Le lendemain du jour d’avant

Dans cette note il est question d’Europe. L’actualité accélère les rythmes de décomposition. Puis je viens sur la campagne que je mène dans la 11ème marche-emiliennemopty-05circonscription du Pas-de-Calais. Avec la marche du dimanche 3 juin, c’est une véritable renaissance du mouvement populaire qui s’opère sur place. Des forces considérables, hier éparpillées et combattant chacune de son côté, convergent. Elles ont commencé à se donner à voir dans un flot joyeux de chansons, de pancartes et de drapeaux rouges. Tout cela s’est immédiatement prolongé, dès le lendemain, dans une assemblée sans précédent réunissant plus de deux cent cinquante travailleurs sociaux de toutes professions dans le bassin minier. Quoiqu’il arrive cette campagne aura rallumé ce feu ! Et il n’est pas prêt de s’éteindre, pas davantage que celui allumé à la présidentielle.

En cours de semaine, ce jeudi, j'ai mis à jour mon récit de la campagne pour tenir compte des derniers événements peu réjouissants qui nous sont arrivés ici.

En illustration de ce billet des images de la marche du 3 juin 2012 en hommage à la résistante Emilienne Mopty. Six mille participants ont arpenté la parcours depuis Montigny-en-Gohelle jusqu'à Billy-Montigny où le Front de Gauche tenait un meeting. Photos : N. Messyasz et Remy Blang.

Mise à jour du jeudi.

Les dernières heures de la bataille du premier tour de l’élection dans le Pas-de-Calais sont spécialement glauques. Nous en sommes à six tracts anonymes. Outre les injures connues et les fantasmes sur mes revenus, on en arrive par-dessus le marché aux montages vraiment nauséabonds. Notre protection est voisine de zéro. Nous sommes seuls face à cette déferlante. Les socialistes, les associations proches d’eux, personne ne trouve rien à dire. Trop heureux ! Jusqu’au jour où se sera leur tour et alors qui les défendra ? La campagne est donc totalement pervertie. Quels sont mes véritables tracts, lesquels sont desdsc00395631 faux ? Et quand je dois voir au journal de 20h sur France 2 un de ces tracts où ma photo a été montée pour faire de moi un Adolf Hitler devant la porte d’un camp de concentration je me demande où je vis.

Là-dessus arrive une offensive de sondages ! Faute de présence et même de campagne, le socialiste Philippe Kemel, mon concurrent à gauche dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais en fait son principal argument. Les sondages le décrivent meilleur candidat de second tour que moi ? Quel miracle ! Il s’agit de démontrer que la stratégie « Front contre Front » fait monter le FN. Que les progrès du FN se fassent au détriment du candidat de l’UMP n’atteint pas le cerveau du socialiste. Pour lui, la cible c’est moi. Pas le FN, pas la droite : moi. Revoilà donc le refrain du « vote utile » qui nous est servi en boucle. Puis jeudi, deuxième miracle, pour la première fois un sondage, commandé par le Figaro et TF1, le place en tête de la gauche. Il me devancerait d’un point. Joie, joie sans bornes ! Evidemment le sens critique déjà peu développé de certains commentateurs finit de s’effondrer. Que la différence d’un point n’ait pas de sens statistique, même dans le bidon habituel, n’est pas interpellé. Pourtant si l’écart est d’un point, compte tenu de la marge d’erreur le sondeur aurait pu aussi bien me placer moi devant. Devinez pourquoi il a choisi le contraire ? Pourtant je suis prié de commenter « rapidement » ces merveilles d’études scientifiques qui prouvent scientifiquement qu’il faut voter pour un socialiste. J’avoue ma consternation. Toutes les lois de la physique politique sont défiées. La semaine où le socialiste reconnaît dans le « Canard Enchaîné » avoir triché aux élections internes pour se faire investir, il serait plébiscité. La semaine où l’infâme Dalongeville, l’ancien maire socialiste d’Hénin-Beaumont par qui tous les scandales sont arrivés, lui apporte son soutien, le sondé hurle de plaisir ! La semaine où paraît le tome deux du livre « Rose mafia » qui l’inscrit dans le paysage des connexions que ce livre dénonce, le sondé s’enthousiasme. A l’inverse, trois jours après la plus importante manifestation politique des trente dernières années sur place je reculerais ? Après quatre meetings bondés, je peinerais face à quelqu’un qui vient de mettre quarante personnes dans une salle pour la visite de Jean-Marc Ayrault ! Si c’est le cas je n’y comprends rien. Car en plus de Martine Aubry, il y a aussi le Premier ministre qui est venu sur place soutenir l’impétrant. Chez les dirigeants socialiste, pour me battre, rien n’est trop beau. Et pourquoi ? La clef est révélée dans le « Canard Enchaîné » : la hantise des socialistes est que le groupe du Front de Gauche soit le groupe charnière de l’Assemblée et de la majorité. Et ma présence ajouterait à leur cauchemar. dsc00785637L’indépassable Alain Duhamel, récitant social-libéral en chef, a même décrit en détail le désastre à redouter. D’après lui, si la majorité dépend des députés communistes (notez le distinguo subtil) alors le système sera bloqué et la dissolution sera nécessaire ! Rien de moins. On n’a pas élu l’Assemblée que Duhamel prévoit sa dissolution… à cause des « rouges » ! Comme c’est moderne et neuf que cette vieille peur aigre des bien-pensant !

