J’écris, tard, en mettant de l’ordre dans mes notes sur les événements auxquels je dois m’intéresser dans le flot du travail à fournir ces jours-ci. Il y est question de notre meeting du 19 avril à Paris. Puis de la pauvre trouvaille de Sarkozy sur la Banque centrale européenne. Elle m’a captivé. Elle est si révélatrice de l’abaissement dans lequel le gouvernement Merkel veut tenir le reste de l’Europe ! Ensuite je reviens sur le sondage qui attribuait une majorité à madame Le Pen dans la jeunesse. Puis sur une lettre ouverte que l’oligarque Paul Dubrule m’adresse. Enfin des tentatives de campagnes de boules puantes contre moi, de leur ridicule et de leur signification. Du reste de ce que je dis et fais, vous savez tout en suivant les discours et les entretiens de presse.
Jeudi nous tiendrons le dernier de nos meetings nationaux avant le premier tour de l’élection présidentielle. Ça se passera à la Porte de Versailles. Ce sera un événement, je l’espère et je demande à ceux qui me lisent de nous aider à en assurer le succès. Je prendrai la parole assez tôt. Vers 19 heures 30 maximum en raison des contraintes de diffusion audiovisuelle. Dans le même temps que ce meeting géant, il y aura dans de nombreuses villes des écoutes collectives ou des retransmissions en salle de réunion. Cette journée est donc un temps de mobilisation générale. Elle va nous servir à passer en force le cap de la dernière journée de campagne, le lendemain vendredi, avant la trêve du silence des deux derniers jours. Comme nous ne savons pas ce qui nous attend quand les urnes auront parlé, du meilleur ou du pire, ce sera un moment aussi de fraternité entre tous ceux qui se sont jetés à corps perdus dans cette bataille et qui ne se sépareront plus je le sais bien.
24 heures ! C'est le temps qu'aura vécu le dernier bobard sarkozyste sur la Banque centrale européenne. L’histoire montre l’ampleur du désarroi du personnage. Et des limites dans lesquelles désormais la France est enfermée par le gouvernement conservateur allemand. Dimanche, à la Concorde, le candidat Sarkozy a repris un argument du Front de Gauche sur la nécessaire évolution de la BCE. J’en rappelle les mots : « Je veux poser le problème du rôle de la Banque centrale européenne dans le soutien à la croissance. C’est une question très importante que nous ne pourrons pas éluder. (…). La crise – et l’Européen convaincu que je suis veut le dire – nous a montré les limites des règles qui ont été fixées dans le Traité de Maastricht. (…) Alors sur le rôle de la Banque centrale dans le soutien à la croissance, nous allons aussi ouvrir le débat. Et nous allons faire avancer l’Europe. » Hormis le fait que nous ne cherchons pas « la croissance » en général mais une relance sociale et écologique de l'activité, nous pourrions être d'accord. Et tout autant quand, toujours sur ce sujet, Nicolas Sarkozy se réfère au Général De Gaulle : « Quand le Général De Gaulle au milieu des années 60 a posé la question de la politique agricole commune et qu’il n’a pas été entendu, il n’a pas hésité à faire la politique de la chaise vide. On l’a accusé de détruire l’Europe, alors qu’à ce moment-là, par cette politique-là, il a construit l’Europe pour les décennies qui allaient suivre ». S'il avait lu notre programme, il saurait que la politique de la chaise vide n'est pas le seul moyen pour créer le rapport de force en Europe. Mais il ne faut pas trop en attendre de lui. Car tout cela est parole verbale. Pour ce qui est de l'action et des décisions, il aura fallu moins de 24 heures pour que Sarkozy capitule.
Dès le lendemain de ce meeting, le porte-parole d'Angela Merkel a fait savoir que « la conviction profonde du gouvernement allemand est que la BCE exerce son mandat de manière totalement indépendante de la politique. Et cette conviction est connue à Paris ». Il a même rappelé qu'« au cours d'une série de conférences de presse, les deux [Mme Merkel et M. Sarkozy] ont professé leur attachement à l'indépendance de la BCE ». Sitôt ce rappel édicté, la droite française a obéi aux ordres de la chancelière allemande. Quelques heures après, toujours ce lundi 16 avril, c'est le Premier Ministre François Fillon qui a entamé le rétropédalage. Sur BFMTV, il a ainsi déclaré : « Le président l'a lui-même confirmé : il ne s'agit pas de renégocier son statut ou de renégocier les traitésv ». Une journée après les envolées de la Concorde, il n'était déjà plus question de toucher à l'indépendance de la Banque centrale européenne.
