Nous allons jeter un petit coup d’œil sur le maigre espace politique sans intérêt qui subsiste à côté des immenses affaires DSK, Tron. Sans oublier le grand débat philosophique du moment sur le devoir d’inquisition et de viol de la vie privée par la cléricature médiatique. Que voit-on alors ? On voit un paysage très contrasté. Entre bonnes et mauvaises nouvelles, l’histoire se cherche. Au Portugal, au Pérou, en Slovénie. Et chez nous aussi, alors que la droite soi disant « républicaine » se vautre dans une régression intellectuelle anti pauvre très inquiétante. Je veux parler de tout ça. Je dois aussi transmettre une information à propos des conséquences en France de l’accident nucléaire japonais. Et, bien sûr, je vais dire un mot sur la décision de la Conférence nationale du Parti communiste français concernant la candidature commune du Front de gauche aux élections présidentielles.
L'UMP est lancée dans la guerre aux pauvres. Dans cette stratégie abjecte du parti des riches, Wauquiez était un éclaireur. On l'avait présenté comme un électron libre, il était en fait chargé de lancer un ballon d'essai. L'UMP a dû juger l'essai concluant puisque c'est maintenant Copé lui-même qui reprend à son compte l'idée du travail forcé en contrepartie du versement du RSA. La Convention UMP sur la "justice sociale" du 8 juin a bien fait saigner le burnous ! Celle-ci a pour mission de cibler « l'assistanat ». Ce mot affreux, est à lui seul un manifeste de classe ! Une bouche de gauche parlerait ici de solidarité ! Le but est de mettre en scène la fraude aux allocations sociales. Le plan de communication a été savamment préparé. Au ministère du travail Xavier Bertrand a commencé à pilonner, la semaine dernière, avec des chiffres opportunément choisis pour démontrer la soi disant « progression fulgurante » de la fraude. Un sujet sur lequel l'UMP se livre à une grossière manipulation en ne communiquant que sur la fraude aux prestations. Pour mieux se taire sur la fraude aux prélèvements dus par les entreprises.
Car la réalité des chiffres publiés par la Cour des comptes serait très encombrante pour le parti des riches. Les fraudes aux prestations sociales sont estimées à 3 milliards par an, soit à peine 1 % des prestations. Mais la fraude des entreprises aux prélèvements est estimée par la même Cour des comptes entre 8 et 14 milliards par an. C'est-à-dire entre 3 et 5 fois plus ! Si l'on regarde en nombre de fraudeurs, les caisses d'allocations familiales (qui gèrent aussi le RSA et les allocations logement) parlent de 2 % environ de bénéficiaires fraudeurs. A l'inverse, si l'on regarde du côté des plus riches, on apprend de la Cour des comptes que 87 % des contrôles fiscaux sur les grandes entreprises entraînent au moins un redressement au titre d’irrégularités. Cette réalité de la fraude, l'UMP la connait parfaitement. Et c'est délibérément qu'elle a décidé de la maquiller pour pointer du doigt les "assistés".
Nous en avons la preuve tangible, celle qu'a publiée la Cour des comptes. Il s'agit d'une lettre de mission adressée le 1er octobre 2007 par Sarkozy et Fillon au ministre des comptes publics, à l'époque Eric Woerth. Cette lettre explique cyniquement que «même si les enjeux financiers les plus importants sont liés à la lutte contre la fraude aux prélèvements, le chantier de la lutte contre la fraude aux prestations sociales […] est celui pour lequel les efforts les plus importants sont à mener ». Leur chasse aux pauvres était donc préméditée bien avant le ballon d'essai de Wauquiez contre les allocataires du RSA.