Bon, je reviens aux sondages parus ces temps-ci sur ma circonscription ! Il y en a eu trois : IFOP 18 Mai – IFOP 5 Juin – OpinionWay 7 Juin. Deux m’ont placé en tête de la gauche. Le dernier paru me place derrière le socialiste. Mais les trois sont plus proches du boniment que de quoique ce soit d’autre. Qu’on en juge. Ces sondages se basent sur un échantillon entre 550 pour le dernier et 600 personnes pour les deux précédents. La marge d’erreur est alors de +2% à +4% ou -2% à -4%, ce qui fait une étendue d’erreur de 8% maximum. Ainsi, concernant les deux candidats de gauche, ces sondages ne peuvent en rien prédire qui des deux sera devant l’autre. Ils ne veulent donc rien dire. Plus précisément, étant donné que les scores de ces candidats sont situés entre 20% et 30%, la marge d’erreur sur ces scores est d’environ +3,3% ou -3,3%. Autrement dit, concernant cette élection, selon les méthodes des sondeurs eux-mêmes, tout ce que nous savons c’est que nous ne savons rien. Mais nous savons cependant au moins une chose qui finit de tout décrédibiliser. C’est qu’une « intention de vote » ne peut pas évidemment se décrire sur la seule base des inscrits sur les listes électorales. On ne peut à la limite compter que les répondants qui se déclarent certains d’aller voter. Combien sont-ils ? Devinez pourquoi, cette information n’est pas communiquée par les instituts de sondage ! Pourtant c’est en réalité à partir de cette proportion que la marge d’erreur doit être calculée. Compris ? Démonstration. Quand on sait que le taux dsc00415632d’abstention aux élections législatives est de plus de 40%, cela voudrait dire que seulement 350 personnes parmi l’échantillon interrogé iront réellement se déplacer pour voter. A ce niveau-là, la marge d’erreur peut atteindre +6% ou -6%…

Nous avons une bonne preuve de l’ineptie de ces sondages par le simple fait que les deux derniers, dont les dates de terrain sont, à deux jours près, les mêmes, présentent des résultats aussi différents : un écart de 5 % sur Le Pen, 3,5% sur Kemel, 2% sur Urbaniak, et ainsi de suite. Cela suffit à prouver que la méthode est biaisée. Car logiquement, au moins l’un des deux est dans l’erreur. Donc la méthode du sondage qui se trompe ne peut être dite fiable. Or non seulement nous ne savons pas lequel des deux se trompe, mais surtout ils ont la même méthodologie d’enquête… Voila le comique de situation : c’est parce qu’il y a deux sondages qu’il est prouvé que les sondages se trompent ! Trop drôle !  

Le plus grotesque dans sa construction est évidemment le sondage OpinionWay réalisé sur un échantillon de 500 personnes. Il annonce un taux d’abstention au premier tour de 14%. Or aux élections législatives de 2007, l’abstention était d’environ 42% dans les communes de cette circonscription du Pas-de-Calais ! Il y a donc un nombre très important de personnes ayant donné une intention de vote alors qu’ils n’iront certainement pas voter dimanche. Tandis que, inversement, comme pour tous les enquêtes par téléphone, on sait qu’il y a de nombreuses personnes qui ont refusé de répondre à ce sondage (l’ordre est habituellement de 9 personnes appelées sur 10 qui refusent de répondre) alors même qu’elles iront voter… L’IFOP, quant à lui, préfère cacher ce gouffre méthodologique en ne donnant pas une estimation de dsc25865596l’abstention. Il donne seulement les résultats en suffrages exprimés. Il suffit de faire confiance. Mais avons-nous des raisons de le faire ?  

On aurait pourtant tort de croire qu'OpinionWay publie son chiffre estimé d’abstention dans un souci de transparence méthodologique. Cela sent fort la combine. En effet, après avoir annoncé le chiffre absurde d’une abstention à 14% au premier tour, l’institut annonce une abstention à 27% en cas de second tour entre le PS et le FN et à 38% en cas de second tour entre le Front de Gauche et le FN ! Or, l’abstention au second tour de l’élection législative de 2007 dans cette circonscription était aussi d’environ 42% : elle était donc non seulement très élevée, mais elle était aussi strictement égale à l’abstention du premier tour. Ainsi OpinionWay veut prétendre que l’abstention ferait un bond de 24% si j’étais présent au second tour ! Une manière de dire – en cœur avec le message médiatique du moment – qu’un duel entre ce dernier et Marine Le Pen « ennuierait » les habitants de cette circonscription. Une manière aussi d’expliquer pourquoi il y aurait un écart beaucoup plus serré entre Le Pen et moi qu’entre elle et le Kemel socialiste. Et pourquoi le sondeur annonce-t-il, en dépit de la faiblesse de l’échantillon, que la moitié des électeurs du centre préfère voter Le Pen plutôt que Mélenchon ? Ou que quatre-vingt-dix pour cent des électeurs communistes voteraient pour ce Kemel qui leur a pris une mairie avec la droite ! Surtout quand on sait que les dits communistes siègent dans l’opposition de son conseil municipal ! Mais ces petits détails sont inconnus des manieurs de coefficient correcteur. Et la taille et la localisation de leur échantillon ne leur permet pas de l’apprendre ! Tous ces biais ne seront naturellement jamais signalés. TF1 a fait son boulot. Au journal de 20 heures la conclusion a été servie sans autre indication et précédée d’une information décisive : dimanche je voterai par procuration afin de cacher que je n’habite pas Hénin-Beaumont. Subtil et délicat comme les bottes des petits camarades de madame Le Pen.

