Pas touche à la nationalité !

Je ne m’arrête qu’un instant devant mon clavier entre deux étapes de mon périple estival. Hier j’ai fait une longue séance au siège du Parti car les équipes militantes n’ont pas fait de pause et se passent le relais de semaine en semaine pour tenir le plan de travail de préparation de la rentrée. Je trimballe ma part de tache avec moi, dans ma clef USB… Ce midi j’ai fait le point avec Martine Billard sur le débat parlementaire à propos des retraites car c’est elle qui suit cela pour nous tous à l’assemblée avec Roland Muzeau du PCF. Sur le terrain notre proposition commune de loi sur les retraites fait son chemin et les signatures viennent sans problème. Ici je vais dire deux mots rapides sur la dernière grossière diversion sécuritaire de Nicolas Sarkozy  avec son idée pétainiste de déchéance de la nationalité française pour les délinquants d’origine étrangère. Puis un mot très bref sur la tribune de Clémentine Autain dans "Libération" et enfin quelque chose à propos d’un livre à paraitre à propos du service public de l’eau. Enfin juste une chose à propos de ce blog lui-même. 

 

Attention danger! Pas touche à la nationalité, monsieur Sarkozy! Vous allez casser la France ! La nationalité acquise ne doit pas être remise en cause pour des raisons de droit commun sauf à créer une catégorie nouvelle de sous-français conditionnels dont personne ne pourra plus empêcher qu’elle s’accroisse au hasard des gouvernement et des effets d’émotion du moment. Première, deuxième, troisième génération ? Quand cessera-t-on d’être un semi-Français dans la France de Sarkozy ? Le président devrait prendre garde que sa condition de fils d’immigré ne permette pas demain de le déchoir de sa nationalité s’il venait à être poursuivi ou condamné, à tort ou à raison, du fait des conséquences de ses accointances avec les milieux d’affaires.

Le sentiment puéril de toute puissance du président de la république et sa grossière obsession de diversions sécuritaires le conduisent, une fois de plus, à envisager des mesures totalement étrangères à l’identité républicaine de la France. Il est essentiel de se souvenir que seul le régime du maréchal Pétain a eu recours à la remise en cause de la nationalité comme politique d’ensemble. La déchéance de la nationalité française est une mesure inefficace, stupide et anti républicaine. Inefficace : aucune peine n’est dissuasive. La fonction de la peine est de sanctionner et de réparer. Stupide : elle soulève d’innombrables imbroglios injustes et cruels pour la famille des condamnés. Anti républicaine : le peuple est comme la communauté légale qu’il fonde : un et indivisible. Il ne peut y avoir deux catégories de français relevant de droits et de peines différents. Un délinquant doit être puni au nom de la loi. Et c’est assez comme ça dans tous les pays démocratiques.  

La tribune de Clémentine Autain dans le journal Libération est comme beaucoup de chose que fait Clémentine : intéressant. Elle vaut la peine d’être lue et réfléchie. Elle traite de l’impuissance de l’autre gauche à peser sur les évènements dans notre pays. Je renvoie a la lecture de son texte pour savoir ce qu’elle en dit et comment elle s’explique les problèmes qu’elle pose. Mon intention n’est pas de commenter ce point ou celui là, même si la langue et la plume me démangent comme on le devine car ce qu’elle dit est stimulant du dialogue. Je veux juste exprimer un regret et lui montrer comment elle-même peut contribuer à la situation qu’elle déplore. Dans tout le texte de Clémentine il y a un absent : le Front de Gauche. Il n’existe pas. Ce que nous avons fait, nos effort pour nous rassembler, nos campagnes communes, notre décision d’écrire ensemble un programme commun, rien de tout cela n’existe. Table rase. Juste une longue description de l’impuissance de tous ceux qui ont refusé de prendre leur place dans cet effort comme si cette impuissance résumait tout le tableau.