Nicolas Sarkozy l'a confirmé lui-même ce mardi 17 avril au matin, sur France Inter. Voici ce qu'il a déclaré : « Je suis pour l'indépendance ». Fin de partie ! Puis, pour ne pas avoir l'air complètement idiot, Sarkozy a fait des phrases avec sa bouche expliquant que « justement parce qu'il y a l'indépendance il faut pouvoir discuter. La condition de l'indépendance c'est le dialogue, c'est justement parce qu'on est indépendant qu'on doit dialoguer. Ce qui ne va pas, c'est cette idée folle qui consiste à dire que parce que la Banque centrale est indépendante, on n'a pas le droit de parler, c'est tout le contraire ».
Pas du tout ! L’indépendance telle que décrite par le Traité de Lisbonne interdit formellement ce genre dialogue ! Car il s’agirait d’influencer ses décisions et c’est précisément cela qui est interdit par le Traité de Lisbonne. Le traité est très clair. L'article 130-TFUE consacre l'indépendance de la Banque centrale : « Ni la BCE, ni une banque centrale nationale, ni un membre quelconque de leurs organes de décision ne peuvent solliciter ni accepter des instructions des institutions, organes ou organismes de l’Union, des gouvernements des Etats membres ou de tout autre organisme. Les institutions de l’Union ainsi que les gouvernements des Etats membres s’engagent à respecter ce principe et à ne pas chercher à influencer les membres des organes de décision de la Banque centrale européenne. » Et le mandat de cette banque indépendante est parfaitement délimité. Il n’y est aucunement question de croissance. Quant à l'article 119-TFUE, il reprend l'article III-177 du TCE de 2005 et sacralise la « stabilité des prix » comme objectif de la BCE : « l’action des Etats membres et de l’Union comporte une politique monétaire et une politique de change uniques dont l’objectif principal est de maintenir la stabilité des prix ».
Nicolas Sarkozy ne pouvait donc faire mieux que des phrases. C'est ce qu'il a fait. Cela ne nous surprend pas. Mais ce qui nous attriste et nous inquiète c'est que François Hollande soit sur la même ligne que lui. Voilà ce que le candidat socialiste a déclaré le 5 décembre dernier à Berlin, devant le congrès du Parti social-démocrate allemand au sujet de la Banque centrale européenne : « Je respecte son indépendance. Je souhaite qu'elle puisse élargir son rôle […] dans le cadre de ses actuels statuts ». Le Front de Gauche est donc le seul vote pour changer cette situation absurde et terrible pour l'économie européenne.
La question du SMIC s'est progressivement installée dans le débat présidentiel. C'est un acquis de la campagne du Front de Gauche. Dans mon discours de Lille le 27 mars, j'avais mis en garde le PS : « Quand on est de gauche et qu’on arrive au pouvoir, le SMIC on l’augmente, ça fait parti des figures imposées ». Sans nous, aucun journaliste n'aurait donc interrogé François Hollande sur le SMIC. Ce dernier aurait ainsi pu en rester au renvoi aux négociations des partenaires sociaux. Une méthode qui lui sert régulièrement d'écran de fumée pour ne rien proposer dès qu'il s'agit de droits des travailleurs. Cette fois-ci, il n'a pas pu s'en tirer comme ça. Et interrogé successivement sur RTL puis sur France 2, il a dû concéder qu'il faudrait un coup de pouce au SMIC. C'est un bon début même si c'est peu de chose pour l'instant. Le coup de pouce, c'est la hausse du SMIC que le gouvernement est libre de décider au-delà de son indexation sur les prix. Hollande veut proposer aux partenaires sociaux que ce coup de pouce soit équivalent à la moitié de la croissance constatée. Si elle avait été appliquée depuis 2007, cette proposition aurait augmenté le SMIC d'à peine 4 % supplémentaires (+15%, contre +11% de hausse décidée par le gouvernement depuis 2007), selon les calculs du journal Les Echos. Avec la formule de François Hollande, le SMIC brut serait à 1 450 euros contre 1 398 actuellement. Les smicards n'auraient donc gagné en 5 ans que 40 euros nets de plus par mois. Ce n'est pas beaucoup mais même ce rattrapage il n'est pas certain de le décider. Ce que les 3 millions de smicards peuvent espérer avec sa formule en 2012… c'est une hausse de 2,70 euros nets par mois. En effet, il table dans son projet sur une croissance du PIB de 0,5 % en 2012. En application de sa proposition, cela donne donc un coup de pouce au SMIC de 0,25 %.
