Ouh ! là ! là !

ciel5V

oici une note imprévue. J’avais raisonnablement bouclé les sujets qui m’intéressent quand est venue cette nouvelle glauque de New York. Je me trouvais hors de Paris, en famille, si bien que je ne pouvais répondre aux nombreuses sollicitations téléphoniques dont je faisais l’objet à propos de l’arrestation de Dominique Strauss-Kahn à New York. Cependant j’ai rédigé un petit communiqué par SMS pour l’AFP. Voici ce que j’ai déclaré en pesant mes mots.

Merci à Jean-Jacques Duval pour l'illustration de ce billet.

«  Je suis consterné. Je souhaite que ce soit faux car le viol est un crime. Il y aurait alors une victime. C’est déjà assez de l’humiliation que cette information provoque parmi les siens. J’appelle à la retenue. Ne jugeons pas avant de savoir. » Je ne crois avoir grand-chose à rajouter, à cette heure. J’ai écouté les réactions dès que j’ai été à portée d’une radio. Je suis assez content de constater que tout le monde se tient bien, à une ou deux exceptions près. Madame Le Pen et Bernard Debré. La vérité est que toute parole est imprudente. Non seulement par ce que Strauss-Kahn peut être innocent de ce qu’on lui reproche. Mais aussi parce que dans le cas contraire il y a une victime, il faut le rappeler. Je suis un peu surpris de voir que personne n’a l’air de se préoccuper de la femme de chambre de l’hôtel. Affabulatrice ? Peut-être ! Mais si c’est une victime, alors qui la plaint ? Nos paroles ne doivent-elles pas inclure le respect qui lui serait dû ? Personne n’a l’air d’y songer pour araigneel’heure. Je suis étonné de constater que pas un commentaire de femme politique n’envisage cet aspect du drame, c'est-à-dire cette personne là. Une femme de chambre, c’est moins intéressant ?  Comme si tout était dans le commentaire de la scène. La politique spectacle éteindrait-elle tout sentiment humain ? Finalement, quoique  l’on dise, on dira mal. De toute façon la poubelle est ouverte et les bêtes vont se disputer les ordures.

Ce qui m’avait bien fait aimer ce week end c’est la lecture de la une du « Nouvel Observateur ». « Ils ont tout » hurle la nouvelle maquette. «L’argent, le pouvoir, les privilèges… » Bigre ! Ca sent le populisme à plein nez ça ! Et le sous titre : « enquête sur la nouvelle oligarchie française » ! Oligarchie !!! Et ce n’est pas tout. L’éditorial de Laurent Joffrin est titré « Comme en 1788 ». Au secours ! La gauche revient ! Au Nouvel Observateur ? Pourtant ce journal était parfaitement sain. Social libéral grand teint poursuivant d’une haine sectaire et violent tous ceux qui lui résistent. Partisan de Gaston Deferre et de l’alliance avec le centre au moment où l’union de la gauche se cherchait, répondeur automatique du rocardisme contre François Mitterrand et l’union de la gauche et ainsi de suite sans trêve ni repos de façon si bestiale que même Jacques Julliard a fini par partir pour « Marianne ». J’aime comme une touchante vieillerie cette sorte d’acharnement sectaire qui n’a plus lieu ailleurs. Avec quel souci du détail qui tue ! Par exemple quand ils font la galerie des portraits des candidats, je suis le seul représenté en train de faire une grimace. La même (ouf !), tout le temps, chaque fois. Hé ! Hé ! ça c’est la classe ! Donc personne ne ricanera le jour où l’hebdomadaire rose bonbon prétendra découvrir l’eau chaude ou le fil à couper le beurre. Et cette fois-ci pas davantage quand il nous révèle l’existence d’une « nouvelle oligarchie » qui tient tout dans ce pays. Pas une ligne n’évoque le fait que la découverte du grand journal d’investigation en fauteuil club est déjà l’objet d’une bataille idéologique de première grandeur depuis des mois, que plusieurs livres ont paru sur le sujet, que le coccinellejournal Marianne a donné des dizaines d’articles sur le sujet, que l’Humanité a déjà sorti des dizaines de pages d’exemples.. Et bien sûr que c’est le thème central du mien qui a tant indigné la longue cohorte des éditorialistes de ce journal. Passé la rigolade sur la veulerie d’équipe capable de tels virages sur l’aile, je me dis que la bataille avance puisque même les sommets de la petite bourgeoisie médiacrâte commencent à comprendre que cette société n’est pas un avenir pour elle davantage que pour qui que ce soit.

