« Il faut fermer toutes les
centrales nucléaires du pays »
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Dorénavant, il me faut marcher quasi-quotidiennement sous l'outrage. J’évoque en début de post celui que me fait subir le postillonnant Cohn-Bendit. Puis, je parle de l'Ukraine, qui occupe le devant de l'écran. Peut-on parler de la situation autrement que comme pendant la Guerre froide ? Peut-on choisir la paix ? Peut-on regarder les Russes comme des partenaires plutôt que comme des ennemis héréditaires ? J'essaie. Les brutes, pendant ce temps, psalmodient. Après cela, je fais la dénonciation argumentée de la nouvelle escroquerie de Valls pour l’annonce des résultats des prochaines municipales. Ensuite, je vous fais la présentation du travail incroyable du programme européen des solfériniens. Vous y découvrirez comment ce qu’il propose sous le nom de smic européen conduirait à réduire le smic en France sous couleur d’en créer un au niveau européen. Et comment celui qu’ils ont prévu d’instituer n’en est pas un et ne règle aucun des problèmes du dumping social qui mine l’Europe.
J’ai achevé d’écrire ces lignes à Bruxelles où je me trouvais pour participer à la seconde session de fondation du réseau européen écosocialiste. Cette fois-ci, dix-neuf pays sont représentés et le réseau est officiellement constitué avec un secrétariat technique et une déclaration de principe évolutive. Ainsi, parmi toutes les tâches qui nous accablent, nous avons continué à travailler sur le fond et pour la construction d’une organisation idéologiquement alternative.
La stratégie de l'outrage
Depuis des mois, je suis l’objet d’une campagne permanente qui tourne autour des mêmes thèmes dorénavant rabâchés depuis le premier jour de ma sortie du Parti Socialiste. Je serais celui qui est « autoritaire, défend des dictateurs, n’a aucune proposition ». Certes, c’est sans preuve, et ma vie réelle est l’inverse de cette trilogie. Mais ça reste de la politique, au moins en apparence. Toutefois, depuis quelques temps un seuil est franchi et me voici soumis à l’outrage permanent… Il est d’abord visuel comme l’a démontré le travail de l’OPIAM récemment, en produisant cet exemple d’une photo très dévalorisante publiée trente fois en moins d’un an, notamment par « Le Monde ». Ou bien celle, particulièrement honteuse, publiée par le « Télégramme » et deux journaux allemands.
Bien sûr, il y a aussi ces cas extrêmes, pouvant aller jusqu’au trucage pur et simple d’un cliché. Comme l’a fait « Le Monde ». Le quotidien, en grave difficulté du fait de la fuite du lectorat avide d’information plutôt que de prescriptions et injonctions, verse dans le racolage provocateur vers la droite d’une façon de plus en plus grossière. Mais il n’est pas isolé. Il n’empêche : dorénavant, sous la houlette de quelques personnes et par l’effet de répétition en boucle typique des panurges médiatiques, de pures inventions à mon sujet sont mises en circulation. Aucun « journaliste » ne se mêle de vérifier quoi que ce soit quand une boule puante est lancée. Non seulement ils ne vérifient rien, ce qui est pourtant le cœur de leur métier, mais, pour « simplifier », ils en rajoutent. Ainsi, quand Bové dénonce mon prétendu absentéisme au Parlement européen les perroquets « simplifient » en cadence : je ne « ferais rien » au Parlement européen. Que la réalité soit exactement à l’inverse, que je sois parmi les premiers Français et Européens en terme d'activité, comme le montre le site MEP–Ranking, ne chagrine aucun des grands champions médiatiques de l’indignation sélective. Naturellement, cela n’a rien d’idéologique et rien d’un complot. C’est tout simplement la fainéantise. Personne ne vérifie rien, ne creuse rien, par paresse et rien de plus.
