J’ai fait cette note après m’être déjà beaucoup exprimé la semaine passée grâce aux invitations de plusieurs médias. Je l’ai donc limitée à quelques questions sur lesquelles je vois se nouer des changements de longue portée. La volatilité de la situation politique en Europe s’accroit sous nos yeux. J’en suis souvent ébahi. Chaque pays marque à son rythme des changements de saison politique. Et chaque situation nationale influe et contamine l’ensemble des autres pays où nombreux sont ceux qui regardent lisent, écoutent pour savoir ce qui se passe. A l’Europe absurde des puissants et de leur politique cruelle s’oppose dorénavant une autre Europe, celle d’en bas. Celle-là fraternise et se solidarise. Les indignés de tous les pays s’unissent de cœur. Mais je parle aussi du vote chez les Verts. Et des problèmes des discussions dans le Front de Gauche. Tout bouge, tout avance.
Cohn Bendit a subi un rude revers lors du vote des adhérents des Verts-Europe Ecologie. Il est ainsi mis en échec dans son projet d’OPA sur la formation écologiste. Je pense ici bien sûr à la ligne centriste qu’il assume ouvertement. Mais je pense aussi à son plan de retrait de la candidature écologiste à l’élection présidentielle sous le prétexte du « danger Front national » qu’il ne combattait d’ailleurs jamais concrètement. En ce sens, sa déroute est une bonne nouvelle politique pour les gens qui partagent mon engagement. Ce n’est pas une appréciation sur sa personne, évidemment. Je le dis alors même qu’il n’a jamais été spécialement correct avec moi. Mais l’échec de la ligne centriste et la victoire d’une direction jeune qui ringardise les vieilles astuces politiciennes protège l’avenir et la diversité de l’écologie politique. Vous savez ce que j’en dis de longue date. Pour moi les points d’accroches communs avec Le verts-Europe écologie sont plus nombreux et légitimes qu’avec le PS dominé par les sociaux libéraux. L’espace culturel commun s’ouvre d’ailleurs plus facilement aussi avec l’intuition communiste. Je pense à la sensibilité à propos des biens communs de l’humanité. Nous sommes là plus proches les uns des autres qu’avec la logique intrinsèquement productiviste de la ligne des socialistes actuels. En effet ceux-ci refusent de faire bouger par les rapports de force avec le capitalisme financiarisé le curseur du partage des richesses. Ils en rabattent donc et se limitent à proposer le fumeux « partage des fruits de la croissance ». Sans toucher bien sûr à la clef de répartition du gâteau. Ils se condamnent donc au productivisme comme cœur de leur stratégie de compromis social. Ceci posé je ne rêve pas. Les Verts-Europe écologie assument un anti communisme spontané assez agressif. Les dernières cantonales l’ont assez bien rappelé. Pour autant je ne suis pas dissuadé d’essayer de les convaincre comme j’avais tenté de le faire aux régionales. Un jour ou l’autre une coalition avec eux pourrait-être la formule de rechange pour une autre majorité à gauche que celle aujourd’hui dominée par l’hégémonie des sociaux libéraux. La mise à l’écart de Cohn Bendit par les adhérents eux-mêmes raccourcit le chemin qui nous sépare.
A Deauville les martiens se sont réunis. Seuls des extra-terrestres peuvent tenir une réunion comme celle–là. Je veux dire des gens qui ne semblent rien savoir de ce qui se passe vraiment. Et qui ne se posent aucune question sur eux-mêmes. Quand le G8 a commencé, sous Giscard, mais les convives n’étaient que cinq, la réunion pesait 70 % du PIB mondial. Aujourd’hui à peine 40 %. Le G8 ne représente que 13 % de la population mondiale. Et il exclut les grands pays émergents, Chine, Inde, Brésil et Afrique du Sud. Ceux là sont les invités du deuxième service, réunis pour faire des phrases sous le nom de G20. Cette faiblesse n’enlève rien à la morgue. Le G8 prétend décider du cours politique, diplomatique et sécuritaire du monde. Signal de très mauvaise santé : ce directoire de l'oligarchie mondiale ne peut plus se réunir sans mobiliser une véritable armada pour sa protection. D'habitude si économe en fonctionnaires, Sarkozy n'a reculé devant aucune dépense publique pour conjurer le risque. 12 000 policiers et gendarmes mobilisés. Et combien d’autres panoplies : batteries de missiles Crotale, navires de guerre en alerte sur les cotes, hélicoptères et drones, en veux-tu, en voila ! L’ardoise est lourde pour ces bavardages de prestige. Pour loger 2500 membres de délégation et 3 500 journalistes, il en aura coûté au moins 20 millions d'euros au contribuable. Soyons mesquins : cette somme aurait pu financer 500 postes de profs pendant un an !
