A la fête ! A la fête et c’est tout !

J e poste cette note après avoir entendu Ségolène Royal que j’ai trouvée finalement bien efficace sur la question des retraites. Je suis heureux de voir que nos argumentaires sont dorénavant largement partagés. Je ne m’en plains pas. Au contraire. Heureusement que la commère Chabot est là pour nous rappeler à un sain dégout de son émission: elle réussit à faire le tour de toute la scène politique sans dire un mot du Front de Gauche. Ca c'est du journalisme!

Je n’ai pas beaucoup écrit cette semaine. C’est le prix de l’action. Ecrire prend du temps et nécessite du recul. Je n’ai eu ni l’un ni l’autre ces jours derniers. Pour autant on ne peut pas dire que j'ai été silencieux. Ca continue dans Médiapart d'ailleurs ce week-end. N'empéche, c'est la cavalcade encore. Hier soir, j’ai du enchainer deux réunions, l’une à Montreuil avec toute la gauche sur les retraites, l’autre dans Paris sur la gestion de notre programme de travail à la Fête de l’Humanité. Si nous devons un jour trébucher ce sera de cette surcharge plutôt que de n’importe quelle autre erreur d’orientation. Chaque fois dans de telles circonstances je suis contraint de me souvenir de ce paramètre caché de l’action politique qu’est l’état physique dans lequel sont les gens qui prennent des décisions au moment où ils le font. En ce moment, notre équipe est sur tous les fronts, de toutes parts dans le pays. Le commando national lui enchaine la conduite des campagnes. Après le remue méninges, les manifestations du 4 et du 7 septembre, c’est à présent la fête de l’Humanité. L’aller retour que je suis en train de faire entre Paris et le Parlement Européen de Strasbourg me donne un petit répit pour jouer du clavier. Vous lirez, si vous voulez, les actualités du parlement dans la partie de mon blog qui y est consacrée, juste sous le drapeau de la GUE/NGL. Et avant de commencer mon propos, je vous rappelle que vous pouvez vous inscrire à la lettre hebdomadaire de ce blog, une merveille, et je pèse mes mots, en remplissant  la case prévue en haut à gauche de l’écran. On peut aussi en inscrire d’autres et pas la peine de faire un dessin sur pourquoi le faire.

Depuis deux jours la discussion dans les rangs porte sur la conduite de l’action syndicale. Les commentaires sur ce blog y font aussi une large part. Je n’ai pas l’intention de me prononcer sur la valeur des consignes syndicales. C’est un choix. La conduite de l’action syndicale se discute dans les syndicats avec les syndiqués. A cette position de principe, qui est celle adoptée par le Parti de Gauche dès sa fondation, j’ajoute une remarque plus personnelle. Je me désole de lire ces commentaires rageurs et parfois insultants contre les directions syndicales, les « bureaucrates », et ainsi de suite. Surtout assortis de gloses interminables sur le fait que seule telle ou telle forme d’action peut permettre de gagner et toutes les autres ne serviraient à rien. Rien de tel pour casser les reins à tout le monde ! Si l’on discrédite l’action du jour au nom de celle qui n’est pas convoquée pour demain, il est clair que c’est l’action du jour qui n’aura pas lieu. Alors comment répondre à cet échec par une proposition d’action plus difficile à réussir en général et en particulier après un échec ? Je le dis à propos du mot d’ordre de grève générale. Je n’exprime pas d’avis à son sujet. Mais je crois utile de rappeler qu’aucune grève générale reconductible dans l’histoire n’a jamais été décidée autrement qu’à partir du terrain. Le reste du temps, les syndicats qui engagent des bras de fer doivent continuellement évaluer le rapport de force. Ils partent de leur capacité à mobiliser le plus grand nombre de gens possible. S’ils lancent une consigne intenable par le grand nombre, ils ruinent leur cause.  C’est surtout vrai dans une période comme celle que nous vivons où les taux de syndicalisation et d’affiliation politique sont très insuffisants et où il est illusoire d’attendre une discipline d’action du seul fait que le syndicat l’a appelé. Comment alors connaitre cet état réel des esprits ? Je n’ai pas le moyen de le savoir. Je pense que les directions syndicales doivent aussi avoir de l’hésitation de ce fait. Pour ma part donc je me contenterai de suivre les consignes des syndicats. A mesure qu’elles arrivent, nous les apprécions à partir de ce qu’est la position du Parti de Gauche. C’est l’objectif qui nous unit aux syndicats. Pour la forme de l’action chacun doit être à sa place pour faire au mieux son travail spécifique. Nous sommes pour le retrait du projet de réforme sur les retraites. Donc nous agissons en soutien des consignes unitaires des syndicats, dans la mesure de nos forces. Pour autant nous devons aussi avoir une réponse politique au moment présent. Nous avons un rôle spécifique et un champ d’action particulier. J’estime qu’il n’est pas tenu à gauche. Et cela n’aide pas au rapport de force.

