J e reviens à mon clavier avant de commencer une semaine bien ardente avec la préparation du Conseil National du Parti de Gauche qui doit tirer les conclusions pratiques des décisions, et du calendrier, établis par le Parti Communiste pour la désignation de son candidat à l'élection présidentielle. L'actualité se chargeant de donner une signification spécialement dense au contexte de cette élection, on comprend que j'évoque beaucoup ce contexte. Comme je serai à Strasbourg cette semaine pendant quatre jours, j'aurai sans doute l'occasion d'écrire sur notre façon de voir à propos de cette élection. Pour l'heure, je parle du congrès du Front National, de la révolution citoyenne en Tunisie, et de deux voyages dans les coulisses humaines de la mondialisation libérale.
Les magnifiques photos qui illustrent cette note sont dues à Guillaume Marsault que je remercie cordialement.
Le congrès du Front National a élu madame Le Pen à sa tête et celle-ci a fait séance tenante un discours d’ouverture de la campagne des présidentielles. L’extrême droite a réussi à passer le témoin de sa direction. La suite sera à couper le souffle.
Le fruit est mûr. Cette femme à poigne est maître à bord et rien ne l’en sortira, cela se sent. Elle annonce vouloir vider de sa substance l’électorat de l’UMP et je pronostique qu’elle va assez largement y arriver. Son discours a changé de génération. Les sympathisants de la droite classique l’entendent favorablement et la majorité d’entre eux souhaite l’alliance avec elle. Ils partagent les valeurs qu’elle incarne depuis qu’elle en a retiré tout le folklore des nazillons qui y restait attaché du temps de Le Pen le vieux. Dans la mesure où les Sarkozy-Hortefeux ont déjà fait faire plus de la moitié du chemin idéologique par la droite classique, pour le beau monde, ce n’est plus rien d’aller au bal avec elle. Dans l’Histoire, la fonction de tels partis et de telles gens est de prendre en charge la solution musclée quand les méthodes traditionnelles de domination de l’ordre établi ne fonctionnent plus. Nous en approchons. La solution musclée peut se décliner de bien des façons, avec bien des formes et aspects différents. La visibilité du muscle demandé sera proportionnelle à l’effort à fournir. Si nous, je dis bien nous, la gauche décomplexée, sommes forts, eux seront tous nus et contraints d’avancer à visage découvert. Tant qu’ils ont en face d’eux la gauche piapia, blabla, ils peuvent avancer tranquillement sous le masque. Ils se nourriront de la pusillanimité de leurs adversaires. Mais le vrai moment de Le Pen sera celui où Sarkozy s’effondrera. Sa vocation et son but sont de prendre la tête de la droite. C’est engagé. Elle cueillera un fruit mûr et bien préparé par les mois et les années d’errements et déchéance qui ont conduit la droite de De Gaulle à Sarkozy, de « l’ardente obligation du plan » à la concurrence libre et non faussée.
A présent, il faut bien comprendre que l’extrême droite n’est jamais descendue du ciel, mais de stratégies, de moyens matériels et de situations qui convergeaient d’autant mieux que leurs chefs savaient les lier en un tout qui aillent vers eux. Exactement comme pour nous. Mais dans ces sortes de situations, la sottise de l’adversaire est un levier également très puissant pour avancer. Madame Le Pen va être magnifiquement servie. Toutes les belles personnes vont faire de la fuite en avant face à elle. Loin de la sortir des terrains où elle veut s’installer, ils vont l’y ancrer. Par exemple, quand elle se réclamera de la laïcité, au lieu de la démasquer et de montrer qu’elle est une ennemie de la liberté de conscience et un suppôt des intégristes, ils vont lui accorder le label et montrer du doigt les « dérives auxquelles conduisent les ultra-laïques », prôner la prétendue « laïcité ouverte » et ainsi de suite. Quand elle dénoncera la mondialisation, au lieu de montrer qu’elle ne s’attaque jamais aux puissances d’argent mais seulement aux immigrés, elle jouera sur du velours. Les belles personnes montreront du doigt tous ceux qui défendent la souveraineté populaire et nous serons violemment repeints en « populistes ». J’arrête là, car chacun d’entre vous a déjà vu la pièce commencer à s’écrire sous ses yeux.