Mais monsieur Laurent Joffrin croit-il vraiment ce qu’il dit quand il écrit : « Le système politique français n’est plus exactement une démocratie. Il est oligarchique. Il est concentré entre les mains de quelques uns, les happy few, les nobles sans particules. » Puis, en conclusion : «  sous les atours d’une modernité chatoyante un nouvel ancien régime chemine subrepticement ». S’il le croit alors je lui annonce qu’il est positionné sur les fondamentaux du programme partagé du Front de Gauche. Cette ligne c'est exactement celle que présente le premier numéro de la revue du Parti de gauche qui vient de paraitre. Dès lors, rien ne justifie notre mise au ban de son journal. Mais il existe une autre hypothèse. Qu’il le croit ou non peu importerait. Il s’agirait seulement de récupération. Il serait juste question de remettre à niveau, en quelques sortes, pour pouvoir vendre les mêmes salades dans un autre emballage. Un emballage plus proche du ressenti du commun, et notamment des lecteurs, que l’incroyable irénisme social qui est devenu la marque de fabrique de cet hebdo.

J’en reviens donc à des évènements plus normaux. Encore que l’Europe ne soit pas la chose la plus normale que je connaisse sauf à dire que l’incongruité permanente soit banale. Apprenez que l’autre jour, en séance, j’ai pensé à Wauquiez. Oui, celui qui veut punir les pauvres. Ce nigaud qui ne connait rien au fonctionnement de l’Europe avait fait la bouche indignée en face de moi : je n’aurais pas encore présenté un seul rapport au parlement européen. Quelle honte ! Justement j’avais sous les yeux une ribambelle de rapports. Du même auteur. Celui-là va être super bien classé ! Vingt huit rapports d’un coup ! Evidemment le contenu est maigre. Vingt huit fois, dans les mêmes termes préparés par les techniciens, la même proposition de donner acte pour l’exécution d’une ligne budgétaire. Malin, le « rapporteur » ! Certains députés se coucher-soleil003sont spécialisés dans ce type de rapport. C’est le cas par exemple de Madame Barbara Matera, de la droite italienne. 31 rapports à son actif, tous sur le même sujet réactualisé à l’envie : le Fonds d’Ajustement à la Mondialisation mis en œuvre ici où là pour graisser la patte des licencieurs.

Une autre chose démoralisante dans ce parlement c’est ce qu’on vote. Je veux signaler que  presque tous rapports de la commission où je siège sont des « recommandations »  ou des « résolutions ». A la commission des affaires étrangères les textes sont donc de simples déclarations d’intention. Ils n’ont pas d’autre vocation que d’être voté. Ils ne servent strictement à rien. C’est d’ailleurs le cas de la majeure partie des textes issus du Parlement européen. Ca ne les empêche pas d’être nuisibles. Car les rapports font prendre un risque à qui accepte de les conduire. Cette mésaventure est arrivée à Liem Hoang Ngoc (PS). Paragraphe par paragraphe son rapport sur la viabilité des finances publiques avait été réécrit à coups d‘amendements adoptés par la majorité de droite de la commission. Mais ce n’est qu’en séance que le malheureux a pu retirer son nom du rapport. Imaginez que je me sois laissé prendre à cet exercice. On publierait sur les innombrables sites mal intentionnés qui m’injurient sans relâche la copie du « rapport Mélenchon » qui prouverait ma duplicité et ainsi de suite.
Cette fois-ci en tous cas nous avons battu des records en tant que machine à voter. Nous avons ainsi examiné un gros lot de textes du même auteur sur… les tracteurs agricoles ou forestiers. N’importe où ailleurs ce serait de l’ordre du règlement. Pas ici. Ici c’est l’Europe ! La maison des Shadocks ! Advienne que pourra, on pédale ! Il s’agissait de codifier les normes européennes concernant les « dispositifs de protection en cas de renversement », l’ « installation, emplacement,  fonctionnement et identification des commandes », les « dispositifs de freinage », l’ « espace de manœuvre », les «  facilités d'accès au poste de conduite et portes et fenêtres » et les « dispositifs de protection, montés à l'arrière, en cas de renversement ». Rien, que ça ! 700 personnes venues de 27 pays pour ça !