Notre travail politique est de deux ordres. D’abord représenter le point de vue opposé à la réforme et lui donner de la voix politique. C’est ce que nous faisons tous dans les assemblées. J’estime que le travail fait par notre groupe à l’assemblée, avec Roland Muzeau à sa tête, est très bien mené. Au sénat nos amis tiendront bon aussi, le moment venu. Les députés PG sont très présents et ils forment avec les communistes des équipes soudées et efficaces. Mes lecteurs peuvent suivre les comptes rendus quotidiens que Martine Billard, porte parole du Parti de Gauche, fait de son travail de député sur le site du PG ou sur son blog. Marc Dolez aussi campe dans l’hémicycle et tient la tranchée. Je suis l’avancée du combat, comme je peux. Leurs sms, d’heure en heure, nous tiennent informés. Les dirigeants du PG suivent de cette façon ce qui se fait dans l’assemblée. J’avoue que je préfèrerais y être plutôt qu’à Strasbourg. Au plan technique, on ferait mieux de twiter. Mais on ne maitrise pas ça encore.

C’est de l’assemblée que nous avons appris ce qu’il en est réellement quand Woerth annonce devant les médias que le gouvernement a tenu compte des attentes des Français et qu'il a proposé des amendements en conséquence à son texte sur les retraites. Bidon ! Ainsi, le gouvernement veut faire croire qu'il tient davantage compte de la pénibilité. Il aurait abaissé le seuil d'incapacité de 20% à 10% pour pouvoir continuer de partir à la retraite à 60 ans. Mensonge ! L'amendement présenté hier devant la commission des Affaires sociales met en place deux dispositifs différents. D'un côté, les travailleurs avec un taux d'incapacité de 20 % pourront prendre leur retraite à 60 ans. Mais les salariés dont le taux est compris entre 10 et 20 % ne pourront pas bénéficier de cette mesure automatiquement. Ils pourront seulement se présenter devant une commission où ils devront prouver qu'ils ont été exposés de façon permanente et pour une durée encore inconnue à des facteurs de risque professionnels à définir. Qui peut croire que les employeurs vont fournir les preuves nécessaires aux salariés ?

La partie proprement politique de la lutte contre la réforme consiste pour nous, gens de gauche, à faire la démonstration qu’on peut faire autrement, sans diminuer les acquis sociaux. A mesure que cette idée fait son chemin, l’étau se desserre car les gens comprennent que la réforme Sarkozy n’est pas légitime. «Pourquoi nous faire ça si on peut s’en passer», se disent-ils. C’est pourquoi est si calamiteux le point de vue du PS. Son acceptation de l’allongement des durées de cotisations donne raison à l’idée de base de l’argumentaire de la droite. Ce ralliement à l’allongement de durée de cotisation est sans ambigüité, inscrit en toute lettre dans les tracts distribués dans la manifestation du 7 septembre. C’est la contribution de ce Parti à la campagne d’après laquelle la réforme est « indispensable » et passe par le fait de travailler plus longtemps. La réponse de Fillon au président du groupe socialiste à l’assemblée, l’inamovible Jean Marc Ayrault a donc été particulièrement dévastatrice. « Puisque vous ne revenez jamais sur nos réformes quand vous êtes au pouvoir, c’est que pour vous la bonne réforme c’était la précédente et il en ira de même cette fois-ci ». Touché ! Que faire alors ?

Faire semblant ! C’est notre seule issue. Faire semblant de croire que nous sommes tous d’accord et serrer les dents dans l’action. Si la vérité vraie c’est que le PS nous tire dans le dos, il ne faut engager avec lui aucune polémique. Que nous rapporterait-elle ? Juste un coup de main à Sarkozy qui serait le seul bénéficiaire de la division. Avantage : aucun. Mettre la pagaille dans notre camp serait au seul bénéfice de ceux qui ont besoin de cela pour céder plus vite. Il suffisait d’entendre ce matin l’impétueux François Hollande pour comprendre la musique qu’aimeraient entendre les sociaux capitulants de son style. Mais il faut proposer aussi une issue dans notre champ d’action, celui de la politique et de la démocratie représentative sans se cacher confortablement derrière le mouvement social.