La bonne tactique pour mes détracteurs est de lancer une boule puante. Ils ont la certitude d’avoir une ample reprise de presse. N’importe qui peut s’y livrer sous n’importe quel prétexte. Ainsi quand des personnes sont rejetées par leur comité local du parti de gauche du fait de leur égotisme agressif, ou de leur machisme, ou de leur incompétence, ou de leurs insupportables chantages au départ. On en voit qui démissionnent à répétition du PG en me prenant pour cible, moi qui ignore souvent jusqu’à leur existence avant de les voir se plaindre de moi. Mais leur gloire d’un jour est assurée systématiquement par le « Nouvel Observateur » et par les autres journaux paroissiaux du PS. Depuis cinq ans, certains « journaux », ou se revendiquant tels, n’écrivent ainsi et ne publient d’images à mon sujet qu’à charge ! D’autres vieilles gloires décaties ont épousé le procédé. Ainsi encore quand Cohn-Bendit va postillonner toutes sortes d’injures parmi les plus vulgaires contre moi à deux reprises sur « Europe 1 » et « France Inter » le même matin. Même Jean Michel Apathie s’émeut du procédé qui consiste à répéter deux fois la même harangue, l’une comme « chroniqueur » sur Europe 1, l’autre comme invité politique sur France-Inter avec Patrick Cohen, qui lui a pourtant passé confraternellement les plats, sans commentaires ni interruption. Pourtant, le décryptage était facile à faire. Michel Soudais l’a fait dans Politis à l’adresse de son propre confrère qui m’accablait.
Ainsi donc, Cohn-Bendit s’insurge contre mon prétendu « soutien à Poutine » ! Ni « Europe 1 », ni Patrick Cohen ne font une remarque sur le niveau de ses injures ! Ni l’un ni l’autre ne vérifient ce qu’il en est en réalité de ma position parfaitement claire et n’incluant aucune sorte de « soutien à Poutine ». Pourtant, « Europe 1 », producteur du show Cohn Bendit quotidien, titre la vidéo : « le soutien de Mélenchon à Poutine a ulcéré Cohn Bendit ». C’est parti ! L’effet de nuisance est double. D’une part, cela m’oblige à subir dans chaque émission la séance du démenti, qui prend du temps et valide à sa façon l’accusation initiale (il n’y a pas de fumée sans feu). D’autre part, la calomnie est répétée en boucle, même une fois démentie, tandis que ma défense ne l’est jamais. Ainsi, répétée en boucle, la calomnie prend alors la consistance d’une vérité, de quelque chose qui est dans l’air, d’une suspicion globale qui s’attache à moi. La méthode m’est appliquée à intervalles réguliers, avant chaque élection ou avant chaque marche nationale. « On va le faire craquer » a dit un hiérarque solférinien. On verra bien. C’est vrai que si je suis en effet irréductible, je ne suis pas inépuisable. Surtout quand s’y ajoutent les tireurs dans le dos de mon propre camp, ou bien leur absence totale de solidarité dans les épreuves comme celles que représentent mes procès avec la famille Le Pen.
Avis aux Mickey à propos de l'Ukraine
Je crois donc utile de préciser noir sur blanc ma position. Je le fait à gros traits pour que les esprits avancés des salles de rédaction puissent comprendre. Je le fais donc dans leur langue. Je dis ce que « je soutiens » et ce que « je condamne ». Comprenez-moi bien : mes lignes ici seront un panneau de signalisation pour les Mickey de la sphère médiatique. Allons-y : je ne soutiens pas Poutine. Ni les autorités de fait de l’Ukraine actuelles, ni les kleptocrates du gouvernement constitutionnel précédent. Mais, au contraire de Daniel Cohn-Bendit, je ne suis pas partisan de la guerre avec la Russie ! Et si je crois que les Russes n’ont rien à faire hors de leurs bases en Crimée, je condamne la tentative d’encerclement de la Russie par l’Otan qui en est la cause. Je condamne l’antisémitisme néonazi des ministres de fait au pouvoir en Ukraine, et je souhaite qu’ils soient rapidement expulsés de ce gouvernement.
Je le fais conformément aux recommandations de la résolution adoptée par le Parlement européen le 13 décembre 2012. J’en profite pour signaler que cette résolution « à propos de l’Ukraine » émane des sociaux libéraux, de la droite et des Verts, dont Daniel Cohn-Bendit. Elle dit sans aucune ambiguïté : « le Parlement s’inquiète de la montée du sentiment nationaliste en Ukraine, qui s’est traduit par le soutien apporté au Parti « Svoboda », lequel se trouve ainsi être l’un des deux nouveaux partis à faire son entrée à la Verkhovnaz Rada ; rappelle que les opinions racistes, antisémites et xénophobes sont contraires aux valeurs et principes fondamentaux de l’Union européenne et, par conséquent, invite les partis démocratiques siégeant à la Verkhovna Rada à ne pas s’associer avec ce parti, ni à approuver ou former de coalition avec ce dernier ». Ainsi, voilà ce que Cohn-Bendit en personne a signé et voté. Soutenait-il Poutine à cette occasion parce qu’il condamnait les néo nazis Ukrainiens ? Non, évidemment ! C’est pourtant ce qu’il me reproche d’avoir fait.