 

Sarkozy est tombé mais le Merkozysme continue. Et même, il contre-attaque. Après que le peuple français a eu l’insolence de voter contre le meilleur ami de madame Merkel, il est admonesté. Mercredi 30 mai, la Commission européenne a transmis au gouvernement français une série de « recommandations ». Celles-ci portent notamment sur les finances publiques et le marché du travail. En pleine campagne je me suis cependant donné le temps d’étudier ce document avec mes camarades les mieux informés. Je ne voudrais pas qu’il passe sans qu’il soit rien dit de son exceptionnelle arrogance. Car la Commission n’y hésite pas à faire peser la menace de « sanctions » si son programme de choc n’est pas appliqué. Je croyais lire la proclamation marche-emiliennemopty-08de ce duc autrichien qui menaçait les Français de représailles s’ils ne rétablissaient pas immédiatement la monarchie.

Voyons le contenu. En résumé, on le devine sans avoir besoin de lire, la Commission appelle à davantage d’austérité et de rigueur budgétaire. Dit dans la langue des libéraux de Bruxelles, cela donne : « La consolidation budgétaire reste un des principaux défis de la politique économique de la France ». La Commission exige : « La stratégie de consolidation doit être davantage spécifiée » et prévient : « La correction du déficit excessif pourra requérir des efforts additionnels ». Ces « efforts additionnels » sont une provocation. Ils méritent examen. Il s’agit bien d’en rajouter par rapport aux plans d’austérité du gouvernement Sarkozy ! La Commission ne saurait mieux dire qu’elle se moque du vote qui vient d’avoir lieu. Elle exige du nouveau gouvernement français qu’il « précise les mesures nécessaires pour s’assurer que le déficit excessif soit résorbé d’ici à 2013, comme recommandé par le Conseil» de l’Union européenne. Pour tenir cet objectif, la Commission européenne propose toujours la même vieille recette cruelle et absurde. Elle juge « important que la hausse des dépenses publiques reste située sous le taux de croissance potentiel du PIB, avec une attention particulière portée à la tendance de l'évolution des dépenses sociales et des collectivités locales ». En bref, coupez dans les budgets publics et les prestations sociales. Car une « hausse des dépenses marche-emiliennemopty-13publiques sous le taux de croissance du PIB » revient en fait à faire reculer la part de dépenses publiques dans le PIB. C’est la même méthode qui a poussé la Grèce vers le chaos et qui est en train de faire de même en Espagne.

Mais ce n’est pas tout. Les libéraux ont élargi la cible depuis plusieurs mois. Ils visent à présent systématiquement la question des salaires et des contrats de travail. C’est même le cœur de leur projet. La Commission estime que les salariés français sont trop payés ! Pour elle « depuis 2000, les salaires nominaux ont augmenté plus vite que la productivité ». Mais moins que la vitesse des ascenseurs a-t-on envie de répliquer tellement ce genre de comparaison n’a pas de sens ! Et elle met en garde à l’avance contre toute hausse du SMIC. Mais oui. Ils ont dû entendre parler de notre insistance à obtenir le contraire. Concernant le « marché du travail », marche-emiliennemopty-09la commission radote l’appel à des « réformes structurelles ». Comme on le devine, il ne s’agit pas de la sécurité sociale professionnelle. Pour la Commission européenne comme pour le FMI, c’est exactement le contraire. La Commission critique la « segmentation » et le « cloisonnement » du marché du travail entre contrats précaires et CDI. Mais dans le sens diamétralement opposé à nos préoccupations. Pour elle, le problème n’est pas la précarité mais le « haut degré de protection légale » incluse dans le CDI. C’est dorénavant un thème permanent des recommandations libérales. Et à l’avenant, la Commission demande que soit élargi le champ des licenciements économiques. Elle demande qu'ils soient autorisés pour améliorer la rentabilité des entreprises et leur compétitivité. Rien de moins. De telles outrances consternent par leur violence et leur profonde stupidité compte tenu du contexte dépressif dans lequel s’enfonce déjà l’économie du vieux continent. Mais que tout cela soit exigé sur ce ton, quinze jours après la défaite de Nicolas Sarkozy montre ce que j’ai déjà décrit cent fois ici à propos du mécanismemarche-emiliennemopty-12 autoritaire qui est à l’œuvre dans le délire européen actuel.