C’est le sens de notre proposition de référendum sur le sujet. J’ai pu entendre Ségolène Royal en dire autant et cela me réjouit. Je pars d’un constat à faire partager qui alimente la mobilisation : le président n’est pas légitime pour faire cette réforme. Il y a une décision du peuple souverain à propos de la retraite à soixante ans. Les Français ont voté sur le sujet. La retraite à 60 ans était une mesure du Programme commun portée pendant toutes les années 1970, puis au coeur du programme du candidat Mitterrand en 1981. A l’inverse, la fin de la retraite à 60 ans n'était pas dans le programme de Sarkozy. Au contraire, et je peux le dire comme ça. Car Nicolas Sarkozy s’était engagé en 2007 et en 2008 à ne pas toucher à l’âge légal de la retraite. Il faut le répéter autant qu’on peut. « Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer. » avait-il dit dans une interview au Monde le 27 janvier 2007. Il avait réitéré son engagement sur RTL le 27 mai 2008 : à propos du  relèvement de l’âge légal: « j’ai dit que je ne le ferai pas. Je n’en ai pas parlé pendant ma campagne présidentielle. Ce n’est pas un engagement que j’ai pris devant les Français. Je n’ai donc pas de mandat pour cela ». On ne peut mieux dire. Les Français n'ont donc jamais voté pour la retraite à 62 ans. Puisqu’il n’y a pas de mandat pour une réforme d’une telle ampleur, il faut voter. Le vote ou la pagaille et le bras de fer ? En démocratie, le vote devrait être la règle, pas l’exception mendiée. D’ailleurs je le répète, si la dernière modification de la Constitution était passée en loi organique, nous pourrions proposer une pétition pour un référendum d’initiative populaire. Ce droit est prévu à l’article 11 de la Constitution modifié par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008. Il ouvre cette possibilité de soumettre un projet de loi à référendum si 1/5 des parlementaires soutenus par 1/10 des électeurs inscrits le demandent. Si donc on ne vote pas, c’est parce que nous sommes bien dans le régime du coup de force permanent qui prévaut depuis la forfaiture initiale de l’escamotage du non au référendum de 2005.

Je serai totalement absorbé par ma présence à la fête de l’Humanité à partir du moment où cette note sera en ligne. De fait des camarades y campent déjà depuis mercredi et assurent le montage et la surveillance de notre stand. A partir de jeudi, les effectifs se sont augmentés des camarades qui ont posé des jours et dès vendredi d’autres encore arrivent car notre programme d’activité démarre fort. La Fête de l’humanité est dans le programme de la vie de notre parti comme un évènement. Je ne dirai pas que c’est comme pour les communistes puisque nous ne sommes présents comme Parti de Gauche que depuis deux fêtes. Cependant, maints parmi nous s’y trouvaient auparavant avec le club PRS (pour la République sociale). Mais c’est bien depuis la création du Front de gauche que la présence a une vocation plus profonde qui structure notre programme de travail annuel. La Fête est le plus grand évènement politique de la gauche chaque année. Aucun autre ne peut lui être comparé car aucun n’est même vaguement similaire par le nombre de visiteurs, leur diversité, leurs préoccupations. Pour nous c’est un thermomètre absolument fondamental de l’état d’esprit dans la gauche de combat. Et en ce qui nous concerne c’est le moment d’un déroulé de notre orientation. Cette année il en ira de même. Je mets donc le programme en fin de note pour que vous puissiez vous faire une envie de Fête avec nous, en quelque sorte. Je surligne juste le dimanche à quatorze heures trente, quand nous présentons le livre des neuf inédits de Jean-Jaurès, neuf conférences prononcées en Amérique latine, traduites de l’espagnol, et illustrées de photos elles-mêmes inédites. Thèmes: la nation et l'immigration. Le résultat d’une superbe histoire de militants dont je parlerai très bientôt ici même.

