E t maintenant, j’adore le foot. Finalement, cette histoire en Afrique du sud, c’est génial ! Les millionnaires font la grève ! Les joueurs ne jouent pas. Ca m’en bouche un coin, grave ! Le foot, finalement, c’est très excitant. Un soviet de soldats millionnaires a contraint son officier à lire une motion d’assemblée générale devant la presse. Et alors après ça, ça discute et encore et encore ! Tu peux y aller coco, la retraite à soixante ans à côté, c’est quoi ? De la bibine ! Alors, vous avez vu ça les gars ? Prenez de la graine ! Tout bloquer, au pire moment, voila la méthode pour faire rendre gorge à ses adversaires ! Rendez vous le 24 juin dans la rue !
« Que se vayan todos ! » Qu’ils s’en aillent tous ! C’est Guy Roux qui vient de le dire ce soir sur « Canal football club ». Je viens de regarder ça avec délectation, un peu par hasard. En effet j’ai laissé filer alors que j’étais encore dans l’émotion juste après avoir regardé le beau film d’amour, « Lovers », avec Penelope Cruz. Que c’était beau ! Préférer un film d’amour à un bon match de foot, dans ma jeunesse, ça m’aurait rendu suspect. Bon, j’en reviens aux choses sérieuses, le foot ! Donc d’après Guy Roux, tout le conseil fédéral du foot devrait s’auto dissoudre pour réélire une équipe différente ! Bravo Guy ! Et voila, les gars, vous avez compris ? Faites comme au foot ! Tout le monde dehors ! Place aux suivants !
Il faut dire que l’affaire est grave. Un journaliste, éthique et indépendant, a réussi à révéler ce qu’Anelka a dit, peut-être dans un moment de colère, je dis bien « peut-être », à son entraineur. Des phrases décisives. Quel scoop ! Ca justifiait toute la une du journal : « fils de pute » et ainsi de suite ! Il était urgent d’en être informés dans le détail ! J’imagine le gars qui prépare la une du journal : « T’as dit quoi ? Fils de quoi ? » « T’as pas dit « enculé », hein ? Juste « fils de pute » ? » « Oui c’est ça « fils de pute » ; connard ! » « Ah bon ? connard aussi ? Bon je le note ». « Mais non ! Le connard c’est toi ! » Et voila ! Au foot c’est comme ça qu’on parle ! Aussitôt démarre le chœur des effarouchés : « Intolérable ! » « Insupportable ! » J’ajoute pour ma part : « Nauséabond » ! Je dis ça parce que j’ai su qu’un joueur a déclaré que la couleur de la peau c’était un « élément d’affinité » dans l’équipe de France. Pauvre France !
Sous Chirac et Jospin l’équipe de France était black blanc beur gagnant, bras dessus bras dessous ! Sous Sarkozy Besson, la couleur est un élément d’affinité et tout le monde se déteste ! Finalement la bonne équipe pour un français qui veut se reconnaitre dans une équipe c’est celle d’Allemagne, avec son gros brassage multiculturel assumé, ou bien, mieux encore et plus sympathique, c’est celle d’Algérie parce que 90 % des joueurs sont nés en France et qu’ils sont courageux et modestes. Politiquement on peut être avec l’Uruguay à cause de son président nouvellement élu, Pépé Mujica ! Mais moi je dis ça pour parler car au foot, je ne connais rien. Surement qu’il doit y avoir de bonnes raisons sportives de soutenir l’équipe de millionnaires qui parlent mal.
J’en reviens à des choses plus mesquines. Pardon d’être en dessous de la main mais dans mon arène à moi, l’autre jour on a eu un super moment d’émotion collective. D’accord c’était dans l’indifférence générale et je n’ai vu aucun gros titre sur le sujet. Ni même un petit titre. Ni même un entrefilet. Tant pis les gars, de toutes façons il y avait le foot, pas vrai ? Chacun ses « fils de pute » !