Il y a là un exemple caricatural de la méthode qui anime cette Europe libérale devenue folle d’aveuglement. La Commission propose de poursuivre les mêmes méthodes qui ont échoué partout en les aggravant encore. A l’inverse, le Front de Gauche propose de changer radicalement de paradigme. Quelle ligne va choisir François Hollande ? Disons-le clairement, s’il veut appliquer les « recommandations » de Barroso, ce sera sans nous et même contre nous. A l’inverse, s’il s’y oppose et qu’il veut résister, nous sommes prêts à l’aider. Je devine déjà la réplique des puristes : « Comment pouvez-vous douter qu’il cédera, comment pouvez-vous croire qu’il puisse vouloir résister ? N’avez-vous pas vu déjà ce qu’ont fait Papandréou en Grèce, Zapatero en Espagne, Socratès au Portugal ? ». Si, bien sûr, j’ai vu. J’ai même annoncé à l’avance. Ou est alors la différence ? La différence est précisément que tout cela a déjà eu lieu. Et que les survivants et les nouveaux élus en Europe le savent. Pour eux aussi trop c’est trop. Aussi portés qu’ils soient à la marche-emiliennemopty-10capitulation, ils savent qu’elle ne sert à rien, ne mène nulle part, ne produit aucun effet autre qu’une agonie économique et politique vite dénouée dans le désastre. Rajoy en Espagne et même cet ectoplasme de Mario Monti n’en peuvent déjà plus. Obama lui-même appelle à la relance en Europe. Je crois qu’il y a des points d’appui avant la catastrophe et il faut faire savoir que ceux qui s’y cramponneront seront aidés. Car la résistance elle aussi à sa propre dynamique interne. Aucun des mécanismes prévus, à commencer par le fameux mécanisme de stabilité financière d’ailleurs bloqué du fait qu’il n’a pas été adopté en Allemagne, ne peut faire face à la faillite de l’Espagne ! Aucun. La mascarade approche de la fin. Une étape essentielle va avoir lieu le dix sept juin prochain avec le vote des Grecs. Et avec le vote des Français. Le nombre de députés du Front de Gauche dans les deux pays va donner le sens des événements en Europe. Si nos amis de Syriza gagnent et si nous sommes le groupe charnière à l’Assemblée, toute la situation peut basculer. Deux « si », certes. Mais à portée de main. Dans ces conditions nous n’avons pas intérêt à confondre nos relations avec le Président de la République avec celles, détestables, que nous impose la direction du Parti socialiste. Le premier a l’initiative. Il doit nécessairement se confronter à un dispositif international hostile. Le second est un vague ramassis de supplétifs hargneux qui fera bien ce qui lui sera dit de faire par ceux qui distribuent les bonnes places. De tous les points de vue, au plan institutionnel comme politique, la clef est à l’Elysée pas à Solférino. S’il existe un espoir de voir commencer une résistance du pays, personne ne peut croire qu’elle puisse venir d’un seul marche-emiliennemopty-04hiérarque du PS ! Mais le Président ? C’est la question.

En attendant, pas un jour ne passe sans que la mystification de cette Europe-là n’éclate aux yeux de tous. Voyez le récent référendum en Irlande. Il était impossible au gouvernement d’y échapper. En effet, la constitution oblige le gouvernement à réaliser un référendum pour tout transfert de souveraineté. Les irlandais ont donc pu voter mercredi sur le traité Merkozy. Au Danemark aussi la constitution permet la tenue de référendum en cas de transfert de souveraineté. Mais les socialistes veillaient au grain. Le gouvernement à majorité social-démocrate a refusé la demande de référendum posée par nos camarades de l’alliance Rouge-Verte. Le traité a donc été ratifié sans que le peuple n’ait eu son mot à dire. La social-démocratie et la démocratie sont dorénavant fâchées. Tel est l’aboutissement de la ligne social-libérale.

En Irlande, la campagne a été rude pour les partisans du « non ». Comme lors du deuxième référendum sur le Traité de Lisbonne, en 2009, ils ont dû affronter la propagande de terreur des partisans du « oui », composé de l’inévitable tandem que forment dorénavant la droite et les sociaux-démocrates. Tout y est passé : du prétendu isolement dans lequel se retrouverait l’Irlande si elle votait « non », en passant par le fait qu’elle ne pourrait plus bénéficier des « aides » de la Troïka au titre du Mécanisme européen de stabilité puisqu’elles ne sont pas versées si le pays n’a pas ratifié le traité Merkozy. Le ministre des Finances a même menacé d’augmenter les coupes budgétaires en cas de rejet du traité. Quant au Premier Ministre, il s’est lancé marche-emiliennemopty-14dans des prédictions hasardeuses en annonçant triplement des intérêts de la dette en cas de victoire du « non ». Les irlandais ont donc cédé. D’autant qu’ils se souviennent que la dernière fois on les a obligés à revoter jusqu’à ce qu’ils disent « oui ».

Le « oui » l’a donc emporté. Les eurocrates exultent ! Peu leur importe que ce soit sur un abîme de haine et de dégoût pour eux. Car on peut d’ores et déjà tirer plusieurs enseignements de ce scrutin. Le premier est que la majeure partie des Irlandais n’adhère pas au traité. La participation est effectivement en chute libre : seuls 50% de la population se sont déplacés. La seconde c’est que ce vote est un vote de classe. Comme en 2009, la cartographie des votes montre que dans les quartiers populaires, c’est le « non » qui l’emporte. Bientôt nous commencerons la bataille en France. Le Front de Gauche prendra des initiatives dès la composition de l’Assemblée connue.

Dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais la bataille politique fait rage. Au plan local c’est une vraie joute à l’ancienne avec ses polémiques et rebondissements. Pour ma part je combats à la romaine. Petit bourg ou grande place : deux marche-emiliennemopty-19fossés, deux palissades ! Nous sommes partout, tout le temps, selon une technique qui fait mes délices et ceux des communistes locaux qui ont la même tactique de combat que moi. Nous avons tenu une réunion par semaine sauf celle-ci où il y en aura trois. La marche a été un gros succès qui a fait éclater de rage le pauvre Steeve Briois qui n’y a compté que cinq cents personnes au contraire de la police, ce ramassis de bolcheviks, qui en a compté trois mille, la presse locale quatre mille et nous, bien sûr, six mille ! Nous couvrons les murs âprement, nous faisons toutes les arrivées de gare, tous les marchés quotidiens, toutes les cités au porte à porte. Pas un instant nous n’oublions que nous partons de 15% à la présidentielle et qu’il faut doubler le score pour passer dans le duo de tête. Bref, nous ne gérons pas une rente de situation. Aucun sondage ne nous a grisé, ni la mauvaise foi de ceux qui ont annoncé que c’était gagné pour moi pour mieux se réjouir du contraire le cas échéant.

