Mes amis, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année. Mon fidèle webmestre se joint à moi pour cela. Pourtant mes lecteurs les plus anciens savent combien je goûte peu ces séances de congratulations à répétition qu’imposent les derniers jours de décembre et le début de ceux de janvier. Ce qui est aimable en famille et avec la poignée des siens devient une corvée singulière quand elle prend les proportions industrielles de l’action publique. Qu’à cela ne tienne. Je me mets au clavier avant de décrocher. Je pense que cela fera autant plaisir à quelques-uns de ceux qui me liront qu’à moi d’écrire en pensant à ces quinze mille personnes par jour qui passent ici me rendre visite par toutes les portes d’entrées de ce blog ! Ici il est question de la grève à Roissy. Puis de l’Europe des orgies bancaires et enfin de la campagne en cours.
Merci à Nicolas Bonnet pour cette série de photos d’une ancienne centrale électrique
Je suis allé à Roissy soutenir les grévistes des agences de sûreté aérienne. La veille il y avait déjà eu un déplacement du Front de Gauche sur place avec Marie-George Buffet et Eric Coquerel. Olivier Besancenot et Nathalie Artaud aussi étaient là. Eric et Marie-George étaient d’avis que je devais y aller le lendemain parce que les déplacements de cette sorte donnent du courage aux gens qui sont dans la lutte. J’ai donc annulé ma matinée et Pierre Laurent s’est joint à moi. Ensemble nous avons été nous porter au devant des grévistes. Ils nous ont accueillis avec une chaleur formidable ! Il y a des images de tout ça. J’attire l’attention de mes lecteurs sur le fait que c’est très important de manifester de la solidarité humaine avec les gens qui luttent. Trop souvent de l’extérieur on croit qu’il s’agit d’une démonstration purement formelle. Mais ce n’est pas du tout comme cela que c’est ressenti sur place. Les gens dont il est question sont tous à petite paye. Leur vie est simple. La grève est un événement majeur qui bouscule leur budget et toutes leurs habitudes de vie. C’est une sorte d’événement hors du commun qui les projette dans une dimension où se mélangent à la fois l’enthousiasme et l’angoisse. Et tandis qu’ils sont plongés dans cette ambiance si bouleversante, la vie continue autour. Là ce sont des gens qui vont prendre leur avion et qui passent banalement au milieu des rangs des grévistes. Puis, ensuite, de retour chez soi, tout reprend comme avant, sauf la question lancinante de l’argent perdu en pleines fêtes où d’habitude se fait une plus grosse paye que d’habitude.
Je crois que vous avez tous compris qui sont ces gens et ce qu’ils demandent. Beaucoup sont à temps partiel subi. Tous vivent sous la menace permanente du licenciement ou de la diminution des heures accordées. Car il faut beaucoup mériter et être bien docile pour avoir le droit d’avoir des heures ! Les gens sont accrédités. Cela veut dire très surveillés. Pour un oui un non l’accréditation saute ! Et le droit de travailler aussi. Ce sont les personnels les plus fichés de France. Pour tout le monde les amplitudes horaires sont énormes. Une séquence à une heure, la suivante quelques heures plus tard. Impossible de rentrer à domicile pendant ce temps-là. Obligation de rester sur le site en attendant la reprise de son temps de travail. Tout ça pour sept cent euros. D’autres pour juste à peine plus que le Smic. Le conflit porte sur la paye. La demande est de deux cent euros de plus. C’est dans un conflit sur les salaires qu’est réquisitionnée l’intervention de la police. Je ne dis rien ici de la démonstration sur le caractère constitutionnel du droit de grève mis en cause. Je veux juste souligner l’aspect « guerre sociale » de la manœuvre. Les patrons savent depuis cinq jours que la grève va avoir lieu. Ils ne font qu’une chose de ce délai : organiser leur résistance. De son côté, le gouvernement qui mobilise la police pour que le trafic soit maintenu ne fait absolument rien pour obliger Aéroport de Paris à venir négocier, alors même que les employeurs des boîtes de sécurité y vont ! Je trouve que c’est une signature d’un état d’esprit de « guerre de classe » comme on aurait dit autrefois. Ce qui m’a frappé c’est l’extraordinaire maturité des gens dans cette affaire. C’est d’eux évidemment que j’ai tiré les phrases à prononcer quand j’ai pris la parole, selon la méthode que je respecte toujours dans ce genre de circonstances. Dire la vie qu’ils mènent. Féminiser les mots car les femmes engagées dans cette lutte sont nombreuses, meneuses et déterminées. Dire qu’ils ne se sentent ennemis de personne, ni usagers ni même des policiers. Voilà ce dernier point qui est le plus frappant. C’est eux qui me l’ont dit : « Les policiers ne sont pas nos ennemis ». On connaît d’ailleurs les prises de position syndicales dans la police sur le sujet. J’ai eu le contact avec ces camarades. Ce que j’ai dit c’est ce qui est. Tout ce que Guéant a obtenu dans tout cela c’est que les policiers qui étaient là étaient très nombreux à être très mécontents de ce qu'on leur a fait faire ! Je ne sais pas comment va finir la lutte. Je crois que de toute façon elle aura élargi la base de révolte plutôt qu’elle ne l’aura réduite. Tous ces gens réfléchissent beaucoup à ce qui leur arrive. Il y a beaucoup de jeunes. Et beaucoup de jeunes parents. Et ceux qui sont plus âgés aussi ont impliqué toute leur famille dans l’action. J’ai posé la question dix fois pour savoir si « à la maison » ça suit. C’est important cette question. J’ai à l’esprit ce que m’ont dit les camardes de Conti l’autre fois. Tout le monde m’a dit que oui, la famille est solidaire. Je pense que ça a dû beaucoup discuter dans les familles. On m’a aussi raconté les cas où le conjoint a dit « maintenant ça suffit c’est trop la misère ». Je reviens donc à mon point de départ. Il est important de donner des signes de solidarité humaine. C’est le cœur du moteur de la lutte.
Je viens sur la question de la finance en Europe. Mario Monti, le nouveau Premier ministre italien est ancien conseiller de Goldman Sachs. Draghi, Président de la Banque Centrale Européenne est l’ancien directeur en exercice de Goldman Sachs International. La mode est lancée. Voici en Espagne Monsieur de Guindos, gros bonnet de Lehman Brothers. Ces messieurs n’ont pas seulement en commun d’être des hommes de la finance la plus concentrée, la plus manipulatrice, la plus cupide et prédatrice. Ce n’est pas rien déjà qu’une telle conjonction de tels hommes à de tels postes. Et ceci au moment où se joue dans l’Union Européenne, avec le nouveau traité, le coup d’Etat qui place les impératifs de la finance au sommet de la hiérarchie des normes politiques. Ceci explique cela, je le sais bien. C’est une prise de pouvoir. Mais ce qui me frappe c’est que ces hommes soient ceux-là mêmes qui ont ruiné tout ce qu’ils ont touché. Draghi est le nul qui a plongé la Grèce dans le chaos budgétaire. Aujourd’hui à la tête de la Banque Centrale Européenne, le personnage donne le sentiment de ne pas croire lui-même à la pérennité de la monnaie qu’il est censé défendre ! Monti est un Premier ministre italien sorti du chapeau. Qui a pensé à aller le chercher? Comment est-il sorti du chapeau ? En trois jours l’homme est devenu sénateur à vie puis deux jours plus tard Premier ministre de son pays ! En fait il s’agit d’un crétin buté, idéologue ultra-libéral qui bloquait toute intervention de la Banque Centrale Européenne lorsqu’il y siégeait. C’est aussi un anti-Français grotesque. De Guindos le nouvel homme des finances espagnol, est un ancien de Lehman Brothers ! Quelle référence ! Leur présence simultanée aux postes-clefs des dispositifs sent la grosse combine. Elle éclaire aussi leur passé. Ces gens agissaient en toute connaissance de cause. Ils n’ont aucun sens même lointain de l’intérêt général. Ils ont travaillé de façon étroitement intéressée pour le compte du système financier qui les employait. Et c’est ce qu’ils continuent à faire. Je ne pense pas surprendre en le disant. Mais la conséquence que cela suggère est que cela sera un facteur d’accélération du chaos. Car le système que ces hommes incarnent et défendent a été rendu hautement instable du fait même de leurs conceptions et méthodes. L’actualité récente en a encore attesté.