Il s’agit d’une directive de la Commission européenne. Celle-là visait à anéantir la limitation du temps de travail des chauffeurs routiers indépendants. Elle a été battue au parlement européen. Elle a même été ensuite renvoyée à la poubelle grâce à un vote de rejet définitif. Quand nous avons gagné le premier vote, des camarades se sont mis à crier de joie. Tous nous avons tambouriné sur nos pupitres et applaudi à tout rompre ! Et les assistants de groupe ont fait un super raffut de leur côté aussi en se tombant dans les bras. J’ai bien cru que mon collègue allemand de Die linke allait pleurer ! Il est assis juste devant moi et j’ai vu ses yeux humides quand il s’est tourné de mon côté en applaudissant comme nous le faisions tous. C’est un ancien syndicaliste et il a bataillé dur depuis des mois. La veille du vote son intervention d’une minute était destinée à faire comprendre que le droit social est fait pour protéger toute la société contre les abus des acteurs privés, et parfois même contre la volonté de gens qui doivent être protégés contre eux-mêmes et malgré eux ! En tous cas, après les flots de (mini) discours caricaturaux de la droite, ce vote est comme une énorme bouffée d’oxygène a un asphyxié. Ca fait tellement de bien de les plier ! Et comme ce vote est intervenu peu après qu’on ait appris le contenu de la réforme des retraites en France, c’était comme une revanche ! Evidemment ce n’est pas de même ampleur et il est inutile de me faire cent commentaires sur cette comparaison. Parce que je peux dire que j’ai les boules depuis mercredi matin et que ça ne m’est pas passé du tout. Il est fort ce Woerth, une chose dans l’autre. Il avait presque l’air paternel et bienveillant en annonçant ces mesures. Juste comme si ce n’était pas un évènement historique que ce jour où est officialisé la première grande et tellement symbolique régression dans les acquis sociaux universels des français.
Des membres de la flottille agressée par la marine israélienne en faisant route vers Gaza ont été auditionné à Strasbourg, mercredi après midi, à l’initiative du groupe GUE, en présence de membre de tous les groupes du parlement. J'en parle parce que ça m'a secoué. Le premier qui a témoigné est un allemand, élu et enseignant. Il se trouvait sur le pont du bateau attaqué, non sur le pont où la bataille avait lieu mais juste en dessous où il tenait un poste de secours. Il raconte comment après le mitraillage, ils furent tous ensuite enjoints de monter sur le pont, les uns attachés les autres non, selon qu’ils étaient arabes ou turcs ces derniers étant contraints à rester attachés des heures durant. "Bien sur les militaires ont tout volé : ordinateurs, appareil photo, bagages : tout. Il était clair depuis le début qu’il n’y avait pas d’armes à bord. Pourquoi y en aurait-il eu ? D’ailleurs il avait été proposé aux israéliens d’envoyer un contrôle civil à bord." Mais, selon ce témoin direct, « l’intention du gouvernement d’Israël est de faire très peur aux gens susceptibles de monter d’autres opérations pacifiques de ce type ». Car il est évident que c’est la forme d’action qui déstabilise le plus la politique du siège de Gaza.