Face à madame Le Pen, il n’y a pas de digue sérieuse. Politiquement la droite n’a presque plus d’anticorps. Et le marais du centre et centre-gauche va jouer sa partition pour prendre notre camp en otage, sans complexe, de façon agressive : qui n’est pas d’accord avec le libre échange, et le moralisme sociétal est un agent de Le Pen. A la fin on nous jouera l’union sacrée, « autour du meilleur candidat seul capable gnagna ». A Berlin, un camarade m’a rappelé un fait d’histoire que j’avais oublié. Les sociodémocrates allemands, qui avaient assassiné Rosa Luxembourg et Karl Liebknecht, soutinrent la candidature de Hindenburg « seul capable de barrer la route à Hitler ». Ce fut lui qui appela Hitler à la chancellerie. Je ne pronostique pas ce cas extrême, et je ne veux assimiler aucun des protagonistes d’aujourd’hui à ceux d’hier, pas même madame Le Pen. Je veux montrer que la logique qui consiste à avoir peur de son ombre et à refuser un combat frontal quand il se présente conduit toujours au désastre. Aucune politique de gauche n’est crédible ni entrainante si elle n’affronte pas le capital financier, sa politique et ses instruments. Ceux qui vont continuer à accompagner le système seront détruits comme des Ben Ali c’est-à-dire : au moment où ils ne s’y attendent pas, par un incident qu’ils auront méprisé, du fait de gens dont ils avaient oublié le nom depuis longtemps : le peuple. Ce que ce peuple fera ensuite de sa révolte est l’enjeu de notre période. Cette question est posée à cette heure en Tunisie. La question n’est pas de savoir si cela se produira en France mais quand.
En désignant Dominique Strauss Kahn, les dirigeants socialistes vont ouvrir un boulevard à cette nouvelle extrême droite. Ils vont se présenter comme les champions de la mondialisation américaine au moment où tout le monde la vomit. Ils seront les chantres de « l’Europe qui protège », et autres sornettes, au moment ou des gouvernements aux abois, pourtant au moins aussi veules qu’eux, préfèrent traiter avec le gouvernement communiste chinois plutôt qu’avec les inquisiteurs de la Commission européenne et leur bras séculier du FMI. Ils le feront avec cette morgue et cette bonne conscience incapable de la moindre auto-critique qui les mène depuis leur forfaiture de 2005 et leur vote du traité Lisbonne. Les sommations arrogantes auxquelles ils se livrent déjà à l’égard de tout ce qui n’est pas à leurs ordres attestent d’un aveuglement absolument inouï. Il va falloir marcher sous la calomnie et les mépris davantage qu’avant. Avec le retour des Le Pen, la bonne société a retrouvé un diable utile qui les dispense de réfléchir et de proposer. Dorénavant, à tous les repas, nous auront le même menu : vote utile. Le vote utile fonctionne comme un cache misère qui empêche de voir la substance du vote lui-même se vider. Le refrain du vote utile, c’est l’argument qui faisait préférer Ben Ali « pour ne pas avoir les islamistes ».
On voit que je cite beaucoup la situation tunisienne. Je la crois exemplaire et nullement exclusivement tunisienne. Jusqu’ici tout s’est passé dans le plus pur déroulé déjà observé en Amérique du sud. Je récapitule. Le système financier à l’œuvre polarise à mort la société et déséquilibre totalement les rapports sociaux. Un incident met le feu aux poudres après mille signes annonciateurs dédaignés. Une éminence, souvent membre de l’Internationale socialiste, fait tirer sur la foule. Le système s’effondre en quelques jours. La revendication sociale devient une revendication de démocratie, c'est-à-dire de souveraineté populaire. C’est la révolution citoyenne. L’acte un est fini.