La semaine a été marquée par une massive injection de liquidités en faveur des banques. Cinq cent milliards d’euros sont ainsi passés de la caisse de la Banque Centrale Européenne vers 523 banques. Je crois que cette action mérite d’être spécialement regardée de près pour être bien méditée. A première vue beaucoup de gens ne s’arrêtent pas sur ce type d’information. Elle leur paraît très technique. Et le résultat semble souvent totalement incompréhensible. La nature même de l’opération n’est pas comprise. Mais comment expliquer en grand public que ces cinq cent milliards, la Banque Centrale ne les a pas tirés de ses coffres ? Que c’est de l’argent créé à partir de rien. Et ainsi de suite. Bref, c’est exactement le genre d’information qui ne retient pas l’attention des gens à qui pourtant, le reste du temps, on cherche à faire peur avec la « dette monstrueuse » des Etats et ainsi de suite ! Pourtant, voyons la somme d’abord. C’est cinq fois ce dont avait besoin la Grèce pour faire face au paiement de la totalité de sa dette lorsque la crise a éclaté ! C’est davantage que la somme dont dispose le fond européen de stabilité. C’est trois fois et demi la somme versée au FMI pour venir aider ensuite l’Europe selon le scénario d’usine à gaz inventé par les eurocrates « merkelisés » il y a quinze jours. Si je donne tous ces points de repères c’est évidemment pour montrer quels bobards ont été les cris poussés par ceux qui prétendaient qu’une telle somme « si elle était imprimée sur la planche à billets » provoquerait un cataclysme inflationniste. Raison pour laquelle nous fûmes moqués de tous côtés par les grands esprits et leurs perroquets médiatiques. Ce qu’il faut retenir c’est que cette opération aurait pu être conduite pour une somme trois fois moindre au départ de la crise pour tuer la spéculation en arrosant l’Etat grec de crédit bon marché !
Voyons à présent le taux d’intérêt auquel cet argent est prêté aux banques : 1% ! Cinq fois moins que le taux des prêts que la troïka consent à la Grèce chaque fois que ce pays accepte de nouvelles amputations budgétaires et de nouveaux bradages de biens publics. Dix-huit fois moins que ce que les mêmes banques consentent à la Grèce ! Ce n’est pas tout : cet argent est prêté pour trois ans et non plus pour quelques jours comme auparavant ! C’est donc une monstrueuse faveur qui leur est faite. Pourquoi ? On lit ici et là que ce serait avec un pacte plus ou moins implicite pour que ces banques rachètent le plus possible de titres de dette des Etats sur le marché. On solliciterait donc comme une faveur de leur part de bien vouloir prêter cher l’argent qui leur aura été prêté très peu cher. Quelle trouvaille ! Tout ça pour ne pas violer un dogme idéologique d’après lequel les Etats seraient, par nature, dépensiers inconséquents tandis que les banques sauraient gérer au mieux l’allocation des ressources. Du dogmatisme libéral à l’état pur. Après cela que voit-on ? Que les banques ne se servent pas de ces facilités pour acheter des titres de dettes publiques. Tout ce grand montage pour rien ! Encore une cartouche tirée en vain. Pas assez, pas au bon endroit, trop tard. La gestion de la crise par ceux-là même qui auraient le plus d’intérêt à la juguler est une collection d’aberrations. Sauf si…
Sauf si l’esprit de lucre et la cupidité sont les deux seules motivations des intéressés. Incapables de gérer leurs intérêts de classe à long ou moyen terme, les décideurs issus des grandes banques qui dorénavant gouvernent l’Europe restent le nez collé sur leur objectif de court terme. Il s’agit de réaliser des profits maximum, le plus vite possible, en comptant que le risque final retombe sur les moins malins, les moins prompts, ou les plus asservis. Jusqu’à présent, en poussant les affaires et les transactions d’un jour sur l’autre, les grosses panses se sont gorgées. Tant qu’on croit que la Grèce paiera, et que les autres états paieront eux aussi, c’est une très bonne affaire dans les bilans que ces titres à 18%, même restructurés et étalés dans le temps. On peut même suspecter ces banques de garder leur pelote d’emprunts, à 1 % et pour trois ans, que vient de leur servir la Banque Centrale Européenne pour le moment où la note de la France et d’autres sera dégradée, ce qui leur permettra de prêter beaucoup plus cher qu’elles ne peuvent le faire aujourd’hui. Il n’y a pas longtemps à attendre. L’argent pas cher de la BCE est tombé dans leur caisse le 22 décembre. Début janvier viendra la mauvaise note. Tout le monde aura oublié d’où sera venu l’argent dont disposeront les banques pour venir « à l’aide » des Etats !