En attendant ils pilonnent tous azimuts. Ce week-end, c'était le Figaro Magazine qui titrait sur la France des assistés. C'est la réplique de l'oligarchie contre les indignés qui se mobilisent dans toute l'Europe contre la misère de masse. Pour cela le « Fig Mag » a sorti la grosse propagande. Lisez, vous n'en reviendrez pas : "Faire travailler gratuitement les allocataires du RSA : l'idée choc de Laurent Wauquiez a enthousiasmé l'opinion, lasse de déverser toujours plus d'argent dans le puits sans fond de la solidarité nationale". Enthousiasmé ? L’opinion ? Quelle opinion ? De qui ? De quel quartier ? Intimider les plus pauvres pour leur faire rentrer la tête dans les épaules, flatter la cruauté de l’égoïsme social des nantis, voila la stratégie.
Il faut dire que Copé lui-même a beaucoup de choses à faire oublier en tant que pillard de l’Etat. Ainsi de sa niche fiscale exonérant d'impôt sur les sociétés les plus values de vente de filiales ou de participations boursières des entreprises. Un jackpot de 22 milliards économisés en 3 ans de 2007 à 2009 par les entreprises qui boursicotent. Copé avait annoncé au départ un coût "extrêmement raisonnable" d'un milliard par an. Un cout « raisonnable » représentant quand même deux fois le montant des économies réalisées en ne remplaçant qu’un fonctionnaire sur deux… Si cela ne s'appelle pas un pillage !
Autre fraude pour justifier le travail forcé et gratuit des allocataires du RSA, Copé invoque "un principe qui fonde notre République : l’équilibre des droits et des devoirs". Voila un grossier travestissement du principe républicain qui proclame au contraire l'universalité et l'inaliénabilité des droits. A l'opposé de toute logique contractuelle ou de marchandage qui conditionnerait un droit au respect de tel ou tel devoir. C'est un sujet que j'ai déjà longuement abordé sur ce blog. Car malheureusement la rhétorique de "l'équilibre des droits et des devoirs" connait aussi ses heures de gloires à gauche.
C'est dans le programme de François Hollande que l'on en trouve désormais la déclinaison. En contrepartie des hausses de bourses proposées par le PS, Hollande propose en effet que les étudiants soient contraints d'effectuer gratuitement des heures de tutorat ou d'accompagnement d'autres jeunes. Même Châtel n'y avait pas pensé. Pourtant il ne manque pas d'imagination pour faire des économies et déqualifier les métiers de l'éducation nationale. Car c'est ça le pire dans cette proposition de Hollande : il fait comme si le tutorat et l'accompagnement universitaires pouvaient être improvisés par les étudiants eux-mêmes. Alors qu'il y faudrait des personnels formés et expérimentés.
J’en viens aux bonnes nouvelles. Le peuple slovène rejette, par référendum, le plan de réforme des retraites du gouvernement. En cause une réforme votée en décembre par le Parlement sur injonction du FMI et de l'Union Européenne. Détail qui fait réfléchir : c’est un gouvernement social-démocrate qui a fait cette proposition. La réforme visait à passer l'âge du départ de 63 à 65 ans. Pour contraindre le peuple au « Oui », le gouvernement n'avait reculé devant rien. Le premier ministre social-démocrate Borut Pahor avait affirmé : "si nous ne soutenons pas cette réforme, les finances publiques peuvent s'effondrer et alors les maîtres de notre destinée seront les Etats qui nous prêteront de l'argent". Votez oui ou vous serez pire qu’en Grèce ! Et il avait même faire intervenir dans la campagne le gouverneur de la banque centrale. Ça ne nous rappelle rien ? Réponse : « va voir en Grèce si j’y suis ! » « Non » à 72 % !» Le parallèle avec 2005 ne s'arrête pas là.
A peine le vote est-il intervenu que le gouvernement multiplie les manœuvres pour le contourner. Il a annoncé de nouvelles négociations pour convaincre de la nécessité de sa réforme des retraites. Et il a annoncé un train de mesures d'austérité pour anticiper une hypothétique dégradation de la note slovène sur les marchés financiers. En effet dans leur logique tout peuple qui relève la tête doit être sévèrement puni. Sinon gare aux répliques et à la contagion. Le bon docteur Strauss Kahn ne manque finalement pas tant que ça. Ses camarades peuvent continuer sa médecine sans lui.