Ce n’est pas fini. Je condamne aussi les provocations du gouvernement de fait de l’Ukraine que sont sa demande d’adhésion à l’OTAN ou le retrait du russe comme une des langues officielles de l’Ukraine, d’ailleurs parlée majoritairement dans le Donetz et la Crimée. Je pense que les Etats-Unis n’ont rien à faire dans cette zone, et je condamne leur activisme belliqueux.
Bref, mon camp est celui de la paix contre la guerre. Car la guerre sur le vieux continent entraînant tout le monde comme par un enchaînement est redevenue possible. L’une des manières de l’éviter est de refuser de jouer avec des allumettes dans cette poudrière. C’est pourtant ce que font les va-t-en-guerre traditionnels de ce type de situation. Loin de faire le bilan des guerres qu’ils ont provoqué ou réclamé depuis 20 ans, ils en redemandent. L’Irak, la Lybie, l’Afghanistan, le Kosovo : ils n’ont rien appris, et ne veulent rien apprendre. Leur intérêt ce n’est pas la paix ou la guerre. C’est leur tropisme atlantiste fanatique. En attendant, les faits ne sont pas ceux que vendent les marchands de papier va-t-en-guerre. Ainsi concernant la présence militaire des russes. Elle ne comporte aucune illégalité selon le Général français Vincent Desportes qui le déclare sur BFM TV, le 2 mars 2014. Il dit : "La Russie ne viole aucune loi, qu'elle soit internationale ou autre. Selon les accords signés avec l'Ukraine, la Fédération est autorisée à disposer d'une force de 25 000 hommes sur le territoire ukrainien. Actuellement, même avec les derniers mouvements de troupes, les forces russes ne s'élèvent pas à plus de 15 000 hommes en Crimée, nous sommes encore loin du compte. Et l'Ukraine ne fait ni partie de l'UE, ni de l'OTAN ; de ce fait, ni l'UE ni l'Otan ne sont disposées ou autorisées à intervenir en Ukraine. "
Se mettre à distance du gouvernement de fait de l’Ukraine ce n’est pas en faire autant avec le mouvement insurrectionnel qui a renversé le pouvoir kleptocratique précédent. Au contraire. Pour moi, ce mouvement est riche de rebondissements, qui seront autant d’opportunités pour les forces qui pourront constituer une alternative. J’approuve les manifestations et l’insurrection de masse qui s’est dressé contre le pouvoir en place. Que les éléments les plus discutables aient pris la tête du processus contre les pouvoirs en place est tout simplement un fait de lutte commun à toutes les périodes révolutionnaires. Ce n’est peut-être qu’un mauvais moment à passer. Car il semble bien que les Ukrainiens de toutes les couleurs politiques conservent une grande énergie révolutionnaire intacte. Déjà plusieurs séquences révolutionnaires se sont enchainées sans que cette énergie se disperse. Or, que se doivent de faire les nouvelles autorités ? Une politique impopulaire au plus haut point pour rembourser la dette et faire face aux obligations du pays ?
Ne croyez pas que la situation va se détendre. Les intérêts engagés sont trop importants. Anglais, Français, Autrichiens, Allemands : les premières économies de l’Europe sont lourdement engagées en Ukraine et, en Russie, de toutes les façons possibles, les principales. Et j’ai bien noté qu’il est dorénavant accepté en Europe de chasser à coup de bâton un président élu et son gouvernement quand il est impopulaire, qu’il y a des ministres corrompus et que le peuple subi des sacrifices indignes tandis qu’une petite minorité s’enrichi indécemment. Je peux attester du fait que le message a été bien reçu sur le terrain ! En effet, dans la manifestation des cheminots européens à laquelle j’ai participé à Strasbourg, je ne compte plus ceux qui m’ont lancé : « alors il faut faire comme en Ukraine pour être entendu ? ». C’est la première fois de ma vie politique depuis trente ans que j’ai entendu des travailleurs se référer à une insurrection populaire en cours hors de nos frontières. Que les révoltés ukrainiens en soient remerciés du fond du cœur !
