Je vais embarquer pour Berlin. Je vais aux côtés des dirigeants de Die linke et en présence de Pierre Laurent président du PGE participer à la commémoration de l’assassinat de Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, en 1919 par les sociaux-démocrates, qui s’opposaient à la révolution allemande, au moment où elle venait desserrer l’étau autour de la révolution en Russie. J’en dis un mot très bref. Tout sera très bref cette fois-ci car l’année à peine commencée me donne à peine le temps de respirer. Quelques lignes donc pour vous dire que tout va bien et avance comme il faut de tous côtés alors que la grosse castagne a commencé si fort à l’initiative de Valls et des autres passeurs de plats de la droite dure. Comme toujours la Commission européenne n'est pas en reste. Elle a fait de nouvelles propositions de dérèglementation du temps de travail. J'en dis aussi un mot.
Et comme beaucoup d’entre vous m’ont déjà interpellé sur le sujet je vous recommande de ne jamais oublier que Sylvia Zappi du « Monde » n’écrit qu'à charge sur le Front de gauche. Il est donc inutile de dépenser la moindre énergie à démentir les insinuations et les aigreurs dont elle entoure ses informations. Retenons seulement une chose : il faut respecter les procédures des organisations politiques et tout ce qui les brutalise nuit à la démocratie. Puisque je parle d’elle et de ses interminables aigreurs je vous donne des nouvelles du livre qui « tombe à plat » comme elle l’avait titré dans « Le Monde ». Il s’en est payé 53 000 en caisse à cette heure. Comme je sais quelle part ont pris les lecteurs de ce blog à ce succès de diffusion je vous en félicite tous. Et bien sûr je ne vous cache pas ma fierté personnelle.
Pour illustrer ce billet, j'ai choisi une première série de superbes photos de Berlin prises par Stéphane Burlot.
En ce moment il y a de nouveau foule autour du cercueil de François Mitterrand. Sous couvert de bilan et de droit d’inventaire, je prévois qu’il va beaucoup être question de la «part d’ombre». Le but de l’opération est toujours le même. Effacer le souvenir de la victoire de 1981 et sa signification. Car pour les amis du fric ce souvenir est surplombé par la nationalisation des 36 principales banques de dépôt, et des grandes industries : Alcatel-Alstom, Saint-Gobain, Péchiney, Thomson, Rhône-Poulenc… La manœuvre est banale autour de cette commémoration mal assumée : rendre suspect et ambivalent tout dirigeant de gauche qui affirme vouloir transformer le monde. Dénigrer l’actif au nom du négatif. Si vous ne savez que dire, alors un peu de mémoire pour ne pas limiter vos souvenirs à l’abolition de la peine de mort qui est le tarif minimum de la mémoire autorisée et politiquement correcte. Pensez à la 5ème semaine de congés payés, à la retraite à 60 ans, à la première réduction du temps de travail depuis 1936 avec le passage à la semaine de 39 heures, à la hausse du SMIC de 10 %, et du minimum vieillesse de 20 %, à l’abolition de la cour de sûreté de l'Etat, à la création de l'Impôt sur la Fortune, créé en 1982, abrogé par la droite en 1986, rétabli en 1988 ! Et aussi à la création du bac pro en 1985, à celle du RMI, à la légalisation des radios libres locales, aux lois Auroux sur les droits des travailleurs, droit d'expression des travailleurs sur leurs conditions de travail, obligation de financement des comités d'entreprise, droit de retrait pour les salariés en cas de danger. Et aux avant-gardes écologistes avec la protection des espaces naturels du pays, la loi littoral (janvier 1986) et la loi montagne (1985). Et aussi, pensez-y et réveillez vous : l’abolition du délit d'homosexualité. Pensez bien sûr ce que vous voulez et agissez comme vous l’entendez. Mais attention au danger de réduire tout succès extraordinaire à sa part d’échec ordinaire.
A Berlin, la commémoration prend un autre sens. D’abord celui de notre union au sein du Parti de la Gauche européenne avec nos camarades allemands. Pour nous depuis la fondation du Parti de Gauche c’est une question de fond compte-tenu de la montée des périls dans la crise du capitalisme actuelle. Cette fois-ci j’y vois encore autre chose. Liebknecht et Luxembourg ont rompu avec la social-démocratie faillie qui avait accompagné la guerre de 1914-1918 et dont les députés portaient la responsabilité morale en ayant les premiers voté les crédits de guerre. Et quand, la grande révolution de 1917 a mis un terme à la guerre et à la boucherie sans fin, la social-démocratie a de nouveau frappé d’abord ses dissidents. En les assassinant. C’est en rupture avec cette histoire honteuse que s’était constitué le nouveau PS français. Tout cela est fini. Aujourd’hui le visage du retournement de veste tragique ce n’est pas celui dérisoire des Besson et Kouchner, c’est celui de Papandréou, président de l’Internationale socialiste, qui assomme le peuple grec sous le diktat des banques et tout le reste de la social-démocratie qui applaudit et salue son prétendu courage !
Les réactionnaires se mobilisent partout sur la durée du travail. Barroso bat le même tambour que Valls sur la galère où triment les travailleurs. La Commission européenne de la prétendue "Europe qui nous protège" vient en effet d'adresser aux députés européens ses propositions de révision de la directive sur le temps de travail. Personne n'en a pourtant parlé. Comme si tout le monde s'était habitué à ce que le pire vienne de cette Europe.
La précédente copie de la Commission avait été rejetée par le Parlement européen en décembre 2008 en dépit du soutien de la présidence française de Sarkozy aux propositions de la Commission. Peu lui importe, comme elle l'a déjà fait sur la Poste et tant d'autres dossiers, la Commission revient à la charge deux ans après avec les mêmes mesures de dumping social.
Dans ces "nouvelles" propositions, la Commission européenne refuse toujours de mettre fin à l'"opt out" qui permet à des pays de faire travailler les salariés jusqu'à 72h par semaine. Elle propose de systématiser l'annualisation pour calculer le temps moyen de travail hebdomadaire. Elle propose aussi d'étendre jusqu'à quinze jours la période sur laquelle le travailleur doit disposer de deux jours de repos. Cela ne garantit donc même pas le repos hebdomadaire conquis en France depuis une loi de 1906.
Ainsi, une nouvelle fois "l'Europe qui protège" méprise sa propre Charte des droits fondamentaux qui prétend "garantir à chaque travailleur de l'UE le droit de limiter ses heures de travail afin de respecter sa santé, sa sécurité et sa dignité au travail."
Je veux enfin remercier chaleureusement les nombreux contributeurs qui ont commencé à envoyer leurs photos pour m'aider à illustrer ce blog. Déjà 340 photos reçues de 46 contributeurs ! Je rappelle l'adresse pour me faire parvenir ces envois : [email protected].