Tout ça pour quoi ? D'abord des promesses en l'air pour les révolutions arabes. Le G8 a promis 40 milliards de dollars d’aides pour la Tunisie et l'Egypte. Mais sans aucun engagement précis. Pas de répartition entre pays bénéficiaires. Pas de répartition précise entre les contributeurs. Pas de calendrier de versement. Finalement une promesse qui n’engage que ceux qui veulent y croire. Une promesse pour communiqué final et journalistes pressés. Car on sait ce que valent les promesses du G8. Déjà en 2005 au G8 de Glenneagles en Ecosse, 25 milliards avaient été promis pour l’Afrique … mais seulement 11 milliards ont effectivement été versés six ans après ! La seule précision apportée cette fois-ci est que l’essentiel de l'aide consistera en des prêts du FMI et de la Banque mondiale. Quel cadeau ! Le FMI ! Tant vaut dire confier au loup le secours aux moutons. On connait le prix du ticket d’entrée avec ces gens. Là où ils viennent la démocratie et la souveraineté du peuple disparaissent.
Les conclusions du G8 sont grossièrement marquées par le point de vue des Etats-Unis d'Amérique. L'indignation à géométrie variable fonctionne à plein régime sur les révolutions arabes. Le G8 appelle à l’arrêt immédiat de l’usage de la force en Libye et en Syrie, mais exprime une simple "préoccupation" sur le Yémen. Et il ne dit pas un mot des oligarques d'Oman et de Bahreïn qui répriment leurs peuples. Les USA ont même obtenu du G8 qu'il exprime son soutien au travail du Conseil de coopération du Golfe, qui est pourtant l’organe des dictatures pétrolières du Golfe. Le "deux poids, deux mesures" est aussi tangible sur le conflit israélo-palestinien. Le G8 renvoie dos à dos Israéliens et Palestiniens dans la responsabilité du blocage actuel. Mais il relaie la demande israélienne pour « la libération inconditionnelle et sans délai du soldat Gilad Shalit », alors qu'il ne mentionne pas la demande de libération du jeune franco-palestinien Salah Hamouri alors même que la présidence est française. Et pas un mot pour une demande élémentaire : la fin du siège de Gaza. Autre signe d'alignement du G8 sur les préoccupations des services paranoïaques états-uniens, la déclaration finale insiste lourdement sur les menaces nucléaires de l’Iran et de la Corée du Nord, et sur la lutte contre le terrorisme. Le G8 lance même un appel à la paix en Afghanistan, mais bien sûr sans aucune remise en cause de l’occupation par les Etats-Unis et l’OTAN qui a conduit à une guerre enlisée sans perspective, sans objectif claires et sans ennemi nommé. Tout cela est d’une banalité et d’une platitude totale. Et d’une inefficacité qu’il n’est même plus besoin de commenter.