On dira cependant que le reste était bien plus motivant. Pourtant il fut adopté à la même cadence et sans un mot de dialogue. Il s’agissait de se prononcer sur la représentation de l’Union Européenne dans les organisations internationales, sur sa politique de défense ou encore la normalisation des laissez-passer offerts aux lobbies au sein du Parlement européen. Au total, 82 textes et des centaines d’amendements votés en à peine trois heures! Tel est le bilan de la dernière séance du Parlement européen. Préparer les votes, au milieu de documents de dernières minutes, qui ne sont pas tous traduits en français, voila le calvaire de mes assistants avant de devenir le mien au moment de fixer le vote. Pour moi, s’ajoute le fait que img402dans chaque domaine, je m’efforce de consulter la commission du Parti concernée. C’est un miracle que nous ne sous soyons pas encore pris les pieds dans le tapis. Mais cette fois-ci, comme d’habitude, seul dans mon genre, je publierai la totalité de mes fiches de travail et les votes que j’ai émis.

Pendant que des dirigeants européens éteignaient les très discrets lampions de la journée de l’Europe, la Grèce a connu mercredi sa dixième grève générale. En cause : le plan d'austérité du FMI, cela va de soi. Signé il y a tout juste un an le 2 mai 2010. Depuis lors, ce plan, qui devait sauver la zone euro, a complètement enfoncé la Grèce et la zone euro est de nouveau fragilisée. La dette publique grecque est en effet passée de 120 % du PIB à plus de 150 % en à peine un an. Je ne reviens pas sur le mécanisme stupide qui conduit à infliger un médicament qui aggrave le mal. Je note que les évènements donnent raison aux « exagérés » comme moi et nombre d’autres,  plutôt qu’aux petits marquis « je sais tout » du social-libéralisme. A moins que tout ceci ne soit qu’un intermède juste destiné à obliger les grecs à tout vendre de leur patrimoine.

Car aussitôt, depuis Francfort, le directeur Europe du FMI, Antonio Borges a invité la Grèce à accélérer son programme de privatisations : "les 50 milliards que le gouvernement s'est engagé à privatiser représentent certainement moins de 20% de ce qu'il pourrait faire. … il y a des obstacles politiques et des résistances syndicales" mais "cela accroîtrait immédiatement leur crédibilité". Cet Antonio Borges est un expert en crédibilité financière. Voyez plutôt. Celui que Strauss Kahn a choisi depuis novembre dernier pour s'occuper de l'Europe au FMI est un ancien dirigeant de la banque d'affaires Goldman Sachs dont il a codirigé de 2000 à 2008 les activités en Europe depuis Londres. Non, vous ne rêvez pas. Goldman Sachs est bien la banque qui a été directement impliquée dans la faillite de la Grèce en lui faisant monter une opération spéculative de swaps de img491devises pour 15 milliards de dollars. Opération sur laquelle la banque aurait gagné 300 millions d'euros de commission. L'homme choisi par DSK pour s'occuper de l'Europe est donc un expert de la Grèce. Il a aussi sévi au Portugal, la nouvelle victime du FMI, où il a œuvré à la libéralisation du système financier comme vice-gouverneur de la banque du Portugal.