 J’en reviens à l’évènement central de la Fête de l’Humanité. Je pense que nous sommes à la hauteur des circonstances. Il y a un lien entre la marée humaine des manifestations du 7 septembre et le lancement à la Fête de l’Humanité du programme partagé du Front de Gauche. Nous ouvrons une perspective et nous proposons une méthode de travail politique. Je connais le nombre des arguments qui plaident contre notre tentative et notre ambition de replacer au cœur du pays le courant culturel qu’incarne le Front de gauche dans la politique française et européenne. J’ai bien dit européenne. Car la partie se joue sur l’ensemble du vieux continent. De la situation en Grèce à la scène française le lien est là. Après le krach du système financier, les gens du système l’ont protégé des coups qui se préparaient par une opération d’intimidation spécialement cruelle. En Grèce comme ailleurs le problème c’est l’impasse politique qui résulte de l’absence totale d’alternative politique ancrée dans la conscience populaire. La droite et le Pasok (parti socialiste grec) sont d’accord sur la politique du FMI. A présent tout le Pasok est au gouvernement inclus la « gauche » du parti. Ce que cette situation montre c’est qu’il ne suffit pas de surgir avec des pancartes de protestation quand tout s’effondre. Il faut préparer en profondeur la relève. C’est a ce prix que le grand nombre repère et donne son appui. Je ne m’effraie donc pas de la puissance actuelle du PS avec sa politique en machmolo. Ce qui m’inquiète c’est notre capacité à être unis à temps pour labourer en profondeur le terrain jusqu’au moment où nous serons en contact avec la matière brulante de l’histoire qui nécessairement viendra au devant de notre futur.

Chemin faisant vers Strasbourg, je lis des articles à mon sujet d’une invariable monotonie à propos de mon « ambition présidentielle » et autres salades de la petite bourgeoisie d’écriture qui évalue ma ligne politique d’après ses préjugés sociaux et culturels. Il ne faut pas en rire. C’est du travail nuisible bien fait. Ce n’est pas simple de s’unir sous ce feu. Non de notre fait, car, vaille que vaille, parfois clopin-clopan, souvent hardiment, l’attelage du Front de Gauche tient et avance. Nos principales difficultés viennent des effets du harcèlement qui est organisé autour de nous avec la question de la présidentielle. Je ne saurais mieux l’illustrer qu’en pensant à cette journaliste de France 2 qui prépare un sujet pour le 13 heures et qui m’a interrogé sur ce thème au moins vingt fois dans la manifestation du 7 puis recommencé comme si de rien n’était une nouvelle fois sous trois angles différents au meeting de Montreuil. Je suis partagé entre l’envie d’éclater de rire et de celle de lui demander pour qui elle me prend. Ce que je sais c’est que ce n’est clairement pas du journalisme d’information mais juste de la recherche de spectacle. Il s’agit évidemment de me pousser à bout et de m’opposer aux communistes. Ou à Besancenot. Du sang. Ils veulent du sang. L’argumentaire des socialistes – beaucoup d’entre eux sont membres de ce parti – tourne donc en boucle. Je ferai une OPA sur le PC, ceux-ci me haïraient, bla bla. Puis tout vient à la file, sans soucis de la cohérence, directement recopié de la rue de Solférino. Pour Benoit Hamon en bureau national du PS  nous serions des « néo communistes ». Pour d’autres nous serions l’attrape mouche de l’extrême-gauche et ainsi de suite. Toute cette mélasse vient par giclées, d’un faiseur de potins à l’autre.  Comme vous le savez, ces metteurs en scène, car ce ne sont plus des journalistes, se moquent totalement du fond, auquel ils ne comprennent rien d’ailleurs le plus souvent, dans la mesure où ils n’ont aucune culture à propos de la gauche. Il leur faut du spectacle, des petites phrases pour avoir provoquer les deux jouissances perverses de cette conception du métier: faire de la merde et ensuite se plaindre de l’odeur.