L’acte deux concrétise alors, ou pas, le mouvement commencé. Des organes de pouvoirs spontanés et populaires se mettent en place pour régler le quotidien que plus aucune autorité n’est en état de régler : sécurité, approvisionnement etc. Une Constituante est exigée. Elle est convoquée par le pouvoir provisoire qui s’installe. Dans cette phase, les réactionnaires de l’ancien régime se répartissent en deux camps, ceux qui veulent « la pause dans la révolution » et ceux qui cherchent l’affrontement. Nous allons entrer dans cette phase. Compte tenu des exactions des « Ben Alistes » ces dernières heures, on ne doit pas exclure un approfondissement spectaculaire de l’exigence démocratique de la révolution. Cela s’observa dans la Révolution des œillets – en 1974 – au Portugal. Les gens se mirent à arrêter partout, et notamment dans l’entreprise, les « agents de la police politique ». Il s’agissait de les empêcher de nuire. Il n’y avait aucun plan d’ensemble, aucune idéologie dans cette affaire. Juste une précaution. Le résultat concret fut que toutes les directions d’administration et d’entreprise furent décapitées. Dès lors, des comités se mirent en place pour assurer la continuité de l’activité et la diriger. Alors la révolution citoyenne pris un nouvel essor. C’est une autre histoire. Ce que ces situations démontrent, c’est qu’il existe une dynamique de ces sortes de moments de l’Histoire. Aucun « programme » politique, aucune idéologie n’est proclamée. C’est la loi de la nécessité qui s’exécute à partir de besoins simples que la société doit accomplir pour des raisons de conservation élémentaires. La révolution citoyenne désigne ce processus en lui donnant le nom de son mode d’action et la finalité qu’elle vise.
Cette semaine m’a placé à deux reprises au contact du monde tel que la finance l’a remodelé. Je suis d’abord allé faire une visite au squat de Jeudi Noir, rue Matignon. Il y avait déjà eu beaucoup de délégations surtout le premier jour de l’occupation. A ce moment-là, le ministère de l’Intérieur était sans doute extraordinairement vexé de s’être fait rouler dans la farine à cent mètres de sa propre porte. Les comportements étaient très durs sur place. Mes camarades élus régionaux et parisiens étaient bien présents dans ces heures-là. Je ne le raconte pas parce que tout le monde l’a lu et vu à la télé. Moi je faisais partie de la deuxième vague de ceux qui venaient, histoire de montrer que l’occupation est vue et protégée par un large arc de forces politiques et de personnalités. Il n’y avait aucun risque à être là, à ce moment là, et mon passage a donc été parfaitement paisible. Ce qui m’a frappé, c’est l’audace des jeunes femmes et hommes qui sont là et qui ont monté l’opération. Et aussi leur courage. Oui, c’est surtout cela qui m’a impressionné. Je suis toujours sensible à l’aspect humain de l’engagement, à ce qu’il nous apprend sur les autres et sur nous-mêmes. J’ai toujours pensé que l’action politique en même temps qu’elle est une action sur la cité est une action sur soi-même. On se transforme en transformant le monde. En tous cas, en voyant cette nouvelle génération de lutteurs, si mixte aussi, j’étais joyeux. Je trouve tout cela très réconfortant, si je tiens compte de la morosité et résignation ambiante dans les catégories sociales dont ils sont issus. Je parle de la classe moyenne. Ensuite, j’ai appris beaucoup de choses en bavardant avec eux. Les choses que l’on apprend de cette façon sont celles que l’on mémorise le mieux. Et comme vous le savez, pour ce que j’ai à faire, j’ai intérêt à apprendre beaucoup pour clouer le bec au parti de «mais-avec-la-mondialisation-vous-savez-bien-que-ce-n’est-pas-possible». Comme d’habitude, la finance est au cœur du problème. Et donc des solutions. S’il y a tant de mètres carrés vides, m’a-t-on expliqué, c’est que les mètres carrés vacants sont considérés comme fluides, c'est-à-dire rapidement vendables. Dès lors, le patrimoine considéré est de « meilleur qualité » pour un financier. La note du possesseur monte. Il donne accès alors à de meilleurs prêts. Ainsi un géant a-t-il acheté 13 000 logements à Dresde pour les garder vides afin d’avoir une meilleur note au moment d’emprunter pour une opération à Hong Kong. Les sdf, les mal logés, ceux qui dorment dans leur voiture ou au camping, comprendront sûrement que la « compétitivité-de-nos-entreprises-dans-la-mondialisation-les-chinois-les-indiens-comment-faites-vous-monsieur-Mélenchon pour financer » donne du sens à leur souffrance.