Quant à la négociation dont François Hollande fait dépendre les futurs choix du gouvernement, son déroulement est connu d'avance. Car sur le SMIC, les positions sociales en présence sont parfaitement connues. Les syndicats sont tous pour la hausse du SMIC et la majorité d'entre eux, CGT, FO et Solidaires partagent la volonté du Front de Gauche de le porter à 1 700 euros bruts. Quant au Medef, il est contre toute hausse du SMIC. On ne voit donc pas ce qu'il y aura à négocier. Surtout avec une base de négociation aussi mauvaise que la formule de coup de pouce proposée par Hollande. En effet son coup de pouce de 0,25 % en 2012 représente 84 fois moins que ce que propose la CGT avec la hausse du SMIC à 1 700 euros (+21 %).
: c'est au gouvernement de décider de la hausse du SMIC par décret. C'est ce qui permettra au Front de Gauche d'accorder dès 2012 une augmentation de salaire net de 239 euros par mois pour un smicard si nous arrivons au pouvoir. Cette perspective a fait montrer les dents au capital. L'Institut de l'entreprise, organisme satellite du Medef, et le Modem ont en effet prétendu que la hausse du SMIC à 1700 euros et la fin des exonérations de cotisations sociales conduirait à « 800 000 suppressions d'emplois » selon l'Institut de l'Entreprise et à « 1 million de chômeurs en plus dès septembre » selon le Modem. Les méthodes d'estimations de pareilles menaces ne sont bien sûr pas précisées. Car elles sont uniquement destinées à faire peur. Car c'est une présentation erronée des propositions du Front de Gauche. Pour atteindre 1 700 euros bruts en 2012 (+21 %), la hausse du SMIC peut être échelonnée en 3 hausses : +7% au 1er juin, +6,5% au 1er septembre, +6,5% au 1er décembre. C'est la méthode qui a été appliquée en 1981 sous forme de 4 hausses en juin, septembre, novembre et décembre. C'est une bonne manière de permettre aux entreprises d'absorber cette hausse grâce à l'augmentation progressive de leur chiffres d'affaires et de leurs commandes que permettra la relance de la consommation par des millions de smicards mieux payés. Et le Front de Gauche ne propose pas la fin immédiate des exonérations de cotisations sociales mais leur disparition progressive, à commencer par le secteur des services, non soumis à la concurrence internationale. Il n'y aura donc pas de choc brutal sur le "coût du travail" comme le prétendent l'Institut de l'entreprise et le Modem.
Reste donc à rappeler la loi
D'ailleurs ce n'est pas le coût du travail qui détruit l'emploi depuis des années mais le manque d'activité. Il ne s'agit pas là d'estimation mais du bilan bien réel du système actuel. Celui dont les coûts et le chiffrage ne sont jamais faits. Alors qu'il ne marche pas. 600 000 emplois ont en effet été détruits de 2008 à 2010. Et pendant cette période, le SMIC n'a jamais été aussi peu augmenté, puisque la présidence Sarkozy est la seule de la 5ème République sans aucun coup de pouce au SMIC. Quant aux exonérations de cotisations sociales, elles n'ont jamais été aussi élevées puisqu'elles ont atteint 30 milliards par an. Et pourtant l'emploi a massivement reculé. La clef de la lutte contre le chômage se situe donc dans la relance de l'activité dont la hausse du SMIC est une pièce maîtresse. La hausse du SMIC permet de relancer l'activité pour développer le chiffre d'affaires des entreprises. En passant le SMIC à 1700 euros, 30 milliards de salaires supplémentaires seraient injectés dans la consommation au bout d'un an. 15 milliards de salaires supplémentaires pour les actuels smicards. Et 15 milliards de salaires supplémentaires par impact sur les grilles de salaires qui devront être modifiées pour tenir compte de la hausse du SMIC.