Bonne nouvelle encore. Ollanta Humala est élu président du Pérou. Le niveau de grossièreté déjà atteint par les commentaires de la bien pensance social libérale nous promet une nouvelle grande cuvée de sectarisme anti populaire. Le nouvel Observateur.com s’était cru inspiré de décrire le second tour comme son cauchemar : Humala contre Fujimori ce serait « comme Mélenchon contre Le Pen ». Cqfd ! Les sociaux libéraux savent donc ce qui les attend dans cette hypothèse. Leur candidat pourri s’est fait expulser dès le premier tour avec un score aussi minable que la politique du voyou qui les représentait auparavant, le corrompu criminel Alan Garcia. On n’a pas fini d’en entendre à propos du Pérou. Mais ça va nous faire plaisir de les voir écumer de rage. Et le meilleur pour nous c’est de constater que le cycle de la révolution citoyenne ne s’est pas retourné en Amérique du Sud.
Mauvaise nouvelle ? Au Portugal, les sondages ont manipulé dur. Jusqu'à la dernière heure, ils ont mis en scène une soit disant égalité des intentions de vote entre le Parti socialiste et la droite. Un monstrueux chantage au vote utile a servi de toile de fond pour tuer le débat alors même que les trois partis les plus forts avaient d’ores et déjà signé l’accord de capitulation avec le Fmi et l’Union Européenne. Au final, bien sûr, la droite a gagné avec une extraordinaire avance sur le PS. Celui-ci a perdu près de cinq cent mille électeurs. Face à une scène qui semblait fermée par un duel imposé d’avance, et sans alternative, l’abstention a fonctionné comme une échappatoire pour tous ceux que cette partie ne concernait pas. La force dépressive de cette abstention a tout formaté à gauche. La suite s’annonce spécialement cruelle. Le nouveau premier ministre portugais accepte déjà de confier le pillage en direct de son pays par la troïka européenne. Mauvais signe supplémentaire : l’autre gauche a sévèrement régressé sur place. J’y reviendrai sous peu, bien sûr.
Mauvaise nouvelle encore, l’accélération incroyable des délires autoritaires de « l’Europe qui protège » et de ses griots. Trichet, le petit génie de l’austérité qui vous tue pour votre bien, a gargouillé son insondable mépris de la souveraineté des peuples. Propos inouïs. Mettez ses mots dans la bouche des pestiférés de l’ancienne union soviétique à l’égard des anciens pays de l’Est ! Qu’aurait-on dit ! Et d’ailleurs, « on » a dit. Quand Brejnev évoqua la « souveraineté limitée » des pays du Comecom et du pacte de Varsovie, quelles clameurs ce furent ! Là, silence radio. Au mieux, des comiques médiatiques ont suggéré que la proposition de créer un ministre des finances européen, était le plan de carrière personnel d’un jeune retraité de la banque centrale. Ah ! Quelle hauteur de vue ces médias ! Ne disons rien pour l’instant de notre héros national du sacerdoce médiatique européen, le Savonarole des bidets politiques, l’immense monsieur Quatremer ! Il est tout entier absorbé en ce moment par l’exposé de la doctrine de ses cuistreries inquisitoriales. Il mélange donc à longueur de blog dénonciations moralisantes et confusions entre crime et calembredaines. Selon moi cette confusion nous en apprend davantage sur lui que sur le sujet dont il traite. Alors Trichet, dans ce contexte, c’est de la petite bière qui, si ça se trouve, ne couche même plus.