J’évoquais il y a un instant « l’état d’esprit » des décideurs. Je le fais car j’observe que dans nos rangs beaucoup croient qu’il y a une clairvoyance de ceux-ci. Comme si toutes ces personnes avaient un plan et une méthode déterminée d’après des objectifs lointains et assurés. Je crois au contraire que ce qu’il y a d’idéologique dans la façon de procéder de ces gens, c’est la certitude qu’ils ont de vivre dans un système indépassable dont seul le bon maniement importerait quand bien même il est moralement inacceptable et grossièrement inégalitaire. D’ailleurs pour ces sortes de gens comme pour leurs griots cyniques, l’inégalité n’est même pas un inconvénient mais plutôt un stimulant. Elle est inscrite dans l’état de nature. Et bien sûr, la morale n’a rien à voir avec le sujet sérieux et objectivement hors norme qu’est le fonctionnement du marché. Je m’intéresse à cet aspect du problème que nous pose la conduite des affaires par les gens qui les mènent à présent car j’y vois une des causes qui accélèrent les crises et les catastrophes. D’un point de vue capitaliste, moins de cupidité et plus de raisonnement pourrait très bien conduire à préférer nos solutions comme un moindre mal. Notons que c’est déjà le cas à propos de notre revendication de faire financer par la Banque Centrale les emprunts des Etats. Mais pour autant cela n’aura pas lieu. C’est une caractéristique des fins de régime que cette impuissance à se tourner vers les solutions de recours efficaces tranchant les nœuds gordiens d’une situation. Naturellement il y a des exceptions à la règle. Peu nombreuses. C’est le cas quand un Roosevelt arrache les Etats-Unis aux méthodes de Hoover. L’aveuglement des élites et de leur appareil de cour est une cause puissante de révolution. Je me faisais cette remarque en lisant le journal « Les Echos » où un chroniqueur, Gilles Coville, éditorialise avec aplomb dans le sens du pire aveuglement. Voyant la manne de la BCE pompée par les banques et déplorant que le décrochage des indices boursiers attribue ce nouvel avatar aberrant aux finalités que semble viser la BCE ! « Quoi ! » proteste-t-il en substance, « prêter de l’argent aux banques pour acheter des titres de dette des Etats ! Ce serait une énorme sottise qui déprimerait les marchés ». Il donne donc un conseil. Donner à boire à l’alcoolique ! « Privilégier la liquidité et la profitabilité des banques plutôt qu’acheter la dette des Etats pour faciliter leurs fins de mois, c’est un message difficile à faire passer aussi bien auprès des gouvernements que des opinions, voire des professionnels des marchés. Ce serait pourtant une vraie preuve d’indépendance que de faire le travail ». Je suis fasciné par ce genre de gourous qui prétendent agir au nom de vérités qui leur sont révélées et dont ils conviennent que les peuples, les gouvernements, et même les marchés qu’ils prétendent servir, ne veulent pas. Et tout cela pour permettre une « profitabilité » des banques qui n’ont pourtant manqué de rien l’an passé, ni le précédent, et fait même des bénéfices records ! Dans cette ambiance où tout peut être dit et rabâché contre toute évidence, le travail d’élucidation est rendu difficile. Il est pourtant absolument vital de le mener.