Au plan national on ne voit que ce que les médias en retiennent. Comme d’habitude je pars avec deux mains attachées dans le dos sous un flot d’injures et de bienpensance bouffie. La lecture de la « Charente libre », ou pire, de l’ignoble « Ouest-France » donne la mesure de l’infection des élites de droite par la sympathie pour l’extrême-droite. Par-dessus le marché je dois affronter le déséquilibre des temps de parole dans les médias audiovisuels. Une part d’entre eux sont présents sur place dans la durée. L’autre vient au seul marché du vendredi à Hénin-Beaumont faire les clichés qui pourraient être écrits depuis le pôle nord ou la planète Jupiter. Je ne peux m’empêcher de sourire en coin quand je vois la Le Pen jouer les prix de vertu, elle et son parti. Mais depuis son avènement à la tête du parti d’extrême-droite et en vertu du brevet de dédiabolisation qui lui a été attribuée par certains, il semble qu’elle bénéficie d’une large amnistie. Pas de notre part, on s’en doute ! Les méthodes délinquantes du FN sont avérées de longue date et l’actualité les a confirmées. Ainsi quand Marine Le Pen s’est « félicitée » de la diffusion d'un tract anonyme produisant un faux appel à voter pour moi. Mon camarade Hervé Poly a déposé plainte pour « engagement illégal de dépenses électorales ». En effet, comme ce tract anonyme comporte ma photo et se termine par l’appel « Votons Mélenchon », il pourrait être considéré comme du matériel de ma campagne. Il n’en est rien bien sûr et c’est là le cœur de la question au plan légal. Or l’article L 113-1-III du code électoral est très clair. Voici ce qu’il dit: « Sera puni d'une amende de 3 750 euros et d'un emprisonnement d'un an, ou de l'une de ces deux peines seulement, marche-emiliennemopty-23quiconque aura, pour le compte d'un candidat ou d'un candidat tête de liste, sans agir sur sa demande, ou sans avoir recueilli son accord exprès, effectué une dépense » électorale. Le délit est clairement établi et les faits correspondent parfaitement. La difficulté de ce genre d’affaires est généralement que les « anonymes » qui diffusent ce genre de tracts restent anonymes pour la justice aussi.

Mais là, ce n’est pas le cas. Nos camarades ont pris sur le fait des clochards politiques en train de le diffuser. Ces « anonymes » circulaient dans une camionnette immatriculée dans les Hauts-de-Seine. Et dans cette camionnette se trouvait un écriteau avec la mention « DPS » suivi d’un nom et d’un numéro de téléphone. Pour ceux qui ne le savent pas, « DPS » signifie « département protection sécurité » et c’est le nom du service d’ordre du Front National. Les anonymes sont donc démasqués ! Et comme une plainte a été déposée, voici que les amis de Marine Le Pen ont paniqué. D’où d’importants cafouillages dans la réplique qu’ils ont dû produire ! S’ils niaient, ils étaient vite démasqués au moins par l’enquête sur la propriété du véhicule. Ils ont donc commencé par reconnaître « avoir été informés » de l’idée de ce tract anonyme. Tout en reconnaissant l’avoir approuvé. Immédiatement après que nos camarades ont coincés leurs gorilles, voici ce que déclarait les principaux dirigeants du FN. Je vous livre la version donné par l’AFP : « Bruno Bilde, directeur de campagne de Mme Le Pen, a expliqué que cette initiative "individuelle", dont le FN "se félicite", émanait de "proches" du parti. (…) M. Bilde a par ailleurs indiqué que le FN avait été consulté avant l'impression et la distribution du tract, qui n'a pas été financé par le FN mais par des "proches", selon lui. ».

Cela ne tenait pas debout. Quelle bande de bons a rien. Dès le retour du chef, changement d’angle de riposte. Car entre temps les avocats avaient fait le point et les nouvelles n’étaient pas bonnes. Grosse colère de la dame. Marine Le Pen a dû reconnaître son implication directe dans le délit. Définitivement coincée, elle a déclaré « assumer pleinement » ce tract. Contradiction évidente avec la première version des faits. Logiquement il lui a fallu surenchérir pour amortir le ridicule de cette pitoyable équipe qui se fait prendre la main dans le sac. Sur Canal+ elle déclare donc que c’était un « coup médiatique, un coup de communication ». Cet aveu ne manque pas de piquant venant de celle qui dénonçait ma venue dans le Pas-de-Calais comme un « coup médiatique »

Quelle guignolade ! Pour essayer d’éviter l’enquête, Madame Le Pen a même déclaré qu’elle intégrerait ce faux tract dans ses propres comptes de campagne. Intégrer dans son compte de campagne un document anonyme appelant à voter pour moi ! Je jubile ! Ce que cet épisode révèle, c’est l’état du FN sur ce terrain que la madame et son armée de bras cassés est censée « labourer » et même avoir pour « fief » ! Le grand n’importe quoi est servi ! La voiture est immatriculée dans le 92 et le militant a reconnu avoir été payé pour faire le sale boulot. Ils le font en plein jour parce qu’ils sont une poignée de militants à gage qui militent aux horaires de bureau et sont dirigés par des permanents rentiers de situation électorale acquise. Quant à elle, même en pleine campagne électorale, elle est peu présente dans la circonscription, comme en témoigne son agenda envoyé aux médias. Lesquels sont bien souvent peu regardant à propos de la réalité de son implantation. Tout ça fait beaucoup d’improvisations et couacs d’autant plus spectaculaires qu’il s’agit du haut état-major du parti : la présidente, son directeur de cabinet et le secrétaire général du parti. Rien de moins que ça et au bout de la chaîne une poignée d’ahuris qui se fait serrer en marche-emiliennemopty-24train de distribuer des tracts anonymes. Rigolade !