Et pourtant quelle leçon de chose que ce testament politique de Jean-Claude Trichet ! Il a prononcé jeudi 2 juin un discours d'anthologie à Aix-la-Chapelle où il recevait le "prix Charlemagne". Il a d'abord dressé un tableau idyllique de la politique européenne : "l’Europe a été la pierre angulaire de la prospérité économique fondée sur l’ouverture des marchés et la libre concurrence." "L’UEM a été bénéfique à l’emploi. L’euro a pleinement tenu ses promesses." Et, en pleine hallucination, il a même ajouté : "il n’y a pas de « crise de l’euro" ! Ces choses là sont possibles ? Oui, ce type existe vraiment. Mais depuis quand n’est-il pas descendu de sa soucoupe volante, voila la question.
Puis il s'est tressé quelques lauriers pour vanter son "engagement sans faille en faveur de la stabilité des prix". Un engagement fanatique assumé :"avant et durant la crise, toutes nos décisions relatives aux taux d’intérêt ont eu pour seul objectif de maintenir la stabilité des prix". Les rentiers lui feront une statue. Mais il n'en est pas resté là. Il nous a aussi gratifiés de propositions pour l'avenir. Accrochons nos ceintures.
Dans les rêves inspirés de monsieur Trichet, l'Europe autoritaire passe la vitesse supérieure. "Si un pays n’obtient toujours pas les résultats attendus, je pense qu’une deuxième étape s’impose et qu’elle devra être d’une tout autre nature ». Au secours, on entend un bruit de botte cloutée ! « Serait-ce aller trop loin, se demande faussement ingénu le raminagrobis du fric, que d’envisager de permettre aux autorités de la zone euro d’exercer une influence beaucoup plus forte et plus décisive sur l’élaboration de la politique économique au sein du pays concerné si celle-ci dérape dangereusement ?" Dérape ! Mais comment peut-on parler comme ça ?
Trichet précise sa proposition. Une caricature d’eurocratie. Il souhaite "que les autorités européennes aient le droit d’opposer leur veto à certaines décisions de politique économique nationale. ». Le premier mot qui compte ici c’est « les autorités » ! Foin des institutions et des représentants du peuple ! Et le mot qui tue c’est « veto » ! Ceux qui m’ont trouvé exagéré sur le thème peuvent avoir des remords. Ceux qui ont regretté les accents populistes de ma dénonciation de l’Europe autoritaire (« ne croyez vous pas que vous exagérez ? ») et de la régression de nos libertés jusqu’au point du débat sur le droit de veto du roi (« vous savez bien que ce n’est pas du tout à l’ordre du jour ») voient dorénavant ce qu’il en est dans l’esprit du tout premier responsable européen.
Cette substitution de souveraineté, du peuple vers « les autorités » couvrirait un champ considérable. Que resterait-il après cela de la souveraineté du peuple ? C’est une nouvelle fois l’esprit du traité de Lisbonne et du projet de Constitution européenne qui visait à constitutionnaliser la politique économique libérale. « Cette compétence pourrait en particulier concerner les principaux postes de dépense budgétaires et les facteurs déterminant pour la compétitivité du pays". C’est dans ce contexte qu’il propose "un ministère des finances de l'Union". On voit comme il est superficiel d’en rester à des mauvaises plaisanteries sur un tel sujet. Et comme si cela ne suffisait pas, la conclusion qui se veut lyrique fait froid dans le dos ! Quel grand démocrate : "partout où le nom de Charlemagne a une signification, là est l’Europe". L'Union européenne placée en 2011 sous les auspices de Charlemagne empereur barbare de l’an 800 ! On se pince. Mais voila qui va comme un gant à l'Europe autoritaire que nous avons sous les yeux. Il y a 1 200 ans, ce "père de l'Europe" avait déjà essayé d'unifier l'Europe par la force des armes et l'orthodoxie religieuse. Leur projet est le même aujourd'hui : la force est désormais celle des banques et des marchés et l'orthodoxie celle du libéralisme et du libre échange. Et l’église pour nous exalter nos prétendues racines dans ces âges barbares.