Et bien sûr, au nom du FMI, ce monsieur a exclu toute restructuration de la dette grecque. Une restructuration qui conduirait à annuler une partie de la dette et donc à mettre à contribution les banques qui la détienne. Les seules banques françaises en détiennent pour 33 milliards et elles n'ont pas l'intention de perdre un filon aussi juteux. Les taux qu'elles appliquent pour prêter à la Grèce dépassent en effet aujourd'hui les 20 % ! Une vraie aubaine alimentée par les milliards de prêts du plan d'aide européen. Des milliards que les Européens n'ont pas plus que la Grèce. Ils les empruntent eux aussi aux banques, en France ou en Allemagne, puis les prêtent à la Grèce pour qu'elle les rende aux banques ! Pour sortir de cette spirale absurde, je répète que la dette et les mesures d'austérité qui accablent la Grèce doivent être suspendues. C'est possible à condition qu'on décide img672d'affronter les banques plutôt que de s'y soumettre. C'est aussi désormais ce que demande la Confédération européenne des syndicats qui a décidé de tenir son congrès à Athènes en solidarité avec les salariés grecs. Son secrétaire général, John Monks a appelé à une restructuration qui comprenne une réduction des remboursements et un allégement de l'austérité.

Les dirigeants des banques continuent de se goinfrer pendant que le peuple grec est à genou. En dépit de toutes les déclarations du G20 et de Sarkozy, les "bonus" sont de retour. De quoi parle-t-on ? Les bonus sont ces rémunérations dites "variables" qui fluctuent chaque année en fonction de la rentabilité des activités de marché des banques. Ces bonus sont réservés aux seuls salariés qui participent directement à cette spéculation. C'est l'outil de leur dévouement aveuglé à la machine spéculative. La Société générale va verser 728 millions d'euros à 3 663 dirigeants, traders et responsables d'activités de marché, soit 199 000 euros de bonus par tête en moyenne. La BNP fait encore mieux : elle a prévu plus d'un milliard d'euros de bonus pour ses dirigeants et traders. 3 464 personnes qui empocheront un bonus moyen de 291 000 euros. Sur un groupe qui compte 200 000 salariés, cela ne représente que 1,7 % des salariés. Les autres sont bien sûr au régime sec.

Mais ces bonus sont sans commune mesure avec les rémunérations fixes des mêmes bénéficiaires, qui ne représentent par exemple à la BNP « que » 479 millions d'euros. Cette différence piétine ouvertement la directive européenne qui prévoyait "un rapport équilibré entre rémunération fixe et variable". La phrase ne voulait pas dire grand-chose et permettait les débordements ordinaires de la profession. Mais les bansksters français sont allés au-delà. Et les champions de l’abus sont bien sûr les grands patrons de ces banques. A la BNP, le patron Baudoin Prot touche 950 000 euros de fixe mais va encaisser 5,2 millions de bonus. Frédéric Oudéa à la Société générale touche 850 000 euros de fixe et va ramasser 3,2 millions de img680bonus. Dans les deux cas, le rapport est de 1 à 5 … on est donc très loin de « l'équilibre » décidé par la directive européenne. Sans oublier que cette question d'équilibre est d'ailleurs une embrouille.

Car même si le rapport entre bonus et salaires fixes étaient équilibrés, ils resteraient indécents. Et révélateurs du cancer financier qui coûte si cher au pays. Une étude récente de l'économiste Olivier Godechot vient justement de mettre en lumière le rôle déterminant de trois secteurs d'activité dans l'envolée des inégalités en France depuis dix ans. Ces trois secteurs sont : la finance, les services aux entreprises et le divertissement. Là se concentre l'essentiel des très hauts revenus. On parle là des 0,01 % les mieux payés en France, soit 1 692 personnes. Elles gagnent en moyenne 1,6 millions d'euros par an. Pour mémoire je rappelle que la masse des 90 % des salariés les moins payés, soit l'essentiel des 25 millions de salariés du pays, gagnent en moyenne 22 400 euros par an. Parmi les très hauts salaires donc, les représentants de l'industrie ont quasiment disparu. Pourtant, ils représentaient prés de la moitié de ces très grosses payes en 1976. Ils ne sont plus que 14 %. Ils ont été remplacés par des financiers, des commerciaux, des sportifs, des patrons d'entreprise de presse et de spectacle. La finance, le commerce et le spectacle ont pris le pouvoir sur l'économie et la société.