Retour aux Mickeys des médias. Voici ma position en résumé. La révolte populaire Ukrainienne était légitime. Elle a été confisquée par un gouvernement illégitime et illégal dans lequel l’extrême droite a quatre ministres. L’énergie révolutionnaire des Ukrainiens n’est pas épuisée. La prochaine vague sera anti-européenne, c’est-à-dire hostile aux politiques que l’Union Européenne veut imposer là-bas pour récupérer sa mise bancaire et financière.
A l’heure actuelle l’enjeu numéro un est d’éviter la guerre. Cela signifie empêcher par-dessus tout la partition du pays : on ne touche pas aux frontières en Europe ! Ni ici, ni nulle part. La France devrait être un médiateur. Au lieu de cela, elle est enchainée derrière Merkel et les Etats-Unis. Elle s’est discréditée en s’alignant contre ses propres intérêts sur la position atlantiste. Le régime actuel est très provisoire. Il va discréditer la politique de l’Union européenne sur place et provoquer de nouvelles vagues révolutionnaires. Mieux vaut être atteint par l’onde de choc d’une révolution populaire que par celle de la guerre.
Manuel Valls la bidouille
Selon le bien informé journal VSD, il est le prochain Premier ministre. C’est Manuel Valls. Il est vrai que ce serait alors le Premier ministre le plus emblématique de ce qu’est dorénavant le PS. Il incarne de manière exemplaire le post-socialisme français. C’est un solférinien brillant. Il n’a aucun scrupule, aucune ligne idéologique, aucune limite. C’est un vrai professionnel du carriérisme à mort, là où vagissent des rangées de nauséeux nostalgiques et de jeunes bureaucrates affolés par l’odeur des successions. Valls les tuera tous politiquement, sans exception et sans état d’âme, au premier mouvement de cil un peu hésitant. Son bulldozer médiatique privé fait déjà chauffer le moteur depuis un moment. Je parle ici de l’entreprise de communication Euro RSCG. Cette pieuvre communicante tricotera nuit et jour le récit dont Valls aura besoin. On verra bien vite la masse des journalistes « éthiques et indépendants », emboîter avec enthousiasme le nouveau cheval de bois tout fringant que ces artistes vont faire tourner dans le manège. Quelques-uns ont déjà leurs petites gamelles au chaud. Qui pourrait arrêter une boîte de com' capable d’intoxiquer toute la presse pendant des mois sur la vérité à propos de Cahuzac et faire reporter la charge sur l’accusateur comme cela a été fait contre « Médiapart » ? Quoiqu’il en soit, avant son futur glorieux, Valls doit encore gagner sa vie le couteau à la main. Il est donc encore pour quelques temps le petit bonhomme des basses œuvres.
On l’a vu bidouiller les chiffres de manifestants de gauche (à la baisse) et de droite (à la hausse). On l’a vu réunir avec soin les conditions techniques d’émeutes utiles comme à Nantes. Avant ça, on l’a vu vouloir supprimer l'envoi des professions de foi par la poste pour les élections européennes. Son rêve serait que l’abstention rende le résultat illisible. Comme cela n’a pas marché, il a bien travaillé pour faire échouer la proposition de loi du PRG en vue de rétablir une circonscription unique pour cette élection. Gagné : il y aura donc sept circonscriptions qui rendent la lecture du résultat national moins claire. Mais la distribution des sièges reste bien plus favorable aux gros partis, même perdants. Puis on l’a vu charcuter le découpage des cantons pour les élections départementales de l'an prochain. Avec une invention ubuesque : l’élection de deux conseiller généraux par siège, de façon à permettre tous les tripatouillages locaux. Après quoi il a réédité ses exploits d’imagination en essayant de changer la date des élections régionale de 2015. C’est donc un manipulateur très avancé qui se prépare au ministère de l’Intérieur pour la fonction de remplaçant de ce pauvre navré d’Ayrault. En attendant, c’est encore à lui de faire la sale besogne du bidouillage du résultat des élections municipales.
Comment camoufler autant que possible la déroute électorale du PS aux municipales ? Il a fallu trouver, nom d’un chien ! Tout est dans le jeu d’étiquettes. En effet, les préfectures vont classer les listes aux élections municipales en fonction de "nuances" politiques. Elles vont les classer à leur sauce sans que personne ne puisse y redire. Le but est de pouvoir additionner des scores pour présenter un résultat national aussi favorable que possible au gouvernement. L'enjeu est donc majeur. Il en va de la lecture politique nationale du vote aux élections municipales.