Certes, Trichet va partir. Mais son remplaçant est, lui aussi, un illuminé libéral grand teint. C'est l'actuel gouverneur de la banque d'Italie, Mario Draghi. Ce n’est un italien que d’apparence. En réalité il s’agit d’un zombie. Un mort vivant, ressorti tout droit du cimetière de la grande crise de 2008. Car le monsieur est l'ancien vice-président pour l'Europe de la toute puissante banque américaine Goldman Sachs. Quel merveilleux curriculum ! Un type qui est fier d’être caractérisé de « plus allemand des italiens ». Dans cette spécialité on a déjà donné en Italie. Mais pourquoi changer des équipes aussi performantes ! On peut donc lui faire confiance pour continuer à penser et agir « conforme » pour la zone euro.
Il n’a pas trainé pour entonner l’hymne des dévots de l’euro fort. Adoubé par l'Allemagne, ce dernier a osé dire à Berlin le 25 mai que "le succès de l'union monétaire a dépassé nos attentes les plus optimistes". Nous voila replongés en pleine hallucination. De quels succès parle-t-il ? Le nombre d'emplois détruits ou délocalisés ? Le nombre de chômeurs et de pauvres ? Pauvre fou ! Il a même ajouté que "l'Allemagne montre le chemin" en matière de réformes dans l'Union européenne. Malheureusement les propositions de Trichet, elles non plus, ne restent pas confinées dans le secret médical de l’asile dont elles sont dignes. Son délire du 2 juin à Aix-la-Chapelle a déjà contaminé. Sa proposition d'un "ministre des finances européen" a aussitôt été soutenue par le commissaire au marché intérieur, Michel Barnier. Ca va mal finir toute ces sottises.
a trouvé des soutiens ailleurs qu'à droite. Des euros-béats de la social-démocratie ont aussitôt applaudi. Une note de la Fondation Terra Nova, si proche du PS, réclame une tutelle encore plus dure de l'UE sur la Grèce et vante les mérites de la proposition de Trichet. Lisez plutôt ce que dit cette note datée du 6 juin : "nous proposons que l’Union européenne s’engage résolument dans la voie d’une plus grande intégration européenne, par deux chemins parallèles ». Attention, la lecture de la suite ne doit pas être infligée sans précaution aux personnes qui croient que tous les socialistes le sont et même qu’ils sont démocrates.
Mais le pire c'est que la proposition de Trichet
Que propose la principale boite à idées du PS, la fondation Terra Nova ? Comme d’habitude, elle ne tourne pas autour du pot. C’est son mérite. « En premier lieu, sur le cas grec, en exigeant de durcir encore son droit de regard sur les dépenses budgétaires grecques et sur ses choix essentiels à sa compétitivité. » Durcir le « droit de regard ». Outch ! C’est dit. « Parallèlement au niveau communautaire, en actant dans les statuts un saut fédéral majeur : celui de doter le Conseil des ministres des Finances d’un véritable droit de véto général en Europe sur certaines décisions de politique économique nationale, lorsqu’un pays à sollicité l’aide de la zone euro, en attendant la création, dans un second temps, d’un véritable « Ministre des Finances de la zone euro », comme l’a proposé Jean-Claude Trichet." Le « droit de veto », de nouveau ! Le mot compte. Il est significatif qu’il soit utilisé de cette façon dans les deux textes. Les positions de ces sociaux-libéraux français ont le mérite d'être cohérentes avec celles de Socrates au Portugal, Zapatero en Espagne et Papandréou en Grèce. Les libéraux des deux bords, de droite et sociaux-démocrates, marchent ensemble pour imposer l'Europe autoritaire.