C’est la signature d’une époque. Olivier Godechot montre que leurs salaires se sont littéralement envolés depuis 10 ans. Leur part dans la masse salariale du pays a doublé alors que celle des 90 % des salariés les moins payés reculait. Pour les seuls financiers, les salaires ont même été multipliés par 8,7. C'est donc une nouvelle démonstration que l'enrichissementmonaco4 des ultra-riches se fait directement sur le dos des autres salariés. Ce sont précisément ces ultra-riches qui sont visés par notre proposition de salaire maximum et de revenu maximum. En taxant à 100 % leurs revenus à partir de 360 000 euros, on casserait radicalement leur domination sur l'économie. Et l'économie réelle et productive aurait à nouveau le droit de respirer sur d’autres objectifs que la production de « valeur ». Le revenu maximum n'est donc pas qu'une mesure de justice. C'est aussi une mesure d'efficacité pour définanciariser l'économie. Dernier enseignement important de cette étude : ces ultra-fortunés se concentrent en Ile de France et plus particulièrement dans les Hauts-de-Seine, le département de Sarkozy, où leur part a été multipliée par trois depuis 1980. Désormais ils sont plus nombreux dans ce département que dans tous les départements de province réunis ! En attendant on sait où ils sont et ce sera d'autant plus facile pour les retrouver, et les taxer.

En attendant, la fête continue. Les ultra-riches vont engranger une baisse d'impôt sur la fortune de prés de 2 milliards d'euros. Le gouvernement a beau avoir mis tous ses efforts de communication sur la suppression du bouclier fiscal (soit 700 millions de récupérés par l'Etat), sa réforme de l'ISF va amputer l'Etat de 1,9 milliards d'euros. Il reste donc plus d'un milliard d'euros de trou à combler pour financer cet allégement de l'impôt sur la fortune. Le gouvernement prétend financer sa réforme par une collection de mesurettes : principalement des hausses de droits sur les donations (+ 290 millions) et successions (+ 635 millions). Ces mesures annulent partiellement des allégements décidés par Sarkozy en 2007. Elles auront un résultat aléatoire en fonction de leur impact sur les donations. Car si les donations sont plus couteuses, peut-être y en aura-t-il moins. Pour boucher le trou de sa réforme, le gouvernement invoque finalement des efforts accrus de lutte contre l'évasion fiscale en pointant les 300 millions qui seront récupérés en 2011 grâce à la cellule de régularisation qui avait étéphotos018 mise en place en 2010. Mais ces régularisations n'interviendront qu'une fois et ne constituent donc pas une ressource durable. En réalité, c'est bien le reste du budget de l'Etat qui va éponger le trou de la réforme de l'ISF, c'est-à-dire tous les citoyens.

A y regarder dans le détail, cette réforme peut se résumer ainsi : une petite exonération pour les patrimoines moyens et une énorme réduction pour les gros patrimoines. La communication du gouvernement est centrée sur la suppression de la 1ère tranche de l'ISF : les 300 000 patrimoines compris entre 800 000 et 1,3 millions d'euros ne seront plus taxés. Mais en réalité l'essentiel de la réforme consiste à baisser les taux d'imposition : passage de 6 tranches de 0,55 % à 1,8 % aujourd'hui à 2 tranches de 0,25 % et 0,5 % demain. Ce sont donc les très gros patrimoines qui bénéficieront le plus de la réforme. Plus les patrimoines seront gros, plus la réduction sera forte : l'ISF baissera de 55 % pour un patrimoine de 3 millions mais il baissera de 73 % pour un patrimoine de 100 millions ! Les plus gros gains seront donc empochés par les 2 000 patrimoines supérieurs à 16 millions d'euros qui verront leur imposition passer de 1,8 % à 0,5 %. Leur économie moyenne d'ISF sera de 396 979 euros par an. L'Etat leur fait ainsi cadeau à chacun de 30 ans de SMIC ! Même ceux qui perdront le bénéfice bouclier fiscal, soit 1 000 sur ces 2 000 très riches, y seront gagnants, de 20 979 euros par an en moyenne.