Je ne comprends pas ce mépris. Je le trouve douloureux. Rien de ce que nous avons fait ou dit ne compte donc ? On ne peut convaincre aucun de ces camarades ? Pourquoi Braouzec me touche-t-il la main amicalement dans la rue mais déclare haineusement dans « Libération » que le Front de gauche c’est juste « un tête à tête entre le PC et le PG et une bataille d’égo qui n’intéresse personne » ? Pourquoi Stéphane Gattignon qui avait d’abord dénoncé en moi un agent des sociaux démocrates déclare-t-il que nos idées sont « au dessous du niveau de la mer ». Qu’avons-nous fait pour mériter cette vindicte permanente ?  Pourquoi ne pas nous dire que faire, comment améliorer ce que nous avons fait, quel défaut surmonter et surtout comment. Et pourquoi serions nous condamnés à choisir, ou ne plus choisir, "entre Lénine et Trotski" (hum, c'était entre staline et Trotsky…) comme elle l’écrit, nous qui existons aussi et qui avons choisi depuis longtemps Jaurès ? A quel étroit périmètre serait ainsi réduite la force que nous voulons rassembler s’il n’y avait de dépassement en vue que celui là !  Quand à la question de la crise écologique qu’évoque aussi Clémentine, elle s’articule sans avoir besoin de nous à la question sociale pour cette raison qu’elle la contient. Et c’est pourquoi l’écologie politique est bien le nouveau paradigme du socialisme faisant que nous ne parlons pas seulement pour une classe quand nous luttons pour la fin du capitalisme mais pour l’humanité tout entière. Et donc cela relègue l'idée avant gardiste au rayon du passé. Je n’écris pas tout ceci pour ouvrir une polémique car j’estime personnellement beaucoup Clémentine Autain et tout autant nombre de ses proches comme l’historien communiste Roger Martelli . Je le fais pour lui dire : le temps tourne pour tous. Nous ne pouvons pas nous offrir le luxe d’une nouvelle querelle byzantine sur la nature de l’autre gauche. Nous ne pouvons limiter notre ambition à un "bon coup" de dernière minute qui nous verrait tous nous tomber dans les bras après d’abjectes tractations venimeuses de couloirs.  Nous ne pouvons nous limiter à la seule dénonciation des impasses sociales démocrates. Il faut aller à la conquête du grand nombre sur un programme de changement radical de société quio fait bien moins peur aujourd'hui qu'il ya seulement trois ans!. Travailler concrètement à construire une nouvelle majorité politique pour gouverner notre pays et y faire la révolution citoyenne qui lui est nécessaire ! Et le préalable pour cela c’est la détermination à le faire. Elle se vérifie sur un critère simple : l’action. Tout de suite, maintenant !

Ni les communistes, ni nous le PG, ne sommes parfaits et peut-être même sommes nous moins intelligents que Stéphane Gattignon et moins intéressants que Patrick Braouzec. Mais nous faisons ! Nous agissons ! Cahin caha ? Oui et alors ? Si on peut parler d’une autre gauche, c’est parce que nous sommes là, nous, qui avec nos résultats électoraux avons évité à cette autre gauche l’auto liquidation dans laquelle a fini celle-ci en Italie et dont Clémentine ne dit rien. Nous sommes là, imparfaits et parfois balourds. Mais nous y sommes. De façon autonome, indépendante et avec une ambition dix mille fois plus grande que notre périmètre militant et électoral respectif.  Et quand l’IFOP analyse sur 20 élections que le Front de Gauche a doublé ou triplé le score communiste antérieur nous, le PCF et le PG, faisons la démonstration concrète que cette ambition commence à se réaliser mieux qu’avec des mots, à partir de notre addition et sans besoin de soustraction. Donc, pour ma part, je n’ignorerais pas la tribune estivale de Clémentine Autain, même si Clémentine ignore l’existence du Front de gauche. Je lui dis qu’elle a sa place dans ce que nous construisons. Laquelle. C’est bien le problème, car c’est à elle de dire laquelle. Qu’elle nous mette au défi de nous dire « chiche » et qu’on puisse toper. Le plus vite sera le mieux pour ce qu’il y a à faire. Dis Clémentine, écoute un peu la chanson de Jean Ferrat « en troupe en ligue en procession »….