Mais le catéchisme a été répété avec enthousiasme, dans un mépris absolu des dégâts déjà occasionnés par son application. Les récitants ont psalmodié leurs mantras. Car même s'il n'est plus censé s'occuper d'économie, domaine désormais dévolu au G20, le G8 n'a pas pu s'empêcher de faire un plaidoyer pour ses dieux coutumiers, le marché et la concurrence libre et non faussée et autres merveilles bien connues. « le G8 réaffirme son engagement durable en faveur de marchés libres et ouverts ». « L'OMC joue un rôle déterminant pour prévenir le protectionnisme.. »« Nous réaffirmons notre engagement en faveur du processus de libéralisation du commerce ». Rappelons pour l’humour (noir) que ce jamborée était placé sous l’exergue : "Nouveau monde, nouvelles idées" ! Waaaah ! Les nouvelles idées super neuves que voila ! Et pour finir d’être édifiés, apprenez que les Etats-Unis ont même obtenu que la « liberté religieuse » soit mentionnée parmi les objectifs des révolutions arabes. Personne n’a dû leur dire que c’est au contraire la séparation du religieux et du politique et la laïcité, mot horrible naturellement absent du texte en dépit de la présidence française, qui sont portées par les franges les plus avancées des révolutions arabes, notamment en Tunisie. Tout cela, vous pouvez courir pour en trouver la trace dans les médias de masse. Comme d’habitude, le bétail a reçu ses aliments préférés : des niaiseries destinées à le distraire. La grossesse de l’épouse du chef de l’Etat, les images des allées et venues des puissants et des phrases creuses censées résumer les travaux.
Les illuminés de « l’Europe qui protège » poussent la Grèce vers l’effondrement. L’Union menace de ne pas verser la suivante tranche de prêts à la Grèce, vous l’avez su. Elle est accusée de ne pas respecter les conditions fixées par l'Union Européenne et son bras armé le FMI. Ces derniers la menacent de suspendre le versement de l'aide s'ils n'obtiennent pas des garanties supplémentaires Sachez que ce scénario a un précédent. Il a eu lieu en Argentine. Après plusieurs plans d'austérité successifs qui l'avait étranglée, l'Argentine a été précipitée dans la chute le 5 décembre 2001 par le FMI qui décida de suspendre le versement d'une nouvelle tranche d'aide. A l'Argentine déjà asphyxiée, le FMI reprochait aussi de ne pas avoir respecté les engagements d’austérités prévues. On ne voit d'ailleurs pas quelles garanties la Grèce pourrait encore donner puisqu'elle en est à son quatrième plan d'austérité. Ou plutôt si. On voit trop ce qui pourrait arriver. Car désormais la troïka infernale FMI-Commission européenne-BCE exige des garanties institutionnelles. Autrement dit une mise sous tutelle de l'Etat grec par un instrument de pillage légal. Il s’agirait d’une agence indépendante de gestion des actifs publics grecs mis en vente. Cet organisme comprendrait des représentants des pays créanciers. Ceux-ci conduiraient les privatisations à la place du gouvernement, en utilisant les actifs publics en garantie ou en hypothèque des prêts accordés à la Grèce. L'Europe propose donc aujourd'hui de devenir propriétaire de la Grèce en échange de la poursuite de son « aide » ! Cette incroyable arrogance, cette atteinte sans précédent à la souveraineté d’un pays est un précédent stupéfiant. Je ne sais ni combien de temps, ni combien d’énergie seront nécessaires pour en faire prendre conscience ici, alors que les journalistes répètent comme des disques que les Grecs « l’ont bien cherché », et ainsi de suite. Avez-vous entendu Jean Michel Aphatie faire ses blagues à deux balles sur le sujet ? Quelle délicatesse ! « C’est pas les conneries qu’on entend sur le FMI qui est responsable de cette situation, c’est eux qui ne payent pas leurs impôts ! » Et les petits bourgeois gavés qui l’entourent de rire à gorge déployée avec de mines de connaisseurs ! L’horrible bonne conscience des collaborateurs de l’occupant banquier me donne la chair de poule. Demain ils applaudiront les armées de technocrates apatrides qui viendront, un par ministère, comme en Grèce, saigner notre pays. Car bien sûr, comme va le monde et l’Europe, nous serons tous des grecs un jour ou l’autre. Il ne manque pas d’admirateur du « courage » de Papandréou pour en faire autant. Ni de griots prêts à soutenir la main qui frappe !