Un sommet du genre est le portrait que fait de moi le « Nouvel Observateur » cette semaine. Le Figaro du centre gauche se dépasse en bassesse. « Le hold up de Mélenchon » titre le journal de la gauche Rolex qui s’y connait en banditisme. L’argumentaire du PS est mis en scène en mettant dans la bouche des uns et des autres les mots qui fâchent. Tout y est qui exprime leur vision de la politique : je fais un « coup » contre le PC, j’ai quitté le PS parce que Benoit Hamon me faisait de l’ombre, je me suis trompé car c’est Aubry qui a gagné le congrès socialiste, bien sûr les sondages sont peu flatteur pour moi, André Chassaigne est le candidat du PC « anti méluche ». Et ainsi de suite. Tout est combines, plan de carrière, pas l’ombre d’une idée pas le début d’un débat. Les 350 pages de « Enquête de Gauche », mon livre d’analyse sur l’état de la social démocratie européenne sont ramenées au commentaire de Gérard Filoche qui dit que Krivine a dit la même chose pendant trente ans. Cette bouillie, c’est du PS pur jus. Le baba cool mal rasé en guenilles de luxe qui signe cette coulée de fiel au « Nouvel Observateur » avait tenté une approche pour que je réponde à ses questions en vue de « faire mon portrait ». J’ai refusé. Je lui ai dit « je n’ai aucune confiance en vous et je ne veux d’aucune façon valider si peu que ce soit la saloperie que vous allez me faire ». Je suis servi. Un seul progrès : pour une fois, sur la photo, je ne suis pas tout rouge, la bouche ouverte et le poing rageusement fermé. Je suis seulement marqué par la fatigue. Il va y avoir des sanctions, c’est sur. En tous cas n’oublions jamais la longue carrière de tireurs dans le dos de ce journal : contre le programme commun, pour Rocard, pour Delors, promoteur de l’opération Ségolène Royal, hystérie du oui au référendum, j’en passe et non des moindres. Notre courant politique y est piétiné, nié sans relâche, nos porte-paroles continuellement humiliés. Et tout ça pour promouvoir des personnages qui ont tous si mal tourné ! Il est frappant de constater un tel sectarisme devant un tel bilan. Ailleurs, partout, tout le monde à gauche se remet en cause et réfléchit à ses certitudes passées. Dans la presse liée à la gauche cela donne aussi, ici et là, un certain dégel des postures. Nous avons tous noté comment « Libération » a réouvert l’arc de ses projecteurs. La ligne éditoriale n’est plus la hargne social libérale mais tout à fait clairement social démocrate, au sens classique du terme, c'est-à-dire politiquement argumentée en dépit du caractère dépassé et vieillot de l’idée. Mais il n’y a plus de bannis dans « Libération » comme du temps de July. Pas au « Nouvel Observateur ». Il est vrai qu’avec un comité éditorial qui a connu et enterré l’équipe Brejnev et celle de Mao il ne faut pas trop compter sur l’appétit du futur. Même ses jeunes déjantés sont de vieilles carnes. N’empêche, quelle ambiance ! C’est au point que Jacques Julliard lui-même a fini par mettre en garde la « deuxième gauche » que ce journal prétendait incarner naguère. Il l’adjure de ne pas devenir une « troisième droite ». Trop tard, cher Jacques ! Ils vous tueront vous aussi plutôt que de lâcher les châteaux et demeures qui les fascinent.

J’en finis avec mes mauvaises humeurs pour aller le cœur purgé préparer mes discours à faire dans le stand du PG et à l’Agora de la Fête de l’Humanité. Fin de l’épisode Benoit Hamon. Ambiance juvénile du type conciliabule « d’Ag du mouv ». Jugez plutôt.  J’ai du appeler Benoit de nouveau. Son équipe avait transmis à plusieurs de mes proches le « bon numéro » de téléphone. D’après eux, « l’autre téléphone, ce n’est pas le bon ». Ha bon ? C’est juste un répondeur avec la voix qui dit qu’il va rappeler. Trop fort. Lui ne peux pas m’appeler bien sur parce qu’il est très important et occupé, cela va de soi. Mais moi qui n’ai rien d’autres à faire, je le peux. Je l’ai fait, donc. Et je l’ai eu aussitôt ! Résumons. « Il ne s’agit pas de faire le énième meeting unitaire », « nous voulions entendre ces trois là ». Voila tout. Le reste est de maigre intérêt. Henri Emmanuelli et Benoit Hamon invitent qui ils veulent, c’est bien leur droit. Si ce n’est pas un meeting unitaire et si on ne souhaite pas entendre ce que nous avons à dire, nous ne sommes, bien sur, demandeurs de rien. Si nous avions été invités, j’y serai allé ou bien Martine Billard. Mais nous ne voulions pas laisser dire que nous aurions été invité et que nous aurions refusé d’y être par sectarisme comme ce fut dit l’an passé où ce cirque a déjà eu lieu, dans des conditions à peu près semblables. Localement, nos amis, nos élus  reçoivent des invitations à participer au meeting final de l’université d’été de Benoit Hamon. C’est ça, l’élégance. Comme dit le journal « Libération », après le congrès de Reims, il y a des ruptures qui ne sont toujours pas passées. C’est bien possible. Pour ma part dans tout cela je veux voir le positif.