Ensuite je suis allé à Roubaix. Mon rendez-vous était à l’EDHEC, puissante et riche école privée de commerce, où l’on m’avait invité pour présenter mes vues. Je laisse de côté pour aujourd’hui la question de savoir si je devais y aller ou pas, vu qu’il s’agit d’une école privée et que le débat était parrainé par des banques. Je dis juste que c’était agréable et qu’il était temps d’aller labourer la terre des certitudes au cœur même de la machine à inculquer les préjugés. Erwan Guého dans une interview pour Nord éclair m’a demandé : «Quel est le message que vous souhaitez adresser aux étudiants de l'Edhec ? » Voici ma réponse : « Pour un responsable politique de ma génération, le premier devoir est de donner le goût de l'esprit critique et de la pensée libre aux jeunes générations. C'est un devoir fondamental car, contrairement aux apparences, notre époque est frappée d'une tyrannie intellectuelle selon laquelle il n'existerait qu'une vérité économique, la concurrence libre et non-faussée. Ce genre de matrice intellectuelle formate les esprits, parfois sans même qu'ils s'en rendent comptent. » Et ensuite, voici sa question qui est une parfaite illustration de ce que je venais de dire : « Votre principale difficulté n'est-elle pas de passer d'une certaine adhésion de l'opinion à vos idées à la conviction que vos propositions sont réellement applicables ? » J’ai répondu sagement. « Bien évidemment ! Mais cela est aussi vieux que le combat socialiste. A l'époque de Jean Jaurès déjà, certains lui reprochaient de ne pas pouvoir « chiffrer son projet » socialiste. L'une des forces que nous avons eu lors du mouvement pour la défense des retraites, c'est de démontrer par des chiffres que nos propositions tenaient la route. La grande bataille, c'est la bataille de la crédibilité. »
Mais avant cette soirée somme toute assez tranquille, je suis allé à la rencontre des syndicalistes CGT en lutte de l’entreprise Camaïeu. En tous cas ceux qui pouvaient se libérer à ce moment-là. En fait c’était bien les principaux animateurs de la lutte. Le hasard a fait que deux élus socialistes se sont joints à nous pendant la rencontre. Ils avaient décidé de profiter de l’occasion pour remettre le chèque de soutien de leur section aux grévistes. Un geste apprécié et tellement rare ! Télé et radios qui se trouvaient là n’en ont pas perdu une miette et c’est très bien ainsi car cela devrait donner des idées à d’autres. Bon. C’est secondaire. Les gens avaient des valises sous les yeux. Deux camarades sont arrivés en retard le temps d’avoir pris leur douche. L’un paraissait épuisé. Mais si maitre de lui ! J’ai été accueilli par un militant aux traits tirés et qui vibrait encore de la journée de négociation. Dans la salle c’est une militante qui prend le relais. Elle sourit, elle blague. Elle aussi est épuisée. Quand elle s’est levée ensuite j’ai pris conscience de ses deux béquilles. Je l’interroge, un peu taquin parce que je sais que les gens n’aiment pas se montrer diminués et qu’une petite blague vide la gène. « Alors qu’est ce qui s’est passé ? », lançai-je ? Et elle avec le sourire : « trois accidents du travail ! Mes pieds c’est plus ça !». Et comme c’est moi qui accuse le coup, elle me lance avec un sourire : « c’est rien, il y a pire, on ne va pas se plaindre quand on voit ce qui se passe pour d’autres ».