D’une certaine façon on peut dire que le bouclier fiscal n’a pas vraiment disparu et même qu’il est en réalité étendu à tous les gros patrimoines. Car le gouvernement a conforté au passage les biens exonérés du calcul de l'ISF. Œuvres d'art, voitures de collection, biens ruraux et forêts et surtout l'exonération des biens professionnels. C'est cette exonération qui permet à la vingtaine de milliardaires français de ne payer l'ISF que sur une toute petite partie de leur patrimoine. Le macro14gouvernement leur facilite encore la tache puisque désormais le taux de participation dans une entreprise à partir duquel des actions sont considérées comme bien professionnel pourra descendre de 25 % à 12,5 %. Sarkozy a décidé d'être jusqu'au bout le président des riches.

Perplexité. Il y a peu Jérôme Fourquet de l’IFOP affirmaient que le retrait de Besancenot me profiterait. L’enquête de l’institut confirme : j’ai gagné un demi point. Stupéfiant, non ? Surtout quand on sait qu’un demi point n’a pas de sens dans l’art déjà si difficile du sondeur. Dans cette même « enquête », la droite et le centre sont à soixante pour cent des intentions de votes au total. Conclusion : les sondés qui hier étaient toujours double de ses électeurs pour Olivier Besancenot étaient tous de droite, sauf un demi point d’entre eux. Trop fort ce sondage. C’est beau la science. Ce qui  frappe aussi dans ce sondage c’est que depuis juin 2009 je suis stable quel que soit les contextes et les résultats électoraux. Cinq ou six, pas une vague ! Même quand je « profite ».

Nouvelle perplexité. Comme bilan de la situation, le conseil national du NPA vient de décider d’arrêter les rencontres unitaires avec le Front de gauche. Un secteur de la majorité de Besancenot a rejoint la tendance la plus isolationniste du parti pour former une majorité en face de reste de l’ancienne majorité et du courant unitaire. Pour moi, c’est consternant mais je comprends que cela ne le soit pas pour ceux qui ont voté de cette façon. Mon principal souci, à cette étape, est la perte en ligne de militants que ce raidissement va provoquer. Or nous ne sommes pas si nombreux que ça pour tenir tête au monde comme il va. Une chose est sûre, la porte du Front de Gauche est ouverte à toute heure pour qui veut y prendre sa place, individuellement ou collectivement, sans obligation renoncer à ses convictions. Car ce n’est pas renoncer à ses convictions que de faire un compromis avec ses partenaires. La stratégie unitaire doit pouvoir être prise en charge et animée par tous ceux qui savent qu’elle est la seule à la hauteur des circonstances. C’est le sens du texte « stratégie » que les trois partis actuels du Front de gauche ont adopté. Dans cet état d’esprit, si je dois être le candidat commun du Front de gauche élargi, j’informe que je serai toujours disponible pour discuter et chercher les moyens du rassemblement le plus large. 

Perplexité supplémentaire. Jean-Pierre Chevènement déclare sur Europe 1 qu'il ne peut me soutenir car je serai partisan de la sortie de l'Euro. Et moi qui croyait que c'était lui qui voulait cette sortie. En ce qui me concerne, comme l'ensemble des partis du Front de Gauche,  je ne suis pas partisan de la sortie de l'Euro. Donc Chevènement peut me soutenir si c'était sa seule objection. En tous cas on peut se parler.

Lire aussi

DERNIERS ARTICLES