Car en invitant Olivier Besancenot, Hamon-Emmanuelli mettent le doigt dans la logique de « l’union à gauche sans exclusive » dont ils n’avaient pas voulu au congrès de Reims. Le reste sera tranché par la vie elle-même. De son côté Olivier Besancenot renonce à son ostracisme anti socialiste puisqu’il va défendre la retraite à soixante ans avec des militants socialiste qui distribuent des tracts en faveurs des 41,5 annuités de cotisations. Je pense qu’il a son idée sur les raisons de le faire. Mais alors ça devrait devenir plus simple en bonne logique de s’entendre avec nous qui disons comme lui. Non ? Ou alors je n’ai rien compris ? Et si c’est possible de défendre la retraite à soixante ans avec des gens qui sont pour 41,5 annuités de cotisations pourquoi ce n’est pas possible d’aller avec eux dans des exécutifs régionaux où les différences sont moindres sur les questions de gestion régionales ? Finalement cette séance donnera une photo très intéressante. C’est en quelque sorte un exercice où chacun délivrera à l’autre un bulletin d’amnistie. Puissions nous en bénéficier tous ensuite par moins de sectarisme à gauche. Je reviens sur notre programme à la Fête de l’Humanité comme promis plus haut.

Programme du stand Parti de Gauche à la fête  de l'Humanité.
(avenue Pablo Picasso)

Vendredi 10 septembre 2010

17h30 – 19h00
Notre République ? Même sol, mêmes droits : le cas pratique de la grève des travailleurs sans papiers.
Animé par Danielle SIMONNET (Conseillère de Paris et secrétaire nationale aux Migrations du Parti de Gauche), avec Raymond CHAUVEAU (Coordonnateur national CGT de la grève des travailleurs sans papiers), Marilyne POULAIN (responsable du pôle migrants de l'association Autre Monde), Catherine BRUN (responsable à Solidaires du suivi de la grève), Adama KANE (travailleur gréviste de l'imprimerie, sans papiers), Eric COQUEREL (Conseiller régional et secrétaire national aux relations unitaires du PG).

20h30 – 22h30
L'accès à l'eau potable et l'assainissement comme Droit Humain essentiel . Interviennent Jean-Luc MELENCHON (Eurodéputé et Président du Parti de Gauche), Gabriel AMARD (Président de la communauté Les Lacs de l'Essonne, auteur de "L'eau n'a pas de prix, Vive la régie publique" et secrétaire national du Parti de Gauche), Luzmila CARPIO (Ambassadrice de l'Etat Plurinational de Bolivie en France et en Tunisie), Pablo SOLON (Ambassadeur de l'Etat Plurinational de Bolivie auprès des Nations Unies-New York), Danielle MITTERRAND (Présidente de la Fondation France-Libertés).
 
Samedi 11 septembre 2010

11h00 – 12h30
Présentation des premières contributions du PG au programme du Front de Gauche, par François DELAPIERRE (Délégué général du PG). Plus d’un millier de propositions réparties en 177 fiches pour nourrir le débat sur le programme partagé du Front de Gauche seront rendues publiques.

14h30 – 16h45
Le rassemblement de toute l’autre gauche, ça marche : les enseignements de Limousin Terre de Gauche, avec Jean-Luc MELENCHON (Eurodéputé et Président du PG), Christian Audoin (PCF – tête de liste de Limousin Terre de Gauche aux Régionales), Laurence Pache (PG – Conseillère régionale Limousin) et Stéphane Lajaumont (NPA – Conseiller régional Limousin), ainsi que des représentants nationaux du NPA, du PCF et des Alternatifs.

17h00
A L’Agora de La Fête de l’Humanité : ouverture du chantier du programme partagé du Front de Gauche,

Dimanche 12 septembre 2010

11h00 – 12h30
Gouverner face aux banques, au FMI et à la Commission européenne – Sortir du Traité de Lisbonne, animé par Christophe Ventura, avec Jacques Généreux (Economiste, secrétaire national du PG) et Yannis Bournous, représentant du parti grec Synaspismos.

12h30 – 14h00
Déjeuner-débat : La publicité, bras armé du consumérisme, avec Corinne MOREL-DARLEUX (secrétaire nationale du PG), Charlotte NENNER (Présidente de Résistance à l’Agression Publicitaire), Fabrice FLIPO (Philosophe) et des Déboulonneurs.

14h00
A L’Agora de La Fête de l’Humanité : Forum sur les retraites, avec Martine Billard (Députée, secrétaire nationale du PG), Benoit Hamon (PS), Jean-Vincent Placé (Les Verts), Eric Corbeaux (PCF) et les responsables de Solidaires, FSU, CGT et CFDT

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