La procédure prévue est spécialement opaque. Elle est rendue spécialement propice aux tripatouillages. Voyons cela. Chaque liste déclare à la préfecture son « étiquette politique ». La liste choisit librement cette étiquette. Encore heureux, non ? Non. Pas du tout. Valls veut décider lui-même qui vous êtes. Par conséquent la préfecture classe ensuite elle-même les listes en « nuances » dont elle est seule à décider. Et la préfecture peut tout à fait ignorer l'étiquette déclarée par la liste. Pour ce classement, le ministère de l'Intérieur a fourni aux préfectures un tableau présentant les « nuances » inventée par le bureau du ministre. Martine Billard, la coprésidente du Parti de Gauche, a officiellement demandé au ministère de l'Intérieur de lui communiquer le « nuancier » mystérieux. Il s’agissait pour nous de pouvoir adapter les déclarations d'étiquette de nos listes partout dans le pays. Surprise : le ministère a refusé de lui faire connaitre le document ! Ce n’est pas malin. Pas de meilleure façon de nous mettre en alerte. Comment peuvent-ils être assez stupides pour croire que nous ne parviendrions pas à en disposer ? Ce n’était pas simple en effet. Plusieurs préfectures ont refusé de communiquer le document. Mais nous avons fini par l'obtenir.
Comme il est intéressant ! Un condensé des petites combines destinées à mettre en scène le paysage rêvé par les solfériniens et François Hollande en préparation de ce deuxième tour idyllique face à l’extrême droite. Ça se voit au premier coup d’œil. Manuel Valls blanchit le Front National. Son nuancier prévoit ainsi une case « liste Front National » différente de la case « liste d'extrême droite ». Manuel Valls fait ainsi à madame Le Pen le cadeau qu'elle demandait : ne plus être classée à l'extrême droite.
Mais l'essentiel est ailleurs. Manuel Valls bidouille surtout pour rendre illisible le résultat et la situation interne réelle de la gauche. Son rôle essentiel est de remplumer le résultat national du PS et diluer celui de ses alternatives à gauche, à commencer par l’insupportable Front de Gauche. Ainsi a-t-il créé une catégorie « liste Union de la Gauche ». La résurrection ! « L'Union de la gauche », c'était l'alliance du PCF de Georges Marchais et du PS de François Mitterrand. Elle est morte en 1984 avec la sortie des ministres PCF du gouvernement Fabius. La formule suivante du rassemblement des gauches a été « la gauche plurielle ». Pourquoi Valls n’y a-t-il pas recours ? Ou bien n’aurait-il pu sinon inventer une autre expression ? Quel peut bien être le sens de cette trouvaille ? Reste que cette étiquette-là, cette « nuance » comme dirait l’homme aux chaussures à clou, est un drôle de fourre-tout !
Mais un fourre-tout organisé. Bien organisé : seule des listes soutenues par le PS peuvent prétendre à cette dénomination « Union de la gauche ». Sans le PS, pas d’union des gauches reconnue. Simple et sectaire comme une décision de solférinien. La formule choisie dit expressément que la condition pour qu’une liste soit dite d’union de la gauche est que le PS l’investisse et au moins un des partis mentionné dans une longue liste. Pourtant, dans bien des endroits, c’est le PS qui divise. Et alors la gauche se rassemble en dehors de lui. Ainsi, à Montauban, notre liste rassemble Europe Ecologie, le Front de Gauche et le NPA. Elle mériterait davantage de s'appeler « Union de la gauche » que bien des listes ne rassemblant que le PS et le PRG ! Le plus cocasse de cette histoire est que si le MODEM est avec la liste investie par le PS, alors la liste est « union de le gauche » ! Mais oui ! C’est possible. En effet, le nuancier de Valls prévoit que « pour être nuancée Liste Union de la gauche, une liste doit obtenir l'investiture du PS et d'au moins un autre parti de gauche (EELV, PRG, PCF, Parti de gauche). Elle peut néanmoins être plus large en intégrant par exemple le Modem ». Mitterrand et Marchais doivent se retourner dans leur tombe. Mais Valls a commencé sa trajectoire chez Rocard, n’est-ce pas ? La revanche est un plat qui se mange froid chez ces messieurs.