Cette propagation de la hausse du SMIC n'est pas un voeu du Front de Gauche mais un constat effectué par l'INSEE. Et la propagation constatée par le passé aux autres salaires est d'autant plus forte que la hausse du SMIC est importante. Au-delà d'un an, la masse de salaires supplémentaires redistribuée sera donc encore plus importante. En attendant, dès la première année, les 30 milliards de salaires supplémentaires injectés dans la consommation entraîneront plus 0,8 % de croissance de l'activité. Ce qui permettra la création de 180 000 emplois, selon les ratios actuels de création d'emploi par point de PIB. Et encore, c'est bien sûr sans compter l'impact beaucoup plus favorable en emplois que nous pourrons atteindre en appliquant les protections nécessaires aux frontières pour réduire la consommation de produits importés. Ils représentent environ 15% de la consommation et pourraient rapidement être réduits à 10% grâce aux visas écologiques et sociaux aux frontières. Car un SMIC plus élevé permettra aux plus pauvres des salariés d'acheter des produits de meilleure qualité fabriqués en France. C'est aussi la preuve que la hausse du SMIC est une mesure de salubrité écologique.
La semaine dernière, je décortiquais ici le montage réalisé par « Le Monde » autour d’un sondage selon lequel les jeunes voteraient majoritairement pour Marine Le Pen. Je trouvais cette publication très douteuse. J’avais raison. La manipulation était tellement grosse que la Commission des sondages a été obligée de réagir. Ce n’est pas son habitude. Les instituts de sondages bafouent très régulièrement les règles scientifiques ainsi que la législation régissant les sondages. Mais il est si rare que la Commission des sondages intervienne ! Sa réaction est donc exceptionnelle. « Le Monde » a été contraint de publier une admonestation de ladite Commission dans son édition du 17 avril. Ce rectificatif expliquait notamment que : « Le sous-échantillon des "jeunes 18-24 ans" comportait moins de 200 personnes, et cette indication faisait défaut. Eu égard, notamment, à la faiblesse de cet effectif et aux marges d’incertitude qui affectent par voie de conséquence les résultats obtenus, la commission des sondages rappelle qu’ils doivent être interprétés avec une grande prudence. La présentation qu’en a faite Le Monde n’a pas respecté cette règle de prudence ». Comme à son habitude, la Commission des sondages n’a guère fait de bruit. Une petite réprimande qui rase les murs. En effet la loi de 1977 « relative à la publication et à la diffusion de certains sondages d’opinion » permet à la Commission des sondages d’imposer une mise au point diffusée de manière à lui assurer « une audience équivalente à celle de ce sondage » (article 9 de la loi de 1977). On va voir ce que la commission a fait de ce pouvoir. On se souvient que Le Monde publiait son « information » en une du journal et consacrait aux commentaires une page entière (page 3). La mise en point exigée par la commission des sondages n’a été publiée qu’en page 7 du journal, dans un petit encadré perdu au milieu de plusieurs articles. La Commission des sondages n’a aucune autorité. Elle n’est pas en état de faire respecter quelques règles que ce soit. Donc elle ne sert à rien.