Je prends date en vous racontant comment l’affaire se noua en Argentine. Si j’y reviens c’est parce qu’il en fut question sur le plateau de Taddéï l’autre soir. Mais la circonstance ne me permit pas de rappeler à monsieur Bourguignon, l’économiste, pourquoi j’étais si sûr de mon affaire concernant la nocivité des politiques d’austérité du FMI appliquées à des économies nationales déjà anémiées. De 1991 à 2001, l'Argentine a vécu une décennie de politiques libérales et d'austérité. Elles étaient consacrées à maintenir la parité absurde entre le peso argentin et le dollar américain. Une politique monétaire rigide, centrée sur la stabilité de la monnaie et la lutte contre l'inflation. Elle était censée rassurer les investisseurs ! La même politique que celle de la Banque centrale européenne avec l'euro. Asphyxiée, l'Argentine a plongé dans la récession en 1999-2000. En effet, chemin faisant, une envolée du dollar sur les marchés financiers finit de rendre intenable le cours forcé de la monnaie argentine. Comme l'a subi la Grèce suite à la crise de 2008 venue des Etats-Unis. L'Argentine a alors demandé l'aide du FMI. Lourde erreur. C’était déjà un Français qui officiait, monsieur Michel Camdessus, actuel conseiller de Nicolas Sarkozy pour la dette de l’Etat. Et aussi conseiller du pape pour les questions sociales. Mais oui ! Celui-là ne voulut tenir compte d’aucune réalité. Le dogme c’est tout ! L’Argentine fut donc soumise à une nouvelle cure particulièrement violente d'austérité. Avec des plans successifs d'économies et de privatisations. Original, non ? Comme en Grèce cela a logiquement aggravé la récession et plongé des millions d'Argentins dans la misère. Jusqu'à ce que l'austérité devienne intenable avec le plan "Déficit zéro" de « l’homme de l’année » à Davos, le ministre des finances, l’ultra libéral Domingo Cavallo. Ca ne s’invente pas ! « Déficit zéro » ça vous dit quelque chose ? La fameuse règle d’or des allemands dorénavant inscrite dans notre Constitution. La suite je l’ai racontée plus haut dans ce texte. Et que le FMI précipite le défaut de paiement du pays en dénonçant le non respect des engagements du plan d'austérité. Le scénario qui menace les Grecs est donc déjà écrit et s'est déjà réalisé. En Argentine, une banque de dépôts a fini par craquer. Les petits bourgeois et le peuple travailleur descendit dans les rues et tapaient les casseroles. Il occupait sans relâche les places et rues autour du palais présidentiel. Leur mot d’ordre : « qu’ils s’en aillent tous ! ». Un chaos total. Puis après trois présidents de la république en trois mois, la délivrance, l’effondrement du système politique. Avec seulement 24% des voix face à un bonze du système, Carlos Menem qui en avait recueilli 40 %, la rupture est venue là-bas, au second tour, d'un "outsider" hors système, Nestor Kirchner, figure atypique de l'aile gauche du péronisme. Depuis l'alternative y est toujours en construction mais la page du libéralisme est tournée.
« Qu'ils s'en aillent tous !", l'Europe y vient, petit à petit. En Espagne et en Grèce, je vois le mot d’ordre, et l’idée, se faire son chemin parmi les foules de précaires de tous âges assemblés sur les places. A cette heure, non seulement la mobilisation ne faiblit pas mais elle s'amplifie. Ce qui est tout à fait remarquable puisque les objectifs précis énoncés par les plateformes adoptées sur le tas ne semblent fixer aucun horizon de délais ou de moyens d’action autre que celui d’occuper la place. Le mouvement des jeunes chômeurs de la Puerta del Sol à Madrid s'est étendu comme on le sait à plusieurs villes d'Espagne. Et il a reçu le renfort d'assemblées de quartiers impliquant la population bien au-delà de la jeunesse. En Grèce, des dizaines de milliers de personnes sont mobilisées sur la place du Parlement pour refuser tout nouveau pas dans le dépeçage du pays. Elles réclament un référendum sur le nouveau plan d’austérité. Comme en Islande. « Le Figaro » raconte que les manifestants criaient : « quelle heure est-il, quelle heure est-il ? L’heure qu’ils s’en aillent ! ». Et maintenant voici tous ces grands démocrates, ces prix de vertu de la liberté chez les autres, les bons esprits de l’Union européenne, donneur de leçons à Caracas et bla bla qui sont au pied du mur ! Allez ! Montrez que vous respectez vos principes ! Faites voter ! Osez le faire !