Sacré MoDem ! Grâce au magicien de la place Beauvau, il pourra figurer dans quelque quatre cases de « nuances », rien de moins ! En effet, il pourra être compté comme « liste du Mouvement Démocrate », « liste d'Union du centre » si la liste obtient aussi l'investiture de l'UDI de Jean-Louis Borloo, mais aussi comme « liste Union de la droite » si elle soutenue par l'UDI et l'UMP, comme celle François Bayrou à Pau. Bref, le MoDem est additionnable avec n’importe qui et n’importe quoi sauf le Front de Gauche, heureusement.
De toute façon, l’objectif de Manuel Valls est d’escamoter le Front de Gauche. Comme il n'a pas réussi à nous faire disparaître dans la rue, il essaye de nier notre existence dans les urnes. Pour cela, tous les moyens sont bons. D'abord, les maires sortants du Front de Gauche soutenus par le PS sont immédiatement noyés dans les « liste d'Union de la gauche ». Leur appartenance au Front de Gauche est niée. Et notre score national sera ainsi diminué de la plupart de nos meilleurs résultats. Quant aux listes que nous faisons avec Europe Ecologie-Les Verts, elles risquent bien de se retrouver noyées au milieu des listes « divers gauche ». Ou bien ce seront des listes Europe-Ecologie quand la tête de liste est membre de de ce parti. Gageons que c’est ce qui se passera si les socialistes perdent Grenoble au profit de notre liste.
Ce n’est pas tout. Manuel Valls prétend aussi trier entre les listes se réclamant du Front de Gauche. Il exige que seules les listes investies à la fois par le PCF et par le PG puissent être étiquetées « listes Front de Gauche ». Les autres listes seront classées « liste du Parti de Gauche », « liste du Parti communiste français », à moins qu'elles ne soient comptées comme des « listes d'extrême-gauche » ou « divers gauche ». J'affirme ici qu'il n'y a aucune liste du Parti de Gauche aux élections municipales. Toutes nos listes sont des listes du Front de Gauche ou des listes autonomes rassemblant bien au-delà de notre parti. Ainsi, la liste de Jean-Christophe Selin à Toulouse risque d'être repeinte en « liste Parti de Gauche » alors que le numéro 2 de la liste, Myriam Martin, est membre d'un autre parti du Front de Gauche. Et à Paris, les listes de Danielle Simonnet seront aussi présentées comme des « listes Parti de Gauche » alors qu'elles rassemblent 6 des 9 partis du Front de gauche et que le PCF parisien lui-même a renoncé à revendiquer son appartenance au Front de Gauche sur les affiches officielles d'Anne Hidalgo !
Ce n'est pas tout encore. Pour la première fois, le ministère de l'Intérieur exige aussi que chaque candidat déclare son « étiquette politique ». Ce n’est pas une demande anodine. On comprend l’intérêt de la démarche. Il s’agit pour le ministère de l’Intérieur de disposer d’un moyen d’évaluer la situation avant les sénatoriales de l’automne prochain. Mais ce n’est pas sans conséquence pour nous. Des dizaines de candidats sur les listes Front de Gauche n’ont pas de carte de parti. C’est souvent leur participation qui rend possible le dépôt des listes. Valls n’a cure de la réalité du Front de Gauche. Ces personnes n’existent donc pas dans l’identité politique qu’ils ont choisie. Ils sont donc voués à la case « divers gauche ». Une solution serait de pouvoir se déclarer candidat « Front de Gauche ». Mais cette appellation leur est refusée. Oui, vous avez bien lu : refusée. Ils ne seront pas les seules victimes du recyclage de la place Beauvau. Les militants des Alternatifs ont droit à un traitement particulier. Ils sont classés candidats « d'extrême-gauche » avec les militants du NPA, du POI ou de Lutte Ouvrière. Ils sont pourtant membre du Front de Gauche ! En signe de résistance, nous avons donné la consigne à tous les adhérents du Parti de Gauche de se déclarer « candidat Front de Gauche ».
Gardons pour la fin la meilleure blague. La case « extrême-gauche » où Valls veut renvoyer les Alternatifs est cocasse ! Le premier parti classé dans cette nuance est un mystérieux « Parti anarchiste révolutionnaire » ! Quelqu'un a-t-il déjà vu un « anarchiste révolutionnaire » se présenter à une élection ? Ce parti n'a aucune existence. Le seul repéré sous ce nom dans les archives profondes est un faux-nez, depuis passé au FN. Sacré Valls !