Nous, par contre, nous sommes présents partout, tout le temps ! La campagne est un moment qui ne se mégote pas. Je suis là en permanence ou presque. Mon suppléant Hervé Poly est là continuellement. Dans toutes les communes, le tractage, le boîtage et les marchés se font chaque jour et chaque soir grâce au réseau de nos partis et principalement celui des communistes sans oublier la masse de citoyens et de syndicalistes qui se sont présentés spontanément à la permanence pour se porter volontaires. Nous avons tenu au moins une réunion publique par semaine dont une marche de masse dans les rues de deux communes. La dernière semaine nous avançons au rythme d’une réunion par jour. Les initiatives fleurissent parfois drôles et provocantes. En voici une très spéciale que j’ai découverte en roulant vers Lille pour le débat de France 3. De facétieux anonymes ont installé sur un terril un triangle rouge de cent mètre carré et les drapeaux rouges du PG et du PCF ! Les fascistes ont passé la journée à essayer d’enlever cette magnifique décoration. On m’a raconté qu’à l’inverse de courageux citoyens s’efforçaient de les en empêcher, révulsés qu’ils étaient par leurs affreux tatouages nazis et leurs mines patibulaires !

Sur le marché d’Hénin aussi sont arrivés d’étranges personnages vraiment très inquiétants. Nous leur avons aussitôt infiltré une taupe car ce sont aussi des amateurs en dépit de leurs airs de gros durs. Il s’agissait de militants d’extrême-droite identitaires venus soutenir madame Le Pen depuis Roubaix où ils animent une « maison des Flandres » me dit-on. Mauvaise pioche pour la dame que ce genre de renforts trop voyants qui font peur aux passants sur le marché. Elle les a donc reniés et insultés elle-même sur France 3. Pour le citoyen lambda, ces faux tracts, ces vrais supporters patibulaires qu’elle récuse, tout cela donne le tournis. Surtout qu’elle-même est entourée de grands costauds qui se la jouent avec des airs de grands féroces. Cette ambiance glauque est aggravée par les encouragements que donne Marine Le Pen. Ainsi quand elle « se félicite » et « assume pleinement » les méthodes de voyous des fabricants et diffuseurs de faux tracts ! Elle a même indiqué qu’elle était prête à recommencer ! « Le prochain tract va arriver la semaine prochaine, vous aurez la surprise » a proclamé l’amie des faussaires. Mais le plus insupportable, sous prétexte peut-être que faute avouée est à demi pardonnée, la diffusion du tract de faussaire a continué, justifiant une nouvelle plainte. En effet, dès son retour d’Amérique du sud, Raquel Garrido, mon avocate, qui faisait campagne pour le siège de député de l’étranger, a repris l’affaire en main et une nouvelle plainte a été déposée qui implique le fond du procédé. Peut-être cela devrait-il dissuader les distributeurs de faux tracts de continuer leur sale besogne. En tous cas les naïfs qui la croyaient quand elle dénonçait les voyous et le laxisme de la Justice, n’en reviennent pas de la voir faire désormais l'apologie d’un faux et des délinquant qui le distribuent. Car il n’y a pas besoin d’être grand clerc pour savoir que faire un faux tract et engager ainsi une dépense électorale sans l'accord du candidat auquel on l’attribue est un délit puni par la loi. Cette publication d’un montage est une manœuvre frauduleuse. Ces deux actions sont punies par le code pénal. Quant au code moral c’est pire. Qui peut croire que des marche-emiliennemopty-25élections honnêtes soient possibles si chacun publie des tracts sous le label de ses concurrents ?

L’ampleur de cette fraude et l’énormité du procédé laisse pantois certains amis trop naïfs. Le moment est venu de faire un bref rappel d’un fait perdu de vue, ces temps-ci ! Ces délinquants sont des multi-récidivistes. Au conseil régional du Nord-Pas-de-Calais, 2 des 16 candidats élus sur la liste de Marine Le Pen ont été condamnés par la justice :  Marine Le Pen, condamnée en 2011 pour diffamation, Philippe Eymery, condamné en 1996 à de la prison avec sursis et 5 ans d'inéligibilité pour « provocation à la discrimination raciale ». Il faut aussi rappeler le palmarès des rares élus du FN à la tête de municipalité. En effet les principaux maires élus sous l'étiquette FN ont tous été condamnés ! Jacques Bompard, fondateur du FN et maire d'Orange, mis en examen pour prise illégale d'intérêts le 13 décembre 2010. Le 18 octobre 2011, la chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte-d'Azur pointe des irrégularités dans sa gestion municipale à Orange : « Une grande partie des dépenses correspondent à une consommation personnelle ou familiale et sont sans rapport avec la fonction de représentation du maire ». Marine Le Pen devait le rencontrer le lendemain (source : France-Soir). Avez-vous oublié aussi Jean-Marie Le Chevallier, ancien bras droit de Le Pen, maire de Toulon, élu sous l'étiquette FN. Condamné en 2001 pour détournement de fonds publics. Et Daniel Simonpiéri, maire de Marignane, élu sous l'étiquette FN. Condamné en 2011 pour emploi fictif, fausses factures et favoritisme. Et Catherine Mégret, ancienne maire de Vitrolles, élue sous l'étiquette FN. Condamnée pour détournement de fonds publics. En tous cas, il y en a un ici qui ne devrait pas avoir oublié ce genre d’exploit c’est le fameux Steeve Briois, le porteur de sac de madame Le Pen à Henin-Beaumont. En effet en 1998, Daniel Simonpiéri, Bruno et Catherine Mégret ont quitté le FN pour créer le MNR. L'un de leurs principaux soutiens était alors Steeve Briois. C’est un tout petit monde que celui de ces donneurs de leçons si mal placés pour jouer les prix de vertus civiques.