C’est pourquoi je recommande que nos assemblées citoyennes organisent des sessions d’explication et d’éducation populaire sur ce thème de la dette. Il existe déjà de nombreux petits films et vidéos sur le thème. Il est indispensable qu’ils circulent. Mais surtout il faut qu’ils soient ensuite expliqués aux nombreuses personnes qui n’osent pas toujours dire leurs difficultés et leurs incompréhensions sur le sujet. Naturellement il faut beaucoup de soin et de pédagogie pour faire ce travail. Rien n’est pire que d’inviter des pédants abscons à faire des phrases auxquelles nul n’entend rien mais qui se rengorgent d’avoir ébahi tout le monde. Compte tenu des événements qui vont venir, nous avons besoin qu’un nombre croissant de gens comprennent de quoi il retourne. Nous avons besoin d’un niveau d’éducation collective comparable à celui qui avait été atteint lorsque nous avons combattu le Traité constitutionnel en 2005. Dans cet état d’esprit il ne doit pas y avoir de compétition entre militants capables de faire ce travail. Tout ce qui contribue à élargir les moyens d’action doit être encouragé. C’est pourquoi il vaudra mieux parfois aider Attac et la Fondation Copernic à réussir une soirée plutôt que d’organiser la même, sur le même sujet, deux jours plus tôt ou plus tard.
De façon annexe cela m’amène à donner mon point de vue sur un thème qui a donné lieu à beaucoup de commentaires sur ce blog. Il s’agit des appréciations négatives à propos de personnes comme Gérard Filoche, Montebourg et même Emmanuel Todd. Ils ne partagent pas nos conclusions politiques puisqu’ils s’apprêtent à voter pour François Hollande alors même que tout ce qu’ils expliquent devrait les conduire à militer avec nous. Pourtant, je ne crois pas que cela doivent conduire à les ostraciser, ou les montrer du doigt, quand bien même eux ne se gênent pas pour le faire à notre endroit. La vérité est que ce qu’ils disent et expliquent travaille pour nous. Encore une fois, faisons confiance à l’intelligence de ceux qui reçoivent les arguments et à leur capacité à en tirer eux-mêmes les conclusions concrètes. Quand Gérard Filoche diffuse son argumentaire contre l’abandon de la retraite à 60 ans, tout ce qu’il dit fonctionne pour nous. Il cache, dans un point au milieu des autres, son appel à voter Hollande ? Et alors ? Qui pourrait bien être dupe du fait que c’est précisément ce qu’il ne faut pas faire si l’on suit son argumentation.
Les assemblées citoyennes et les écoutes collectives ont eu un beau succès dans la dernière période. Partout où nous les avons organisées pour la première fois, il est vrai que beaucoup ont été surpris par la nouveauté des gens qui s’assemblaient. L’important est que ces assemblées ne tournent ni à l’ambiance du dernier salon où l’on cause ni au pur comité de soutien au candidat à l’élection présidentielle ou législative. Chaque réunion doit avoir son objet et son but clairement exprimé de sorte que l’implication ne se résume pas à venir recevoir la bonne parole de nos propres notables ni au défouloir sans rime ni raison. Nos premiers succès sont importants à bien enregistrer mais nous devons aussi tenir compte du fait que nous sommes la seule force en campagne militante depuis plusieurs mois. Par conséquent nous n’avons guère de concurrence. Il est peu probable que nous en ayons. S’il y en a, les nôtres doivent évidemment porter le débat là où il aura lieu. Quel que soit le lieu et les organisateurs, il faut aller débattre. J’ai eu un rapport très stimulant de jeunes camarades enseignants qui sont allés à une réunion en Franche-Comté qu’organisaient des notables de droite. C’est une très bonne idée ! Il est évidemment très important dans ce cas de ne jamais quitter le registre de l’argumentation et de l’interrogation courtoise. Le but n’est pas de provoquer les gens mais de les faire réfléchir. Nous voulons faire vivre une façon de faire de la politique hors des formules creuses de supporters d’équipe de foot ou de PMU qui caractérisent l’ambiance actuelle.