La solidarité avec les Espagnols et les Grecs s'est exprimée en France. Ce dimanche, plusieurs milliers de personnes s'étaient rassemblées place de la Bastille. Pour moi, en ce 29 mai, cette solidarité exprimée avec les Espagnols et les Grecs en lutte pour leur souveraineté avait une portée particulière. Je n’oubliais pas que c’était le sixième anniversaire du rejet de la Constitution européenne par les Français. Non, je n’oublie pas. Vaille que vaille je fais ce que je peux, avec mes amis, pour que le souvenir, mais surtout la leçon, de cette violence ne se perde pas. J'ai écrit à ce sujet une tribune qui a été publiée samedi dans Marianne. C'était une manière pour moi de dire que l'absence de démocratie réelle que dénonce les Espagnols et désormais les Grecs nous concerne aussi directement. La droite ici a commencé à sentir le danger révolutionnaire de cette conjonction de la révolte sociale et de l'aspiration démocratique. Alain Juppé s’en est fait l’écho, dimanche sur Canal + : "je ne crois pas à un été européen après le printemps arabe". "Il y a un point commun, c'est le chômage. Grosse différence, c'est la démocratie. Nous nous l'avons, eux (les pays arabes) ne l'ont pas, ils se battent pour ça". Je ne sais pas si Juppé s'est rendu compte de l'énormité qui consiste à vanter la démocratie dans notre pays le jour anniversaire d'un vote populaire piétiné par son parti politique.
Il ne s’en souvient pas. Voila ce que je crois ! Comme beaucoup d’autres, à droite et à gauche, il ne veut pas s’en souvenir. Je vois là une véritable crise d’amnésie chez tous ces gens face à un souvenir qui les traumatise encore. Le traumatisme de leur défaite. Puis, celui tout aussi glauque, de leur forfaiture ensuite. Il a d'ailleurs senti qu'il ne pourrait pas s'en tirer aussi facilement. C’est pourquoi sans doute il a cru bon d'ajouter : "Il y a des enseignements à tirer de ce mouvement. D'abord le sentiment d'injustice devant la cupidité sans limites des plus riches (…) et puis la précarité grandissante des plus pauvres. C'est une interrogation sur le fonctionnement de la démocratie elle-même (…) Aujourd'hui, la démocratie représentative – on élit quelqu'un et on lui donne carte blanche pendant cinq ans – ca ne marche plus". Ces propos sont assez stupéfiants. Le mouvement espagnol et sa réplique naissante en France ont déjà commencé à produire leurs effets politiques. Tout cela ne fait que commencer ! Je sais très bien quelle est la faiblesse actuelle de ce mouvement en France, et la façon avec laquelle il est ignoré des grands partis et de quelques petits également. Ce qui compte à mes yeux c’est qu’il se soit amorcé. La marée ne monte jamais d’un coup. Les vagues vont et viennent. Ce qui compte c’est le sens général du mouvement et du cycle.