Puis parle Fatima, témoin direct elle aussi, présente sur le bateau mitraillé. « Peu avant l’attaque nous étions dans la salle de presse. Depuis la veille il y avait deux bateaux militaires qui patrouillaient. Vers quatre heures du matin il y a eu une coupure de l’internet. Je monte sur le pont je vois des hommes qui essaient de repousser les zodiacs des militaires avec des tuyaux d’arrosage. On a entendu de coups de feu. On ne voulait pas le croire. De nombreuses personnes ne voulaient pas croire que l’armée leur tirait dessus. Très vite les gens ont commencés à courir de tous côtés et très vite on a vu arriver sur notre pont des corps giclant de sang, mitraillé au niveau du torse et des jambes. Puis les soldats sont arrivés. Les uns armés comme des robotcops et d’autres en tenue de snippers. Il n’y a eu aucune résistance. Comment aurions nous pu résister ? Nous avons filmé, mais tout notre matériel ensuite a disparu. J’insiste il n’y a eu aucune alerte, aucune sommation avant l’attaque. Ils ont commencé l’assaut sans crier gare. La tension était extrême. Un faux mouvement aurait pu déclencher un massacre. Les militaires étaient très tendus. Nous n’avions aucune arme, aucun matériel de combat ! La disproportion des forces était terrible! »
Ensuite Marcello, un journaliste, raconte. Pour lui il n’y a pas de preuve qu’il y ait une justification à ce massacre. « Je faisais un documentaire pour Euronews. Tout mon matériel a été confisqué sauf une carte flash que j’ai pu cacher. » Il projette alors son film dans la salle où nous l’auditionnons. On voit le radar du navire où il se trouve fonctionner et montrer la présence de nombreux bâtiments dans la zone. Puis on voit le reste de la flottille, on entend les coups de feu, on voit l’hélico et les zodiacs qui tournent autour du bateau. Marcello nous montre que les images sont claires et se demande pourquoi les militaires israéliens ne montrent que des images illisibles et sombres alors que l’on voit distinctement ce qui se passe sur ces images prises à un kilomètre de distance où les gros plans sont parfaitement nets. Ensuite, il montre la suite du film tourné au jour levant. On comprend mieux alors pourquoi le gouvernement de Netanyahu a décidé une attaque de nuit. En effet dans le film de l’attaque du bateau cargo où il se trouvait, les visages des militaires masqués sont en gros plan, parfaitement net. Lui, Marcello, ensuite est resté trois jours en prison, sans aucun droit de contacts ! Tout son matériel professionnel a été volé. Absolument tout cela, attaque dans les eaux internationales, vol des matériels, arrestation et détention, constitue autant de délits avérés dans le droit international.
Puis parle un député arabe de la Knesset, Ahmed Agbaria. D’après lui, le gouvernement d’Israël a agit sciemment. Il veut montrer que personne ne peut rien contre lui. Par conséquent pour lui l’effroi qui a été provoqué fait parti du plan. Et leur idée est que le blocus continu. "Des gens ne sont pas soignés, ils meurent, les ruines ne sont pas relevées. D’un coté il s’accumule de la haine contre ce blocus. Mais de l’autre l’application délibérée de cette violence déforme toute la société israélienne. Le plan de Netanyahu est de faire peur au monde entier." Voila ce qu’explique cet élu. Mais il dit davantage. Il explique que c’est la paix et l’existence de deux états qui sauvera Israël et que tout le monde comprend cela. C’est vrai. Beaucoup de choses qui paraissent évidentes à nombre des personnes qui sont là, je les découvre. J’avance en tachant de produire un point de vue et un engagement conforme aux principes qui guident l’ensemble de mon action. Je le dis d’autant plus tranquillement que je vois un nombre croissant de personnes autour de moi qui connaissent la même évolution. Dans cette salle tout le monde était mal à l’aise. Très mal à l’aise. Notre impuissance nous ridiculise à nos propres yeux.
En bouclant cette note, j'ai lu que le gouvernement israélien lève le blocus pour les marchandises pour les civils. C'est une très bonne nouvelle. Puissent tous ces malheureux retrouver une vie humaine aussitôt que possible.
Quand je lis certains commentaires à la suite de mes notes je suis parfois très amusé. Voila que je suis accusé de sous estimer la catastrophe du golfe du Mexique ! Cela parce que j’ai écrit que les retraités qui dépendent des fonds de pension dont les revenus sont assurés par BP sont marrons. J’ai dit qu’ils étaient englués comme les mouettes de Louisiane. Horreur ! J’ai bien ri. Ciel, je n’ai pas parlé avec assez de respect des mouettes qui sont engluées en Louisiane. Bien sur, quelques amis commentateurs se sont risqués à signaler que c’était de l’humour ! Rien n’y fait ! Certaines indignations ne peuvent être dissoutes par aucun argument raisonnable. Je vous rassure : les signataires de certaines des plus risibles mises en garde sont signées de gens que je connais de très longue date. Comme ce socialiste de l’Essonne qui se donne le mal d’écrire ici pour la première fois, uniquement sur ce point. Cette vigilance des chiens courant m’émeut. Quelle fidélité dans la mise en cause depuis tant d’années ! Ce qui m’intéresse à présent ce ne sont ni les personnages ni les prétextes de leurs mises en cause. C’est le registre dorénavant dominant dans lequel s’opère la mise en cause d’un homme politique comme moi. C’est le règne des chaisières du bal des débutantes. Aigres rebutés, ils incarnent en en grommelant la défense des convenances. Rappelons ce que sont les convenances : des préjugés socialement dominant. Leur confort est qu’ils ne demandent en général aucune preuve de leur bien fondé: on ne doit pas parler comme ça de ceci ou de cela. Pourquoi ? Parce que. Un point c’est tout. Quand les mouettes sont mazoutées, on ne doit pas rire, nom de dieu ! Pardon seigneur !