Bien sûr, la difficulté reste considérable. Car les conditions du « débat » actuel sont calamiteuses. Je prends l’exemple des déclarations qui ont accompagné l’affaire de la grève à Roissy. Il y a eu tout un défilé de socialistes pour plaider le dialogue social. Rien à dire contre cela. Mais chacun s’est senti obligé de rajouter un petit couplet sur le fait que François Hollande aurait un vrai projet en la matière. C’est ainsi que Delphine Batho d’un côté, et Pierre Moscovici de l’autre, sont chacun revenus sur le projet d’inscrire dans la Constitution le fait que les accords d’entreprises et de branches s’imposeraient aux assemblées et au gouvernement. C’est ce que Hollande appelle la « République contractuelle ». J’ai déjà eu l’occasion d’expliquer ici quelle monstruosité est cette idée non seulement d’un point de vue républicain, mais aussi du point de vue des rapports sociaux puisque cela revient à abandonner les travailleurs aux rapports de force avec le patronat sans recours devant le parlement et l’action politique. Le passage du système français à un état social corporatif ne semble pas poser de problème à beaucoup de monde. En tous cas à aucun de ceux qui posaient les questions et entendaient les réponses. Je pense que beaucoup de ceux qui entendaient ça ne comprenaient pas de quoi il retourne. C’est bien dommage, si l’objet de ces prises de paroles est bien de contribuer au débat politique à la veille d’une élection qui prétend répondre aux problèmes
De notre côté tout n’est pas encore lancé à fond. D’abord notons que notre mouvance est traditionnellement assez diesel. Elle se met en mouvement par palliers. Je pense qu’en janvier nous serons plus affutés ! Surtout pour le travail dans les entreprises. Pour l’instant le premier cercle s’est décidé et engagé. Il lui reste à faire le travail sur la deuxième part, celle qui observe avec sympathie mais attend de voir. Dans le grand nombre, beaucoup ont été sonnés par les sorties de François Hollande sur les retraites. Ce genre de lâchage n’amène pas les gens vers nous par effet mécanique. Beaucoup comptaient quand même que « ça au moins » serait redonné. Dans un premier temps, il faut bien admettre que Hollande a servi la soupe à l’abstention et à Bayrou. Sans oublier le mal qu’a fait l’histoire des turpitudes socialistes du Pas-de-Calais qui a poussé les moins malins vers le Front National. Mais rien de cela n’est définitif. Dès lors que le fil s’est rompu entre la candidature social-centriste et le terrain, nous pouvons reprendre la main et ramener au combat des gens que les socialistes clouent au sol le reste du temps avec leurs phrases mielleuses à triple sens.
Ce blog est resté mon principal émetteur. C’est aussi pour moi une ressource permanente d’avis motivés et de réactions que j’utilise à ma manière. Je donne donc quelques nouvelles de la tenue de ses principaux indicateurs de mesure. Dans les divers classements spécialisés, ce blog est toujours dans les dix premiers en nombre de visiteurs et parfois même le premier des blogs politiques. Il a reçu plus de trois millions de visites depuis janvier dernier. Un million trois cent mille visiteurs différents y sont passés. La liste de diffusion de la lettre hebdomadaire « le petit courrier du blog » compte quarante-quatre mille abonnés. C’est dans cette rubrique que les efforts les plus importants restent à faire pour parvenir à une diffusion de cent mille abonnés gratuits. Ce nombre nous donnerait une surface de communication considérable par ses retombées. J’appelle donc ceux qui peuvent se sentir concernés par cette interpellation et qui souhaiteraient y répondre. Chacun peut utiliser à cet effet la fenêtre d’inscription disponible en haut à droite de la page d'accueil du blog. Je veux aussi solliciter de nouveau une autre ressource. Celles des photographes qui veulent nous aider. Vous savez que la rubrique « l’œil de la campagne » est tenue par un groupe de photographes bénévoles organisés autour de Stéphane Burlot. Leur style si différent est dorénavant un atout artistique pour ces colonnes. Cette équipe se renforce au fil des jours et d’une sélection exigeante. Mais l’illustration du blog lui-même fait aussi appel à d’autres contributions. J’en ai proposé les thèmes à chacune des occasions où j’ai appelé à nous fournir en images ! Une nouvelle fois mon appel sera précis. C’est de photos de machines, de travailleurs et de gestes de travail dont nous avons besoin à présent.