L'oligarque français Paul Dubrule m’interpelle dans une lettre ouverte publiée par Les Echos et intitulée « lettre ouverte d’un "exilé libre" à Jean-Luc Mélenchon ». Ah ! Paul Dubrule est le co-fondateur d’Accor, groupe du CAC40 leader mondial dans le domaine de l’hôtellerie. J’ai cité plusieurs fois son nom dans les meetings du Front de Gauche. J’y ai dit que Paul Dubrule est un évadé fiscal, contrairement à ce qu’il affirme dans sa lettre ouverte. Je n’ai rien inventé puisque c’est Monsieur Dubrule lui-même qui a reconnu à plusieurs reprises s’être installé à Genève en 2006 afin de payer moins d’impôts. Le magazine « Complément d’enquête » diffusé sur France 2 le 3 mai 2010 – et dans lequel j’étais invité à réagir – a été le premier à rapporter les propos de Paul Dubrule reconnaissant payer considérablement moins d’impôt en Suisse qu’il ne devrait en payer en France. Monsieur Dubrule avait alors expliqué aux journalistes de « Complément d’enquête » qu’il aurait dû payer 2,5 millions d’euros d’impôt en France en 2006 mais n’en avait payé que 200 000 en Suisse. En décembre 2010, le magazine suisse « Le Bilan » publie son classement des « 300 plus riches de Suisse » et demande à Paul Dubrule pourquoi il s’est installé en Suisse. Ce dernier répond : « Pour des raisons fiscales et familiales. Il y a trois ans, il n’y avait pas le bouclier fiscal en France et ici je bénéficie d’un forfait fiscal ». Un an plus tard, en janvier 2012, Monsieur Dubrule revenait sur ses déclarations… Mais il confirmait payer moins d’impôt en Suisse que ce qu’il devrait en payer en France. Il se disait préoccupé par « les incertitudes fiscales. Les lois peuvent changer du jour au lendemain, on peut supprimer le bouclier fiscal… ». Pauvre chou ! La fortune de Monsieur Dubrule est tellement importante qu’il ne sait plus vraiment ce qu’il a payé comme impôt en France. En février 2012, c’est devant les caméras de France 2 venues l’interroger pour le journal télévisé du 14 février, que Monsieur Dubrule déclare : « Il est normal que j’essaie de le [son patrimoine] gérer au mieux des intérêts de ma famille ». Et de s’interroger : « Est-ce qu’il y a de la grandeur d’âme à se laisser plumer quand tout à fait légalement on peut faire autrement ».
Soudain, voici que Monsieur Dubrule refuse la qualification d'évadé fiscal. Faudrait-il plutôt le qualifier de "déserteur" ? Dans sa lettre, Monsieur Dubrule veut se justifier en expliquant qu’il va payer en 2012 beaucoup plus d’impôt que moi. Mais cela est parfaitement normal ! Sa fortune personnelle est estimée entre 80 et 160 millions d’euros. Oui Monsieur Dubrule, en France, plus on est riche et plus on participe à la solidarité nationale. Donc il est parfaitement normal que vous payiez plus d’impôt que moi. Paul Dubrule conclut sa lettre ouverte en m’interpellant ainsi : « Cher Monsieur Mélenchon, vous pouvez continuer à vous servir de moi dans vos meetings, cela ne me dérange pas ». Ouf, nous voilà rassurés ! Cela dit, on ne s’en servira pas que pendant nos meetings. Monsieur Dubrule doit savoir que le Front de Gauche se servira également des évadés fiscaux lorsque nous gouvernerons le pays puisque nous les obligerons à verser au fisc français la différence entre ce qu’ils paient à l’étranger et ce qu’ils devraient payer en France. Pour être exact, il ne s’agit pas de « se servir d’eux » mais de se servir de leur argent pour organiser un véritable partage des richesses.
Depuis deux jours la campagne marche au rythme d’une boule puante par jour contre moi. Lundi c’était la remise de légion d’honneur de Patrick Buisson. J’y étais. Donc cela prouverait ma connivence avec l’Elysée. A l'origine de cette « révélation » le « Nouvel observateur » et son journaliste d’investigation mondaine Maël Thierry. En fait une commande du PS. Reprise au détour d’une phrase par Jean-Jacques Bourdin qui ne m’avait pas habitué à ce genre de procédé, cette sottise tournera en boucle jusqu’à ce que le communiqué de François Delapierre mette les pendules à l’heure. Jusque-là aucun des « journalistes » qui répétaient comme des perroquets la trouvaille n’avait poussé la curiosité jusqu’à se demander ce que valait cette « information ». Cette remise de décoration a eu lieu il y a quatre ans ! Personne ne le dit. A l’époque Buisson était journaliste et pas conseiller officiel de Sarkozy. Pas un mot sur ce détail. Je polémiquais régulièrement avec lui dans l’émission « politiquement show » de LCI. Personne ne le saura. Je suis donc allé par pur « fair-play » à l’égard d’un adversaire. Je ne suis pas le seul. Jean-Christophe Cambadélis, pour les mêmes raisons, s’y trouvait aussi. Mais à lui, on ne demande rien. A moi non plus, ni à aucun élu car nous assistons à de très nombreuses remises de légion d’honneur à des gens de toutes opinions. Moralité : ne fréquentez aucun journaliste jamais à aucun propos. Le risque est trop grand de le retrouver un jour ou l’autre conseiller du prince. Ou vivant avec un de ses ministres. Ce qui me révulse dans cette affaire c’est que cela parte de ce petit monde qui passe sa vie en déjeuner en ville, vacances communes et plus si affinité. Que ceux-là viennent me provoquer à propos d’une mondanité qui remonte à quatre ans, me donnerait des envies de ripostes si je n’avais mieux à faire ces jours-ci.