Au Parti de Gauche, nous nous lassons de lire, ici et là, des commentaires et des réactions à propos de la négociation dans le Front de gauche sur les élections législatives. Ces échos, très éloignés de la situation véritable, créent une mauvaise ambiance, sans raison, parmi les équipes départementales des trois partis. Ils ralentissent l’intégration des nouveaux arrivants dans notre Front. Ils donnent surtout une très mauvaise image, très politicienne de nos échanges. Pour essayer d’éclaircir l’atmosphère et faire connaitre la réalité telle quelle est, je publie de façon exceptionnelle un document adopté par la réunion de notre bureau national ce weekend. Mon intention est de prouver qu’on peut et veut avancer aussi vite que possible pour mettre en ordre notre dispositif commun. Ce texte présente les dix propositions du Parti de Gauche pour finaliser la négociation du Front de Gauche sur les élections législatives. Elles montrent, contrairement aux rumeurs de "gourmandise" de notre parti, une clef de répartition des candidatures qui témoigne de notre raison. Elle est de surcroit extrêmement proche de la première proportion présentée par Pierre Laurent lui-même. En atteste la dépêche AFP du jour où nous avons, lui et moi, tenus une réunion publique à Limoges, à l’invitation de « Limousin terre de gauche ». Je résume en trois chiffres cette proportion : 70 % pour le PCF, 20 % pour le PG, 10 % pour GU et les nouveaux alliés. De plus notre parti est prêt cette fois-ci encore à se porter en avant pour régler les problèmes qui pourraient surgir avec nos alliés. Si je publie ce texte et si je me porte en ligne, c’est que je veux contribuer, de toutes les façons possibles, au succès de cette dernière discussion. Je souhaite que tout soit en ordre dès la fin du processus de vote interne des communistes, de la Fase et de Convergences et Alternatives qui vont tous trois délibérer d’ici au 18 juin. Je crois utile de faire connaitre ce texte pour aider à faire baisser les inutiles tensions que j’ai vues se créer ces jours derniers en permettant à chacun d’apprécier la réalité tout a fait surmontable de nos difficultés. A deux doigts du but de rassemblement de l’autre gauche, je crois que la cause mérite un effort de compromis général.
Voici le texte des propositions du Parti de gauche. « Le Front de Gauche est aujourd’hui une réalité politique incontournable. Il a progressé à chaque élection et est devenu, à l’issue du scrutin des Cantonales, la deuxième force à gauche. Il a été présent dans toutes les mobilisations sociales et citoyennes et en a lui-même initié. Dans un contexte de crise du système capitaliste, de révolutions et de résistances citoyennes mais aussi de montée en Europe de mouvements d’extrême droite, il est toujours plus indispensable qu’il poursuive sa démarche lors des échéances électorales de 2012 dont nous savons qu’elles peuvent se révéler décisives pour le pays. Les forces qui composent actuellement le Front de Gauche, – la Gauche unitaire, le Parti Communiste Français, le Parti de Gauche – ont donc pour responsabilité historique de concrétiser cet immense espoir. Chacune d’entre elle prendra, sous des formes de consultation différentes, des décisions sur cette question au mois de juin. C’est dans ce cadre et dans un esprit constructif que le Bureau national du Parti de Gauche a souhaité faire une offre à ses partenaires. Ces dix propositions, dont la plupart sont des rappels de textes et de principes déjà actés par les partenaires du Front de Gauche, ont pour seul objectif de lever les dernières difficultés et de permettre l’entrée du Front de Gauche, d’un Front de Gauche élargi, en campagne dans les meilleures conditions possibles.
LES 10 PROPOSITIONS DU PG POUR FINALISER UN ACCORD DU FRONT DE GAUCHE
1 – Le texte « stratégie » déjà adopté par les trois composantes du Front de Gauche le 31 mars 2011 et publié.
2 – Le « programme partagé », qui aujourd’hui ne comporte plus de points de désaccord, et est actuellement en cours de finalisation.
3 – Sur ces bases, la proposition immédiate d’élargir le Front de Gauche aux forces qui se disent disponibles, dont récemment la FASE et Convergence & Alternative. A cette fin, nous proposons d’entamer immédiatement avec elles les discussions programmatiques qu’elles mettent en débat. Toujours sur ses bases stratégiques et programmatiques, le Front de Gauche continuera jusqu’au bout à proposer au NPA une alliance pour les présidentielles et législatives.
4 – Le Front de Gauche appelle immédiatement à un élargissement à toutes les personnalités qui souhaitent œuvrer à son succès. Nous rappelons notre accord commun pour la mise en place d’un collectif national où elles seront associées. Plus largement, le Front de Gauche appelle à s’ouvrir à toutes les citoyennes et les citoyens qui le souhaitent à travers des Front de Gauche thématiques et des assemblées citoyennes partout en France.