La semaine passée a été particulièrement ardente pour moi. J’ai ajouté a mon programme deux escapades hors de ma circonscription. L’une d’abord en direction des deux circonscriptions de l’Essonne où sont candidats les hommes clefs de ma campagne présidentielle, François Delapierre, le directeur de la campagne et Gabriel Amard, l’organisateur des événements de masse du Front de Gauche dans la présidentielle comme la Bastille et ses répliques à Toulouse et Marseille. Puis mardi j’ai établi un record. J’ai été présent dans sept circonscriptions de la capitale. Là encore c’était une participation en forme de remerciement pour des personnages essentiels de mon équipe de campagne. Le duo Ian Brossat et Danielle Obono dans le 18ème arr., Leila Chaïbi dans le 13ème, Alexis Corbière dans le 12ème, Danielle Simonnet et Didier Le Reste dans le 20ème, et enfin ma complice Martine Billard, tous ont été au cœur du dispositif qui a créé et alimenté sans trêve la dynamique dont on se souvient. En revenant ensuite dans le Pas-de-Calais faire campagne avec Laurence Sauvage du Front de Gauche des luttes juste avant le meeting de Calais, j’étais dans le même état d’esprit. A Calais, aux côtés des marins de SeaFrance, puis devant cette place de meeting, avec mon camarade de banc au Parlement européen Jacky Hénin, je ne faisais que côtoyer des partenaires de toujours, en quelque sorte. Une bataille politique comme celle que nous venons de mener et celle que nous prolongeons ne peut se concevoir si l’on ne sait pas que c’est aussi, et parfois surtout, une aventure humaine. Des gens très différents s’assemblent, souvent par hasard, et ne peuvent plus se quitter ensuite. Dans ces mois de coude à coude, l’effort à fournir impose une cadence et une synchronisation de gestes qui tissent entre les camarades des liens de connivence d’une force exceptionnelle. Je suppose que c’est ce que doivent ressentir des gens qui ont été sur une même cordée en montagne. A présent nous sommes en limite d’épuisement. Chaque jour je passe quelques coups de fil pour savoir où en sont les camarades, ici où là dans le pays. Ils sont loin d’avoir la chance d’une médiatisation aussi intense que celle dont je bénéficie. Je sens à leur voix la violence du choc qu’ils subissent sur place. Le bonheur des rencontres et du travail politique n’efface pas l’angoisse de la vie personnelle malmenée par cette terrible épreuve d’un engagement si long, si intense et si épuisant.

Pendant longtemps, parmi les nôtres, ceux qui ont été membres du PS autrefois se sentaient blessés par la hargne méprisante des anciens camarades. A présent il n’y a plus aucun affect. Le PS est universellement ignoré et méprisé par tous. Je crains les conséquences sur les deuxièmes tours. Mais en tous cas tel est le bilan depuis que le dispositif des législatives face au FN a montré que les chefs du PS préfèrent voir n’importe qui élu plutôt que l’un des nôtres. Le cas de la circonscription de Sylvie Andrieux est spécialement démonstratif. Ce sont les socialistes et personne d’autre qui, en pleine campagne, lui retirent l’investiture. Ils veulent donc ainsi signifier qu’elle n’est pas digne de les représenter du fait de son renvoi en correctionnelle. Qui est alors digne de les représenter ? Ils ne le disent pas. Pourtant ils pourraient annoncer leur soutien à la candidate du Front de Gauche puisqu’ils ne peuvent pas déposer d’autre candidature ! Non, ils préfèrent mettre en danger la circonscription. Car celle-ci est menacée par la droite et l’extrême droite. L’exclusion de Sylvie Andrieux donne des arguments à ses accusateurs. Elle rend donc service à la droite et surtout à l’extrême droite. Alors pourquoi refuser de proposer le vote marche-emiliennemopty-30pour Marie Batoux, la candidate du Front de Gauche ? Toute cette hypocrisie est destinée à avoir le beurre et l’argent du beurre. Si Andrieux est battue, le PS ne sera pas concerné par la déroute et si elle est élue, elle sera autorisée à courir s’inscrire au groupe PS avant réintégration comme c’est la tradition. C’est exactement la même chose pour Kucheida dans le Pas-de-Calais dans la circonscription limitrophe avec la mienne. Le PS a exclu Kucheida et nommé un autre candidat. Que fait Martine Aubry le jour où elle vient dans le bassin minier ? Va-t-elle aider le jeune challenger de Kucheida ? Non, elle se présente cinq kilomètres plus loin pour faire campagne en faveur de mon concurrent socialiste. Il n’y avait rien de mieux à faire ? Comme le dit le maire socialiste de Oignies tel que le rapporte le journal « le Monde » : « Elle a peut-être plus peur de Mélenchon que de le Pen ». Ce n’est pas moi qui l’ai dit ! En tous cas ici Kucheida est annoncé réélu. Donc il sera réintégré au PS, lui et tous les autres exclus du secteur. Pourquoi l’avoir exclu alors ? Pour pouvoir échanger sa réintégration et celle des autres contre la démission de Daniel Percheron de sa présidence régionale. Le remplaçant est déjà annoncé, il s’agit du camarade De Saintignon, le premier vice-président et homme lige de la maire de Lille. Tout ça pour ça ! Comédie !