Ici, les gens sont payés en moyenne 1050 euros par mois. La moitié des postes de travail est tenue par des intérimaires ou des contrats à durée déterminée. Leur boite est une multinationale qui compte près de 1000 magasins dans le monde dont le chiffre d’affaire est estimé à 1 milliard d’euros. Le bénéfice cette année a été de 100 millions. L’entreprise appartient au deux tiers au fonds d’investissement britannique Cinven. De plus, voila deux ans que les salariés ne touchent aucune prime d’intéressement, car les bénéfices récoltés à l’étranger ne remontent pas sur l’entreprise mère qui organise la répartition des marchandises livrées en Europe et en Asie qui se fait là à Roubaix. Donc c’est 1050 euros secs. C’est peu, très peu, même à Roubaix. Je raconte tout ça pour situer l’ambiance de la lutte. Le patron est parti en retraite et le nouveau est arrivé depuis huit mois. Celui qui est parti a levé ses stocks options. 23 millions ! Ok ? 2000 ans de paie mensuelle des employés. Ceux-ci se sont donc permis de réclamer 150 euros par mois. Et aussi la conversion de 200 postes d’intérimaires en CDI. Bref : le communisme dans sa version la plus dure, non ? Ce qui est nouveau cette fois-ci, c’est qu’il y a eu des gens des bureaux qui se sont joints à l’occasion aux gens de l’atelier. Et les grévistes ont bloqué les sorties de camions. Dès lors, a commencé une logique de répression qui serre le cœur quand on voit qui est aux prises. Un côté des gens du rang, luttant pour leur survie économique, des femmes seules élevant plusieurs enfants, de l’autre des pontes qui viennent d’arroser l’un des leurs d’une pluie d’or. Une intersyndicale CGT-CFDT-FO s’est constituée pour la lutte et elle a tenu bon jusqu’au bout. La direction, elle, a joué la peur en menaçant de sanctions lourdes les « meneurs de la grève » (dixit la presse) qui entravent la sortie des camions. Dès lors la lutte s’est concentrée sur le refus des sanctions. Les grévistes, souvent nouveaux dans l’action refusaient que leurs camarades soient punis. Ils ont pris sur eux de relancer le combat alors même que la presse donnait la mobilisation comme moribonde. Quand je suis arrivé à l’union locale CGT, un protocole de fin de conflit venait d’être signé. «Ce n’est pas un accord" insiste le délégué de l’entreprise. On comprend sa froideur. Bilan : cinq postes transformés en CDI et la négociation annuelle obligatoire avancée de quinze jours pour toutes les questions de salaire. Mais je suppose que beaucoup savent où est l’épineux dans ce type de contexte. C’est le paiement des jours de grève. Il n’y en aura pas. Notre bon maître a dosé avec une balance sadique les punitions : ceux qui ont fait grève trois jours seulement pourront les compenser en rendant des RTT. Ceux qui ont entre trois et six jours de grève n’auront pas cet « avantage » pour les trois derniers jours. Leurs jours de grève seront retenus cependant, par faveur bienveillante spéciale, sur plusieurs mois. Le knout est tenu de main ferme, on le voit. Mais est-ce que cela durera toujours ? Ces gens simples, ces travailleurs étaient fatigués et plutôt à bout de nerfs. Mais nullement démoralisés.
Post scriptum. Vous aurez noté que je ne commente plus mes démêlés avec les médias. Vous décryptez en général assez bien ce qui se passe. Quelques nigauds continuent à croire ce qu’on leur montre et ce qu’on leur dit. Mais ils progresseront à mesure qu’ils auront compris la différence entre une arène et miroir, même déformant. Ainsi après la nouvelle provocation à la clôture des vœux du Parti de gauche. Je ne l’évoque que pour adresser un signal amical de vieux compagnonnage au journal « Témoignage chrétien » où la personne travaille en tant qu’étudiante stagiaire, je suppose. Je m’empresse de dire que jamais elle ne se présenta, ni ne dit pour quel journal elle travaillait. C’est moi qui lui ai demandé qui elle était car tout le monde était parti sauf l’équipe de Canal +. Elle répondit « étudiante » et c’est sur ma demande qu’elle précisa en quoi elle étudiait. Je pense que tout le monde peut comprendre que je ne devine pas dans un bar vide qu’une personne qui prend des notes en m’écoutant est une journaliste de « Témoignage Chrétien ». Ni ne sera surpris que je m’enquière de savoir qui est là, à quelques mètres de moi, dans mon dos quand je parle, sachant que j’ai déjà été agressé plusieurs fois par des folles, ce dont je ne parle pas pour ne pas susciter des vocations. Ni que je réagisse mal quand alors que je me détourne je suis provoqué par un « alors, je ne suis pas intéressante, c’est ça ! ». Et que je sois ulcéré de la voir aussitôt se tourner vers les caméras de ses confrères pour me pourrir en trente secondes avec, en plus, des allusions vicieuses du genre : « il m’avait repéré depuis un moment, j’étais la seule jeune femme ». Ce qui prouve qu’elle n’est pas observatrice, par-dessus le marché.
S’agissant de ma rencontre avec Demorand sur Europe 1, vos réactions ont été si nombreuses que je n’y ajoute rien. J’ai relevé le papier d’Acrimed comme spécialement synthétique. Après quoi, dans la mesure où monsieur Demorand aura été le premier journaliste à admettre qu’il pouvait en partie avoir tort, fait sans précédent dans la caste, et comme beaucoup d’entre vous me l’ont suggéré, j’irai sur son plateau dimanche prochain, sans haine, sans rancune.