5 –Le BN du Parti de Gauche rappelle l’approbation, le 22 janvier dernier lors du vote des délégué-e-s au CN, de la proposition de candidature de Jean-Luc Mélenchon pour porter les couleurs du Front de Gauche l’élection à la Présidentielle.
6 – Sur la question des législatives, le Bureau national du Parti de Gauche décide de gestes importants pour permettre le règlement rapide des négociations en cours. Nous proposons donc que, tout en garantissant une représentation respectueuse de toutes les composantes possibles du Front de Gauche, une très large majorité de circonscriptions soit attribuée au PCF. Le PG propose une nouvelle répartition sur le plan national avec 70 % des circonscriptions France Métropolitaine pour les candidatures proposées par le PCF, 10 % pour celles proposées par Gauche unitaire et les forces qui pourraient rejoindre le Front de Gauche, et environ 20 % pour les candidatures proposées par le Parti de Gauche, chacune des forces étant responsable de la parité dans le choix de ses candidatures. Nous souhaitons également que le choix des suppléances participe également le plus possible à la diversité politique de notre alliance.
En tenant compte des discussions en cours, des demandes de candidatures incontournables déjà faites par ses partenaires, le Bureau National du Parti de Gauche s’est attaché à établir une liste de candidatures en partie modifiée. Elle devrait permettre d’acter très rapidement cet accord dès lors que chacun y met du sien. Elle est basée sur ses implantations réelles et sur l’apport qu’elles représentent pour le Front de Gauche en termes de dynamique locale. Elle sera envoyée à ses partenaires et publiée le lundi 30 mai.
7 – Les partenaires du Front de Gauche doivent avoir pour volonté partagée de permettre à minima la réélection des actuels parlementaires du Front de Gauche, ou de leurs successeurs, à l’assemblée nationale et au Sénat. C’est pourquoi nous devons avoir pour principe de « réserver » les circonscriptions de nos sortants dès lors qu’ils se revendiqueront clairement de l’étiquette commune du Front de Gauche. En conséquence, le Parti de Gauche demande que soient impérativement validés, les candidat-e-s qu’il désignera dans les trois circonscriptions de ses sortants. Cette logique doit se décliner pour le Sénat où l’existence d’un groupe Front de Gauche sera déterminante à condition qu’il représente le plus possible notre diversité politique. C’est pourquoi la condition d’un accord aux sénatoriales implique de présenter partout en France, dans les configurations d’alliance qui seront choisies localement, des candidatures Front de Gauche en adoptant le même principe que les législatives soit la reconduction de nos sortant-e-s lorsqu’ils ou elles se présentent ce qui est notre cas en Essonne.
8 – Sur les questions du financement des partis politiques qui dépend du résultat aux législatives, le Parti de Gauche propose à toutes les forces actuelles et à venir du Front de Gauche de mettre en place une association de financement commune technique qui pourrait permettre de déconnecter les questions financières des questions de répartition de circonscription. Nous sommes y compris prêts à mettre en place cette solution avec les seules forces qui le souhaiteraient.
9 – Pour prétendre représenter le Front de Gauche, l’ensemble des candidatures intégrées dans l’accord national du Front de Gauche devront obligatoirement se déclarer sous l’étiquette politique commune « Front de Gauche soutenu (ou proposé) par le PCF, PG, GU (plus les autres forces qui pourraient nous rejoindre) » comme cela a été acté dans les négociations en cours.
10 – Nous voulons mener campagne en donnant déjà à voir notre conception de la république et de la démocratie. C’est pourquoi le Bureau national du Parti de Gauche rappelle son attachement à une campagne présidentielle et législative collective et unitaire. A cette fin nous appelons à la mise en place de collectifs de circonscription ouverts à toutes celles et à tous ceux qui souhaiteront mener, dans le même élan, la campagne présidentielle et législative. Sur le même principe que le collectif national de campagne tel que validé dans notre texte stratégie, ces collectifs de circonscription devront être présidés par une personnalité du Front de Gauche qui ne soit pas la ou le candidat(e) à la législative ni de son parti. (La liste des circonscriptions proposées sera disponible sur le site du PG) »