Le pire c'est que les délires de Trichet, et les fulgurances de Terra Nova sont déjà en train de se concrétiser. Sous nos yeux. On a déjà le semestre européen qui place la préparation des budgets nationaux sous le contrôle de la Commission européenne. La Grèce vient aussi d'accepter une autorité indépendante pour gérer ses actifs publics et mener les privatisations à la place du gouvernement. Et le futur premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a annoncé qu'il allait créer une autorité budgétaire indépendante pour gérer les finances de l'Etat portugais, avec la présence de représentants étrangers. Une « autorité budgétaire indépendante » ! Indépendante ? De qui, de quoi ? Pas des « marchés », cela va de soi. De qui alors ? Puisque le mot est là c’est bien qu’il veut marquer une mise à distance. De qui ? Du peuple, cela va de soi, et des démagogues qui le représentent, c'est-à-dire ses élus. Ces deux évènements, cette double dépossession de la démocratie n’ont soulevé aucun débat. Ni même été l’occasion d’une information.
L’union syndicale Solidaires porte à notre connaissance des faits d’une importance cruciale concernant la pollution nucléaire des produits japonais exportés. Les inquisiteurs médiacratiques qui se préoccupent de savoir ce qu’ils doivent dire de ce qu’ils savent à propos de la vie sexuelle des élus feraient bien de se demander à côté de quoi ils sont encore en train de passer ! Et sur quoi ils sont en train de se taire ! Après avoir fait du « heure par heure » sur le drame japonais, les mouches ont changé d’âne. Que des volontaires se présentent sur place pour se sacrifier et entrer dans des centrales dont les cœurs nucléaires sont en fusion ne les branchent plus à l’heure où il faut guetter, pendant une journée entière de retransmission, les allées et venues de Strauss Kahn à New York. Que trois cœurs de réacteurs soient en fusion et que nul ne sache quoi faire ? Pffft !! Qu’est-ce que c’est à côté des massages de pied par Georges Tron ? Et ce que dit un syndicat ? Des nazes ! Allez ! Allez ! Bétail ! Retournez immédiatement à votre mangeoire à sensations glauques ! Une tournée de Strauss Kahn pour tout le monde !
« Il faut protéger travailleurs et consommateurs de la radioactivité. La population française a de la chance : on nous disait que le nuage de Tchernobyl s’était arrêté à nos frontières, on nous dit maintenant que les produits radioactifs envoyés du Japon ne franchissent pas nos frontières. La Russie, qui a renforcé les contrôles de radioactivité, n’a pas cette chance : à cause de traces de radioactivité (2,4 fois la norme) elle a dû refuser des pièces de rechange pour automobiles arrivant sur l'île de Sakhaline (Extrême-Orient russe) et 59 véhicules ayant un niveau de radioactivité dépassant de 2 à 6 fois la norme. Par précaution, elle a interdit les aliments provenant de plusieurs régions japonaises. »
« Le gouvernement a tellement confiance dans le respect de ses frontières, qu’il a fallu attendre deux mois pour que la direction des douanes, interpellée notamment par Solidaires Douanes, diffuse une note sur les contrôles : sondage dans 1 à 3% des conteneurs, éventuellement port de gants en textile lors des opérations et au grand maximum tenue complète en textile… alors que l'ASN et l'IRSN pointent le risque d'inhalation de particules par les personnels lors des contrôles ! Mais comment contrôler sans matériel adéquat? Solidaires Douanes a exigé ces matériels. Le port du Havre, qui reçoit 20 000 conteneurs provenant du Japon par an, dispose de détecteurs de radioactivité manuels, ainsi que Marseille mais toujours pas Roissy, l'un des tout premiers aéroports internationaux… Résultat : quand ils n'ignorent pas ce qu'ils manipulent, les fonctionnaires ne disposent pas du matériel de protection adéquat. Quant à la formation… »
Les consommateurs peuvent avoir peur : l’éventualité d’une radioactivité devrait imposer un contrôle systématique et sérieux des marchandises, ce qui n'est pas le cas. Seules les denrées alimentaires font l'objet de contrôles systématiques… mais seulement sur le papier car, à Roissy par exemple, seuls 10 % des flux sont réellement contrôlés, par manque de personnels notamment. Cette situation, qui risque de durer plusieurs longues années, imposerait de maintenir très longtemps cette surveillance et de ne pas céder à un relâchement au fil du temps.