Europe : le PS bâcle sa copie
Harlem Désir et Jean-Christophe Cambadélis ont lancé lundi 3 mars la campagne du PS pour les élections européennes. Le samedi précédent, le Parti Socialiste européen (PSE), dont est membre le PS français, a investi officiellement Martin Schulz comme candidat commun pour la présidence de la Commission européenne. Le candidat commun de cette famille politique est donc membre d’un parti qui gouverne avec madame Merkel. Le conclave des sociaux-libéraux a également adopté un « manifesto » en guise de programme commun.
Ce document est un de ces monuments du double langage cynique qui est la marque de ce mouvement. Ainsi est-il donné d’entendre le chef du PS français appeler à « rompre avec la politique absurde d’austérité ». C’est ce qui frappe en premier lieu. Le PS français comme le PSE font comme s’ils n’étaient pas responsables de la politique économique appliquée aujourd’hui dans toute l’Europe. Le texte du PSE dénonce « le bilan des politiques économiques menées ces cinq dernières années » : 27 millions de chômeurs et 120 millions de pauvres. Le PSE accuse « la droite [d’avoir] plongé l’Europe dans la peur et dans l’austérité » et dénonce la « domination des conservateurs au sein de l’UE ». Mensonges et mensonges et mensonges encore.
D’abord parce que les conservateurs que dénoncent les sociaux-libéraux sont ceux avec lesquels ils gouvernent partout où ils peuvent. Selon les derniers calculs du journal « Le Monde » du 28 février, la social-démocratie européenne est « présente au gouvernement de 19 Etats sur 28 », soit une majorité des Etats-membres ! Sans compter les 3 commissaires du PSE membres de la Commission européenne actuelle aux côtés de José Manuel Barroso. L’Europe qu’ils critiquent est donc d’abord la leur ! Ont-ils honte de leur propre action ces dernières années ? Comment entendent-ils « rompre » avec une politique qu’ils appliquent depuis des années et qu’ils continuent d’appliquer aujourd’hui ?
Car cette politique d’austérité a été appliquée par la droite européenne, mais aussi par les sociaux-libéraux européens avec la même férocité. Elle a même d’abord été appliquée par les alliés de François Hollande. En Grèce, c’est le parti socialiste qui a imposé les premiers plans d’austérité et le PASOK est le seul – je dis bien le seul – parti grec à avoir approuvé tous les plans d’austérité depuis 2011. En Espagne et au Portugal aussi, les sociaux-libéraux ont ouvert la voie de l’austérité avant d’être remplacé par la droite. Et ainsi de suite. L’arrivée de François Hollande n’a rien changé : le traité d’austérité Merkozy a été ratifié par le PS français sans la « renégociation » d’une seule virgule, contrairement à ses promesses de campagne. Et depuis 2012, c’est bien le PS qui a aggravé spectaculairement les politiques d’austérité en France. Ce bilan est totalement absent du texte du PSE.
Le texte du PSE est éclairant sur la mauvaise foi social-libérale. Il promet de défendre la « souveraineté » des parlements nationaux mais ne dit pas un mot de l’architecture austéritaire de l’Union européenne. Pas un mot sur le traité budgétaire Merkozy, pas un mot sur le 6-Pack et le 2-pack qui corsètent les Etats et leurs Parlements. On peut le comprendre : le PSE a accepté tout cela main dans la main avec la droite européenne. Même au sujet de la Troïka BCE-FMI-Commission européenne, qui contrôle les budgets des Etats sous tutelle, c’est l’hypocrisie la plus flagrante. Le texte appelle à « mettre en place un autre modèle » mais seulement « lorsque les missions de la Troïka auront pris fin ». Pour le PSE, il n’est donc pas question de rendre leur souveraineté à la Grèce ou au Portugal !
Le PSE se veut le bon élève de l’austérité. Le manifeste multiplie les signes rassurants pour la finance : « nous serons les garants des finances publiques en améliorant la qualité des dépenses publiques, en réduisant les gaspillages », « nous réduirons les déficits de manière durables et juste »… Et le PSE appelle à renforcer encore l’intégration européenne pour « instaurer une véritable coordination des politiques économiques et fiscales ». C’est la poursuite de la logique actuelle.