Le mardi la journée a commencé avec une photo de moi en compagnie de Bachar El-Assad ! Cette nouvelle « révélation » a transité une nouvelle fois par les « journalistes » du Nouvel Observateur. En fait, en tant que ministre de Lionel Jospin, et sur sa consigne, j’ai été chargé de raccompagner El-Assad à son avion comme c’est le protocole républicain. Nul choix de ma part. Juste un tour de rôle dans le tableau des ministres qui chaque jour ou semaine doivent accueillir ou raccompagner des chefs d’Etat. L’intention malveillante est donc tout à fait évidente. Je suis donc très en colère. Et, du coup, la mémoire me revient de gens que j’ai croisé dans ces occasions officielles. Mais ceux-là étaient là par choix. Ça me revient ! Quand je suis aussi allé chercher Abdelaziz Bouteflika à l’Hôtel Marigny, j’ai dû attendre la fin de sa conversation avec Jean Daniel, le patron du « Nouvel Observateur ». L’un et l’autre sont sortis ensemble et ont descendu les escaliers en se tenant par la main. Jean Daniel était ému aux larmes et rouge comme un premier communiant devant une gourmandise ! Il y a plein de photos de cette scène émouvante. On les regarde ? Quelqu’un veut d’autres souvenirs ? Les tireurs de ficelles qui orchestrent ces petites bassesses feraient bien de s’occuper de l’extrême-droite ! J’invite aussi la direction du « Nouvel Observateur » à s’occuper de l’extrême-droite, au lieu de venir me salir chaque matin. Mais peut-être est-ce trop demander à Laurent Joffrin que de s’attaquer à des gens avec qui il a passé de si joyeuses vacances. Et il y a aussi des photos !
Mercredi matin, nouvelle « révélation » : cette fois-ci un déjeuner « secret » avec Guaino. C’était évidemment il y a trois ans et non il y a huit jours. Ce déjeuner « secret » ayant eu lieu sur la terrasse nullement secrète du restaurant de l’Institut du monde arabe, on devine la bombe qu’est cette révélation. Une nouvelle fois à la manœuvre « Le Nouvel Observateur ». Lequel s’interroge longuement sur la nature de ce lien qu’il m’invente. Ils n’ont que ça à faire ? Oui. Leur but est d’aider Le Pen avec laquelle Laurent Joffrin, le rédacteur en chef, a passé ses vacances tant de fois. Celle-là qui n’en attendait pas tant, fait relayer par ses affidés ce genre « d’informations ». Bref vous l’avez tous compris, je suis sous le feu. La ligne d’action de tous ces gens tient en une idée : « D’accord nous sommes pourris, mais il est des nôtres ». Objectif : ramener Le Pen dans la position du verrou, en troisième position. La une de Libération y fait écho. Elle reproduit un tweet présenté comme l’annonce des résultats : on y voit Le Pen en troisième position. Un monde en ordre enfin ! Demain il y aura autre chose et vendredi de même. Je me demande ce que va être le samedi dimanche.
Bon. J’ai eu le nez creux en refusant de me réjouir de cette vidéo qui m’invitait à prendre le pouvoir sur cette jeune chanteuse. « C’était un canular » ont déclaré depuis ses auteurs ! Non ? Sans blague ! J’aurai quand même souri un peu. Je note que cette sorte de pignouf ne fait pas des canulars avec quelqu’un d’autre que moi. Canulars mais pas téméraires ! Et les mêmes qui n’ont pas eu l’élémentaire courtoisie de me contacter avant ne l’on pas fait davantage après. La classe, pas vrai ? Histoire de se décrasser les esgourdes après cet épisode, je vous propose une chanson créée par Dominique Grange, pour notre temps et qui parle de notre temps : « dégage ! dégage ! dégage ! » Une sorte d’antidote.
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