Pire, les produits radioactifs peuvent entrer par n’importe quelle frontière européenne puis circuler librement en Europe. Au port d’Anvers et de Rotterdam, par exemple, la douane ne contrôle pas les produits qui ne restent pas en Belgique ou aux Pays Bas. Une entreprise dont les marchandises seraient bloquées au Havre pourra les faire passer en entrant ailleurs.
Solidaires demande avec force une protection des travailleurs et des consommateurs. Pour les fonctionnaires concernés (douane, services vétérinaires, DGCCRF…), des moyens et des formations à hauteur des enjeux. Certes des CHS ont été saisis du problème, mais pour l'heure sans grand résultat. Solidaires Douanes a demandé à la CRIIRAD d’intervenir et a alerté les autorités de tutelle, notamment le ministère. Pour les salarié-e-s devant entrer en contact avec des marchandises japonaises (dockers, transporteurs, manutentionnaires…).Ils devraient disposer de toutes les garanties d'innocuité. Ce n'est pas le cas : Renault fait ainsi examiner tous ses approvisionnements japonais par voie maritime, mais pas ceux arrivant par voie aérienne, se reposant sur les contrôles systématiques de la douane… qui n'existent pas ! Pour les consommateurs, Solidaires demande un contrôle systématique et complet à toutes les frontières de l’Europe, quelle que soit la destination des produits. Patrice Perret, Secrétaire national, Elie Lambert, Solidaires Douanes.
Je place ici mon commentaire sur les conclusions de la Conférence nationale du PCF mais vous pouvez déjà connaitre mon point de vue depuis deux jours avec la vidéo tournée à mon point de presse de dimanche après midi. J’avais invité à cette rencontre, avec l’accord des trois directions des partis du Front de gauche. Mon intention était d’éviter une communication étalée, diverse et du coup toujours moins précise. J’ai préféré une séquence unique. Son contenu est ainsi cadré par mon propre centre d’intérêt. Et le questionnement est maitrisé collectivement par les professionnels qui m’interrogent au vu et su de chacun d’eux. On s’évite de cette façon les doublons aux adjectifs divergents…
Mes interventions fonctionnent dorénavant dans un entre deux compliqué à gérer. Désormais investi par la Conférence nationale du PCF, je suis le seul à être inscrit dans un cadre collectif puisque ma candidature est à cette heure proposée par les trois directions politiques des partis du Front de gauche. En même temps la décision finale n’est pas prise comme chacun le sait et je n’ai pas l’intention de l’anticiper. Pourtant la tonalité de mes contradicteurs reste dans le style d’un tir de barrage extrêmement brutal. J’ai noté, en lisant l’article du « Monde » sur le sujet, que l’un d’entre-eux au moins, profondément hostile à la stratégie du Front de Gauche, ne cache pas une claire intention destructrice. André Gérin dit vouloir obtenir que la proposition de la conférence nationale communiste soit battue ou que ma candidature soit si mal soutenue dans les votes que toute la démarche qui la sous tend soit détruite. Comme je sais très bien que tout cela n’a aucun caractère personnel et que c’est une ligne d’action qui est mise en cause, j’avance serein. Advienne que pourra. La ligne du Front de gauche a un bilan, à travers trois élections déjà. Chacun peut l’apprécier en connaissance de cause. Je ne veux donc pas entrer aujourd’hui davantage qu’à aucun moment je ne l’ai fait, depuis les neufs mois que dure la procédure, dans une quelconque polémique interne du PCF. Ni de répondre aux très durs coups qui continuent de m’être portés alors même que le cadre collectif est en place. De toute façon, ma mission à cette étape, si la décision de la conférence du PCF est confirmée, me l’interdit. Cependant je forme le vœu que le respect et la fraternité soient de mise. Il est inutile de se cacher que bien des dégâts ont déjà été faits quand on n’a entendu pendant des mois que des arguments personnels à charge. La priorité ne doit pas être, comme au PS ou chez les Verts, le jeu de massacre des personnes. La vérité c’est que la priorité est de porter le regard là ou se joue la vraie partie : vers la société, le grand nombre, le peuple.