C’est la conséquence logique du silence absolu des amis de François Hollande sur la Banque centrale européenne. Le mot « Banque centrale » ne figure même pas dans le texte, ni le sigle « BCE ». A la lecture du texte du PSE, on pourrait croire que la BCE n’existe même pas ! Pourtant, c’est l’institution la plus anti-démocratique de l’Union européenne et la plus importante pour la période ! Même en 2009, le PSE affirmait au moins « la Banque Centrale Européenne doit soutenir la croissance et l’emploi tout en préservant la stabilité des prix ». C’était un vœu pieu qui sentait déjà le compromis pourri entre courants socialistes. Mais, au moins, la BCE était évoquée. Aujourd’hui, après une crise financière et monétaire sans précédent, alors que l’Europe est au bord de la dépression, le PSE n’a rien à dire sur la Banque centrale européenne ! C’est effrayant !
L’ambition du PS et de ses alliés européens est donc claire : ils ne changeront rien. C’est ce qui découle de la conférence de presse du PS français comme du congrès du PSE. Les 71 propositions que le PSE proposait en 2009 se sont évaporées pour ne laisse place qu’à « 10 projets » très vagues. On retrouve les mêmes formules creuses auxquelles le PSE nous a habitués depuis des décennies. Ainsi, la « nouvelle Europe » du PSE serait « l’Europe sociale », « l’Union qui protège » tout juste agrémentée d’une « Europe verte ».
Ils ne feront rien car leurs propositions ne valent rien. Harlem Désir fanfaronne sur l’idée d’un « SMIC européen ». Mais le texte du PSE enterre l’idée en défendant l’idée d’introduire « des salaires minimaux décents en Europe, soit par voie légale soit par le biais de conventions collectives ». Le SMIC par la loi, commun à tous les secteurs, est donc déjà écarté par le PSE. Quant au montant, le texte du PSE ne dit rien. Le PS français, lui, parle de « 60% du salaire médian » de chaque pays. Quelle énormité ! En France, selon l’INSEE, le salaire médian en France est de 1 712 euros mensuel net pour un temps plein. La proposition du PS revient à un SMIC mensuel net à 1 027 euros en France. Or le SMIC actuel est de 1 128 euros net par mois pour un temps plein ! La proposition du PS reviendrait à baisser le SMIC en France sur l’autel du « SMIC européen » !
Tout le reste est à l’avenant. Le PSE prétend vouloir « l’amélioration de la protection des travailleurs détachés à l’étranger par la révision de la directive relative au détachement des travailleurs ». Mais le texte ne dit rien sur l’accord qu’ont accepté et François Hollande et le SPD allemand en décembre dernier sur le sujet. Pourtant, les deux principaux sociaux-libéraux n’ont pas demandé la révision de la directive de 1996, mais seulement des modifications cosmétiques de la directive « d’application ».
Quant au grand marché transatlantique avec les Etats-Unis, le PSE le soutient. Il demande seulement la « garantie des droits de l’homme et des droits sociaux des citoyens, un travail décent, le respect des normes environnementales, la culture ainsi que la responsabilité sociale des entreprises et le juste échange » sans distinguer le GMT de « tous les accords commerciaux ». Le PS français, lui, prend les électeurs pour des nigauds. Sur son site de campagne, il écrit qu’il n’y a « aucune raison de se précipiter ». Pourtant, il y a moins d’un mois, aux Etats-Unis, François Hollande appelait à « aller vite ». Mais le PS se reprend vite pour dénoncer le « repli protectionniste » à l’unisson avec François Hollande.
Enfin, les sociaux-libéraux confirment leur vision archaïque du progrès. Ne cherchez pas un mot sur le nucléaire ou les gaz de schiste, il n’y en a pas. A propos du climat, les sociaux-libéraux européens écrivent seulement qu’ils « plaideront pour la définition de nouveaux objectifs contraignants concernant la réduction des émissions de carbone, l’augmentation de la part d’énergies renouvelables et l’accroissement de l’efficacité énergétique ». Bien maigre, bien pauvre, bien traditionnel, bien significatif d’une incompréhension totale du problème posé. D’ailleurs, aucun chiffre n’est donné ! Les promesses des socialistes n’engageront donc que ceux qui voudront bien les croire. Ce n’est guère surprenant. Mais ce qui est frappant, c’est cette nouvelle tentative pour essayer de tromper tout le monde.