La semaine passée, la droite imposait à l’ordre du jour du Parlement européen le vote d’une résolution condamnant le Vénézuela. Le moment était bien trouvé : le Venezuela est en pleine période pré-électorale. Le prétexte à cette résolution? La décision du gouvernement vénézuélien de quitter la Commission Inter-américaine des Droits de l'Homme (CIDH) et la Cour Inter-américaine des Droits de l'Homme. Ce sont les deux organismes de protection des droits de l'homme de l'Organisation des Etats américains (OEA). La droite, qui n’a jamais condamné le coup d’Etat au Honduras, se précipite pourtant pour condamner cette décision. Je pourrais m’en tenir à ce constat sans rien dire de plus. Mais je tiens à faire jusqu’au bout la pédagogie de ce genre de situation, condamnations et indignations de commande, dont les Droits de l’Homme sont le prétexte toujours chéri par les réactionnaires contre les gouvernements de révolution démocratique. Préparez-vous. Car après cela et la condamnation contre la nationalisation du pétrole en Argentine vous allez voir bientôt arriver les indignations sur les Droits de l’Homme en Grèce sitôt que cessera le martyr actuel des Grecs et commencera celui des banquiers. Pour l’heure, avec cette nouvelle attaque contre le Vénézuela, on va déjà découvrir un excès de zèle. Car la dénonciation arrive avant la décision. En effet le processus législatif suit son cours. C’est l'Assemblée Nationale qui décidera en dernière instance. Et ce n’est pas fait.

Mais cette Cour des Droits de l’Homme, que vaut-elle ? Notons que seuls 24 pays sur les 34 de l’OEA y adhèrent. Ni les États-Unis, ni le Canada ne les ont ratifiées ! Mais oui ! Mais cela ne semble pas émouvoir la droite européenne. Elle n’a pas davantage présenté de protestation contre les Etats-Unis qu’elle ne le fait contre leur violation répétée des résolutions quasi unanimes de l’ONU contre l’embargo sur Cuba. Ni contre les autres états qui sont sortis eux aussi de cette « Cour ». Car ce n’est pas non plus la première fois qu’un pays décide de sortir de ces instances. En 1998, Trinité-et-Tobago l’a fait. Qui protesta en Europe dans ce saint siège des vertus humaniste qu’est le noble parlement de l’Union européenne ? Personne bien sûr ! Au Vénézuela on a quelques raisons de ne pas avoir de regrets à propos de cette « Cour » et de sa conception des Droits de l’Homme. Pendant les trente années de répression qu’a vécu le Vénézuela entre 1969 et 1999, la CIDH n'a admis que 5 pétitions contre l'État Vénézuélien. Pourtant d’innombrables violations des Droits de l'Homme, répression violente, disparitions, tortures, assassinats étaient dénoncée de tous côtés. Par contre, depuis l'élection de Chavez en 1999, c'est-à-dire en 12 ans, la CIDH a admis plus de 36 pétitions en ignorant les avancées significatives qui ont eu lieu au Venezuela en matière des Droits de l'Homme. Mais voici pire. Voici qui vous dira mieux que tout qui sont ces nobles juges des Droits de l’Homme. Le 11 Avril 2002, la CIDH a reconnu et a essayé de légitimer le coup d'État contre le président Chavez ! C’est pas beau ça pour une cour des Droits de l’Homme, d’approuver un putsch ? C’est donc en toute logique que depuis 2002 le Vénézuela refuse de recevoir des visites de la CIDH sur son territoire. La CIDH en outre a admis de nombreuses dénonciations contre le Vénézuela en dépit du caractère plus que bâclé de ces dénonciations remplies d'imprécisions, sans noms, dates, lieux en relation avec les faits dénoncés. Elle s'est souvent faite l'écho des affirmations de la presse et des organisations politiques ouvertement hostiles au gouvernement. Elle a en outre admis et diffusé des dénonciations fielleuses contre d’hypothétiques conséquences de l'adoption de certaines lois par le parlement. Mais jamais personne n’a lu quel bilan elle tirait ensuite de leur mise en œuvre effective. Bref cette Cour est un machin hostile et sous influence. Il existe d’autres références en matière de Droits de l’Homme sur place et elles disent tout autre chose.

Ainsi ces prises de position contrastent singulièrement avec celles du Conseil des Droits de l'Homme de l'ONU. Ce dernier reconnaît que le Vénézuela a adopté la majorité des recommandations faites par le Conseil. Parmi celles-ci d’ailleurs, il y a notamment les recommandations de notre chère Union européenne. Le Conseil a également reconnu que le Vénézuela continue à approfondir ses efforts pour faire avancer les Droits de l'Homme dans le pays. La résolution des sociaux-démocrates, des Verts et de la GUE/NGL, mon groupe au Parlement européen, présentée au Parlement européen, se fait l’écho de cette reconnaissance par l’ONU. Mais celle de la droite constitue une attaque en règle à visée électorale. Ce texte n’est destiné qu’à fournir de quoi écrire sur place dans les journaux éthiques et indépendants : « L’Europe dénonce le Vénézuela de Chavez ». Les agences d’influence de la CIA qui organisent ce genre de numéro peuvent ensuite justifier leur existence et réclamer de nouveaux crédits. Là, c’est très réussi car la motion de la droite a été adoptée. De nombreux crétins vont se dire « troublés » et ainsi de suite. Bien joué oncle Sam !  Je n’étais pas présent lors de ce vote. J’étais dans le Pas-de-Calais. Là où les mêmes agences font susurrer des mots doux pour madame Le Pen.

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