Dans ma conception, il ne s’agit pas seulement de faire un rassemblement autour d’un candidat, ce qui est toutefois indispensable pour cristalliser un vote. L’essentiel est de construire une candidature commune qui rende possible le rassemblement le plus large possible. Cette tache est d’autant plus excitante à conduire que la scène s’est profondément modifiée à gauche. Depuis le retrait d’Olivier Besancenot et la sortie de piste de DSK, avec l’ouverture des primaires chez les verts et au PS, la situation est moins figée. Chacun va devoir tacher de convaincre et sera contraint de passer sur le terrain des propositions et des cohérences d’ensemble. De tout cela tout le monde va être rendu témoin et de bien des façons chacun va se rendre protagoniste au fil des jours et des dialogues. Peut-être suis-je trop optimiste. Mais je crois que mieux vaut se guider sur cet objectif, qui place le centre de l’action au grand large de la société, plutôt que de confondre une élection de cette portée avec un épisode de congrès.
L’évènement politique qu’est cette investiture d’un candidat commun avec un programme partagé et un accord électoral sur la totalité des circonscriptions législatives de métropole est un tournant dans notre gauche. Je mesure tout à fait l’immensité de la distance qui reste à couvrir. J’y ai assez pensé ! J’ai assez tourné et retourné les arguments et les raisonnements, seuls ou avec tous ceux qui depuis le début portent ce projet pour savoir que tout ne fait en réalité que commencer. Mais il faut que ce premier palier soit atteint. Il faut que la force de rassemblement l’emporte entre nous, si nous voulons que sa dynamique atteigne et nourrisse celle qu’il faut faire naitre dans le pays. Dans les prochains jours, la FASE et le groupe sorti du NPA à son dernier congrès, Convergences et Alternatives, vont également se prononcer. Je garde espoir que le débat du NPA ne ferme pas toutes les portes. Si nous y parvenons, le cauchemar de l’émiettement mortel de 2007 sera fini.
Tout ne fera que commencer, je le sais bien. Mais cela veut dire que des milliers de femmes et d’hommes savent qu’aucun de leurs efforts ne sera plus dilué et perdu dans d’obscures compétitions. Notre principal atout dans la bataille peut se déployer : nous-mêmes, notre nombre, notre omniprésence dans toute la société, nos talents divers et multiples, l’autorité, la sympathie que tant d’engagements et de ténacité ont valus à tant d’entre nous ! Il faut alors compter sur la contagion positive des gens qui avancent par rapport à tous ceux qui hésitent.
Je ne suis pas ici à solliciter une euphorie de commande. Cette façon de dire et de voir part d’un constat. En période de crise aigüe comme à présent, la peur domine et la résignation ficelle bien de bras et jambes. Pour l’instant comme est la situation, c’est l’abstention qui continue à dominer. Elle ne s’est pas démentie dans toutes les élections depuis 2007 et elle s’observe jusque dans les scrutins les plus décisifs dans toute l’Europe. Nous ne pouvons pas nous hisser au niveau du défi si nous sommes seulement une cohorte de traine patins s’entre surveillant et ânonnant d’absconses formules réputées décisives mais sans rapport avec la capacité à montrer un vrai futur différent possible. Souvenons nous qu’il ne faut pas cinq minutes à une personne accablée par le sort pour savoir reconnaitre si le futur dont nous parlons ne concerne que nous mêmes ou le pays. Notre Front de gauche fait merveille sitôt qu’il est mis a sa place : au cœur du pays. On se comprend, non ?