aggraverait les choses. Je ne vous dis que ça pour ne pas porter malheur à mon pays dirigé par des gens qui se coucheraient au premier coup de sifflet des « marchés »! N'avons nous pas un premier ministre qui a été assez peu responsable pour vouloir faire peur aux salariés en déclarant que le pays est en faillite ! Vous avez compris les gens ? Le mois de juillet va être très chaud, peut-être. Prenez vous bien la tête avec le foot, ca vous soulagera de la trouille !
Bonne rencontre avec les Verts. Le communiqué du Parti de gauche est en ligne sur son site. On est convenu de ne pas trop en dire parce que la conversation a fait le tour de la planète. Et aussi parce que pour parler comme Cécile Duflot, en refus du style "faux cul", nous avons aussi parlé stratégie et même un peu (tout petit peu) cuisine. Rien de lourd. Rien de décisoire ni décisif. De la cuisine moderne. Sobre et rapide. Le fond était assez excitant. Ils ont autant envie que nous de marier la radicalité du changement de regard et de méthodes et l’ambition majoritaire. Eux non plus n’ont ni peur ni complexes à l’égard des socialistes. Ils sont de gauche aussi ; nous sommes écologistes aussi. On va se revoir beaucoup.
Les socialistes eux peuvent se frotter les mains. Leurs primaires vont reprendre du poil de la bête. Après que le MRC et le PRG aient décidés de claquer la porte de ce barnum, elles étaient réduites à la comédie interne. Mais voici que Pierre Laurent lui-même, le dirigeant qui va prendre la tête du PC la semaine prochaine, écrit, dans une interview à l’Humanité, qu’il n’exclue pas l’hypothèse d’une participation aux primaires des socialistes ! Je cite : « Pour la présidentielle nous aurons plusieurs hypothèses à examiner. Participation au processus des primaires lancé par le PS, candidature du PCF ou candidature de rassemblement avec le Front de gauche qui puisse être issue d’une des formations du front de gauche ou d’une personnalité qui partagerait les objectifs du pacte. Le débat est ouvert. » Toutes les hypothèses sont mises sur le même plan. Toutes. Incroyable !
Et nous sommes tous prié d’attendre la décision qui interviendra quand ? Lisons : « En ce qui concerne le Parti Communiste, l’ensemble de ce processus de décision devrait se déployer d’ici à son prochain congrès au printemps 2011 en respectant en pleine souveraineté des adhérents à chaque étape ». Naturellement les communistes feront bien comme ils veulent, au rythme qui leur convient et nous n’avons rien à dire à ce sujet sinon notre amertume de n’avoir été ni seulement écoutés et moins encore entendus. Tout est fixé unilatéralement : calendrier et méthode. J’ironiserais volontiers en rappelant les recommandations et rappels de Patrice Bessac au sujet du fonctionnement du Front de gauche. Ce ne peut pas être un qui décide pour tous. Malheureusement la situation ne prête pas à plaisanter. Ce calendrier non débattu n’est donc pas le notre. Il ne peut pas l’être. Je vais dire pourquoi. Que cet ensemble de décisions soit rendue public la veille de notre rencontre n’est pas une bonne manière. Surtout pour nous imposer par surprise une incertitude politique d’une telle ampleur et un calendrier si extravagant que nous ne pouvons y trouver notre place.
L’incertitude politique c’est de mettre à égalité la participation aux primaires socialiste, qui veut dire la fin du Front de Gauche, – une paille !- à un bout et une candidature purement communiste à l’autre avec au milieu une hypothèse Front de gauche elle-même à géométrie variable. Et la fin de ce suspense entre deux lignes située aux antipodes l’une de l’autre serait en juin 2011 ! C’est à dire sans aucune possibilité pour nous en cas de désaccord avec la décision finale des communistes de nous redéployer ! Ce n’est pas raisonnable ! Pour nous c’est clair : la participation aux primaires socialistes n’a rien à voir avec les choix d’orientation qui nous ont conduits à créer le Front de Gauche. En particulier ceux des nôtres qui ont quitté le PS par la grande porte n’ont pas l’intention d’y revenir par la petite fenêtre de service pour jouer la comédie d’une capitulation politique «décidée démocratiquement» par les électeurs de ces primaires socialistes.
Le calendrier ne vaut pas mieux. Attendre juin 2011 pour trancher une question d’orientation aussi centrale ce n’est pas raisonnable. Pour les régionales ce débat avait duré cinq mois au PC. On sait quelles traces profondes il avait laissé. Après la décision il fallu encore négocier les listes. On se souvient de quelle campagne raccourcie nous avons payé le prix de ce départ retardé. A présent il s’agirait de faire durer le débat douze mois ! Après quoi il faudrait commencer les investitures au législatives ? Ce n’est pas raisonnable. Examiner le calendrier permet de voir que la décision du congrès communiste interviendra juste avant les vacances ou rien ne peut se discuter et que dès la rentrée les socialistes lancent leurs primaires, captant toute l’attention de l’opinion puis ce sera l’entrée en jeu de l’UMP. D’où tirer l’énergie de bousculer ce jeu des grosses pointures médiatiques si nous avons attendu la dernière minute pour lancer notre propre partition ? Et d’ici là ? Quelle perspective ? Discuter du programme sans savoir si on va le porter ensemble ou pas ou s’il s’agira juste de le présenter aux primaires socialistes ? Ce n’est pas raisonnable.
La rencontre du sommet du Front de Gauche doit donc clarifier ces points essentiels. Le congrès d’étape communiste le 19 juin prochain va sans doute permettre d’être fixé sur ce point vital de l’hypothèse des primaires avec les socialistes. En tous cas c’est notre demande pressante. Pour nous il s’agit d’être à la hauteur des évènements qui s’avancent. Et pour cela il faut être autonome pour formuler une ligne claire et sans ambigüité de ruptures avec le capitalisme et le productivisme. Il y faut une implication populaire massive et éclairée. Ce n’est pas compatible avec des mois de tergiversations et des compromis aussi dérisoires et démoralisant que ces primaires avec les socialistes qui ont déjà détruit la gauche en Italie.