L’eau n’a pas de prix ? A voir ! C’est ce que je vous propose de faire. L’un des nôtres applique avec fermeté la consigne du Parti : prouver par l’exemple quand on est élu local. C’est Gabriel Amard, en Essonne. Il est président d’une agglomération qui unit une commune, Viry Chatillon, dont le maire est Parti de gauche, Simonne Mathieu  et une commune, Grigny, dont le maire est communiste, Claude Vasquez. Voici le texte de la présentation, du livre qu’il fait paraitre chez notre ami Bruno Leprince. « Malgré l'opposition de nombreux élus d'Ile-de-France, Veolia a été reconduite dans ses fonctions. Tout était joué d'avance. Je fis partie de ces élus qui voyaient se jouer devant eux une belle partie de dupe. Un nouvel épisode de la concurrence tronquée que se jouent les trois opérateurs venait de se dérouler. Certes, la dernière loi sur l'eau y a mis un peu d'ordre, mais le partage du gâteau se poursuivait avec l'accord des élus de droite, et l'abstention consentante de nombreux élus de gauche. Alors que faire quand le Syndicat des Eaux d'ile de France (SEDIF) se préparait à reconduire le contrat de Veolia : saisir l'opportunité qui nous était offerte. Le transfert de la compétence « eau » des villes de Viry-Chatillon et de Grigny à la Communauté d'agglomération Les Lacs de l'Essonne, a eu pour conséquence un retrait automatique du SEDIF. Plusieurs possibilités s'offraient alors. Retourner au sein du SEDIF, ou choisir un autre délégataire, ou opérer ce retour en régie publique que nous n'avions pas pu obtenir du SEDIF en 2009. Au regard du statut de l'eau que je revendiquais avec l'ensemble des élus des Lacs de l'Essonne, du droit universel que j'entendais faire valoir, et des agissements des opérateurs évoqués plus haut, la régie publique s'imposait donc. En faisant ce choix, nous avons franchi l'obstacle le plus difficile. Anne Le Strat, adjointe au maire de Paris et Présidente d'Eau de Paris, comme Jean-Luc Touly, Conseiller régional d'Ile de France m'avaient prévenu : les obstacles techniques, économiques et juridiques peuvent exister et la création d'une régie publique est un vaste et laborieux projet. Mais la principale entrave au passage en régie publique était d'abord selon moi « dans les têtes ». Celles des élus qui, enfermés depuis trop d'années dans ce dialogue mercantile avec les multinationales de l'eau, ou se pensant incompétents pour en assurer la gestion, n'osent pas faire le grand pas. Nous nous préparions à le faire, la conviction était là, l'opportunité est venue. Il restait à étudier en détail les modalités techniques et la démarche juridique qui nous permettraient de distribuer de l'eau potable en régie publique, et pour permettre l'accès de tous à un service au prix coûtant". Je vous propose de poursuivre le récit de ce travail en commandant l'ouvrage complet chez Bruno Leprince Editeur. Bon de commande sur:www.gabrielamard.fr

Ce blog vit un moment assez sympathique à mes yeux avec cette consultation à propos de l’émission « Auditorium ». Dans quelques jours je mettrai en ligne la deuxième émission. Et de nouveau les commentaires seront sollicités. Puisque j’en suis à cette phase de consultation je me permets d’en demander davantage, à la faveur des tranquillités que donne l’été. Je souhaiterais que mes lecteurs jettent un œil sur la rubrique qui rend compte de mon activité de député européen. Là encore je sollicite critiques et propositions. En effet cette rubrique n’est pas faite pour ma célébration mais pour mettre à disposition des lecteurs des outils de réflexion et d’action. Il est donc important  pour moi d’adapter aux usages que les lecteurs en font. Encore faut-il pouvoir les connaitre bien. En fin de saison je publierai une synthèse générale des remarques qui m’auront été faites et des conséquences que j’en tire pour la suite de la vie de cet outil fabuleux ….

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