Telle formule est alors un « dérapage », telle autre est « intolérable » et ainsi de suite. Sans oublier les mots clefs de la flétrissure universelle comme «nauséabond», toujours lourdement accolé, euphémisation du soupçon d’anti sémitisme. « Nauséabond » permet en effet de sous entendre une accusation d’anti sémitisme contre n’importe qui, à n’importe quel propos, sans le dire explicitement. Je vous avoue que plus d’une fois j’en use, moi aussi, dans l’unique but de désamorcer la charge de ce mot ou de retourner aux expéditeurs leur malveillance. Mais je reconnais que c’est du troisième degré d’humour noir de ma part. Ici donc ma façon de parler des mouettes de Louisiane « est pour le moins malheureuse ». Peut-être devrait-on plutôt dire qu’elle est même… « Nauséabonde » compte tenu de l’odeur du pétrole. Non ? Cette attitude de drapé moral outragé, est efficace dans deux directions. D’abord elle latéralise immédiatement la scène. D’un côté le rustre : moi. De l’autre le délicat, juste et bon, qui dit ce qui est bien. Posture qui a l’avantage de permettre à celui qui formule l’injonction de signaler sans le dire ses hautes qualités personnelles. Lui ne se permettrait jamais, grand dieu de parler des mouettes de cette façon, ni de faire des plaisanteries d’aussi mauvais gout ! Je m’étonne que l’on ne m’ait pas demandé de présenter des excuses.
En ce moment c’est le truc, les excuses. C’est la version moderne de l’aveu en confession auriculaire. Hier c’était le curé qui entendait la confession puis absolvait. Aujourd’hui, acquis du maoïsme et des pentecôtistes réunis, l’aveu doit être public, l’auto critique claire et sans astuces et la demande d’excuse humble. Ces trois instruments fournissent la panoplie moderne des nouveaux inquisiteurs. N’oublions pas l’indépassable contribution que les médias peuvent apporter à tout cela en installant un pilori médiatique. C’est évidemment le rêve secret du dénonciateur : être consacré par un appui médiatique. Mais ce n’est pas tout. Ce genre d’indignation de commande alimente le merveilleux fond de commerce du règne du soupçon. Il est évident que cet homme (moi) ment quand il se dit écologiste, la preuve : vous voyez avec quelle désinvolture il parle de ces mouettes ? Cela montre pour finir son incompréhension de ce qui se joue et donc du rôle du « capitalisme dérégulé ». D’une pierre deux coups : je ne suis ni écolo ni de gauche non plus. Un détail, l’usage des mouettes comme figure de l’engluement dans une situation qui vous dépasse a révélé ma vraie nature. Le grand rôle de notre temps est celui de « révéler », « dévoiler la vérité qui gêne », le « chiffre que l’on n’ose pas publier », « la mouette dont on ne veut pas parler ». De misérables rats d’internet, arrachent des petits morceaux de phrases de tous côtés puis courent d’un blog à l’autre poster des mises en cause de cette sorte, à longueur de journée. Nos malheureux webmestres s’usent à les chasser avec la même infatigable patience résignée qu’il faut en avoir à la saison des mouches.
Misère qu’ai-je dis ! Des rats, des mouches ! Encore bien des expressions qui dérapent et montrent le caractère nauséabond de ma prose ! Sans compter mon incompréhension de la part essentielle de ces deux nobles créatures, les rats et les mouches, à l’équilibre de l’écosystème social démocrate qui me surveille de près. A bientôt ! Bon foot ! Et rendez vous le 24 juin dans la rue!